Informations générales
Événement : 83e Congrès de l'Acfas
Type : Domaine
Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines
Description :Regroupées en deux sessions, les communications de ce domaine de recherche portent sur l’univers complexe de la création artistique et littéraire. Selon un angle théorique, méthodologique ou pratique, elles explorent de nombreux genres et supports (œuvre-livre, blogue de voyage, texte dramatique, récit filmique, slam-théâtre), en plus de thématiques variées (errance, instabilité, mémoire familiale, révolution numérique, imaginaire féministe, etc.).
Dates :- Luc Bonenfant (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- E. Allyn Smith (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Perspectives en recherche-création
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Errance et transdisciplinarité en recherche-création : un parcours singulier explicité par la conception d’une œuvre-livreSylvie Lapierre (UFP - Université Fernando Pessoa)
L'errance en recherche-création est un passage périlleux. Cette communication traduit ce passage de l'errance, en avant-oeuvre, aux outils méthodologiques émergents qui ont contribué à la réalisation de l'oeuvre-livre et à son évolutivité vers le processus d'oeuvrement (Pépin 2008). Au coeur des étapes de la création du livre d'artiste, l'auteur met en évidence une recherche qui place l'artiste au coeur même du savoir émergent. Le livre-objet devient un élément biographique qui expose le corps de l'artiste et sa relation tant à l'objet symbolique qu'à l'espace. En accueillant l'errance dans le parcours méthodologique, l'auteur reçoit toutes les dimensions de la personne humaine. Chaque action inscrite dans le livre pour communiquer l'indicible, participe à la création d'une oeuvre qui expose les pratiques qui la précèdent: la peinture, le jeu de sable, l'action performative et le livre d'artiste. Celui-ci témoigne d'une méthodologie originale et d'un savoir faire inusité en recherche qui en font une création touchante tant par son contenu, sa forme, que sa présentation. Ce livre est une oeuvre synthèse qui révèle à travers les dessins et l'écriture poétique le lien qui engage la profondeur sensible de l'artiste en recherche et qui le confronte au besoin ontologique de créer. Cette communication présente l'action performative induite par le livre-objet et expose à travers les étapes de sa création, l'architecture du lien qui structure la relation à soi et à l'autre.
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La césureMarie-France Rooney (UdeM - Université de Montréal)
Je souhaite soumettre le volet création de mon mémoire en recherche-création dont l'analyse visait à identifier des procédés rhétoriques mais aussi des stratégies narratives et stylistiques qui servent à circonscrire l'empreinte littéraire propre à la maladie d'Alzheimer. J'ai pu démontrer dans cette recherche que la prise en charge du récit par un tiers parti explique la thématique de la filiation qui donne à voir la maladie de l'intérieur et de l'extérieur. Cette oeuvre de création s'inscrit dans ce travail d'archivage de la mémoire familiale. La césure raconte l'histoire d'une petite fille qui s'adresse indirectement à sa grand-mère qui souffre de la maladie d'Alzheimer. Nous suivons l'évolution de la maladie et sommes témoins de l'effritement des souvenirs et du discours de la grand-mère.
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Un blogueur en Colombie : la double instabilité de l’écrivain voyageur contemporainNicholas Dawson (Collège Rosemont)
L’écrivain voyageur, attentif et philosophe (Diderot), se définit par l’instabilité : sans être moitié écrivain et moitié voyageur (Meunier), il avance en alternant du familier à l’exotique comme un « bernard-l’hermite planétaire » (Lacarrière) qui, chez les autres, se sent chez lui. Il se soumet ainsi à d’éternelles remises en question identitaires forcées par ses déplacements qu’il reproduit dans ses écrits (Tesson, Bouvier, Autissier). Au lieu de résoudre l’indétermination du sujet écrivain, l’écrivain voyageur contemporain la célèbre en misant sur son instabilité. Tel est le projet qui motive mes projets d’écriture et de voyage. La présente proposition vise à interroger spécifiquement cette indétermination telle qu’explorée dans mon blogue de voyage L’Écran Fenêtre. Outil de médiation et de subjectivité par excellence, ce blogue permet de rendre compte des déplacements physiques et identitaires induits par l’expérience du voyage – notamment par quelques récits d’une tournée littéraire en Colombie – et de leur donner, grâce à l’expérience du langage, une forme tout aussi mouvante. Ainsi, descriptions, adresses au lecteur, photographies, hyperliens, humour, effets de complicité et de continuité sont autant de moyens pour exprimer cette double instabilité : celle du voyageur et celle de l’écrivain.
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Posture féministe ou parole féminine? Pour une dramaturgie de l’affiliation politique entre écrivainesMarie-Claude Garneau (UQAM - Université du Québec à Montréal)
On constate actuellement une effervescence féministe sur les scènes de théâtres de la métropole et de la capitale nationale. Il n’y a qu’à penser à la reprise de Les Fées ont Soif, de Denise Boucher, au Théâtre de la Bordée à Québec, ou encore, à Je ne suis jamais en retard projet de Lise Roy et Markita Boies, au Théâtre d’Aujourd’hui, à Montréal.
De ma position d’artiste-chercheure, par contre, je me demande de quel(s) féminisme(s) le théâtre québécois fait actuellement usage ?
Dans le cadre de cette communication, je souhaite partager ma démarche de recherche-création, centrée autour de l’écriture d’un texte dramatique qui emprunte aux principes de la récriture intertextuelle. Mon projet utilise comme point de départ certaines scènes de la pièce de théâtre La terre est trop courte, Violette Leduc (1982) de l’auteure féministe québécoise Jovette Marchessault pour ouvrir un dialogue théâtral entre ce que Françoise Collin appelle une «génération symbolique de femmes», c’est-à-dire entre Violette Leduc, Jovette Marchessault et moi-même. À travers une nouvelle oeuvre intertextuelle, je propose une posture féministe qui dépasse la notion de ‘féminin’ et qui permet la transmission d’un imaginaire féministe à travers des oeuvres de femmes écrivaines. La théorie du genre et celle de la positionalité accompagnent ma démarche de réfléxion autopoïétique féministe pour l’élaboration de ce projet, qui souhaite réellement se situer au confluent de la théorie et de la pratique.
Spatialisation, simulation et performance scénique
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Le travail du public, l’éclatement de la linéarité et la narrativité ouverte du récit filmique immersif à 360˚Sylvain Marotte (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
L’éventail croissant des technologies de captation et de diffusion à 360˚ (dômes, Oculus Rift, Gear VR, etc.) fait s’ouvrir un champ pratiquement vierge en ce qui a trait au développement du récit filmique pour la spatialisation.
La composition visuelle à partir d’une caméra à 360 ̊ pose un défi de taille quand vient le temps de placer des éclairages, diriger les acteurs et certainement quand il faut découper l’action afin de créer un espace diégétique comportant à la fois les sujets visibles et les sujets hors champ. Car dans cette image à 360˚, il n’y a plus de hors champ.
L’expérience de la spatialisation diffère du cinéma ou de tout autre dispositif à écran plat, en ce que le public est placé au centre de l’image et devient libre de regarder où il veut. Toutefois, ce public sait qu’en regardant devant lui, il ne peut voir ce qui se passe derrière; une contradiction qui donne l’impression au public de tout voir sans jamais qu’il puisse y parvenir.
Les expériences et analyses menées durant cette recherche font ressortir les particularités et acceptions du cinéma à 360˚. Elles proposent des piste de solutions à l’élaboration d’un récit filmique en tenant compte de ses propres particularités: la direction du spectateur, la narrativité ouverte, la scénographie, le travail et le confort du public, le rapport de proximité, etc. Ceci afin de permettre au public de dépasser la simple fascination pour le dispositif et vivre une vraie immersion: spatiale, visuelle, narrative.
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Les néo-technologies dans le cinéma : approche pluridisciplinaire de la révolution numérique de l’imageMeriam Ouertani (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Le cinéma entame une nouvelle période, présentant des fictions qui se basent sur des technologies de simulation. Celles-ci transforment les processus de fabrication de l’image et remettent en question le rôle du réalisateur. Dans son ouvrage, Le langage des nouveaux médias, Lev Manovich considère que « l’important désormais se situe au point de contact entre des bords d’images différentes » (2010 : 305). Par le biais d’une étude des technologies de simulation utilisées dans certains films de science-fiction, on entend mettre l’accent sur les frontières entre deux “sémiosphères” (Lotman) : la sémiosphère réelle, celle des humains, et la sémiosphère virtuelle, celle des images de synthèse. Cette nouvelle condition de production des images conduit à réévaluer la fonction et le rôle du réalisateur. Elle suscite en effet une réévaluation des conditions pratiques de la simulation informatique de l’image et de la modélisation des scènes complexes, qui contribuent à la création d’un monde plus réel que le réel. La réflexion que nous voulons mener aborde la révolution numérique du point de vue de la production de l’image simulée et cible la fonction du réalisateur comme principal intervenant, dans le monde du cinéma, de cette nouvelle fabrique de l’image. Si plusieurs études portent sur les images numériques, aucune n’a considéré les liens entre la réalisation et dispositifs numériques de production de l’image. Notre communication vise à combler cette absence d’études sur le sujet.
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Du slam de poésie vers un slam-théâtreThomas Langlois (Université Laval)
Cette communication propose de rendre compte des résultats de notre recherche-création, qui consiste à identifier les apports de la biomécanique meyerholdienne à l'intégration de l'expression corporelle et vocale dans le slam de poésie. Par «biomécanique meyerholdienne», nous entendons la méthode russe de formation de l'acteur élaborée par V. Meyerhold et basée sur l'entraînement corporel. Par «slam de poésie», nous désignons une pratique actuelle de la poésie orale tournée vers la performance scénique du poète et favorisant le travail sonore et phonétique du texte. Notre méthodologie de recherche-création consiste en une série de laboratoires visant la création d'un spectacle pour mai 2015, lequel proposera une forme hybride entre jeu biomécanique et slam. Les résultats sont encourageants, notamment en ce qui a trait au développement d'une théâtralité propre au slam, à la suite d'une influence réciproque entre les principes et les rythmes du texte poétique et du jeu biomécanique. Enfin, notre recherche nous permet d'élaborer une partition d'actions physiques et verbales construites à partir du texte poétique même, développant considérablement son potentiel expressif. Nous dégageons de notre recherche des outils théoriques et pratiques qui, en plus d'enrichir le peu de recherches consacrées au potentiel théâtral du slam, nourriront l'approche pragmatique de tout créateur intéressé à pousser plus loin l'expression de cette discipline, du slam de poésie vers un slam-théâtre.
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L’énaction en éducation : un cadre pour comprendre l’influence de la pratique approfondie de méthodes d’éducation somatique sur la pratique de quatre musiciens professionnelsMarie-Soleil Fortier (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Plusieurs auteurs (Arcier, 2004; Chamagne, 1998; Davidson, 2012)recommandent la pratique de méthodes d’éducation somatique pour optimiser la technique instrumentale et pour gérer divers troubles physiologiques et psychologiques liés à la pratique musicale. Mais par quels mécanismes et dans quelle mesure la pratique de méthodes d’éducation somatique influence-t-elle la pratique et la performance musicale? Afin de cerner ce phénomène, dans le cadre de cette étude, nous nous intéressons à l’expérience de quatre musiciens professionnels ayant une pratique approfondie de méthodes d’éducation somatique. Dans cette communication, nous présenterons le cadre privilégié pour l’analyse des données : l’approche énactive en éducation (Masciotra, Roth et Morel, 2008). Issue du paradigme de l’énaction (Varela et coll., 1993) préconisant une vision unifiée du corps et de l’esprit, cette approche s’intéresse à la personne en action et en situation (PAS). Pour ces auteurs, l’agir d’une PAS se comprend à travers les catégories d’actions processuelles : se disposer, se situer, se positionner, transformer et prendre un recul réflexif. L’analyse de la dynamique d’action de nos sujets en situation d’apprentissage somatique et en situation de jeu musical à partir de ces catégories nous permet de comprendre comment le développement de l’agir en situation d’apprentissage somatique influence le développement de l’agir musical des sujets.