Et si les toits se transformaient en peaux urbaines vivantes, passerelles de biodiversité et de convivialité nourricière et ludique, densifiant ainsi les villes, réduisant l’empreinte écologique, les inondations et les îlots de chaleurs? Dans un contexte d’urbanisation croissante, d’impacts combinés des changements climatiques, de déclin de la biodiversité et de multiplication des événements extrêmes, les usages des toits privés, industriels et commerciaux méritent en effet d’être repensés au prisme de l’efficacité énergétique et des services écosystémiques. Cela permettrait de réduire à la source la forte empreinte énergétique, hydrique et écologique du secteur immobilier et d’en atténuer les coûteux impacts environnementaux.
Témoignant de la recherche collective, interdisciplinaire et internationale Le paysage des toits – Apprendre de Chicago, Montréal et Paris (http://roofscape.org/), dirigée par A. Prochazka et financée par les ministères français de la Culture et de la Communication et celui de l’Écologie et du Développement durable (programme Ignis Mutat Res, 2011-2015) ce colloque (CRSH, Vandelac, 2014) s’inscrit dans le cadre d’une recherche plus vaste sur la cinquième façade urbaine et amorce une seconde phase qui, inspirée par l’international, cible les conditions de mise en œuvre de tels changements, notamment à Montréal.
À travers une lecture historique et critique, l’événement souhaite donc prolonger et approfondir la réflexion sur les changements paradigmatiques et sur les conditions de transitions des modes d’aménagement favorisant une culture énergétique et écologique tenant compte de la crise environnementale globale à travers la trame de six grandes questions : 1) Comment les toits peuvent-ils participer aux enjeux de complémentarité et d’autonomie énergétique et alimentaire accrus?; 2) Comment repenser les toits pour favoriser une nouvelle culture de l’habiter où les rapports à l’énergie et aux systèmes naturels seraient les principes générateurs? 3) Comment réaménager certains toits pour mieux s’adapter aux changements climatiques, à la biodiversité des corridors urbains, au renouvellement de l’architecture et de l’aménagement de l’espace? 4) Compte tenu des modalités d’aménagements des toits (structures, équipements, revêtements, etc.), quels sont les principaux défis pour assurer une transition dynamique et viable qui soit partagée et quels sont les principaux acteurs? 5) Quels sont les cadres conceptuels et les outils de diagnostic, d’analyse, d’enquête, de modélisation permettant de mieux éclairer la décision publique dans ce domaine? et 6) enfin, quelles sont les contraintes, les risques (sécurité, santé, incendies, assurances) à respecter ou à modifier et quels politiques publiques, cadres réglementaires et incitatifs peuvent faciliter ces incontournables transitions respectueuses de l’écologie urbaine?