Informations générales
Événement : 82e congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Enjeux de la recherche
Description :L’idée est belle, mais la réalité est têtue. Depuis plus de 40 ans, on cherche dans tous les secteurs de l’activité humaine à réduire les impacts environnementaux et sociaux du développement économique, sans toutefois réduire ses avantages et l’accès des plus démunis à ces derniers. Au fil du temps, le développement durable (DD) a su s’imposer comme concept fédérateur et populaire. Des outils comme l’évaluation environnementale, l’analyse de cycle de vie, l’écoconception, l’efficacité énergétique, les bilans carbone ont été développés et se sont répandus dans l’intention explicite de favoriser de meilleures pratiques de production et de consommation pour le DD.
Cela est-il suffisant? Le DD est-il mis en œuvre efficacement? Comment en mesurer la performance sur des objectifs complexes et dans un environnement social changeant? Peut-on opérationnaliser le DD alors que la recherche est généralement financée en silos?
Une approche judicieuse pour mettre en œuvre le DD dans les principaux secteurs économiques du Québec est de susciter la concertation et la collaboration d’acteurs issus de milieux différents. Cependant, cette approche holistique est empreinte d’obstacles et de défis liés au manque de financement pour les projets de recherche interdisciplinaire et au manque de temps pour coopérer avec d’autres acteurs.
Pour pallier ces difficultés, plus de 70 chercheurs sensibles à la question et issus de différents collèges et universités du Québec se sont rassemblés depuis mai 2013 pour créer le Centre interdisciplinaire de recherche sur l’opérationnalisation du développement durable (CIRODD), un regroupement stratégique financé par les Fonds de recherche québécois Nature et technologies (FRQNT) et Société et culture (FRQSC). Son mandat est colossal : agir à titre de plateforme de recherche interdisciplinaire favorisant l’échange entre chercheurs et utilisateurs (commerces, industries, gouvernement) du DD.
Ce premier colloque CIRODD présenté dans le cadre du 82e congrès de l’ACFAS est divisé en trois sessions. La session principale intitulée « Comment opérationnaliser le développement durable? » vise à dresser un état des lieux des outils DD. Des exemples pratiques de leur application et des pistes de recherche à prioriser pour améliorer leur efficacité et leur complémentarité seront ensuite présentés. Une deuxième session intitulée « Les symbioses industrielles comme outil d’amélioration durable de la performance économique et environnementale » vise à discuter des défis et enjeux de l’implantation des démarches de symbioses industrielles au Québec et dans le monde. Une troisième session intitulée « Des innovations pour le développement durable : réflexions et retour d’expériences » vise à lancer un cycle de réflexion sur l’identification de mécanismes, actions et politiques susceptibles de guider le processus d’innovation pour en assurer la pérennité.
Dates :- Valérie Bécaert (Polytechnique Montréal)
- Claude Maheux-Picard (CTTEI - Centre de transfert technologique en écologie industrielle)
- Claude Villeneuve (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
- Mario Jolicoeur (Polytechnique Montréal)
Programme
Comment opérationnaliser le développement durable? (première partie)
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Mot d'ouverture : Le défi permanent de l'opérationnalisation du développement durableClaude Villeneuve (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
Idée généreuse formulée il y a plus de quarante ans, le développement durable n'est plus une option pour l'humanité. Dans le contexte actuel où la société de l'information se superpose à la société industrielle sans encore s'y substituer l'idée traditionnelle d'une croissance matérielle toujours accélérée est devenue obsolète et dangereuse. Les indicateurs de l'inadéquation entre la volonté du développement humain, les limites de la biosphère et la répartition inéquitable de la richesse laissent présager un échec à court terme du modèle dominant. Il faut donc appliquer un nouveau mode opératoire pour satisfaire les multiples besoins humains de manière plus équitable et dans le respect des limites d'adaptation des systèmes naturels.
Cela ne peut se faire sans mettre en œuvre des stratégies, des outils et des actions porteuses de changement. Pour y arriver, il faut à la fois procéder au niveau des états, des entreprises, des collectivités et des individus. Il convient donc de créer des ponts, de favoriser le dialogue, de mesurer et de prévoir, de communiquer les enjeux, les objectifs et les résultats d'une manière large et transparente. Dans une telle optique, le rôle de la formation à tous les niveaux est fondamental. Il faut promouvoir une culture de la complexité assumée. Dans un monde non déterministe, il existe toujours des alternatives. À nous de saisir celle du développement durable. Ce sera un défi toujours renouvelé.
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Le CIRODD : ses principes, sa mission, ses valeursValérie Bécaert (Polytechnique Montréal)
Le CIRODD -Centre Interdisciplinaire de recherche sur l'opérationnalisation du développement durable- est un regroupement stratégique qui a pour objectif global d'accélérer la mise en oeuvre des principes du développement durable (DD) par les secteurs industriels stratégiques du Québec et ce par une recherche de pointe dans 4 axes:
1) la mesure du développement durable
2) les outils d'opérationnalisation en entreprise
3) les outils d'intégration socioéconomiques
4) le transfert chez les utilisateurs.
Par ses activités de recherche interdisciplinaire faisant intervenir les sciences du génie, les sciences économiques et humaines, ainsi que par ses projets de recherche concrets avec les utilisateurs, le CIRODD offre un programme de recherche intégré pour remplir sa mission, soit "réaliser, coordonner intégrer et transférer les recherches en opérationnalisation du développement durable dans l'objectif ultime de faciliter l'émergence d'une économie verte".
Le rôle du CIRODD consiste à faire le pont entre la recherche interdisciplinaire en DD et les principaux secteurs industriels du Québec, soit l'aéronautique, la foresterie, les bâtiments durables, la mobilité et le transport, les technologies de l'information et de la communication, les mines, l'agriculture et l'agroalimentaire. -
Une typologie opérationnelle du développement durable pour faciliter le travail des professionnelsOlivier Riffon (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
Le développement durable (DD) est un concept dont la définition la plus commune est vaste et ambigüe. La littérature sur ce concept est abondante et elle comporte une multitude de propositions de typologies, un concept polysémique et complexe se prêtant bien à ces tentatives de tri et de classement. Dans le cadre d'une recherche doctorale portant sur l'application du DD dans les collectivités québécoises, il nous est apparu pertinent d'élaborer une typologie faisant place à la complexité du concept. L'élaboration de la typologie a également été alimentée par l'expérience de recherche, d'intervention et d'enseignement des membres de la Chaire de recherche en Éco-conseil de l'UQAC.
La typologie développée comporte quatre niveaux, du plus conceptuel au plus pragmatique : la vision des relations entre les dimensions du DD (conceptions), les objectifs principaux (finalités), la philosophie d'action qui sous-tend son application (approches) et les modalités d'application (stratégies). Cette typologie permet de situer conceptuellement l'interprétation du DD d'un acteur, d'une organisation ou encore d'un outil d'application. La typologie est opérationnelle car elle permet aux professionnels d'exprimer et de clarifier différentes compréhensions du DD, de percevoir la vision dominante du DD dans une organisation et de choisir les outils et mécanismes d'application appropriés aux différents contextes organisationnels.
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Seize principes pour opérationnaliser le développement durable dans l'administration publiqueKouraichi Said Hassani (MDDEP - Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs), Martin Vachon (MDDEP - Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs)
La Loi sur le développement durable énonce 16 principes que l'administration publique est appelée à prendre en compte pour mieux intégrer la recherche d'un développement durable dans ses sphères d'intervention. Découlant des 27 principes de la Déclaration de Rio de 1992, ils constituent un outil légal qui offre aux ministères et organismes (MO) un fort potentiel d'innovation et de cohérence des pratiques en matière de développement durable.
La prise en compte des principes de développement durable peut servir d'une part à diagnostiquer la performance d'un projet en cours ou projeté face aux préoccupations de développement durable et, d'autre part, à bonifier le projet à la lumière des enjeux qu'il suscite en matière de développement durable.
La présentation a pour but de décrire la place qu'occupent les principes dans l'opérationnalisation du développement durable au gouvernement du Québec et les outils développés pour leur application par les MO. Nous verrons qu'ils contribuent à changer des façons de faire dans la gestion et la réalisation de politiques publiques. L'intégration du concept dans les pratiques de l'administration demeure toutefois un défi important pour les prochaines années.
C'est ainsi que la recherche peut contribuer largement aux pratiques gouvernementales, mais aussi aux institutions municipales, d'enseignement, de santé et services sociaux et d'entreprises qui cherchent à intégrer les trois dimensions du développement durable dans leurs pratiques.
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Pause
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Opérationnaliser le développement durable à l'échelle nationale : la grille d'analyse de la FrancophonieSibi Bonfils (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Tounao Kiri (IFDD - Institut de la Francophonie pour le développement durable), David Tremblay (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Claude VILLENEUVE (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
Dans le cadre de la préparation d'un agenda post 2015 basé sur le développement durable (DD) en cohérence avec les Objectifs de développement durable (ODD), es Nations Unies demandent aux pays membres de se doter de stratégies nationales et des stratégies sectorielles destinées à opérationnaliser le DD sur leur territoire. À la suite d'une expérience faite en 2013 dans quatre pays de la Francophonie avec la grille d'analyse de développement durable (GADD) de la Chaire en éco-conseil, l'Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD) a développé une GADDF dérivée de la GADD de la Chaire qui s'en distingue par l'ajout d'une dimension culturelle du DD.
Au printemps 2014, un projet pilote a été réalisé au Mali et au Sénégal pour analyser et bonifier avec la GADDF, la Stratégie nationale de développement durable et les stratégies sectorielles des deux pays. L'intervention auprès des deux pays comportait 1) une formation à l'utilisation de la GADDF, 2) un accompagnement pour l'analyse et la bonification de ces stratégies, 3) un accompagnement à la reddition de comptes dans le processus de revue par les pairs.
Les résultats obtenus dans les deux pays seront comparés et feront l'objet d'une présentation au forum de haut niveau des Nations Unies à New-York en juillet 2014 sous l'égide de l'ECOSOC, le Conseil économique et social des Nations Unies. Cette présentation fera état des premiers résultats disponibles.
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Le développement durable au cœur de l'acquisition des futurs trains du métro de Montréal (AZUR)Marie Beaugeard (AECOM)
Plusieurs clauses de développement durable ont été intégrées au contrat d'acquisition des trains AZUR par la STM auprès du fournisseur Consortium Bombardier Alstom (CBA).
Produire selon le principe d'analyse de cycle de vie
L'AZUR a fait l'objet d'une analyse de cycle de vie (ACV) respectant les principes de la norme ISO 14044 et d'une écoconception respectant la norme ISO 14062. Un éco-bilan conduira à une déclaration environnementale de type III du produit selon la norme ISO14025. CBA doit
également fournir un plan de mise en valeur des composantes et de démantèlement du train, devant être conforme au principe des 3RV-E.Opérer en pensant au développement durable
Les principaux lieux d'activités de fabrication de l'AZUR doivent implanter un système de management environnemental selon la norme ISO 14001 et respecter la norme de responsabilité sociétale SA 8000. La STM effectue un suivi vis-à-vis de CBA par les plans de management environnemental et en réalisant des audits ciblés basés sur les guides du CPEQ, BNQ 2011 et les critères du GRI.
Gérer de manière durable les trains MR-63
Une consultation des parties intéressées a permis de déterminer les enjeux stratégiques, opportunités et contraintes face à la valorisation des trains MR-63 rendus en fin de vie utile. Une caractérisation des matières composant les voitures ainsi qu'un balisage auprès d'autres sociétés de transport ont servi à établir un plan de valorisation et à répertorier les meilleures pratiques dans le monde. -
Les outils d'aide à la décision seraient-ils une première approche d'opérationnalisation des principes du développement durable au sein des entreprises? L'exemple de GoldSETShirley Fagnen (Golder Associés Ltée)
Golder Associés a développé un outil d'aide à la décision pour faciliter l'intégration de principes du développement durable (DD) dans la planification des projets. GoldSET (Golder Sustainable Evaluation Tool) a été développé au Québec en 2007 pour un transporteur ferroviaire nord-américain pour la gestion de ses sites contaminés. L'outil est conçu pour offrir une approche simple et systématique afin d'évaluer la performance de différentes options en considérant les trois dimensions du DD - l'environnement, la société et l'économie – en plus de considérer une dimension technique. Cet outil basé sur les principes d'analyse multicritère offre une approche intégrée. En se basant sur les considérations prioritaires, l'évaluation favorise l'émergence d'options présentant une bonne performance technico-économique, minimisant les impacts environnementaux potentiels tout en considérant les enjeux sociaux. L'analyse mène à une représentation graphique des forces et des faiblesses de chaque option, permettant d'identifier les compromis nécessaires. Le processus est alors documenté et la communication des résultats facilitée.
Sa grande flexibilité a permis à cet outil d'être désormais utilisé à travers le monde pour la réhabilitation environnementale, mais aussi pour le traitement des eaux usées ou encore la localisation des parcs à résidus miniers. La présentation reviendra sur la genèse de l'outil, la méthodologie et des exemples de cas concrets d'adoption de l'outil par des clients.
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Dîner
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Les enjeux de nature environnementale, sociale et économique liés à la production et à l'utilisation d'huile de palme, de soya et de GAHU dans la fabrication du biodieselAndré Porlier (STM - Société de transport de Montréal), Jean-Pierre Reveret (UQAM - Université du Québec à Montréal)
En 2005, la STM mena un projet pilote sur l'utilisation pour ses bus du biodiesel (B5) à base de GAHU. Elle a ainsi pu ouvrir le marché québécois de ce type de biodiesel en 2007. Par la suite, la Ville de Montréal et les 8 autres sociétés de transport du Québec se sont jointes à la STM pour acheter plus de 130 millions de litres de biodiesel annuellement.
Lors du renouvèlement du contrat d'approvisionnement, la STM a mandaté le Groupe AGÉCO pour effectuer une analyse préliminaire des impacts environnementaux et sociaux associés à la production et à l'utilisation des trois types de biodiesel disponibles sur le marché québécois (biodiesel à base d'huile de palme, de soya et de GAHU).L'étude a été menée en combinant les résultats d'une analyse du cycle de vie environnementale et sociale déjà réalisée avec une analyse socioéconomique traditionnelle qui a permis de mieux saisir le contexte et de donner un sens opérationnel aux informations découlant de l'ACV. En effet, sur la toile de fond du recours au biodiesel d'origine végétale se trouvait le débat sur le détournement dans les pays émergents de cultures à des fins alimentaires vers la production de biocarburants.
Conclusion de l'étude : en attendant la mise sur le marché de biocarburants de 2e et 3e génération, le GAHU demeure la meilleure option. Pour garder le marché ouvert, l'appel d'offres a offert une marge préférentielle pour le GAHU, et exigé que le biodiesel à base d'huile végétale provienne du Canada ou des É.U.
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La profitabilité de l'écoconception
L'écoconceotion est une méthode qui intègre les enjeux environnementaux dès la conception des produits et services. Dans la littérature, les avantages de l'écoconception sont indéniables. Pourtant, beaucoup d'entreprises hésitent à adopter cette méthode. Selon un sondage, 63 % des dirigeants croient que les questions environnementales sont surtout une dépense pour la firme (La Presse, 18 mars 2013).
Une question fondamentale revient constamment et demeure toujours sans réponse précise : L'écoconception est-elle rentable ?
En 2008, nous avions tenté de répondre à la question en réalisant une première étude exploratoire sur le sujet auprès d'un échantillon de 30 entreprises (Berneman et al., 2008). Bien que cette recherche ait généré des résultats intéressants, la petite taille de l'échantillon limitait la portée générale de ces résultats.
En 2013, nous avons pu rejoindre plus d'entreprises et avons des résultats statistiquement plus solides et donc généralisables.
La présentation fait la synthèse des résultats de l'enquête de plus de 100 entreprises qui font de l'écoconception au Québec, en France et dans le reste de l'Europe. Elle est composée de trois parties : 1- la méthodologie de l'étude, 2- les résultats de l'enquête et 3- les implications pour les entreprises et les décideurs publics.
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Cadre conceptuel de traitement d'aéronefs en fin de vie dans une perspective de développement durableDaoud AIT-KADI (Université Laval), Samira Keivanpour (Université Laval), Christian MASCLE (École Polytechnique de Montréal)
L'industrie aéronautique est, à son tour, confrontée à la mise en place d'une politique de traitement d'aéronefs en fin de vie dans un contexte de développement durable. Généralement, le traitement des aéronefs en fin de vie, était confié à des tierces parties qui récupéraient les matériaux et composantes réutilisables et envoyaient au rebut le reste. Grosso modo, les constructeurs d'aéronefs accordaient plus d'importance à la conception, à la fabrication, à l'assemblage, aux tests et à la commercialisation des aéronefs sans trop se pencher sur les retombées positives de l'intégration du traitement des aéronefs en fin de vie. L'analyse de la chaine de valeur d'un constructeur nous a permis de saisir la complexité du réseau, en terme de nombre d'intervenants, de partenaires ayant des intérêts spécifiques, d'absence d'interactions et de coopération dans une perspective globale visant à optimiser les performances de la chaine de valeur dans une perspective de développement durable. Nous proposerons un cadre conceptuel d'intégration des différents intervenants dans une boucle de valeur dont les performances tiennent compte à la fois des dimensions sociale, technique et économique.
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Pause
Les symbioses industrielles comme outil d'amélioration durable de la performance économique et environnementale
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Projets de symbiose industrielle au Québec : constats et occasionsKarine MARKEWITZ (CTTÉI), Claude Maheux-Picard (CTTEI - Centre de transfert technologique en écologie industrielle), Marc OLIVIER (CTTÉI)
Depuis 2008, le Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI) travaille à l'implantation de symbioses industrielles au Québec. Inspiré des modèles de Kalundborg (Danemark) et ÉCOPAL (France), il a élaboré une approche participative pouvant s'appliquer à différentes échelles. Il a ainsi réalisé des projets rassembleurs dans des parcs industriels et autres zones d'activités (Bécancour, Shawinigan, Toronto), dans des villes (Rivière-du-Loup) et même à l'échelle de toute une région administrative (cinq MRC de la région de Lanaudière). La mise en place de démarches de symbioses industrielles nécessite l'implication de nombreux acteurs, la capacité de collecter et gérer adéquatement une multitude d'informations confidentielles, le savoir-faire technique pour identifier les synergies possibles et les aptitudes relationnelles pour accompagner les entreprises dans leur implantation.
Au cours de cette communication, le CTTÉI partagera les grandes lignes à la base du concept de symbiose industrielle, les caractéristiques des projets réalisés, les obstacles et facteurs de succès liés à leur concrétisation de même que les opportunités futures qu'il entrevoit pour cette approche.
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Rôles et techniques d'accompagnement pour la création des symbioses industriellesJean-Marc Frayret (Polytechnique Montréal)
Les symbioses industrielles sont des réseaux d'entreprises ayant entre-elles des relations d'affaires axées sur la récupération des résidus industriels, d'énergie résiduelle et d'eau de traitement. Il existe de nombreux exemples de symbioses industrielles dans le monde (Kalundborg, Danemark; Guitang group, Chine; Styria, Autriche; Mongstad, Norvège). Leur origine est diverse et peut généralement être classée, soit sous la forme de processus auto-organisé, soit sous la forme d'un processus planifié ou guidé.
Lorsque le processus est planifié, un tiers intervient généralement pour accompagner le processus de construction de la symbiose en aidant l'identification des opportunités de partenariat. Ce tiers agit en tant que catalyseur en collectant et analysant de l'information afin de faire des recommandations, mais aussi plus simplement en informant les participants sur diverses opportunités de mise en valeur. Cette communication a aussi pour but de présenter un ensemble d'outils susceptibles de supporter ce processus d'accompagnement de la création des symbioses industrielles. Ces outils incluent aussi bien des approches de partage d'information, que des techniques d'analyse de l'information pour l'optimisation de la mise en valeur des résidus industriels.
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Évaluation du bilan de carbone de la végétalisation du parc à résidus miniers non acides de Niobec inc. par l'utilisation de biosolides de papetièresSimon Durocher (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
La lutte aux changements climatiques commande de prévoir des mécanismes de réduction, d'atténuation et d'adaptation. La séquestration biologique du CO2 atmosphérique figure au nombre des stratégies d'atténuation permettant de réduire la concentration de gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère.
Les sols dégradés, comme les terrils miniers, présentent un potentiel particulièrement intéressant pour la séquestration du CO2 atmosphérique en raison de leur faible contenu en carbone organique. L'amendement de ces sols à l'aide de matières résiduelles fertilisantes (MRF) peut contribuer à augmenter la séquestration du carbone atmosphérique. Entre autres, les biosolides de papetière (BP) montrent un potentiel intéressant lorsqu'utilisés comme amendement organique pour la remise en état de sites dégradés. Toutefois, le bilan net entre les émissions de GES évitées et celles occasionnées par le recyclage des BP demeure mal connu.
Le bilan de carbone de l'utilisation des BP comme amendement organique a été quantifié dans le cadre d'un projet de végétalisation d'un parc à résidus miniers non acides. Les émissions atmosphériques de CO2, de méthane (CH4) et de protoxyde d'azote (N2O) attribuables à l'épandage de BP ont été mesurées à l'aide de chambres fermées statiques sur deux années consécutives. Au cours de la première année, les résultats préliminaires indiquent un effet significatif de l'épandage de 50 t ha-1 et de 100 t ha-1 de BP sur les émissions cumulées de N2O et de CO2.
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L'innovation du modèle d'affaires en symbiose industrielle : mettre en œuvre des résultats tangiblesMalaz Sebai (TRCA - Toronto and Region Conservation Authority)
Alors que des réseaux de symbiose industrielle s'implantent un peu partout dans le monde entier, plusieurs questions demeurent : comment pouvons-nous assurer la durabilité de ces partenariats? Quelle approche peut stimuler l'engagement et la participation des parties prenantes et l'obtention de résultats concrets? Pourquoi cette approche n'est pas plus adoptée? Pourquoi la plupart des échanges se concentrent uniquement sur la réutilisation et le recyclage alors que d'autres éléments pourraient être pris en compte? Pourquoi les matériaux problématiques ne sont pas recyclés, réutilisés ou valorisés?
Le concept théorique de symbiose industriel est attrayant, mais comment en faire une histoire à succès, comment l'opérationnaliser?
L'équipe Partners in Project Green de Toronto and Region's Conservation Authority raconte comment elle est parvenue, après deux années de succès mitigés, à modifier son approche pour mieux engager des milliers d'entreprises de la région torontoise dans la mise en œuvre de la symbiose industrielle. Cette nouvelle approche comprend entre autre des échanges actifs, l'élargissement de la gamme de services offerts par la symbiose industrielle, l'introduction de nouveaux acteurs dans le modèle et la prise en compte des frais de service.
Par une meilleure compréhension des besoins et du fonctionnement des entreprises impliquées dans les échanges, les réseaux de symbiose industrielle s'élèvent vers des niveaux croissants de participation, d'engagement et d'efficacité.
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D'une pierre trois coups : la symbiose industrielle pour créer des bénéfices environnementaux, sociaux et économiquesJulien BEAULIEU (Université Concordia), Raymond Paquin (Université Concordia), Ketra SCHMITT (Université Concordia)
La symbiose industrielle est de plus en plus citée chez les chercheurs et les décideurs comme outil pour développer une économie à faible intensité de carbone et circulaire. Mais puisque que les recherches en symbiose industrielle se basent principalement sur l'étude de cas, les critiques argumentent que ses principes de bases n'ont pas encore été formellement testés. En se basant sur les données du National Industrial Symbiosis Programme (NISP), un réseau national d'échanges industrielles au Royaume-Uni, nous testons empiriquement certaines des affirmations provenant de la littérature. En particulier, nous décrivons les facteurs qui conduisent au succès des échanges interindustriels et qui par le fait même amènent des bénéfices environnementaux, sociaux et économiques. Puis, nous suggérons des voies où pourraient s'engager les futures recherches.
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Discussion
Des innovations pour le développement durable : réflexions et retour d'expériences
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Mot de bienvenue
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Une innovation peut-elle être qualifiée de durable?Mario Jolicoeur (Polytechnique Montréal)
Nous nous intéresserons à l'identification de balises et critères de sélection à considérer, tout en amont du processus d'innovation, afin de maximiser la pérennité de l'innovation qui en résultera. Par pérennité, on entend le maintien de la valeur, tant scientifique qu'économique, d'une innovation dans un contexte d'évolution constante des connaissances scientifiques et environnementales. En bref, il s'agira de réfléchir à une grille d'analyse multidimensionnelle et multisectorielle permettant de mieux comprendre comment identifier, aux toutes premières étapes de sa conception, une innovation qui maintiendra son acceptabilité sociale et environnementale, de même que son attractivité commerciale et industrielle.
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Face à la mondialisation de la recherche scientifique : quelles nouvelles responsabilités éthiques des chercheurs?Marie-Hélène Parizeau (Université Laval)
Le contexte de l'activité scientifique s'est considérablement modifié depuis 30 ans. Face à la mondialisation de la recherche, à l'arrimage de plus en plus étroit entre les orientations de la recherche scientifique avec des objectifs économiques, il est légitime de s'interroger sur le rôle du chercheur scientifique et les responsabilités éthiques partagées. La Déclaration de 1974 de l'UNESCO sur le chercheur scientifique a posé les bases de l'éthique de la recherche. Qu'en est-il aujourd'hui ? Celles-ci se sont-elles transformées ? Le chercheur a-t-il de nouvelles responsabilités éthiques dans l'innovation technologique dont il est le moteur ? Doit-il penser la finalité de l'objet de recherche et son inscription dans la société et dans l'environnement ? À la lumière de la révision actuelle de la Déclaration de 1974, une charte du scientifique permettrait-elle de clarifier les responsabilités des parties prenantes – chercheurs, État, entreprises, citoyens et ONG environnementales- ?
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Éthique et développement durable : des outils pour renouveler les relations entre les humains et la natureIan Segers (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), David Tremblay (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
Comment réfléchir dans l'action les enjeux qui occupent les humains d'aujourd'hui? Si les humains ne sont pas condamnés à vivre dans un monde déterministe menant à une catastrophe annoncée, nous avons et la capacité et la responsabilité d'envisager des alternatives et de réaliser une transition vers un monde plus durable. Cette capacité doit nous amener à imaginer collectivement de nouveaux rapports aux autres et à la nature.
Si le développement durable (DD) semble constituer une réponse reconnue, il se traduit souvent par du management environnemental plutôt que par une approche multidimensionnelle. Une telle approche devrait mettre l'accent sur l'ingénierie sociale pour répondre aux dimensions sociales et culturelles qui sont trop souvent les « parents pauvres » des dynamiques portant l'étiquette « durable ». Par l'inclusion des parties prenantes, y compris des populations relativement défavorisées, les préoccupations prises en considération dans le DD seront nécessairement plus larges et « holistiques ».
Nous posons l'hypothèse que c'est par un renforcement des approches participatives par le dialogue que le volet social du DD peut s'articuler aux autres pour mieux répondre à ses enjeux et principes. Cette réflexion éthique doit se combiner à une action pratique pour nourrir et accompagner les transitions. L'accompagnement du changement par des processus participatifs par le dialogue comme outils d'opérationnalisation du DD semble un terreau fertile pour la recherche.
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L'engagement individuel, principal vecteur de succès d'opérationnalisation du développement durable en grande entrepriseMarie Rousseau (Rio Tinto Fer et Titane)
Les grandes entreprises et multinationales qui visent se démarquer en tant qu'entreprise innovante en développement durable se dotent de programmes intégrés ou non aux processus d'affaires traditionnels de l'organisation. Le succès de ces programmes repose sur le niveau d'engagement des individus qui composent les directions des divers départements et unités d'affaires de l'organisation.
Les programmes sont développés globalement au niveau corporatif de l'organisation pour être implantés localement, dans les différentes unités d'affaires. Le degré de prise en charge des différentes unités d'affaires dépend dès lors de la capacité de l'organisation à susciter l'engagement des individus qui ont le plus de pouvoir décisionnel et d'influence localement.
L'engagement individuel dépend du profil des personnes et peut varier significativement d'un individu à l'autre. Pour cette raison, une démarche unique ne peut répondre à cet objectif. Il existe plusieurs méthodes de catégorisation des profils individuels. À partir de ce type de diagnostic, il est possible de préciser la compréhension des motifs qui contribuent à motiver et mobiliser un individu à un objectif défini, dans ce cas-ci l'intégration des enjeux de développement durable aux pratiques d'affaires.
La présentation sera imagée par l'exemple concret de RTFT dans le contexte d'une multinationale dans le domaine de l'extraction minière.
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Discussion
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Pause
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Repenser et renforcer l'intégration des dimensions humaines et sociétales dans la recherche et l'opérationnalisation du développement durable pour des réalisations concrètesCeline Artal (York University)
L'intégration systématique des dimensions humaines et sociétales du DD depuis la formulation de méthodologies de projets de recherche interdisciplinaires jusqu'à son opérationnalisation, ainsi que l'élévation des potentialités humaines en accord avec des principes éthiques, sont des pré-requis majeurs à sa réalisation concrète.
Dans le contexte actuel de changement de paradigme où les systèmes socio-culturels, idéologiques et politiques sont bouleversés par l'émergence de modes de penser et d'initiatives favorisant la création d'un monde soutenable, il devient essentiel de revoir la place, le rôle et les responsabilités de l'humain dans les dynamiques du DD – car il en est l'acteur principal dans ses engagements, ses choix, ses comportements et ses valeurs.
Approfondissons les approches méthodologiques et les angles de vue de la recherche
interdisciplinaire et les mécanismes d'opérationnalisation du DD pour rendre la complexité des enjeux et humains et sociétaux du DD et pour optimiser l'avancement des principes de durabilité.L'intervenante apportera des éléments et des pistes de réflexion issus d'expériences auprès des Nations Unies, du secteur privé et d'ONG en Asie, en Europe et en Amérique du Nord dans les domaines de la santé, du bâtiment vert, de l'entrepreneuriat social et de la responsabilité sociale des entreprises. L'objectif sera d'alimenter et de stimuler les discussions-actions, les orientations de la recherche et l'opérationnalisation
du DD. -
Interdisciplinarité et opérationnalisation du développement durable : comment le CIRODD peut-il imprimer sa marque en recherche?Jean-Francois Desgroseilliers (Polytechnique Montréal), Isabelle LESSARD (École Polytechnique de Montréal)
En 2013, les Fonds québécois de recherche (FRQNT et FRQSC) ont accordé une subvention majeure pour la mise sur pied du premier regroupement stratégique en développement durable au Québec, le Centre interdisciplinaire de recherche en opérationnalisation du développement durable (CIRODD). Le CIRODD rassemble actuellement plus de 75 chercheurs provenant d'établissements universitaires différents et de disciplines variées. Ces membres sont unis par leur engagement à travailler au développement et au déploiement d'outils permettant aux entreprises d'évoluer vers l'économie verte.
Comme tout regroupement stratégique, le CIRODD a notamment pour objectifs de soutenir le développement de projets de recherche pluridisciplinaires et le transfert de connaissances vers les milieux publics et privés constituant des utilisateurs potentiels des résultats de recherche. Interdisciplinarité et opérationnalisation du développement durable sont donc les deux mots-clés des projets que le CIRODD vise à faire émerger.
Pour faciliter la mise en réseau des chercheurs et l'élaboration de nouveaux projets, une petite équipe de liaison a été mise sur pied dès le lancement du CIRODD. Après un peu moins d'un an de travail, quel bilan et quelles leçons peut-on tirer de cette expérience de liaison? Quels sont les défis rencontrés jusqu'ici? Quelles stratégies semblent prometteuses? L'équipe de liaison présentera ses réflexions pour poser les bases d'une discussion avec les participants.
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Discussion
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Dîner
Un étudiant en développement durable, c'est quoi? La parole aux étudiants
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Pause
Comment opérationnaliser le développement durable? (deuxième partie)
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La Bourse du carbone Scol'ERE : quand l'innovation passe par les enfantsGeneviève Delisle-Thibeault (Forêt d'Arden)
L'un des grands défis en éducation relative à l'environnement est d'assurer le passage à l'action. À travers la Bourse du carbone Scol'ERE (Bourse), la Forêt d'Arden vise à rendre concrètes les actions de développement durable et ce, dès le plus jeune âge. La Bourse a permis la naissance d'un important mouvement de réduction des émissions des
G.E.S. Ce sont plus de 1 700 élèves de niveau primaire à avoir adopté des habitudes de consommation écoresponsables en lien avec trois défis de réduction volontaires. C'est un réel succès, car 89% des élèves ont réalisé au moins un défi avec leur famille!La Bourse rallie différents acteurs du milieu ayant les enfants pour porte-paroles et vecteur de changements. Par son volet JE M'ENGAGE, la Bourse génère des crédits carbone éducatifs MC qui sont transigés par le volet JE COMPENSE avec des citoyens, entreprises et institutions qui désirent compenser leurs émissions de G.E.S. liées à leurs transports (voyage, déplacement d'affaire, événements, transport de produits et services, etc.). Les revenus ainsi générés sont réinvestis dans les écoles et une ristourne va aux classes au-prorata des crédits carbone générés. Une boucle qui se rétro-alimente par le jeu et l'éducation.
C'est une initiative inspirante et rafraichissante autant par son approche pédagogique que par sa culture managériale fondée sur la concertation de 12 partenaires en provenance des tous les milieux où la recherche est au service des petits.
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Des compétences en développement durable dans l'enseignement : une grille d'analyse pour la reconnaissance de cours et de programmes en développement durableKoassi D'almeida (Université Laval), Daniel Forget (Université Laval)
Afin d'obtenir ou de maintenir différentes accréditations relatives au développement durable, les universités doivent fournir leurs listes de cours et de programmes en lien avec le développement durable. À l'Université Laval, une approche singulière a été développée pour établir ces listes en collaboration avec les professeurs et directions de programmes.
En s'appuyant sur les travaux de Wiek, Withycombe et Redman : « Key competencies in sustainability : a reference framework for academic program development » (2011), un groupe de travail ad hoc de l'Université Laval a créé des grilles d'évaluation pour les cours et les programmes. Un questionnaire a déjà été soumis aux professeurs de l'Université Laval tandis qu'un cahier de charge pour les programmes est en développement. D'une part, ces travaux permettront l'identification et la promotion de listes de cours et de programmes en développement durable basés sur une participation volontaire et éclairée des professeurs et directions de programme. D'autre part, ces outils ayant été développés pour mieux saisir l'étendue du développement durable permettront de comprendre comment les compétences en développement durable peuvent s'acquérir, selon la discipline.
Cette conférence présentera comment a été opérationnalisé la démarche de reconnaissance en développement durable des cours et programmes à l'Université Laval, les résultats partiels obtenus ainsi que les enjeux et défis entourant ces travaux.
Quels rôles doivent jouer les institutions académiques dans l'opérationnalisation du DD?
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Mot de clôture