Ce colloque veut revenir sur une catégorie de récits contemporains définie récemment par la critique universitaire, soit le récit de filiation. Les travaux de Viart (2008), Demanze (2008, 2009) et Lapointe (2009, 2012) ont permis de situer cette nouvelle catégorie de récits dans un « renouvellement des écritures de l’intime ». Les récits de filiation contemporains se présentent ainsi comme une investigation dans laquelle le sujet contemporain « se construit dans le détour de l’autre, en assimilant à l’intérieur de soi la communauté des ascendants » (Demanze & Lapointe, 2009). Ce colloque veut poursuivre et élargir l’étude des récits de filiation contemporains par la prise en compte d’un plus vaste corpus, défini selon de nouveaux critères. Cinq ans après la parution des principaux travaux sur les récits de filiation français et québécois, il paraît nécessaire de réévaluer, à la lumière des parutions récentes, l’état des lieux produit alors. Au Québec et en France, plusieurs romans, comme La ballade d’Ali Baba de C. Mavrikakis (2014) ou Ceux qui reviennent de M. Desbiolles (2014), semblent porter un regard renouvelé sur la filiation qui s’éloigne de l’enquête pour se déployer dans la fiction. Ce que Viart a appelé le « silence des pères » devient dès lors un prétexte pour investir le passé par l’imaginaire, aux limites du fantastique, brouillant les frontières entre les espaces et les générations. Cet éclatement des frontières spatio-temporelles nous amène à interroger également l’hybridation esthétique du récit de filiation contemporain. Celui-ci se déploie en effet dans différentes pratiques, notamment dans le théâtre, la bande dessinée et le cinéma, comme A.M. Parent et K. Schwerdtner l’ont souligné dans un numéro récent de Temps zéro (2012). Ce colloque s’assigne ainsi l’objectif de réinterroger la catégorie critique du récit de filiation au regard des transformations récentes du genre et de ses appropriations par une pluralité de formes artistiques narratives.
Du mercredi 27 au jeudi 28 mai 2015