De récents articles (Taylor, Coffey, 2009; Pain, 2009; Travers, 2009; Wiles, Crow et Pain, 2011) présentent des analyses de pratiques de recherche qui s’affichent innovantes et mettent en lumière une problématique intéressante à explorer. Travers (2009) estime que ce qui est présenté comme une innovation par les chercheurs est de fait une adaptation ou un raffinement de méthodes classiques. Wiles, Crow et Pain (2011) soutiennent que les innovations analysées ne montrent pas de réels changements de paradigme dans le champ de la recherche qualitative, mais qu’elles correspondent surtout à des développements technologiques ou constituent des adaptations de méthodes traditionnelles.
La question de l’innovation en méthodologie pourra être abordée sous deux angles. D’une part, on ne peut nier que les efforts soutenus des chercheurs en recherche qualitative ont permis l’émergence d’un ensemble de pratiques de recherche tout à fait innovantes. Parmi ces pratiques, peut-on cerner de grandes innovations en recherche qualitative? Quelles sont-elles et comment ont-elles modifié notre regard sur le processus même de recherche? La recherche qualitative serait-elle, en elle-même, une innovation?
Par ailleurs, sur le plan théorique, comment, en recherche qualitative, définir l’innovation? En quoi une innovation se distingue-t-elle d’une adaptation ou d’un transfert? Quelles sont les conditions nécessaires, indispensables ou essentielles pour qualifier un dispositif d’innovation? Sur le plan pratique, dans les recherches actuelles, quels sont les motifs qui les justifient et à quel niveau les situer (méthode, éthique, instrumentation, analyse, etc.)? À quelles exigences répondent-ils qui ne puissent être remplies par les dispositifs existants? Quelles conséquences découlent des nouvelles conditions d’emploi du dispositif?