Informations générales
Événement : 82e congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :Il n’y a pas d’existence humaine sans corps. Nous naissons, vivons et mourons avec notre corps, et c’est à travers celui-ci que nous faisons la rencontre d’autrui et du monde. Pourtant, dans le domaine de la médecine comme dans le domaine de la formation et des autres formes d’accompagnement à médiation corporelle, un écran tend à s’installer entre la personne et le professionnel. Le toucher, la palpation du corps, la relation directe face à face tendent à s’estomper au profit d’un recours de plus en plus systématique et massif aux différentes technologies. Le corps n’apparaît plus dans son dépouillement, son énigme et son intimité.
C’est le sens du soin et de la relation à l’autre qui se trouve affecté et détourné. C’est pourquoi le corps et le toucher deviennent la source de tout questionnement éthique et de toute recherche de sens. Il s’agit de se rappeler que le corps doit être pris comme point de départ de la relation. La relation au corps dans les processus d’accompagnement n’est peut-être pas une fin en soi.
Nous nous questionnerons à savoir si la relation au corps et au toucher mobilise quelque chose au niveau psychique? Pouvons-nous y attribuer des vertus curatives ou préventives? La relation au corps contribue-t-elle au bien-être? Permet-elle la rencontre de soi? Le corps donne-t-il un accès à la subjectivité ou est-ce la subjectivité qui donne accès au corps? À travers l’interdisciplinarité, nous offrons d’explorer le corps comme objet d’art, objet de création de psychomotricité, objet de soin et comme sujet de vie. De là, l’importance d’explorer également la place du toucher dans le développement de la personne humaine.
Dates :- Jacques Quintin (UdeS - Université de Sherbrooke)
- Florence Vinit (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Louis Bourdages (Cégep de Rimouski)
Programme
Écoute sensorielle et modalité du toucher
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Mot de bienvenue
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Écoute sensorielle, fluidité des représentations, émergence de la penséeMartine Migaud (Ordre des acupuncteurs du Québec)
Durant mes 35 années de pratique de médecine générale, puis d'acupuncture, j'ai pu voir à quel point les patients abandonnaient aux mains des spécialistes le pouvoir sur leur santé. Durant toutes ces années, la pratique et l'enseignement du Qi Gong m'ont permis de découvrir que nous sommes l'acteur principal de notre guérison sans pour autant être responsables de notre maladie ou de notre non-guérison. Cette possibilité d'être acteur de notre vie passe par le corps. Il s'agit d'arrêter de penser, pour ressentir. L'écoute sensorielle nous permet de vraiment rencontrer l'environnement, au-delà de l'idée que nous en avons, et des émotions qu'il déclenche en nous. Mais, cette écoute sensorielle, par l'espace intérieur qu'elle crée, nous met aussi en relation avec notre monde intérieur. Des images apparaissent, témoignant de la remise en mouvement du psychisme, accompagnés bientôt de mots pour en rendre compte : ces mots nous surprennent, car nous les découvrons en même temps qu'ils prennent forme en nous. La mobilité des représentations que nous pouvons nous faire de nous-mêmes et du monde nous permet de créer du sens à chaque instant, et de trouver comment être en harmonie avec l'environnement. Nous retrouvons, comme le nommait si joliment Françoise Dolto, la capacité d'être « allant-devenant » !
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Étude exploratoire sur les effets perçus d'une formation psychocorporelle auprès de médecinsJosée Lachance (UdeS - Université de Sherbrooke)
Les Pratiques du Sensible (PS) étudient comment l'utilisation du corps et de son mouvement interne conduisent au développement de la conscience et de la présence à soi ainsi qu'à l'autre; des qualités enviables pour des professionnels de la relation d'aide du secteur de la santé. Explorer, le cas échéant, comment une formation aux PS, suivie par des médecins, a modifié leur rapport à leur corps, la qualité de leur présence à eux-mêmes et à autrui, leur rapport à la santé et leur pratique médicale. Nous nous proposons de présenter les résultats préliminaires d'une recherche qualitative basée sur des entretiens semi-structurés menés auprès de six médecins ayant complétés une formation de 500 heures aux PS. Le contenu des entrevues a été analysé selon une approche thématique. Il ressort qu'en plus d'accroître leur conscience d'eux-mêmes à travers l'expérience corporelle et la qualité de leur présence aux autres, ils ont modifié leur conception de la santé. Leur pratique professionnelle s'est transformée aux plans des relations professionnelles et de l'attitude thérapeutique menant à des relations plus fructueuses avec les patients. La formation aux PS les a conduits à se recentrer sur eux-mêmes, provoquant ainsi des changements dans leur vie personnelle et professionnelle.
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Pause
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L'expérience de la sensibilité dans la rencontre : le point de vue des artistes pour mieux comprendre le travail en thérapieLouis Morin (UQAM - Université du Québec à Montréal)
De nombreuses recherches en psychothérapie mettent en lumière l'importance de la relation thérapeutique pour que la thérapie soit porteuse d'un potentiel de guérison. Toutefois, il semble que le développement des qualités relationnelles exige une sensibilité fine qui doit pouvoir s'ancrer dans un monde invisible dont les mots ne sont que l'infime partie visible. Ainsi, pour que le processus herméneutique d'une psychothérapie soit complète, elle doit trouver ses racines dans le rapport sensible de deux corporéité qui communiquent au-delà du contenu verbal. Mais comment développer cette sensibilité à l'autre ? Il apparaît que, pour réfléchir à cette question, il faut accepter d'aller puiser dans un monde d'expérience vaste qui inclus celui des artistes. En effet, les comédiens, tout comme les danseurs, possèdent un savoir expérientiel riche que l'on peut explorer afin de mieux comprendre ce phénomène de la sensibilité dans la rencontre. Cet exposé présentera donc les écrits des grands maîtres de l'interprétation théâtrale qui semblent pouvoir nous donner des pistes intéressantes pour éclairer un peu plus le rapport au non-verbal dans la rencontre à l'autre.
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L'éducation somatique et le rapport au corps incestuéLucie Beaudry (UQAM - Université du Québec à Montréal)
La littérature sur les conséquences de l'agression sexuelle aborde généralement le corps d'un œil externe; peu de travaux se fondent sur l'expérience de la personne agressée pour étudier la relation au corps et rares sont les écrits où la personne est abordée d'un point de vue somatique (« soma » signifiant « corps vécu »). Il apparaît pourtant pertinent de considérer cet angle, l'agression sexuelle étant à la base une transgression corporelle intime. Dans son mémoire de recherche autoethnographique, Lucie Beaudry s'est intéressée aux effets de l'éducation somatique sur son rapport au corps incestué. Après avoir longtemps entretenu un rapport au corps problématique, elle partage comment ses apprentissages somatiques ont contribué à une meilleure compréhension de ce rapport ainsi qu'à l'assainissement d'habitudes visant inconsciemment à engourdir et abstraire le corps. La méthodologie autoethnographique fut utilisée pour acquérir un savoir provenant d'une personne aux prises avec cette situation et ainsi ajouter au point de vue des disciplines des sciences sociales et médicales par le développement d'un savoir expérientiel. Prises de conscience et expériences somatiques sont ici partagées à travers des images et des textes créatifs.
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Le statut de la caresse dans la relation de soin : du corps au soiJacques Quintin (UdeS - Université de Sherbrooke)
L'un des motifs central de l'éthique est de prendre soin : nous devons prendre soin de notre corps, c'est-à-dire le protéger, le soigner, le nourrir et le faire grandir. Je montrerai que le toucher, entendu comme une caresse, soigne, nourrit et fait grandir le corps, et par conséquent le sujet. Kant l'a affirmé, l'être humain a le devoir envers lui-même de porter une « attention durable à l'animal en l'homme ». De son côté, Nietzsche a bien montré que le corps marque l'altérité de la conscience et qu'il s'agit de libérer cet autre au cœur de la conscience afin de surmonter tout dualisme mortifère. Pour Nietzsche, c'est le corps qui pense, qui donne à la conscience des pensées et des sentiments. Il s'agit dès lors de distinguer le sujet de l'individu dans la mesure où le sujet ne se réduit pas à l'individu. Au contraire, le sujet implique une transcendance de l'individu, du Moi singulier. La caresse contient l'idée d'intersubjectivité, un échange, un dialogue autour de quelque chose de commun, quelque chose qui nous unit et qui nous nourrit. Cela implique que la caresse permet le passage d'une position à une autre, du moi singulier à celle de sujet. La caresse induit un mouvement de l'être : du corps au soi par la médiation de la caresse qui montre que le soi est pure affectivité. Le corps, d'objet de soin, se transforme en corps de rêve.
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Dîner
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Les exercices sensori-moteurs dans le développement des capacités d'être au monde dans l'accompagnement d'une personne en perte de contrôle de son corpsLouis Bourdages (Cégep de Rimouski)
Nos premières expériences et nos premières présences au monde se font par l'intermédiaire du corps. Il est ce par quoi chaque personne peut concrètement s'exprimer. «Le corps est l'instrument général de la compréhension du monde. On se sert de lui pour exister. On le fait pour s'adresser aux autres». (Merleau-Ponty dans Phénoménologie de la perception). Limiter le corps au «corps que j'ai» revient à nier son corps et sa corporalité, c'est en quelque sorte un corps objet où «je ne suis qu'un handicapé, réduit au seul handicap». Par contre, «le corps que je suis», c'est le corps comme instrument de compréhension du monde, celui que je sens et que j'expérimente à travers les expériences motrices et les expériences acquises à travers le mouvement, c'est le corps vécu. Le corps d'une personne valide fait en sorte que, par les mouvements continus et le changement de position et de maintien, la perception qu'elle a d'elle-même est continuellement actualisée. Lorsque pour différentes raisons, la motricité est réduite radicalement, la personne perd le contrôle de son corps. Elle n'est plus chez elle dans son corps, limitant ainsi sa capacité de communication et de compréhension du monde. Le rôle du clinicien est, entre autres, d'aider celle-ci à se réapproprier son corps par des exercices sensori-moteurs adaptés.
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Le prolongement comme contact affectif : phénoménologie d'une pratique du corpsFlorence Vinit (UQAM - Université du Québec à Montréal)
L'accompagnement en haptonomie développée par F. Veldman utilise une façon de toucher allant au delà de la surface de la peau. Cet outil du "prolongement" permet de penser le corps comme une capacité d'ouverture et de disponibilité à l'espace. A partir d'une phénoménologie de cette pratique, la présentation cherchera à comprendre l'expérience du prolongement, en la rapprochant de l'apprentissage par le corps existant dans d'autres domaines (en éducation somatique notamment). Cette description sensible sera mise en lien avec la tradition phénoménologique de la corporéité.
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Pause
Pour une approche heuristique de l'accompagnement : présentation théorique
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Pour une approche heuristique de l'accompagnement (Partie 1)France Cloutier (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), France JOYAL (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Qu'elle se situe dans les domaines de la santé, de l'éducation ou du loisir, toute relation d'accompagnement requiert le développement d'habiletés, de compétences et de qualités humaines liées au savoir être. Mais de quelle manière le savoir être des futurs professionnels se développe-t-il durant la formation initiale? Nous apportons un éclairage sur cette question à travers la présentation d'un projet pédagogique développé à l'UQTR depuis cinq ans dans divers programmes de formation en santé. Ce projet propose aux étudiants de développer la conscience de l'autre par l'exploration de la conscience de soi. Il leur permet d'intégrer de manière heuristique, c'est-à-dire dans leur propre expérience, des concepts ou notions liés à l'exercice de leur fonction de guide (ou d'accompagnant) et qui sont souvent abordés théoriquement dans leur formation: l'empathie, l'écoute, l'accordage, la relation de confiance, la vulnérabilité, etc. Le projet puise à la danse des exercices permettant de matérialiser ce type de concepts car, comme toute autre forme d'art, elle permet une incursion dans le domaine du sensible et de la subjectivité. Le projet propose également des pratiques d'analyse réflexive individuelle et collective qui favorisent le compagnonnage cognitif et ainsi participent au développement de l'identité professionnelle.
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Pour une approche heuristique de l'accompagnement (Partie 2)France CLOUTIER (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), France Joyal (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Qu'elle se situe dans les domaines de la santé, de l'éducation ou du loisir, toute relation d'accompagnement requiert le développement d'habiletés, de compétences et de qualités humaines liées au savoir être. Mais de quelle manière le savoir être des futurs professionnels se développe-t-il durant la formation initiale? Nous apportons un éclairage sur cette question à travers la présentation d'un projet pédagogique développé à l'UQTR depuis cinq ans dans divers programmes de formation en santé. Ce projet propose aux étudiants de développer la conscience de l'autre par l'exploration de la conscience de soi. Il leur permet d'intégrer de manière heuristique, c'est-à-dire dans leur propre expérience, des concepts ou notions liés à l'exercice de leur fonction de guide (ou d'accompagnant) et qui sont souvent abordés théoriquement dans leur formation: l'empathie, l'écoute, l'accordage, la relation de confiance, la vulnérabilité, etc. Le projet puise à la danse des exercices permettant de matérialiser ce type de concepts car, comme toute autre forme d'art, elle permet une incursion dans le domaine du sensible et de la subjectivité. Le projet propose également des pratiques d'analyse réflexive individuelle et collective qui favorisent le compagnonnage cognitif et ainsi participent au développement de l'identité professionnelle.
Pour une approche heuristique de l'accompagnement: partie pratique
Pratiques d'un contact conscient
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Mot de bienvenue
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Les enjeux de la professionnalisation de la massothérapie au QuébecLouis BOURDAGES (Cégep de Rimouski), Sylvie Bédard (FQM - Fédération québécoise des massothérapeutes)
Depuis sa création en 1979, à un moment où l'escouade de la moralité de la police de Montréal associait massage à prostitution et à salon de massage érotique et que la plupart des villes du Québec refusaient d'accorder un droit de pratique aux personnes formées en massothérapie, la Fédération Québécoise des massothérapeutes Agréés (FQM) revendique l'encadrement de la massothérapie au Québec et la reconnaissance d'un ordre professionnel. La professionnalisation exige que la massothérapie soit reconnue de niveau thérapeutique et relève du secteur de la santé. Les enjeux de la professionnalisation de la massothérapie sont au cœur de la vision que nous avons de la place du corps et du toucher dans les professions de la santé. Pour sa part, la FQM partage une vision phénoménologique du corps ou son expressivité rend compte de la capacité de l'humain à exprimer à un autre humain, ses sentiments, ses émotions, ses affections, ses passions et ses pensées. Les massothérapeutes sont des spécialistes «du corps», c'est avec lui que, non seulement nous entrons en relation, c'est aussi avec lui, par lui et pour lui, que nous travaillons en massothérapie. La manière de penser le corps comme un espace expressif propre à l'être humain, le distingue radicalement du corps biologique.
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Le toucher dans une démarche d'aide au masculinGilles Tremblay (Université Laval)
Le thème de ce colloque rejoint deux aspects qui sont souvent jugés « problématiques » dans le travail auprès des hommes : la relation au corps et au toucher. Le corps-machine, l'outil de production, de l'homme qui se doit d'être efficace, rentable; le corps du « guerrier » prêt au combat, bref, une dissociation qui s'opère sur le plan de la relation au corps à la suite de la socialisation masculine qui n'est pas sans effet sur la santé des hommes. Par ailleurs, « un gars, on caresse pas ça », disait Gaétan Labrèche à son fils, Marc, alors que celui-ci, dans le cadre d'une dramatique de Jeannette Bertrand, lui parlait de la distance qu'il ressentait de la part de son père quand il était tout jeune. Cela représente bien un modèle de socialisation masculine encore très prégnant dans notre société québécoise. Cette mise à distance, dès le jeune âge, dans les rapports du père au fils peut facilement générer des sentiments à la fois de manque et de crainte dans le toucher entre hommes, une ambivalence qui peut aisément se reproduire dans la relation thérapeutique. La présentation abordera ces deux volets en lien avec des exemples cliniques et des données de recherche.
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Pause
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Corps touché-corps touchant : perspectives éthiques en accompagnementJean Humpich (UFP - Université Fernando Pessoa)
L'approche phénoménologique du corps-percevant constitue le socle d'une pratique de soi et le point de départ d'une approche somatique d'accompagnement au changement. Je m'appuierai sur la praxis d'accompagnement issue du paradigme du sensible (Bois, 2007) pour questionner les zones de chevauchement entre deux univers porteurs de mise en sens : le corps « touché » et le corps « touchant ». L'expérience vécue initie une transformation des rapports à la passivité et à l'activité du sujet Sensible en l'interpellant dans son rapport au toucher et au corps. Quels sont les apports et les limites d'un éveil perceptif de cette dyade « touché-touchant »? Avons-nous ici des conditions et des repères éthiques pour une action d'accompagnement plus humanisante? La dimension touchante réhabilite un corps sujet de vie à travers une qualité de présence à soi, à l'autre et à la vie elle-même dans un vivre pour vivre ; un vivre poétiquement comme nous le montrent Misrahi ou Morin. Comment prolonger un tel vécu de l'intime dans l'existence sociale? Cette expérience concrète contribue t-elle à une pratique plus respectueuse des personnes?
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Le développement de compétences attentionnelles, perceptives, réflexives et dialogiques comme support aux compétences éthiques dans les métiers d'accompagnementVincent Cousin (UFP - Université Fernando Pessoa)
Cette communication vise à présenter les apports pédagogiques et formatifs de l'approche somato-pédagogique de l'accompagnement sur le développement du souci éthique chez le praticien accompagnateur. Cette approche développée et formalisée au sein du GRASPA (Groupe de recherche en approche somato-pédagogique de l'accompagnement), s'intéresse aux apports du développement des compétences attentionnelles, perceptives, réflexives et dialogiques sur les métiers de l'accompagnement. L'approche somato-pédagogique de l'accompagnement des "outils permettent de "construire un rapport au monde incarné, conscient et sensible. Ils favorisent le développement d'une relation à soi aux autres et à l'environnement permettant d'accéder dans l'immédiateté de l'expérience, par la médiation du corps sensible, à une intelligence inédite, au service du déploiement de notre devenir et de notre renouvellement".Selon Fortin et Parent, le développement d'un souci éthique "s'exprime par un triple souci qui anime tout homme ou femme qui s'engage dans une telle recherche portant sur la question du sens de la vie humaine : le souci de soi, le souci de l'autre et le souci de l'institution" (2004, p.65). À travers cette présentation, nous verrons quels sont les paris pédagogiques, délivrés par la médiation du corps sensible, permettant au praticien accompagnateur d'éduquer sa propre relation à lui-même, son rapport et son dialogue avec l'autre et enfin sa considération du monde et de l'institution
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Dîner
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La place du corps et du toucher dans la conception africaine de la personne et des rapports humainsJean Ngo Semzara Kabuta (Université de Gand)
Pour élucider ce thème, je me propose d'examiner principalement les deux points suivants : 1) Dans la représentation de la personne en Afrique subsaharienne, le corps représente la dimension matérielle, la face tangible et visible. C'est à travers le corps que la personne entre en relation avec son intériorité et accomplit son unité. Par ailleurs, le contact physique avec la nature et avec l'autre, l'inscription ou la gravure de symboles sur le corps pour transcender le visible, concourent à donner à l'existence tout son sens. Celui-ci consiste à parachever la création esquissée par l'Être Primordial, autrement dit, à poser l'homme comme co-créateur du monde. 2) Les gestes invitant au toucher sont multiples, depuis la salutation qui constitue tout un rituel, jusqu'au massage du bébé, à qui on donne ainsi la conscience de soi, en passant par le simple plaisir de sentir la peau de l'autre en diverses circonstances. Le toucher s'étend à tout le corps, et vise à tisser des ponts entre les individus et à exalter la vie. Il installe l'homme dans son horizontalité, en le connectant avec les êtres et les choses de l'univers, autrement dit, en affirmant leur unité fondamentale.
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Accompagner le mouvement de l'être vers la vie par la médiation du corps : pour une phénoménologie pratique en chemin avec Jan Patocka et Danis BoisJeanne-Marie Rugira (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Nous voici invités dans un espace d'échange réciproque d'expériences et de savoirs à propos de la place du corps et de la vie elle-même dans les processus d'accompagnement. Un espace où nous pouvons aborder la question délicate du corps humain, envisagé dans « son dépouillement, son énigme et son intimité […] et comme point de départ de toute relation ». Dès qu'on entre en relation d'intelligence et de sensibilité avec son propre corps, comme avec le corps de l'autre, nous dit Yvan Amar (2005), on découvre qu'on est pas un corps isolé, mais un corps de relation. Un corps-sujet situé dans un environnement et dans des contextes donnés. Une approche d'accompagnement somatique héritée des travaux de Danis Bois offre des protocoles qui permettent d'apprendre à ressentir son corps en mouvement, selon une perspective qui s'appuie davantage sur la conscience perceptive que sur la primauté d'une conscience réflexive. La mise en dialogue de la pensée du phénoménologue tchèque Jan Patocka avec les dimensions théoriques et pratiques de la pédagogie perceptive de Danis Bois, nous permettra de réfléchir ici sur quelques défis, enjeux éthiques et promesses de l'accompagnement par la médiation du corps.
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Pause
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Discussion
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Mot de clôture