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Informations générales

Événement : 83e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Du manuscrit à l’imprimé, la notion de patrimoine lettré au Québec revêt plusieurs visages. Elle invite à suivre le parcours d’imprimés arrivés d’Europe, à découvrir des manuscrits inédits ou à plonger dans la vie des habitants du 19e siècle en relisant les journaux de l’époque. Aux 18e et 19e siècles, l’émergence de cette culture lettrée repose sur les réseaux de sociabilité qui sont impliqués dans la production, la diffusion et la réception des écrits. Ce colloque entend questionner la présence et le rôle de ces réseaux dans la constitution du patrimoine lettré au Québec. Quelle place leur est réservée dans les écrits? De quelle manière ces réseaux interviennent-ils dans la production et le commerce de l’imprimé? Quel est leur rôle dans la transmission de la culture lettrée? Ces questions invitent à une approche pluridisciplinaire qui se décline en trois axes.

Le premier, Circulation et transmission du patrimoine lettré, pourra explorer des pistes telles que : la constitution et le fonctionnement des réseaux d’imprimeurs, de libraires ou d’écrivains; le parcours d’une œuvre, voire d’une collection, à partir d’archives ou d’ex-libris; le rôle des réseaux de sociabilité dans la constitution de bibliothèques personnelles, paroissiales, publiques ou institutionnelles; l’émergence de lieux de culture (librairies, instituts littéraires).

Le second axe, intitulé Réseaux de sociabilité comme instance de réception, ouvre la voie à des études sur la critique d’imprimés dans les échanges épistolaires, le rôle des réseaux de sociabilité dans les pratiques de lecture, ou encore les critiques littéraires ou stratégies publicitaires dans les journaux.

Le troisième, intitulé Mise en scène des réseaux de sociabilité dans les écrits, entend explorer les enjeux (sociaux, politiques, fictionnels) qui entourent la transposition des réseaux de sociabilité à l’écrit, ou encore les textes comme outils permettant de reconstituer des réseaux.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

Bibliothèques familiales et institutionnelles au 19e siècle (partie 1)

  • Mot de bienvenue
  • La bibliothèque retrouvée de Philippe Aubert de Gaspé
    Marc-André Bernier (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Claude La Charité (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    La richesse des références intertextuelles dans l'œuvre de Philippe Aubert de Gaspé est telle que l'on a souvent déploré la dispersion de la bibliothèque familiale, sans que l'on ait par ailleurs conservé de catalogue ou d'inventaire après décès. La découverte récente par l'historien Donald Fyson d'un inventaire des livres ayant appartenu en 1836 au dernier seigneur de Saint-Jean-Port-Joli vient toutefois jeter un nouvel éclairage sur cette bibliothèque perdue, où l'on retrouve quelques-unes des références qui seront centrales dans Les Anciens Canadiens (1863) et les Mémoires (1866). Aussi souhaitons-nous, à l'occasion de cette découverte, décrire cet inventaire, en proposant une typologie des langues, des domaines de savoir et des périodes littéraires qui y sont représentés. Sur cette base, cette communication entend ensuite mettre certaines entrées de cet inventaire en résonance avec l'œuvre de Philippe Aubert de Gaspé pour montrer en quoi cette découverte éclaire notre compréhension de l'œuvre et en quoi, en retour, l'œuvre elle-même peut jeter un certain éclairage sur l'inventaire, en complétant certains détails sous-entendus ou passés sous silence.

  • Culture de l'imprimé dans les campagnes québécoises du 19e siècle : l'exemple de la bibliothèque de François Magloire Derome
    Marie-Ange Croft (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    L'histoire retient fort peu de choses de François Magloire Derome (1821-1880). D'abord connu pour être un homme de lettres (poète et journaliste), il quitte la capitale en 1857 pour Rimouski, où il se consacre presque exclusivement à sa carrière d'homme de loi (avocat, protonotaire, greffier de la couronne et de la paix). S'il vit éloigné de l'effervescence littéraire qui règne à Québec, Derome n'en demeure pas moins un homme d'une grande érudition, et un lecteur infatigable. À sa mort en 1880, sa bibliothèque contient plus de 1500 volumes, répertoriés dans son inventaire après-décès récemment mis au jour. Cet inventaire et le verbal de vente qui l'accompagne nous permettent d'avoir un portrait complet de la composition de la bibliothèque de Derome, de sa valeur et de sa dispersion. Plus encore, ces documents mettent de l'avant les acheteurs eux-mêmes, laissant émerger peu à peu un cercle restreint de lecteurs et de collectionneurs. C'est ce dernier aspect que nous souhaitons approfondir dans le cadre de notre communication. En nous intéressant à la fois aux acheteurs et aux imprimés qu'ils acquièrent, nous voulons mettre en lumière la manière dont le livre participe à définir les réseaux de sociabilité. L'exemple tout à fait exceptionnel que nous offre Derome nous permettra surtout de mieux comprendre le rapport à l'imprimé dans les comtés ruraux du dernier XIXe siècle.

  • Le projet IMAQ sur les traces de Denis-Benjamin Viger

    Avocat, journaliste, essayiste et homme politique, Denis-Benjamin Viger est un acteur important de la scène politique et intellectuelle au Québec au début du XIXe siècle. Premier président de la Société Saint-Jean-Baptiste, il publie nombre d'ouvrages et écrit dans plusieurs journaux, où il fait montre d'une grande érudition. Comme en témoigne l'article du Dictionnaire biographique du Canada, Viger est en effet un lecteur acharné : « à la fin de sa vie, sa bibliothèque contient plus de 3 000 volumes », qu'il confie à sa mort au séminaire de Saint-Hyacinthe. Dans la foulée du projet d'Inventaire des imprimés anciens du Québec qui a pour objet de parcourir les fonds d'archives à la recherche de livres publiés avant 1800 afin de les intégrer à un catalogue électronique, nous avons pu retracer un certain nombre d'ouvrages portant l'ex-libris manuscrit de Denis-Benjamin Viger. Ceux que nous avons inventoriés, à ce jour, sont disséminés non seulement dans les archives du séminaire de Saint-Hyacinthe, mais aussi à la Bibliothèque de la Compagnie de Jésus du Collège Jean-de-Brébeuf, ainsi que dans les fonds du Collège Lionel-Groulx à Sainte-Thérèse. Le propos de cette communication sera d'explorer les fragments épars de cette vaste collection que le projet IMAQ a, jusqu'à présent, permis de réunir, afin d'entrevoir, à travers ces ouvrages d'histoire et de philosophie, de religion et de morale, la formation intellectuelle de l'un des hommes politiques canadiens les plus cultivés de son époque.

  • Pause

Communications orales

Bibliothèques familiales et institutionnelles au 19e siècle (partie 2)

  • Traces des débuts d'une bibliothèque universitaire : McGill College Library
    Ann-Marie Hansen (Université McGill)

    Le projet IMAQ rassemble plusieurs groupes de recherche universitaires et vise à inventorier les imprimés anciens conservés au Québec. Cet inventaire commande notamment un relevé systématique des marques de possession. Cette information essentielle, largement négligée jusqu'à présent dans le domaine de la bibliothéconomie, permet de retracer le parcours d'un livre, voire d'une collection. À partir de l'étude des ex-libris conservés dans certains ouvrages du fonds ancien de la bibliothèque universitaire de McGill, je me propose de mettre en lumière les débuts de la McGill College Library et d'étudier la manière dont les réseaux et les pratiques de sociabilité ont participé à la constitution de ce fonds. Cette étude devrait souligner le rôle majeur de certains donateurs (dont la communauté du « Golden Square Mile » ou le médecin anglais John Robson). En retraçant le parcours de ces livres, je serai amenée à mettre au jour les individus et les réseaux qui ont contribué à l'établissement d'un fonds qui devint très vite incontournable dans le Québec du XIXe siècle, et qui appartient aujourd'hui au patrimoine lettré. La présentation permettra de comprendre comment et dans quel contexte s'est constituée la collection, mais aussi d'explorer les différentes motivations (pédagogiques, mondaines, etc.) qui ont influencé le développement de cette collection pionnière.

  • Le livre d'école dans la Maison Louis-Bertrand
    Marie-Pier Tremblay Dextras (Centre Joseph-Charles Taché)

    L'école est le lieu par excellence de transmission du patrimoine lettré. Les écoles de paroisse et les collèges classiques seront à leur apogée durant la deuxième moitié du XIXe et la première moitié du XXe siècle. Ce sont principalement les manuels scolaires qui permettent aujourd'hui de reconstituer l'enseignement qui était dispensé dans ces établissements. Les thèmes et les personnages historiques mis de l'avant par le gouvernement et les élites intellectuelles apparaissent clairement au travers des titres des livres offerts en récompense aux élèves pour leur application, leur progrès ou leur excellence. Mériter ces livres avait des conséquences : l'élève devait rapporter le livre à la distribution suivante et prouver qu'il l'a lu. Les institutions scolaires sont également des lieux tout à fait propices pour observer la création de réseaux de sociabilité. Non seulement pendant leur formation les élèves créent entre eux des liens qui les suivront toute leur vie et qui permettent de mettre leur parcours en perspective, mais il est également possible de voir comment les gestionnaires du système scolaire collaboraient entre eux pour favoriser la diffusion de certains ouvrages. Grâce à l'inventaire de la bibliothèque de la Maison Louis-Bertrand, au Cours de pédagogie et aux Mandements de Jean Langevin, nous tenteront de définir la situation d'une famille de l'élite régionale dans son rapport avec l'institution scolaire, les livres qu'elle s'y procure et l'idéologie de ses dirigeants.

  • Dîner

Communications orales

Archives, littératie et réseaux sociaux : nouvelles perspectives sur le patrimoine lettré autochtone

  • Patrimoine chiffré et réseaux socio-économiques : le cas des Amérindiens de la vallée du Saint-Laurent au 19e siècle
    Brian Gettler (University of Toronto)
  • Les pétitions amérindiennes au 19e siècle : entre patrimoine lettré et patrimonialisation
    Maxime Gohier (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    Les pétitions rédigées par les Amérindiens sous le Régime britannique sont généralement considérées comme les rares traces écrites laissées par ces individus de tradition orale. Certains chercheurs les ont même décrites comme une forme de patrimoine lettré, voire de protolittérature. Or, une analyse fine du contexte politique dans lequel ces documents ont été créés, des institutions au sein desquelles elles circulaient, de même que des acteurs qui intervenaient dans leur production, nous pousse plutôt à les envisager comme une forme de patrimonialisation, en ce sens où elles contribuaient essentiellement à faire des communautés amérindiennes un patrimoine politique propre à la colonie canadienne et à l'Empire britannique. Du même coup, les pétitions constituaient de véritables assises patrimoniales des communautés amérindiennes, vouées à permettre la (re)construction de leurs identités collectives.

    Notre analyse portera essentiellement sur les réseaux de production des pétitions et sur la place occupée par les Amérindiens dans ces réseaux. Nous étudierons aussi le contexte et les modalités de préparation des textes, pour faire ressortir le rôle et les fonctions des différentes représentations stéréotypées qu'ils contribuaient à construire et à véhiculer.

  • Le patrimoine juridique autochtone au 19e siècle : enjeux et défis du recours à l'écrit dans l'enregistrement des lois et coutumes des Amérindiens de la vallée du Saint-Laurent (1800-1860)
    Isabelle Bouchard (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    À la fin du XVIIIe siècle, les chefs autochtones de la vallée du Saint-Laurent revendiquent certaines prérogatives liées à la gestion des terres et des ressources (bois) possédées en commun par leurs communautés. Au début du siècle suivant, ils commencent à recourir à l'écrit, notamment aux actes notariés, pour consigner les lois et coutumes de leurs communautés. Issues de décisions prises en conseil, ces codifications servent à consolider l'autorité des chefs qui, en revendiquant le statut de gardiens des lois et coutumes, s'imposent comme de véritables législateurs.

    Les prérogatives des chefs, telles que consignées par écrit, sont toutefois contestées devant les tribunaux, qui se voient alors instrumentalisés (tant par les chefs que par les autres membres des communautés) dans des conflits intracommunautaires. En outre, les lois et coutumes mises par écrit sont confrontées à une absence de reconnaissance par la législation coloniale. Les chefs en viennent par conséquent à demander que ces lois et coutumes soient officiellement reconnues par l'Assemblée comme un patrimoine juridique proprement autochtone. À travers l'exemple de deux communautés particulièrement actives dans ce processus, soit les Iroquois du Sault Saint-Louis (Kahnawake) et les Abénaquis de Saint-François (Odanak), nous entendons donc analyser les enjeux et les défis de la mise par écrit des lois et coutumes des communautés autochtones par leurs chefs dans la première moitié du XIXe siècle.

  • Pause

Communications orales

Pratique épistolaire et mise en scène des réseaux de sociabilité 

  • La lettre comme prolongement du salon et du journal : articulation des registres de l'intime et du médiatique
    Mylène Bédard (UdeM - Université de Montréal)

    L'étude des cercles concentriques qui se créent autour de la lettre, c'est-à-dire auxquels elle participe et dont elle témoigne, permet de montrer que la pratique épistolaire n'évolue pas en circuit fermé, mais qu'elle est perméable à l'actualité et au discours médiatique. Par leur contenu et leur mode de circulation, les lettres s'avèrent une forme privilégiée pour saisir la complexité et la porosité des frontières entre les champs d'activité qui fragmentent la vie sociale en fonction des sexes. Le mouvement d'aller-retour entre la lettre et sa réponse révèle les dynamiques d'interaction entre le lieu occupé par l'épistolière et celui du destinataire. À la fois instrument pour entretenir des relations et médiation pour les faire valoir, la lettre féminine participe à la fluctuation des rapports entre intime, privé et public. Le salon qu'organise Marguerite Lacorne-Viger autour des missives que lui adresse son mari montre bien que les lettres nourrissent les échanges mondains et les prolongent, puisque les épistoliers de ce cercle relaient les informations par le biais de leur correspondance. En étudiant les couples Papineau, Viger et Chauveau, cette communication entend observer comment la pratique épistolaire des femmes et les réponses des maris offrent la possibilité de repenser les rapports entre culture lettrée et culture politique au cœur du XIXe siècle québécois et de mesurer l'éventail des interventions sociales, politiques et littéraires des femmes.

  • Qui sont les « Individualistes de 1925 »? Radioscopie d'un réseau épistolaire « producteur d'imprimé »
    Stéphanie Bernier (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Qui sont les Individualistes de 1925? Le poète Alfred DesRochers (1901-1978) les décrit comme une « troupe [...] qui n'avait pas de théorie collective, pas de cercle formel, pas de revue, mais dont les fantassins lancèrent une trentaine de volumes entre les années 1925 et 1933 ». Pour comprendre ce qui unit Jovette Bernier, Alice Lemieux, Éva Senécal, Simone Routier, Robert Choquette, Rosaire Dion-Lévesque et Alfred DesRochers, il faut se tourner vers la correspondance. Or, si quelques études ont pris pour objet certaines correspondances de ce réseau, personne n'a encore étudié leur correspondance comme un tout signifiant. Cette étude se fera en trois temps. Premièrement, en considérant la lettre comme un « outil permettant de reconstituer des réseaux », je recomposerai un portrait détaillé des relations et de déterminer le rôle que chacun joue au sein de ce réseau. Deuxièmement, je chercherai à comprendre comment la lettre, plus qu'une preuve matérielle d'une relation entre deux individus, participe à la constitution du réseau. Troisièmement, j'étudierai comment le réseau à travers la correspondance agit en soi comme un « producteur d'imprimé », que ce soit par la demande de préface, de critique ou de collaboration à une revue. La correspondance formerait ainsi une sorte de réseau éditorial parallèle à l'intérieur duquel circulent les manuscrits commentés, corrigés. Ce dernier aspect conduira à sonder le rapport entre production littéraire et épistolarité.


Communications orales

Les réseaux de sociabilité, instance de réception 

  • Du Fort Duquesne à Chéticamp : deux siècles pour une saynète chantée
    Charles Doutrelepont (Université Carleton)

    Le 9 juillet 1755, à quelques kilomètres du Fort Duquesne, dont demeure l'empreinte au coeur de Pittsburgh (Pennsylvanie), les troupes de Nouvelle-France ont défait les forces d'invasion anglo-américaines que menait le major général Edward Braddock. Pour fêter cette victoire, une saynète chantée de 64 vers, a été composée sur les lieux. Particulièrement sophistiquée pour sa métrique, cette pièce railleuse fait dialoguer un roi d'Angleterre incrédule et un courrier qui lui annonce la mauvaise nouvelle. Or, depuis 1755, c'est autant sur papier que par la tradition orale que cette chanson a survécu au passage du temps. Entre ses différentes versions, se sont tissées des sociabilités diverses. Elles méritent d'être éclairées et illustrent que les oppositions entre lettré et populaire, autant que celles entre l'oral et l'écrit, ne vont pas de soi.

  • « Quelques pages d'éloges » pour Angéline de Montbrun : une analyse de la stratégie promotionnelle mise en œuvre par l'abbé Casgrain autour du premier roman de Laure Conan
    Liliana Rizzuto (Université Laval)

    Manon Brunet a bien identifié l'abbé Henri-Raymond Casgrain comme le « chef du réseau littéraire québécois de la deuxième moitié du XIXe siècle ». L'analyse que nous proposons, dans le cadre de ce colloque, vise à montrer justement le rôle central du réseau d'influence casgrainien dans la publication et la réception de l'un des ouvrages les plus marquants de cette fin de siècle : le roman Angéline de Montbrun (1884) de Laure Conan. Comme Casgrain le souligne lui-même dans la critique qu'il fait paraître en préface du livre, le succès de l'œuvre repose en grande partie sur le soutien que lui démontre alors le champ littéraire naissant, et en particulier sur l'appui de quelques-uns de ses plus illustres représentants, ses amis. Les détails de la vaste entreprise promotionnelle déployée autour du roman et de son auteur sont connus entre autres grâce à la correspondance de Casgrain, de son « Étude sur Angéline de Montbrun » (1883), ainsi que par les nombreux articles et publications diverses signés Louis Fréchette, Henri d'Arles et Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, pour ne nommer qu'eux, qui paraissent au même moment. Notre communication tentera de faire la lumière sur le réseau de sociabilité qui se devine à travers ces écrits, en examinant surtout l'influence qu'il exerce sur la lecture contemporaine de l'œuvre et la consécration subséquente de celle qui devient rapidement la première « femme auteur au Canada ».

  • « Vous avez lu jusqu'à Karl Marx! » : la correspondance, propagatrice du livre illicite
    Pierre Hébert (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Au Québec, la censure cléricale fortement influencé la lecture, nul n'en disconviendra. Mais est-ce à dire que les livres défendus ne circulaient que sous cape, ne laissant aucune trace à qui voudrait, aujourd'hui, les retracer ?

    Circuler sous cape… ou par la correspondance. Car la lettre permet en toute impunité un échange de livres, de titres, impossible dans l'espace public. J'entends donc développer cet aspect : le rôle de la correspondance dans la diffusion du livre illicite.

    À cette fin, les correspondances des années 1930 sont particulièrement intéressantes. Et celle de Louis Dantin se démarque : quelque 3000 lettres échangées avec plus d'une centaine de destinataires. Je me servirai de deux correspondances révélatrices: Dantin avec Alfred DesRochers, et avec Louvigny de Montigny.

    Je ferai un relevé systématique des «mauvais livres» dans ces deux échanges épistoliers. Surtout, j'amorcerai une cartographie de cette circulation. Ainsi, d'ores et déjà je puis mentionner le socialisme et le communisme; l'érotisme; le livre à l'Index. Je terminerai par l'étude d'un cas exemplaire, celui de Walt Whitman, dont Dantin parle à nombre de ses correspondants dans le but avoué de faire connaître ce poète américain panthéiste, anarchiste et, dans certains poèmes du moins, chantre de l'homosexualité.


Cocktail

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