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Informations générales

Événement : 83e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Ce colloque explore les relations littéraires interaméricaines à partir d’une perspective comparatiste entre le Québec et le Brésil, centrée sur des approches théoriques des représentations littéraires de l’espace.

Il s’agit d’interroger les relations entre expérience, perception et écriture de l’espace pour mieux dégager les stratégies d’investissement symbolique auxquelles les productions littéraires québécoises et brésiliennes ont recours. Le corpus pourra également intégrer des productions cinématographiques. L’analyse de la figuration spatiale permettra d’identifier l’imaginaire des grands espaces (l’Amazonie brésilienne, le Nord québécois et le Sertão brésilien) ainsi que celui d’espaces urbains (micro-espaces carcéraux, favelas, quartiers délabrés) ou frontaliers (réserves autochtones au Québec et au Brésil).

L’examen des processus de (re)signification des espaces de référence dans le discours fictionnel repose sur différentes approches critiques de la représentation de l’espace qui produisent des champs discursifs et des concepts spécifiques dont le colloque cherchera à examiner la portée théorique. Pour ce faire, la réflexion s’organisera autour de trois principaux axes qui explorent les relations entre la littérature et la géographie :

1) Perspective géopoétique qui privilégie la mise en scène de trajectoires erratiques et s’appuie sur une grammaire du cosmos et sur des figurations d’espaces illimités;

2) Perspective géocritique qui explore les rapports entre « géographie du réel » et « géographie de l’imaginaire »;

3) Perspective du « braconnage » qui part de la notion d’habitabilité psychique pour cerner les paysages de la subjectivité dans des territoires précaires ainsi que les tactiques subversives d’appropriation du lieu.

Dates :
Responsables :

Programme

Communications orales

Mot d'ouverture : Licia Soares de Souza (UNEB/UQAM/CNPq), Rita Olivieri-Godet (Rennes2/IUF) et Brigitte Thiérion (Sorbonne Nouvelle – Paris 3) 


Communications orales

Conférence

  • Expérience géopoétique du territoire : habiter un quartier
    André Carpentier (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    La double question du territoire et de l'habiter sera ici abordée par la notion et surtout par une pratique de fréquentation du quartier; en l'occurrence, une pratique d'inspiration géopoétique. Non pas en plaquant une théorie sur une pratique, ce qui instrumentaliserait la géopoétique et engagerait la réflexion dans une démarche stérile, mais en cherchant, par des notes de fréquentation, à dégager des traits spécifiques qui permettent l'expression, plus que la définition, de cet espace humain qu'on appelle le quartier.

    Il ne s'agira donc pas de proposer des avancées théoriques applicables à tous les quartiers de la terre, mais de témoigner d'un rapport humain liant un citoyen montréalais par ailleurs flâneur à son quartier, compris ici comme territoire imaginaire et administratif. La réflexion se déploiera par le truchement d'un je, un je à la fois personnel et citoyen, comme s'il était naïvement recherché de parler singulièrement au nom de tous.

  • Pause

Communications orales

Table 1

  • Figures spatiales de Montréal dans une perspective de géopoétique urbaine
    Licia Soares De Souza (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Nous analysons quelques représentations de Montréal qui devient de plus en plus un lieu d'écriture dans la littérature québécoise contemporaine. Considérant que la ville est un espace physique et palpable avec ses limites géographiques, la tension entre fragmentation et unité urbaine impose une visée privilégiée des espaces urbains dans lesquels s'entrecroisent des foyers culturels spécifiques. Le discours fictionnel rend compte d'un territoire citadin capable de mettre en relation des lieux variés de formations culturelles, de telle sorte que la perspective géographique, qui incorporera les enchâssements des thèmes identitaires, sera assortie d'une confrontation entre certaines figures spatiales de la ville : Montréal poétique (La vie en prose, 1980), Montréal de la contreculture et des avant-gardes artistiques (Vamp, 2004), des immigrés et des gangs de rue (Côte-des-Nègres, 1998, Le souffle de l'Harmattan, 1986), des itinérants, squatteurs et braconniers (Squeegee, 2003, Les étoiles jumelles, 2005), des suicidaires en série (Paradis. La clef en main, 2009), compagne et amante (Mon Montréal à moi, 2004). Il s'agira ensuite non seulement de croiser les regards pour montrer les ressemblances et les différences des figures spatiales, mais aussi de mettre en évidence les transformations de la représentation physique du lieu par les perceptions intimes des énonciateurs, témoignant d'une expérience vécue par un processus créateur, apte à présenter des balises d'une géopoétique urbaine.

  • Errance et écriture dans Hochelaga : l'expérience géopoétique du recueil Homa sweet home de Patrick Lafontaine
    Krystel Bertrand (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Homa sweet home est un recueil poétique écrit par Patrick Lafontaine (2008) qui propose un parcours erratique dans le quartier Hochelaga de Montréal reconnu pour sa vie nocturne assez thrash où déambulent les prostitués et les drogués ainsi que pour sa culture locale de plus en plus populaire. Les poèmes sont tels des photographies polaroid, des instants capturés sur le vif qui nous mènent d'une rue à l'autre, d'une vie à l'autre. Son écriture donne à voir le quartier dans le plus pur des réalismes : « à 15 ans Hochelaga montre ses seins durs et blancs ses bottes/de manga cirées rose lance ses hanches dans tous les yeux/brûle à fin d'un joint offre sa liberté/sa toute petite liberté » (p. 19). Patrick Lafontaine nous fait visiter le quartier par ses rues, ses logements, ses animaux, ses ruelles, ses objets : « viens-tu chiller me demande Dézéry mais dans Hochelaga-/l'héroïne on n'arrête pas de monter les marches jusqu'au/troisième pas une porte s'ouvre on s'enfonce dans le décor/avec les chats des spikes sortis les pieds dans l'eau des égouts/qui refoulent la misère » (p.42). Le recueil de cet auteur nous fait errer dans Hochelaga en nous faisant voir à la fois so « nigth life dans ce qu'il a de/plus night » (p. 41) et son quotidien des plus habituels où « les autos roulent à 100, les enfants traînent [et les] télés jouent sur les balcons » (p. 2). En figurant les différents espaces du quartier, la poésie dans Homa sweet home devient le témoin d'une expérience géopoétique urbaine.

  • Réflexion du territoire dans le cinéma québécois contemporain
    Guillaume Lemire (Collège Lionel-Groulx), Claire Portelance (Collège Lionel-Groulx)

    L'inventaire visuel du territoire québécois commence dès les années 1930-1940 avec les documentaires de l'abbé Maurice Proulx et de monseigneur Albert Tessier. À cette époque, l'espace filmé est celui des zones agricoles (Proulx) et de la nature (Tessier). Ces deux documentaristes cherchent, en quelque sorte, à transmettre le rapport que l'homme entretient avec le territoire. Avec l'avènement du cinéma direct, à la fin des années 1950 (pensons au cinéma de Perrault, Brault, Groulx, Jutra, Carle, Lamothe), qui renouvelle le genre cinématographique, la nouvelle génération de réalisateurs québécois contribue à enrichir « l'album de famille », en plantant leur caméra dans des décors réels, à la recherche de la « vraie vie ». Ils parcourent alors le territoire dans tous les sens, de Montréal aux villages plus ou moins éloignés des grands centres et, aussi vers quelques espaces habités par les Amérindiens.En prenant pour objet le cinéma de fiction des quinze dernières années au Québec, tourné à l'extérieur des centres urbains et périurbains, nous analyserons la teneur du lien qu'entretiennent ces films au territoire : comment le montrent-ils ? Comment s'y ancrent-ils ? Comment le l'imaginent-ils ?


Communications orales

Table 2

  • Un pays comme personnage de roman : le Brésil de Pierre Samson
    Sergio Barbosa De Cerqueda (UFSB - Universidade Federal do Sul da Bahia)

    Belém, île de Marajó, le Minas Gerais, Uberaba, Rio de Janeiro, Salvador da Bahia de Todos os Santos, São Paulo sont des noms propres présents dans Le messie de Belém (1996), roman qui compose le premier volet d'une cartographie imaginaire sur le Brésil dans l'œuvre de l'écrivain québécois Pierre Samson, complétée plus tard avec Un garçon de compagnie (1997) et Il était une fois une ville (1999). Dans ces romans, le Brésil devient un endroit mythique où la dérision gouverne le destin des personnages plongés dans le désir, le remords, la passion, la beauté, l'amour, la trahison, le désespoir, et surtout, dans la violence. Ayant comme point de départ la présentation de sa "trilogie sud-américaine" (Guy Poirier) et la réflexion sur une pratique romanesque qui défend que la structure d'un roman doit être définie par le lieu des actions, comme si le lieu avait une capacité de manipuler le destin des hommes et de guider le récit littéraire, notre présentation souhaite également mieux comprendre les paroles de Samson quand il nous affirme que "l'écriture du roman doit être un exercice périlleux. Écrire un roman, c'est être prêt à déplaire, j'irai même jusqu'à dire que c'est le but de l'exercice". Les lieux d'un Brésil imaginaire/imaginé se matérialisent ainsi dans un récit brisé, rempli de ruptures, et le pays devient l'endroit idéal capable de déclencher une tragédie tropicale où tous sont condamnés dès le départ, y inclus le lecteur.

  • Les lieux du stéréotype : la mise en récit du Brésil dans la littérature québécoise
    Michel Nareau (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Depuis 1945, le Brésil a été mis en scène dans au moins 44 récits québécois, du roman policier à celui pour la jeunesse, de la nouvelle à la littérature dite migrante. Des auteurs consacrés (Pierre Samson, Sergio Kokis), des nouveaux venus (Daniel Grenier), des spécialistes de la littérature de voyage (Michel Régnier) ont ainsi présenté le Brésil dans des histoires véhiculant une expérience de découverte de l'autre et d'un espace étranger. J'utiliserai la notion des transferts culturels (M. Espagne, M. Werner) vouée à la prise en compte du travail actif d'appropriation de pratiques symboliques et concrètes étrangères, pour cerner les passages obligés dans la représentation des espaces culturels du Brésil au Québec. Utiliser l'essor d'une référence brésilienne dans les lettres québécoises permettra de déterminer comment se négocie la tension entre la connaissance de l'autre et la reconduction de clichés. Grâce à un dépouillement large je pourrai déterminer les lieux brésiliens investis, qualifier leurs rôles (diégétique, exotique ou identitaire), donner à voir les axiologies validées par le récit québécois du Brésil. En analysant comment sont construits entre autres les espaces de la jungle amazonienne et de la plage, cette communication saisira les mises en relation entre le nord et le sud, cernera la place du discours transaméricain dans le travail de représentation tout en révélant les stéréotypes élaborés, qui donnent accès à une herméneutique de l'autre ou la rendent impossible.

  • Un regard « géocritique » sur la ville de Recife, entre littérature et cinéma
    Alberto Da Silva (Université Paris-Sorbonne (Paris 4))

    Dans cette communication, nous nous penchons sur la ville de Recife à travers un roman de Raimundo Carrero et un film de Claudio Assis, deux artistes représentatifs d'une nouvelle génération qui propose d'autres regards sur la capitale de l'Etat du Pernambouc. En effet, notre tentative est moins une analyse traditionnelle des relations entre littérature et cinéma, qu'une proposition de croisement des points de vue de ces deux artistes sur la ville dans une perspective « géocritique » : un autre et nouvel outil théorique pour repenser les représentations des espaces.


Communications orales

Table 3

  • Espace intérieur et extérieur des Amériques : entre le Québec et le Brésil
    Jean-François Côté (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Cette communication analysera l'espace intérieur et extérieur des Amériques : entre le Québec et le Brésil.

  • L'espace trouble de la fiction : la mémoire qui revient
    Gérald Gaudet (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    En intitulant son livre BRÉSIL, TERRE D'AVENIR, Stefan Zweig a certes donné une vision idyllique du pays qui l'a accueilli, mais il était hanté par la barbarie qui sévissait alors en Europe et qui a profondément marqué les écrivains de sa génération. Par ailleurs, Sergio Kokis, comme il l'a décrit dans LE PAVILLON DES MIROIRS, a bien lui aussi été tenté par l'espoir d'un départ neuf, mais c'était sans compter sur les puissances de la mémoire et de l'imagination avec tout ce qu'elles portent d'images.

    Le territoire est donc chargé d'imaginaire pour ces deux auteurs. Et avec eux, sur ce terrain-là, nous verrons comment il n'est pas que physique, qu'il est aussi humain, et qu'il expose à la fois un fonctionnement psychique et culturel et une certaine idée de la civilisation.

  • Cartes imaginaires de lieux réels : (re)signification de l'espace dans As velhas, d'Adonias Filho
    Reheniglei Rehem (Universidade Estadual de Santa Cruz)

    Ce travail vise à analyser certaines des relations symboliques entre l'espace et les personnages du roman As velhas (1973), de l'écrivain brésilien Adonias Filho (1915-1990). Les quatre vieilles − Tari Januaria, « l'indigène Pataxó », Zefa Cinq, « la guérillera », Zonga, « la reine noire » et Lina de tous, « la blanche aux yeux bleus » − constituent le centre de l´intrigue caractérisée par des références ethniques, culturelles et économiques de la région du cacao du sud de Bahia. L'histoire se déroule au début du siècle dernier, dans la violence des paysages de rivières et de forêts infestés de jaguars. Dans cette forêt inhospitalière, les villages et les plantations de cacao, Indiens, Noirs, hommes blancs armés se côtoient sous le regard des quatre terribles et puissantes femmes que le destin et les tragédies réunissent par un lien implicite, des sensations fortes, la haine meurtrière, la soif de vengeance et la dépendance à ce qu'il y a de plus cher dans la vie : la dignité humaine, la valeur de la terre et la mémoire des ancêtres. Pour réaliser cette étude, nous utiliserons des références théoriques et critiques liées à la cartographie de l'imaginaire, la cartographie du réel et au discours de la fiction. Au terme de cette recherche, nous espérons que de nouvelles discussions ainsi que différentes perspectives géocritiques appliquées à la recherche littéraire soient mises en évidence.


Communications orales

Lancement de livre : L'altérité amérindienne dans la fiction contemporaine des Amériques. Brésil, Argentine, Québec de Rita Godet, aux Presses de l'Université Laval, Coll. Américana dirigée par Je

Communications orales

Table 1

  • Louis Hamelin et la tradition américaine du « Nature Writing »
    Jean Morency (Université de Moncton)

    Le romancier Louis Hamelin entretient des liens étroits avec les écrivains américains et notamment avec ceux issus de l'école du « Nature Writing », une tradition qui remonte à Henry David Thoreau et à laquelle appartiennent de nombreux auteurs associés à l'expression des grands espaces sauvages, comme John Muir, Edward Abbey, Annie Dillard et Jim Harrison. Le but de cette communication est de montrer comment certains romans de Louis Hamelin, notamment La rage (1989), Betsi Larousse (1994), Le joueur de flûte (2001) et Sauvages (2006), s'inscrivent directement dans cette tradition, dont ils reproduisent les principales caractéristiques tout en transposant ces dernières dans le contexte québécois en général et de la régionalité en particulier.

  • La spatialisation romanesque du pouvoir dans Betsi Larousse ou l'ineffable eccéité de la loutre de Louis Hamelin
    Julien Desrochers (Université de Moncton)

    Dès son premier roman (La rage, 1989), l'auteur québécois Louis Hamelin jette les bases de ce qui deviendra un riche édifice littéraire tout en développant, du même coup, un modèle de représentation symbolique du territoire géographique québécois. Si, chez cet auteur, le « réalème » (Bertrand Westphal) change d'une fiction à l'autre (Mirabel, le quartier Centre-Sud de Montréal, la Haute-Maurice, l'Abitibi, etc.), l'imaginaire territorial, pour sa part, est constamment réitéré par l'entremise de différentes stratégies textuelles et de schèmes métaphoriques. Cette constance nous permet de rendre compte des obsessions d'écriture de Hamelin et de son affection pour certaines figurations spatiales porteuses de sens.

    Cette communication propose de montrer, en prenant appui sur le quatrième roman de Hamelin (Betsi Larousse ou l'ineffable eccéité de la loutre, 1994), que ce processus de re-signification des espaces de référence se fait, chez cet écrivain, au travers d'une poétique du pouvoir qui se déploie au moyen de stratégies spatiales précises, soit celles du regard, de la mobilité, et de l'opposition hauteur/profondeur. Ces stratégies témoignent d'un rapport ambigu du personnage-narrateur (Marc Carrière) vis-à-vis du pouvoir et affecte sa façon même d'habiter le territoire.

  • Espaces à occuper : pour une littérature des régions
    André Girard (UNEQ -Union des écrivaines et écrivains québécois)

    Brésil : 8 515 876 km2, 201 032 714 habitants, 24 hab/km2, équateur et hémisphère sud. Québec : 1 667 441 km2, 8 214 672 habitants, 4,9 hab/km2, hémisphère nord, très-très au nord. Pas tout à fait la même réalité, mais il y aura toujours la pertinence et la nécessité de nourrir nos relations littéraires interaméricaines. Dans l'idée d'explorer l'espace littéraire québécois, nous nous attarderons sur l'occupation de nouveaux territoires. Si, au début du XXe siècle, on pouvait affirmer, hors de tout doute, que la représentation littéraire couvrait l'ensemble de la zone habitée, soit la pénéplaine du Saint-Laurent, il aura fallu attendre longtemps pour prendre en compte trois régions ouvertes depuis peu – ou en passe de l'être – à la colonisation : l'Abitibi, la Sagamie et la Côte-Nord. C'est dans l'ordre des choses, toute vie littéraire étant tributaire de la présence d'infrastructures culturelles. Nous posons ici l'hypothèse que, concurremment à cette mise en place d'équipements culturels dignes de ce nom, le Département d'études littéraires de l'Université du Québec à Montréal a joué un rôle prépondérant dans l'éclosion, au cours des trente dernières années, d'une littérature des régions décidément ouverte sur le monde. Approche sociohistorique… pour mieux déployer les cartes.

  • De la rue à la télévision : Cuíca de Santo Amaro et Chacrinha
    Edilene Dias Matos (UFBA - Universidade Federal da Bahia)

    Le poète de cordel (littérature de colportage) Cuíca de Santo Amaro a été un témoin attentif et soucieux de la période passionnante de la transformation de l'ancienne ville de Bahia en métropole moderne pourvue de longs et larges boulevards. Avec la révolution des mœurs, il a également affronté, en la montrant du doigt, cette « modernité » qu'il a qualifiée à plusieurs reprises d'« impudicité ».

    Fidèle à son rituel quotidien de marcheur, Cuíca a pleinement accompli son destin en se transformant en une figure emblématique qui a profondément marqué une époque et un espace social dans les années 1930-1963. Personne/personnage, ancré dans la mémoire du « baiano », figure remarquable et notoire, poète dénonciateur des injustices sociales, Cuíca s'est illustré dans différents rôles.

    Ce n'est pas un hasard si Abelardo Barbosa, Chacrinha, a été fasciné par la figure de Cuíca, allant même jusqu'à Bahia pour le connaître en personne... C'est à partir de cette expérience, inspiré sûrement par la figure et les performances de Cuíca, qu'il a composé son personnage populaire et haut en couleur.


Communications orales

Table 2

  • Haut-lieu et non-lieu : le lac Abitibi comme figure structurante dans L'amant du lac de Virginia Pésémapéo Bordeleau
    Hélène Destrempes (Université de Moncton)

    Dans un essai intitulé Clés pour le paysage (2006), Pierre Donadieu et Michel Périgord expliquent le rôle fondamental de la représentation dans le passage du lieu au paysage : le lien qui existe entre les deux, «c'est l'image» (94) affirment-ils, car cette dernière «matérialise une vision» (96). Dans le second roman de Virginia Pésémapéo Bordeleau, publié en 2013, la juxtaposition des points de vue endogènes et allogènes sur le lac, espace central autour et sur lequel se déroule l'aventure sensuelle et identitaire des deux protagonistes, Wabougouni, l'Algonquine et Gabriel, le Métis, confèrent à ce lieu une multiplicité de fonctions discursives, allant du haut-lieu génétique, au sens étymologique du terme, au non-lieu que l'on traverse et qui nous porte des rives à la rivière. Dans le cadre de cette communication, je me pencherai plus particulièrement sur la configuration d'une spatialité symbolique dans ce roman de Virginia Pésémapéo Bordeleau, afin de mieux saisir, entre autres, le rôle qu'elle joue, dans l'élaboration d'une poétique de l'interculturel chez cet auteur.

  • Les figurations des espaces amérindiens dans la fiction contemporaine au Brésil et au Québec
    Rita Olivieri-Godet (Université Rennes 2)

    Notre communication envisage d'étudier la dimension spatiale dans des romans brésiliens et québécois (Mad Maria, 1980, de Márcio Souza et Nipishish, 2004, de Michel Noël) en explorant les rapports entre « géographie du réel » et « géographie de l'imaginaire » selon une perspective proche de la géocritique. Le processus d'interaction inégale entre des peuples amérindiens et les sociétés brésilienne et canadienne ont géré des formes d'« appropriation sociale de l'espace, le territoire n'étant que l'une des composantes » (Simard). Les romans qui nous occupent revisitent l'histoire, en réalisant une critique féroce de l'idéologie du progrès qui marginalise et déstructure les Amérindiens dont le destin tragique est évoqué sous les traits de l'Indien Joe Caripouna dans le roman de Souza ou de Nipishish, dans celui de Noël. Les auteurs ont recours à la mémoire de la violence qui a marqué le contact avec les sociétés occidentales et qui reste présente jusqu'à aujourd'hui pour (re)signifier des espaces de référence victimes du processus de déterritorialisation qui a frappé les territoires amérindiens : il s'agit de mettre en scène les conflits entre les projections des sociétés brésilienne et canadienne sur l'utilisation de ce territoire et la conception d'espace traditionnel des Amérindiens dont la signification des dimensions matérielle et symbolique échappe à leur compréhension.

  • De l'Amazone au Saint-Laurent : expériences poétiques du grand fleuve chez João de Jesus Paes Loureiro et Pierre Perrault
    Brigitte Thiérion (Université Sorbonne-Nouvelle (Paris 3))

    Cette communication cherchera à mettre en regard, à partir des perspectives géopoétiques et géocritiques, deux expériences de la perception de l'espace mettant en scène deux des “grands” fleuves américains les plus emblématiques, l'Amazone et le Saint Laurent, à travers les écritures poétiques de João de Jesus Paes Loureiro et Pierre Perrault.

    João de Jesus Paes Loureiro, poète et sociologue de la culture brésilien originaire du Pará, a consacré de nombreux travaux à l'imaginaire mythique amazonien. Il est également l'auteur d'une vaste œuvre poétique à laquelle nous emprunterons l'ouvrage Au-delà du méandre de ce fleuve (2002), un poème en prose, présenté comme une fable, qui retrace un voyage, au croisement de l'imaginaire et de la réalité, le long de l'Amazone vers l'estuaire de Belém. Le voyage se fait expérience d'écriture.

    Pierre Perrault, cinéaste, poète, dramaturge québécois est l'auteur d'une œuvre reconnue qui participe à la construction d'une identité québécoise. Son œuvre, écriture de la mémoire profondément enracinée dans le lieu, fait émerger un peuple, un pays et son histoire. Le visage humain d'un fleuve sans estuaire (1998) tente de trouver une langue pour écrire le fleuve Saint Laurent et s'interroger sur son histoire.

    Nous mettrons en évidence la singularité de deux écritures inspirées par des fleuves hors normes et nous interrogerons sur le rapport au mythe et au génie du lieu dans la construction d'un imaginaire du fleuve et d'une identité.

  • Images et imaginaire du Sertão-Québec : géopoétique de la représentation cinématographique
    Claudio Novaes (UEFS - Universidade Estadual de Feira de Santana)

    Nous analysons les images du Québec dans la production filmique de Pierre Perrault, en mettant l'accent sur les nuances de l'argument littéraire dans son œuvre cinématographique et en identifiant les phénomènes imaginaires qui se sont imposés comme des espaces réels de la géographie québécoise; dans un parallèle interculturel, nous discutons la consolidation de la géographie imaginaire du Sertão à partir de la lecture des images littéraires contenues dans certains des films brésiliens les plus emblématiques du processus de modernisation du cinéma national. Notre étude fait un relevé des stratégies utilisées par les réalisateurs pour filmer les paysages culturels et problématiser, dans les images du cinéma documentaire et fictionnel, l'imaginaire qui construit historiquement les identités de ces régions. Le dialogue entre littérature et cinéma assume une nouvelle orientation esthétique à partir des orientations éthiques de la politique culturelle instaurée au Brésil et au Québec par les mouvements des années 1960. L'étude comparative de différentes aires géographiques, telles que le Québec et le Sertão, vise à s'interroger sur la manière dont les récits cinématographiques approchent des géopoétiques différentes mais qui convergent néanmoins vers des questionnements identitaires contemporains sur les discours nationalistes traditionnels.


Communications orales

Table 3

  • Les vitrines, figures d'un discours cinématographique
    Katia ALVES (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    La modernité parvient finalement à défaire la cité de son cachet de « ville ancienne » (une ville compacte avec ses rues étroites, une ville « royale » ou « impériale » avec les boulevards, immeubles agglomérés, les canaux, les égouts, le système de canalisation) devient surtout un nouvel habitat, constitutif de l'identité des Parisiens. Ne peut-on dire autant des Paulistas (habitants de Sao Paulo) ou des « bons bourgeois » de Montréal?

    Ce projet de communication se propose de faire une analyse socio-sémiotique du langage des vitrines des magasins dans le cadre urbain contemporain.

    En effet, en tant qu'objet moderne, la vitrine est située dans un ensemble de jeux de significations qui attire les « lecteurs-spectateurs » que nous sommes. Le mot même de « vitrine » et les idées qui y sont associées sont nés en France. Charles Baudelaire fut un des premiers à voir l'insertion de l'individu dans son contexte urbain ambiant et dans la multiplicité de signes qui caractérise ce dernier.

  • Paysages de Brasilia, District fédéral (DF) : images de la capitale du Brésil dans le RAP régional
    Volnei José Righi (Université Rennes 2)

    Cette communication propose d'explorer, dans une perspective de « braconnage », les perceptions des zones de précarité de la région de Brasilia à partir des lectures que le RAP du District Fédéral fait des réalités contrastées de cette région, en mettant en évidence les stratégies de résistance et de survie, et en établissant des relations entre expérience et perception de l'espace par le biais de la subjectivité et de l'expression artistique.

    Dans le projet initial de l'architecte Lucio Costa (1902-1998), la région centrale du District Fédéral-DF, dénommée « Plan Pilote », a été planifiée pour abriter 500 000 personnes. Cependant, 55 ans après son inauguration, sa population a déjà atteint les 3 millions d'habitants; ce qui avait été conçu comme une occupation ordonnée s'est développé de manière anarchique. Cette croissance urbaine anarchique a repoussé les habitants vers des zones plus excentrées, les Villes-satellites ou les « Occupations », ainsi que les « Villes de ceinture » appartenant à l'État de Goiás qui, pour cette raison, sont le théâtre des conflits politiques entre les Gouvernements de l'Etat de Goiás et du District Fédéral. Dans les faits, ces villes sont abandonnées entre les deux territoires et présentent les taux les plus élevés de dangerosité du Brésil. Il s'agit donc d'un territoire dont les conditions précaires contrastent avec la somptuosité économique du centre du pouvoir politique du Brésil.

  • Pour comprendre les transferts culturels et les identités régionales
    Yves Laberge (Université d’Ottawa)

    Cette conférence générale veut définir les bases théoriques des études sur des transferts culturels entre le Brésil et le Québec et situer ce courant de recherche aux intersections des sciences historiques, de la sociologie, et des études identitaires.Le cadre conceptuel de cet exposé comprendra les transferts culturels, l'acculturation, les représentations sociales, l'étude des préjugés et les idéologies. Cette recherche s'inscrit dans une perspective comparative plus large pour inclure les imaginaires et les expressions culturelles, en comparant les écrits du Brésilien Paolo Freire et du Frère Marie-Victorin pour le Québec sur le thème de l'espace et de la nature.


Communications orales

Synthèse et clôture