36 - Au-delà du physique : les activités sportives au cœur du social

« Bien dans mes baskets » (BdmB) est un programme novateur de prévention et de développement psychosocial utilisant le basket-ball parascolaire comme outil d'intervention auprès de jeunes éprouvant diverses difficultés. Seront présentés, les résultats de l'évaluation de l'impact du programme sur le développement du sentiment d'appartenance à l'école et la perception de soutien social des jeunes inscrits au programme en comparaison aux jeunes de la même école qui n'y sont pas inscrits. Un questionnaire auto-administré sur les habiletés de vie, le soutien social et le sentiment d'appartenance à l'école a été complété à trois reprises (sur deux années scolaires) par le groupe d'intervention, soit tous les athlètes-étudiants de BdmB ainsi qu'à un groupe témoin, soit tous les élèves de secondaires 1, 3 et 5. Un meilleur sentiment d'appartenance à l'école a été développé chez les participants au programme BdmB comparativement au groupe témoin (p<0,001). Les participants à BdmB ont également une meilleure perception du soutien social disponible (p=0,003). Le sport, combiné à une intervention psychosociale, pourrait donc s'avérer prometteur pour favoriser la persévérance scolaire.

« Bien dans mes baskets » est un programme novateur de prévention et de développement psychosocial utilisant le basket-ball parascolaire comme outil d'intervention auprès de jeunes éprouvant diverses difficultés. Ce programme, initié en 1999 par un travailleur social, a connu un développement considérable en raison de ses succès auprès des jeunes. Le programme implique un partenariat interprofessionnel entre des travailleurs sociaux, des kinésiologues et des intervenants scolaires. Les interventions se situent à 3 niveaux : (1) l'individu et sa famille, (2) le groupe et (3) la communauté et ciblent tant la santé mentale, physique et sociale (inclusion sociale) des jeunes. Seront présentés (1) les traits distinctifs de la philosophie du programme, (2) les caractéristiques des jeunes ciblés par le programme, et (3) les composantes actuelles du programme. Seront également présentés les principaux résultats des recherches évaluatives qui viennent d'être réalisées par une équipe de recherche en kinésiologie. Les travaux ont porté d'une part sur des évaluations de processus (études qualitatives) : construction du sentiment d'appartenance, développement d'habiletés de vie, empowerment et transfert des habiletés de vie développées via les expériences vécues dans le programme; et ont porté d'autre part, sur une évaluation de l'impact du programme (étude quantitative) sur le développement des habiletés de vie.

Dans les sociétés traditionnelles, les rites de passage ont longtemps offert aux jeunes une identité d'adulte. Dès leur enfance, ils savaient que, s'ils réussissaient l'épreuve, ils ne seraient plus jamais considérés comme des enfants. Un rôle, un statut et une identité leur étaient assurés, et ce, sans possibilité de retour en arrière. Contrairement à ces sociétés, la place de l'individu n'est aujourd'hui plus assurée. Elle est plutôt une quête constante; une quête de soi.
Les théories de la seconde modernité démontrent que les individus sont désormais dans l'obligation de se former eux-mêmes en tant qu'individus. Dans le prolongement des travaux de Beck, Martuccelli soulève que les individus sont en constante quête de cohérence identitaire puisqu'ils doivent désormais résoudre, au plan individuel, les contradictions systémiques. Les conséquences de ces contradictions se traduisent surtout par de l'ambivalence au niveau de l'individu. L'épreuve de l'école, du rapport à soi et du rapport aux autres en sont de beaux exemples. Parallèlement, les recherches sur les rites de passage contemporains affirment que les jeunes s'imposent des rites dans l'objectif de réduire cette ambivalence, de se forger une identité et de faire valoir leur singularité. Il devient alors pertinent de se questionner sur le rôle des rites de passage dans la construction contemporaine de l'identité des jeunes. La question est étudiée à l'intérieur d'un organisme qui utilise le sport comme outil d'intervention.

La Politique québécoise de la jeunesse (2001) ainsi que les Livre vert menant vers une politique québécoise du sport, du loisir et de l'activité physique (2013) et Livre blanc pour une nouvelle politique québécoise de la jeunesse (2013) présentent le sport non seulement comme outil de promotion de la santé physique, mais aussi comme moyen de favoriser chez les jeunes leur sentiment d'appartenance, leur insertion sociale et leur développement social et cognitif. Ces documents préconisent notamment des partenariats entre l'école et la communauté. Toutefois, au niveau des pratiques sportives au secondaire, force est de constater que la plupart des partenariats école-communauté se limitent aux programmes sport-études pour les plus performants, et à des ententes pour l'utilisation des installations scolaires par des associations sportives. Cette communication analysera les défis d'un partenariat qui concerne des jeunes en difficulté, à travers Alter-Action, un programme sportif visant le développement psychosocial des jeunes en milieu scolaire et l'engagement social. Le programme exige l'engagement de l'école secondaire à différents niveaux (financement, implication dans le choix des participants, identification d'un répondant scolaire, etc.). L'analyse est fondée sur une évaluation du programme effectuée entre 2011 et 2013 au moyen d'entretiens auprès d'élèves, d'acteurs du milieu scolaire et des intervenants d'Alter-Action ainsi que d'une observation participante.

Comment par une approche humaine, axée sur le savoir-être et une dynamique groupale, permettre à des jeunes de développer leurs potentiels physique, psychologique et social pour contribuer à bâtir la société dans laquelle ils vivent ? DesÉquilibres propose une réponse : l'éductraineur. Un terme pour définir la personne intervenant auprès de jeunes, dont certains rencontrent des difficultés. L'éductraineur, par une approche spécifique utilise le sport comme un outil de développement psychosocial menant à l'engagement des jeunes dans leurs communautés. Quelles places accorder au savoir-être et au savoir-faire dans une telle approche ? sera l'une des questions abordées lors de la présentation.

Les modèles de développement des jeunes sportifs sont de plus en plus présents au sein des organisations sportives qui fédèrent les sports dans lesquels nos jeunes évoluent. Souvent, ces modèles accordent une importance démesurée aux aspects du développement physique, laissant plus ou moins de côté la composante psychosociale. Plusieurs travaux ont soulevé l'importance d'assurer aux jeunes sportifs un équilibre entre les diverses composantes (physique, psychologique, sociale) nécessaires à une expérience sportive sécuritaire et enrichissante. Lorsque cet équilibre n'est pas respecté, l'expérience vécue par les jeunes sportifs peut s'avérer difficile. L'objet de cette présentation est donc de mettre en lumière l'importance d'offrir aux jeunes un environnement sportif qui tient compte de leur développement psychologique et social, mais également de faire état des risques associés à une pratique où ces sphères de développement ne sont pas considérées.