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Informations générales

Événement : 83e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Souvent négligée, l’histoire régionale constitue pourtant une pratique essentielle et intrinsèquement liée à la construction d’une histoire dite « nationale ». En marge du débat entre la petite et la grande histoire, la pratique de l’histoire régionale en tant que telle demeure somme toute assez mal définie, à la fois dans ses finalités, ses paramètres d’analyse et ses pratiques concrètes. Entre le récit des figures et événements du local, l’explication de l’origine des toponymes, la mise en forme des témoignages ethnographiques, la publication de fonds d’archives inédits et les démarches de patrimonialisation, l’histoire régionale reste un objet multiforme. Obéissant à des règles méthodologiques et épistémologiques qui lui sont propres, elle n’en participe pas moins à définir une culture historique publique et à orienter les enquêtes produites dans un cadre proprement universitaire.

Le colloque suggéré propose ainsi de faire un état des lieux de cette pratique d’histoire régionale, notamment par la mise en relief de la variété des pratiques et de ses objets. Les propositions de communications pourront s’insérer à l’intérieur de l’un des axes suivants :

La construction d’une histoire locale et régionale : ses fondements, ses fonctions identitaires d’hier à aujourd’hui.

Les artisans de l’histoire régionale : les acteurs privés (chercheurs autodidactes, universitaires et professionnels) et institutionnels (institutions publiques, organismes communautaires et culturels), les collaborations, la variété des perspectives disciplinaires mises à contribution (géographie, ethnologie, histoire, archéologie, archivistique, etc.).

Les matériaux de l’histoire régionale : les objets; les types de sources dépouillés ou à investir dans le futur.

La production de l’histoire régionale : la variété des échelles et les thèmes de prédilection; le rôle structurant du patrimoine; les pratiques de rédaction et les enjeux liés à la diffusion; les travaux marquants des dernières décennies.

Dates :
Responsables :

Programme

Communications orales

Matériaux de l'histoire régionale

  • Mot de bienvenue
  • La place des archives et des archivistes dans la pratique de l'histoire régionale au Québec
    Donald O'farrell (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    L'utilisation des archives est confrontée à des difficultés qui relèvent tantôt de la méconnaissance des lieux ou des sources, tantôt des interventions archivistiques menées dans les institutions publiques et privées au Québec. Ces difficultés sont cependant à géométrie variable, là où des pratiques historiennes et archivistiques interagissent en réseau. Dans cette perspective, notre communication veut montrer que l'utilisation des archives pour l'histoire régionale passe par la valorisation des lieux et des sources, des pratiques et du travail conjoint des acteurs.

    Notre état de situation va s'articuler autour de quatre considérations. D'abord, la valorisation des pratiques historiennes et archivistiques passe par une connaissance appropriée des lieux de conservation du patrimoine documentaire. Ensuite, cette valorisation dépend beaucoup de la connaissance des sources et de leur potentiel d'exploitation. Et puis, l'évaluation et la description des archives, ce que les historiens appellent « la publication des fonds d'archives », ne répond que partiellement aux exigences méthodologiques et épistémologiques. Enfin, la multidisciplinarité et la complémentarité des champs scientifiques inscrites dans des réseaux de collaboration déjà existants apportent des dividendes à la pratique de l'histoire au Québec. Nous adhérons à cette idée d'un état des lieux des besoins de l'histoire régionale juxtaposés aux pratiques archivistiques pour mettre en valeur le patrimoine documentaire régional.

  • Le cinéma comme source documentaire : la vision du développement régional des prêtres-cinéastes des années 1930 à 1960
    Pierre-André Savard (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    Méconnu et longtemps dévalorisé, le cinéma d'avant la Révolution tranquille demeure une source documentaire peu exploitée pour comprendre l'histoire des régions du Québec au siècle dernier. Pourtant, grâce à des prêtres catholiques, il existe un cinéma documentaire considérable datant des années 1930 à 1960 et montrant les régions du Québec en pleine transformation économique et sociale. Cette communication propose d'explorer la pertinence du cinéma régional des prêtres-cinéastes comme source documentaire. Nous verrons d'abord la nature de cette source. Bien que l'historiographie ait surtout retenu la nature propagandiste de ces films, ceux-ci sont beaucoup plus diversifiés. Les prêtres-cinéastes ont créé des films de nature éducative, religieuse, touristique et commémorative. Nous verrons ensuite l'étendue des thématiques. Longtemps associés au discours de colonisation et agriculturiste, ces films abordent également l'industrialisation, les progrès scientifiques, les loisirs et l'environnement. Sauf exceptions, ces thématiques sont toujours traitées dans un contexte régional. Ces prêtres proposèrent donc une vision des régions marquée par le traditionalisme et le conservatisme social, mais jumelée à un discours moderniste qui passe par le progrès. Une meilleure compréhension de cette vision s'avère une piste intéressante afin de mieux saisir certains grands changements régionaux issus de la Révolution tranquille comme le BAEQ ou l'abolition des écoles ménagères.

  • Le journal régional, une source centrale : le cas de l'Outaouais (1912-1970)
    Michel Filion (UQO - Université du Québec en Outaouais)

    Il est souvent difficile de faire l'histoire d'une région en raison de la carence de grands ensembles documentaires diachroniques parmi les archives personnelles et collectives. Ce problème est particulièrement aigu quant à la question de l'éclosion et l'évolution de l'identité régionale. Par ailleurs, la région est une donnée variable. L'Outaouais québécois constitue une « région entre deux mondes », région de passage d'abord et d'exploitation forestière ensuite, pour enfin se peupler véritablement avec l'industrialisation du début du 20e siècle. Or, avant les années 1960, l'Outaouais participe à cette grande idée de Canada français, la rivière constituant une frontière identitaire bien floue. Comment cerner cette réalité mouvante? Avec quel matériau reconstituer l'esprit de la région?

    En tant que chronique détaillée au diapason de l'actualité, le journal régional peut être une source riche, variée et même centrale pour tenter de cerner l'éclosion et les paramètres de l'identité régionale. Le journal outaouais Le Droit, créé comme journal de combat en 1912 dans la foulée de la crise des écoles bilingues, et plus tard mandataire jusqu'en 1970 de la seule station radiophonique francophone régionale, témoigne comme nulle autre source de l'état d'esprit d'une population de langue française en pleine formation identitaire. À partir de deux recherches exemplaires, l'une aboutie, l'autre en cours, notre communication démontrera la richesse d'une telle source en histoire régionale.


Communications orales

Parcours et défis des artisans

Présidence : Julien Goyette (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
  • Témoignage : un parcours libre en histoire régionale
    Gaston Deschênes (Travailleur Autonome)

    Depuis le milieu des années 1970, j'ai consacré la majeure partie de mes loisirs de professionnel dans la fonction publique à l'histoire régionale. C'est en répondant aux demandes de diverses organisations que j'ai été entraîné dans un parcours imprévu. Ma collaboration au tricentenaire de Saint-Jean-Port-Joli, avec la publication L'Année des Anglais qui a en résulté, m'a permis de prendre conscience des zones d'ombre qui persistent dans l'histoire de ma région. Une biographie d'un sculpteur ayant travaillé dans plusieurs églises de la région et réalisée pour le Dictionnaire biographique du Canada s'est transformée par la suite en l'un des Cahiers d'histoire de la Société historique de la Côte-du-Sud. Une conférence pour la Société Saint-Jean-Baptiste a donné lieu à un opuscule d'introduction sur la région. Une étude sur la littérature régionale commandée par l'IQRC a été le point de départ d'ouvrages sur Les origines littéraires, les Contes et légendes et Les voyageurs d'autrefois sur la Côte-du-Sud. Maintenant à la retraite, je reprends des dossiers ouverts précédemment et me consacre à deux épisodes négligés de l'histoire de la Côte-du-Sud, l'invasion américaine de 1775-1776 et les rébellions de 1837-1838. D'une collaboration à l'autre, mon parcours m'a notamment permis de réfléchir aux paramètres de ma propre démarche d'historien (sources et méthodes), mais également de repousser et de redéfinir les cadres d'un objet (l'histoire régionale) dont les frontières restent à définir.

  • La reconnaissance de l'expertise de l'historien en région... oui, mais encore? Une expérience de la pratique de l'histoire dans la MRC de Pierre-De Saurel
    Mathieu Pontbriand (Travailleur Autonome)

    Au début de 2015, un rapport déposé à la Municipalité régionale de comté (MRC) de Pierre-De Saurel établissait que la pratique de l'histoire faisait face à cinq grands enjeux : la professionnalisation et le bénévolat, l'accessibilité et la conservation de la documentation, l'espace et l'immobilisation, la pérennité des organismes, ainsi que la formation.

    Dans cette communication, j'analyserai la question de la coexistence entre l'historien diplômé et les bénévoles amateurs dans un cadre régional, en m'inspirant du cas de la MRC de Pierre-De Saurel, et par le fait même de ma propre expérience. Si la formation universitaire traditionnelle prépare étonnamment bien au défi régional, le besoin de faire mieux comprendre aux partenaires professionnels – et aux employeurs – la réalité historienne demeure un défi. La simple reconnaissance de l'expertise de l'historien en milieu régional ne suffit pas à simplifier sa tâche ou à faciliter la réalisation de nouveaux projets : la définition du rôle de chaque acteur (historien académique, chercheur amateur, administrateur de société d'histoire, archiviste) dans la cadre de la recherche historique proprement dite demeure problématique. L'un des écueils les plus courants dans la définition de ces projets se situe dans la promotion du sentiment d'appartenance à la région, avec lequel l'historien académique doit composer.

  • La Fédération Histoire Québec (FHQ) et ses sociétés membres : aux premières loges de l'histoire locale et régionale
    Richard M. Bégin (Fédération Histoire Québec)

    Fondée en 1965 sous le nom de Fédération des sociétés d'histoire du Québec, la FHQ regroupe aujourd'hui plus de 260 sociétés membres œuvrant dans les domaines de l'histoire, du patrimoine, des archives, de l'archéologie, de la muséologie, de la généalogie, de l'ethnologie, etc., dans toutes les régions du Québec. Si la FHQ n'a que 50 ans, certaines de ses sociétés membres sont présentes sur notre territoire depuis bien plus longtemps et la première d'entre elles, la Literary and Historical Society of Quebec, fondée en 1824, fut même la première société savante au Canada.

    Qu'il s'agisse de collecte d'archives de toutes sortes (imprimés, archives sonores ou visuelles, etc.), de recherche, de toponymie, de visites guidées, de plaques commémoratives, de sensibilisation et d'éducation, de préservation et de mise en valeur du patrimoine, la Fédération et ses sociétés membres sont aux premières loges et jouent un rôle crucial. Ce rôle est en partie exercé par des amateurs passionnés, des professionnels et des chercheurs autodidactes qui, sur une base purement bénévole, nous font découvrir une facette de notre histoire et de notre patrimoine, et la font connaître au reste de la population par la voie d'événements spéciaux, de conférences, d'articles et de publications. Au bout du compte, ils contribuent ainsi à favoriser le sentiment d'appartenance et l'identité collective si essentiels au développement et au maintien d'une communauté.

  • L'histoire des hameaux et lieux-dits de la région maskoutaine : analyse d'un projet d'histoire régionale par ses artisans
    Julie Allard (Mongrain & Allard | Consultants en histoire et patrimoine), Julie St-Onge (Travailleuse autonome)

    En mars 2014, la Municipalité régionale de comté (MRC) des Maskoutains lançait un appel d'offres afin de retenir les services professionnels d'un consultant pour réaliser une recherche historique sur les premiers hameaux du territoire régional. Cette démarche s'inscrivait en continuité avec la politique du patrimoine adoptée par la MRC en 2007 et dont la première orientation visait à accroître l'accès à l'histoire régionale. La présente communication propose d'analyser les perspectives ouvertes par cette démarche d'histoire régionale, en faisant valoir les conditions de réalisation de l'étude, les matériaux mis à contribution, ainsi que le produit final livré à la MRC. Notre communication souhaite également présenter certains enjeux et contraintes liés à la pratique de l'histoire régionale dans un contexte professionnel.

    En faisant un retour sur le processus de réalisation de notre étude depuis son démarrage, nous souhaitons : 1) réfléchir au rôle et aux attentes de la MRC comme promoteur d'études d'histoire régionale ; 2) présenter la réalité de la pratique de l'histoire régionale dans le contexte de notre travail de consultants et les choix que cela impose ; 3) présenter le produit livré au terme de la recherche et envisager son appropriation par la collectivité régionale.


Communications orales

Objets et perspectives disciplinaires de l'histoire régionale

  • Faire l'historiographie du régional : à la poursuite d'un objet complexe et fuyant
    Karine Hébert (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Jean-René THUOT (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    L'objet « région » a fait couler beaucoup d'encre en sciences humaines depuis 40 ans. Mobilisé successivement comme concept, échelle ou objet au sens propre, il aura permis de faire évoluer les réflexions au sein de différentes disciplines, dont l'histoire. Utilisé à la fois pour circonscrire les identités, faire état des réalités économiques et des dynamiques politiques ou mettre au jour des réalités socio-culturelles, il est à la fois partout et nulle part. Partout dans la mesure où il a participé à structurer plusieurs initiatives, nulle part en ce sens qu'il a révélé du coup ses limites heuristiques. En histoire, le grand chantier des synthèses d'histoire régionale amorcé en 1981 par l'IQRC – avec le volume sur l'histoire de la Gaspésie – a pris fin en 2013. Au-delà de cette grande entreprise, qu'en est-il des études monographiques en histoire régionale? Lorsqu'ils ont adopté la lorgnette régionale, quels objets les historiens(nes) ont-ils privilégiés, qu'ils soient professionnels ou amateurs? Quelles questions ont-ils posées?

    Nous proposons d'en faire état à travers un bilan historiographique qui prendra à témoin la production récente. Monographies, mémoires et thèses, principales revues scientifiques en histoire, sélection bas-laurentienne de revues d'histoire régionale seront ainsi mis à contribution. En bout de piste, nous espérons dégager quelques tendances historiographiques et livrer quelques impressions sur les chemins qui s'ouvrent pour les années à venir.

  • De l'histoire à l'histoire de l'écriture : enrichir la connaissance historique d'une région en étudiant ses écritures sur la Côte-Nord, l'aventure du GRÉNOC
    Pierre Rouxel (Grénoc-Cégep de Sept-Îles)

    Le Groupe de recherche sur l'écriture nord-côtière (GRÉNOC) est né en 2005 d'une démarche concertée avec les sociétés historiques de la région, particulièrement celles de Baie-Comeau et de Sept-Îles. Les précurseurs de ce groupe de recherche sont ceux dont les écrits ont donné vie à la Côte comme objet d'étude, notamment par le biais des Cahiers d'histoire, de la Revue d'histoire de la Côte-Nord, mais surtout de la publication en 1971 de La Côte-Nord dans la littérature. Anthologie, de Mgr René Bélanger–, ce dernier étant en quelque sorte le véritable précurseur du GRÉNOC.

    La pertinence du GRÉNOC se justifie surtout par l'existence d'un corpus nord-côtier imposant, divers, complexe et riche des récits de trois cultures : innue, française et anglaise. De l'oralité montagnaise à Jacques Cartier, en passant par les écritures les plus récentes des jeunes Innus, ce corpus est animé par des gens méconnus ou plus connus venus d'ailleurs, et bientôt par les Nord-Côtiers eux-mêmes. La revue Littoral rend compte chaque année des travaux du GRÉNOC et donne vie à cette écriture nord-côtière, qui prend peu à peu la forme d'un concept unifiant, riche de problématiques et de perspectives. C'est de ce concept que nous souhaitons rendre compte ici, notamment de sa genèse et de son moteur, en faisant valoir que l'étude de l'écriture d'une région permet d'enrichir sa connaissance historique– et plus largement, celle du corpus québécois.

  • Développement d'une histoire de l'art régionale : le cas de l'Abitibi-Témiscamingue
    Anne-Laure Bourdaleix-Manin (Centre d'exposition de Val-d'Or), Paul Trépanier (Centre d'exposition de Val d'Or)

    L'Abitibi-Témiscamingue n'est pas (encore) synonyme de région-ressource sur le plan de la culture et des arts et pourtant… Par le biais de trois expériences de recherche, des historiens de l'art ont pu révéler le développement précoce et particulier d'un corpus doté d'une cohérence propre qui permet de raconter la communauté régionale, comme ce qu'on peut observer dans les grands centres urbains. Nous évoquerons ainsi les recherches menées 1) sur le patrimoine artistique régional répertorié entre les années 1867 et 1967, 2) sur l'architecture de la ville de Val-d'Or commandée dans le cadre du 75e anniversaire de la ville en 2010, et 3) sur une peintre ayant légué sa collection à la Ville de Val-d'Or, Ma-Reine Bérubé (1919-2004). Ensemble, ces travaux ont permis d'identifier et de qualifier plusieurs éléments se rapportant à l'évolution historique du territoire abitibien : le rôle des femmes, les dynamiques entre les communautés en présence (francophones, anglophones, autochtones), l'intégration du facteur d'éloignement des lieux d'éducation et à vocation artistique dans la mise en place de groupes et d'institutions. La volonté des bâtisseurs de créer une région vivante, dynamique, et de valoriser le statut d'artiste représente l'un des vecteurs de cette réalité. Outre les trois chantiers évoqués plus haut, nous ferons état de la méthodologie, de la diffusion et des partenaires de ces projets, faisant connaître du même coup les pionniers qui animent cette vie artistique.

  • Archéologie et histoire régionale : l'expérience du Laboratoire d'archéologie et de patrimoine de l'UQAR
    Nicolas BEAUDRY (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Manon Savard (LAP - Laboratoire d'archéologie et de patrimoine de l'UQAR)

    L'archéologie peut contribuer à l'histoire régionale, l'enrichir et en proposer de nouvelles lectures par l'entremise de la culture matérielle. Bien ancrée dans son milieu, l'archéologie pourra d'autant mieux s'adapter aux réalités historiques et culturelles régionales et s'intéresser par exemple aux grandes phases du développement, aux événements marquants, aux personnages et aux mythes, anciens et récents, qu'ils aient ou non une résonance dans l'histoire nationale. Elle peut contribuer à la surveillance et à la sauvegarde de la ressource archéologique, en même temps qu'elle éveille et sensibilise les communautés au patrimoine archéologique.

    Le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie ont connu une longue tradition d'archéologie régionale, pratiquée par des pionniers et des amateurs attirés par les vestiges d'une occupation parmi les plus anciennes du Québec, ainsi que par des sociétés locales. La professionnalisation de l'archéologie et sa réglementation dans les années 1970 a eu pour effet d'écarter ces acteurs et de réserver le monopole de la pratique aux professionnels et aux universitaires. Cette communication présentera comment le Laboratoire d'archéologie et de patrimoine de l'UQAR, créé en 2009, cherche à développer une nouvelle pratique régionale de l'archéologie pour devenir un acteur de l'histoire régionale.


Communications orales

La construction de l'histoire régionale

  • L'histoire gigogne
    Mario Mimeault (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    Nous avons eu en main la correspondance d'une famille de Sainte-Anne-des-Monts, celle de Théodore-Jean Lamontagne et d'Angélique Roy. Le corpus compte 2000 lettres (1852-1925) représentant plus de 4000 pages par 15 scripteurs, dont 8 éparpillés en Amérique du Nord. Nous sommes en présence d'un corpus imposant, de gens qui ont pris le temps d'écrire, d'une famille à l'aise, au sommet de la société nord-gaspésienne, en contact avec le monde occidental par l'entreprise paternelle. Notre hypothèse : la correspondance serait le vecteur d'une expérience migratoire. Quelle approche utiliser? Sommairement, la microstoria de Giovanni Levi et de Carlo Ginsburg, mais par quelle lorgnette l'entreprendre?

    Il y a une histoire et diverses façons de la construire, de la raconter. Celle dont je me suis inspiré s'intitulerait l'histoire gigogne. Comment ai-je procédé? Par couches historiques, en les emboîtant chacune l'une dans l'autre. C'est une pratique, une manière de marier plusieurs approches et de faire en sorte qu'elles ne forment qu'une. Concrètement, dans la correspondance des Lamontagne, le papier explique la propension de la famille à écrire, le contenu des lettres livre les horizons d'attente des scripteurs, l'histoire de la famille sous-tend la mobilité du groupe, l'histoire conversationnelle exprime sa nouvelle appartenance.

  • Écrire l'histoire régionale : une pratique d'emprunts?
    Dany Fougères (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    En dirigeant le projet Histoire de Montréal et de sa région à l'INRS, j'ai été confronté à plusieurs des interrogations que voudront soulever les participants à ce colloque. Bien que je prenne à témoin mon expérience de recherche sur la région montréalaise, cette présentation dépassera l'approche monographique proprement dite, pour aborder davantage les deux points suivants : la construction d'une histoire locale et régionale d'une part, et les matériaux de l'histoire régionale d'autre part.

    L'histoire d'une région est-elle la somme d'un tout géographique dans lequel ses parties (locales) se reconnaissent comme étant « mêmes » ou plutôt le résultat d'un décompte d'expériences locales qui, les unes et les autres, dans le mouvement et les échanges, s'allient et s'affrontent, se jalousent et s'entraident? Construit-on (écrit-on) une histoire régionale à partir des faits du local ou plutôt d'un a priori régional et d'une identité reconnue dans lesquels on insère les éléments locaux? Aussi, l'histoire régionale est-elle une histoire aux multiples emprunts disciplinaires et théoriques, nécessairement intéressée à la quête d'objets multiformes? Est-elle uniquement une histoire de régions dites éloignées? Et surtout, est-elle d'abord une histoire territoriale, une histoire d'un milieu physique et de sa population? Les gens font-ils la région ou la région fait-elle les gens? Peut-être un peu les deux? Enfin, pourrait-on éventuellement écrire une histoire commune de l'expérience régionale?

  • Histoire régionale et histoire urbaine
    Pierre Lanthier (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    La région est propice à l'« histoire totale » synthétisant, comme le souhaitait Lucien Febvre, l'économie, la société, la culture et la politique. Elle jouit en effet de deux atouts. D'une part, elle est généralement de petite ou de moyenne taille, ce qui permet d'aborder finement son développement et de voir comment se côtoient dans le quotidien les pratiques les plus diverses. D'autre part, elle se définit au moyen d'une longue quête identitaire, mobilisant la géographie autant que l'histoire, et dont il est possible de retracer les étapes.

    Normalement, une région a une capitale et même un réseau urbain. Dans certains cas, en particulier à l'époque coloniale, la région voit le jour comme prolongement d'une ville. Mais dans d'autres cas, généralement plus récents, la région engendre son propre monde urbain. Comment la ville se comporte-t-elle par rapport à la région et à sa genèse? Quel rôle joue-t-elle dans la construction d'une identité régionale? À mesure qu'elle grossit, la ville tend à tisser des liens au-delà des frontières régionales. Qu'en résulte-t-il ? Et si elle atteint un certain seuil démographique, elle-même finit par devenir une région.

    L'histoire régionale et l'histoire urbaine ne sont pas des disciplines neuves. Elles disposent de problématiques et d'approches spécifiques. À partir d'exemples tirés des régions et des villes du Québec, que peut nous apprendre l'utilisation convergente de ces deux disciplines?

  • L'histoire du Bas-Saint-Laurent : revue d'une expérience, 25 ans après
    Antonio Lechasseur (Bibliothèque et Archives Canada)

    Dans le cadre de cette table ronde, nous souhaitons soumettre trois séries de questions. D'abord, (1) à qui appartient le « discours » en histoire régionale? Les enjeux entourant la conception d'une première histoire régionale au Bas-Saint-Laurent au début des années 1990 montrent que ne s'immisce pas qui veut dans la création d'un nouveau discours dans ce domaine. Ensuite, (2) nous souhaitons poursuivre sur cette piste en évoquant les potentielles frictions entre les courants idéologiques qui sous-tendent l'élaboration d'une telle synthèse et la réalité des faits recueillis dans le cours de l'enquête sur le terrain. Enfin, (3) quelle résonnance ont eue les histoires régionales du grand chantier de l'IQRC, comme celles du Bas-Saint-Laurent? Sont-elles tombées à plat ou ont-elles au contraire contribué au développement des identités régionales? Que s'est-il passé sur le plan de la recherche dans la Bas-Saint-Laurent depuis la parution de la synthèse en 1993?


Cocktail

Lancement conjoint de revues régionales et cocktail

Communications orales

Les pratiques de diffusion

  • La diffusion de l'histoire régionale : histoire d'une évolution
    Jean-Marie Thibeault (Cégep de la Gaspésie et des Iles)

    La diffusion de l'histoire s'est beaucoup transformée au cours des 30 dernières années, en phase avec l'émergence des nouvelles technologies. Aux traditionnels livres et articles de revues se sont ajoutés les documentaires, les chroniques (radio, télé ou web), les blogues, les conférences virtuelles, les sites internet, etc. Portés par le même processus, les artisans se sont eux aussi multipliés : professeurs et enseignants, mais aussi professionnels œuvrant au sein d'organismes publics, chercheurs autodidactes et amateurs participent à nourrir ce mouvement.

    Cette prolifération des plates-formes, de médiums et d'artisans, si elle concoure à diffuser l'histoire d'une manière plus soutenue, a également contribué à modifier l'horizon des attentes du public. Les stratégies de mise en marché d'un produit d'histoire régionale se sont ainsi arrimées à ces nouvelles réalités, la variété de l'arsenal des moyens pour rejoindre des publics-cibles ayant grandement évolué. Dans ce contexte, même la parution d'un livre en format traditionnel prend une tout autre couleur, dans la mesure où elle est portée par ces mêmes technologies.

  • L'histoire régionale vue à travers l'évolution de la revue L'Estuaire
    Kurt Vignola (Cégep de Rimouski)

    On pourrait facilement avoir l'impression générale qu'une revue d'histoire locale est réalisée de façon négligée, innove peu et se diffuse à un faible lectorat, non scientifique de surcroît. Là se trouve l'intérêt d'analyser les contenus, les méthodes et la diffusion d'une revue d'histoire régionale telle que L'Estuaire, anciennement Revue d'histoire du Bas-Saint-Laurent. Que s'est-il passé en histoire régionale du Bas-Saint-Laurent entre la création de la revue en 1973 et 2013? Qu'a-t-on appris de nouveau? Ces découvertes ont-elles été mises à profit? En quoi une telle revue fait-elle réellement progresser ou non les savoirs?

    Nous proposons un portrait de l'évolution de la revue L'Estuaire en examinant à la fois les principaux thèmes, personnages et grands débats qui l'ont occupée, portant du même coup attention aux sources et aux méthodes mises en œuvre par différents types d'auteurs. Au bout du compte, cette étude empirique présente l'occasion de proposer une définition de « l'histoire régionale ».

  • L'histoire pour construire et révéler une identité : le cas de la Côte-Nord
    Guy Côté (Revue d'histoire de la Côte-Nord)

    La Revue d'histoire de la Côte-Nord, publiée depuis plus de trente ans, contribue toujours à faire connaître et à construire de l'identité nord-côtière. La géographie, la diversité de ses peuples fondateurs, la nordicité et la maritimité caractérisent cette région de l'Est du Québec, que distinguent les différents épisodes de peuplement comme la présence millénaire d'autochtones. Soutenir une revue d'histoire comporte des défis, que la pluralité ethnique et l'immensité du territoire nord-côtier teintent toujours, notamment en vertu des épisodes de développement économique en dents de scie. Dans ce riche contexte, on comprendra l'importance de dire et d'écrire l'histoire qui en découle.

    La genèse d'une revue comporte aussi ses moments de prise de conscience, générateurs de publications, qui inclinent à leur tour les représentations de la région. Comment cette genèse s'est-elle inscrite dans le temps, notamment au sein des institutions en place et par le biais des hommes et des femmes qui l'ont induite? Comment ces paramètres finissent-ils par engendrer une identité nord-côtière? Ces questions trouvent leurs réponses dans l'examen des différentes éditions de la revue. Avec ses chroniques, ses articles variés et ses cahiers thématiques, la Revue d'histoire de la Côte-Nord met en scène la culture, la biographie, la généalogie et les événements qui ont contribué à baliser l'existence des Nord-côtiers et à lui donner une couleur unique.


Communications orales

Mémoires et identités régionales

  • L'histoire régionale construite à travers ses immeubles, ses sites, ses personnages et ses paysages patrimoniaux
    Euchariste Morin (Ministère de la Culture et des Communications)

    Depuis les trente dernières années, la valorisation du patrimoine au Québec a participé au développement de l'histoire régionale. Dans la mouvance de la régionalisation des années 1970, les régions se sont définies et développées à partir des ressources propres à chaque territoire dont font partie les espaces culturels. Ces derniers sont des repères identitaires pour la population et constituent également un potentiel important de développement, notamment en tourisme culturel. Ces lieux de mémoire créent un sentiment d'appartenance sur lequel peuvent s'appuyer les projets de protection et de mise en valeur.

    L'intérêt pour le patrimoine a conduit à la réalisation de plusieurs études sur des thèmes variés. D'abord orchestrées par l'État, la production et la diffusion de ces travaux relèvent davantage maintenant des instances locales et régionales. Depuis la Politique culturelle du Québec adoptée en 1992, le gouvernement a fait du partenariat avec les municipalités la pierre d'assise de son action en visant, entre autres, une plus grande démocratisation de la culture. Différentes mesures ont été mises en place pour appuyer les communautés locales qui ont entrepris plusieurs chantiers pour améliorer les connaissances historiques et patrimoniales de leur milieu. Cette communication présentera des exemples concrets de projets de mise en valeur dans les différents champs du patrimoine (bâti, archéologique, immatériel, paysager) qui ont contribué à construire l'histoire régionale.

  • Le moulin Légaré : des sources originales pour une histoire régionale
    Sara Landry-Pellerin (Corporation du moulin Légaré), Martin Trudel (Corporation du moulin Légaré)

    Notre communication présentera notre projet de documentation, de sauvegarde et de mise en valeur d'un patrimoine culturel immatériel (PCI) par la collecte et l'utilisation de divers types de sources. Cette démarche s'intéresse à un élément important de l'histoire régionale de Saint-Eustache : la pratique traditionnelle du métier de meunier telle qu'exercée au moulin Légaré, le plus ancien moulin à farine mû par la seule force de l'eau n'ayant jamais cessé de fonctionner en Amérique du Nord.

    Le fondement de la démarche réside dans la captation des savoir-faire et des connaissances des meuniers par divers médiums (audio, vidéo, photo, guide de formation), additionnés aux témoignages des membres de la communauté permettant de maintenir vivant le moulin. La Corporation du moulin Légaré (CML) contribue ainsi à générer du nouveau matériel pour l'histoire régionale. Par ailleurs, la collaboration des meuniers eux-mêmes est indispensable à l'élaboration des différents projets de la CML, dans la mesure où ils sont eux-mêmes porteurs de tradition et médiateurs d'un PCI. Cette singularité enrichit à la fois l'expérience des visiteurs, les programmes éducatifs et les expositions offertes au moulin Légaré.

  • Mémoires industrielles
    Valérie Bourgeois (Boréalis, Centre d'histoire de l'industrie papetière)

    L'industrie a eu un impact considérable dans l'évolution des régions québécoises et l'histoire du Québec. À titre d'exemple, l'industrie des pâtes et papiers a teinté la trame urbaine trifluvienne que l'on connaît aujourd'hui. Le déclin de cette industrie a accéléré la réflexion dans les musées qui s'emploient à mettre en valeur les connaissances et savoir-faire liés à son patrimoine. L'idée de faire appel au patrimoine immatériel s'est imposée dès le début des travaux de construction de Boréalis, l'un des plus importants projets de mise en valeur du patrimoine industriel des dix dernières années au Québec. Inspirée par les pratiques d'enquêtes ethnologiques, l'équipe de Boréalis a parcouru plus de 7000 km et réalisé plus de 200 heures de tournages afin de recueillir les témoignages des travailleurs de l'industrie papetière. À ce jour, Mémoires industrielles a permis de recueillir plus de 80 témoignages d'une centaine de personnes dans 11 régions du Québec, ainsi que dans 8 villes de l'Ontario et du Nouveau-Brunswick.

    Dans le cadre de ce colloque, nous soulignerons l'importance de préserver le patrimoine industriel en plus de nous intéresser aux défis liés à cette nouvelle façon de construire l'histoire régionale et nationale à partir de récits oraux. La présentation sera également l'occasion d'exposer les récents travaux qui ont contribué à structurer l'histoire de l'industrie papetière locale et régionale en plus d'alimenter la fonction identitaire, d'hier à aujourd'hui.