Depuis la fin des années 1980, la marginalité et les exclusions sociales se sont aggravées et diversifiées. Les situations d’itinérance en sont un symptôme patent. Ce phénomène jadis caractéristique des grandes villes centrales est désormais visible dans les municipalités régionales et de moyenne envergure. Autrefois, l’itinérant était un homme adulte, blanc, alcoolique ou toxicomane. Aujourd’hui, ce sont aussi des femmes, des LGBT, des jeunes, des familles, des personnes âgées, des immigrants ou des autochtones. L’évolution sociale et politique de même que les problèmes individuels s’entrelacent pour créer de nouvelles conditions de décrochage. La reconfiguration de la famille, l’éclatement des communautés, les exigences inédites du marché de l’emploi, les nouvelles politiques de gestion des espaces urbains et la rationalisation des services publics haussent les difficultés de franchissement des étapes de vie, des deuils ou les difficultés de vivre avec des différences identitaires, des dépendances, des troubles cognitifs ou de démence, des problèmes mentaux ou des déficiences intellectuelles. Ces éléments interagissent et complexifient le phénomène de l’insertion-marginalité, qui peut prendre diverses formes. Ce sont de nouvelles déviances que prennent en charge, parfois simultanément ou tour à tour, plusieurs secteurs d’intervention tels que la santé, la psychiatrie, les services sociaux ou la sécurité publique. Ces manifestations inédites appellent une nouvelle appréhension.
Ces questions sont au cœur des préoccupations des chercheurs et organismes membres et partenaires du Centre de recherche de Montréal sur les discriminations, les inégalités sociales et les pratiques alternatives de citoyenneté (CREMIS) et de son équipe Pratiques de participation citoyenne dans la recherche et l’action sur les inégalités sociales (PRAXCIT). Ce colloque réunit plusieurs d’entre eux ainsi que d’autres universitaires et militants sociaux qui partagent ces questions. Ils apporteront leur contribution à la diffusion et à la mise en discussion des connaissances sur le recadrage de la recherche et de l’intervention sociale que leurs recherches ont mis en lumière. Ils présenteront des communications alimentées par leurs travaux récents menés auprès ou avec des populations marginalisées. Ils dévoileront leurs résultats et présenteront les différents dispositifs participatifs adoptés afin d’élucider la complexité des représentations sociales à la source des normes, activités et décisions des acteurs engagés dans la construction de ces nouvelles marges sociales.