Une étape importante de la réflexion sur la recherche en droit au Canada correspond à la publication, en 1983, du rapport intitulé Le droit et le savoir préparé pour le compte du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH). Selon le rapport, en bref, la recherche en droit se devait de passer d’une recherche traditionnelle fortement exégétique à une recherche plutôt orientée vers la recherche fondamentale et interdisciplinaire. Depuis le dépôt du rapport, le milieu universitaire a subi des mutations importantes qui ont pu avoir un effet durable sur les conditions dans lesquelles les professeurs réalisent leurs activités de recherche et entraîner des changements à long terme quant à la nature et au volume de la production scientifique des professeurs de droit, dont la dépendance accrue des universités aux fonds de recherche subventionnée.
On a ainsi noté que, dans plusieurs facultés, un nouveau modèle de carrière a émergé, selon lequel la performance des professeurs doit être évaluée par leurs pairs du milieu universitaire, au moyen du contrôle qu’ils exercent sur les mécanismes d’attribution des subventions et la sélection des articles publiés dans les revues scientifiques. Ce colloque vise à mettre à jour les conséquences de ce nouveau modèle de performance sur la production scientifique des professeurs de droit. Parmi les questions qui seront abordées, nous nous demanderons quelles transformations a subi la recherche en droit au cours des 30 dernières années. De quelle façon les professeurs perçoivent-ils le système d’incitatifs dans lequel ils exercent leurs activités de recherche? Dans quelle mesure avons-nous assisté à un déplacement de la recherche vers la production destinée aux « pairs » chercheurs, au détriment de la production destinée à d’autres audiences, notamment les praticiens? Quelles sont les conséquences d’une telle transformation sur les professeurs de droit, sur le milieu juridique en général et sur l’enseignement du droit?