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Informations générales

Événement : 82e congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 600 - Colloques multisectoriels

Description :

Avec près de 1000 sites, la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO s’est imposée comme incontournable, tant pour les opérateurs touristiques que pour les autorités locales qui y voient une ressource pour le développement. Mais depuis quelques années, la place des habitants est devenue centrale dans la gestion de ces sites. En effet, comment est-il possible d’attirer les touristes tout en préservant, ou améliorant, les conditions de vie des habitants? Récemment s’est développée l’idée qu’il serait nécessaire d’intégrer les habitants à la gestion des sites. Si cette approche pose encore de nombreuses interrogations, elle pose aussi la question, rarement évoquée, de l’intégration des touristes et des activités touristiques dans la gestion et la planification. Pourtant, l’influence du tourisme semble évidente quand il s’agit d’analyser l’évolution des infrastructures et des aménagements urbains dans ces quartiers, mais on peut se demander si cette influence n’est pas plus profonde qu’il n’y paraît, et dans quelle mesure les acteurs locaux n’anticipent-ils pas les attentes des touristes, ou ce qu’ils pensent être leurs attentes. Comment dans ce cas connaître ces attentes et doit-on les prendre en compte? Est-il possible de combiner les attentes et besoins du tourisme aux particularismes locaux pour éviter une uniformisation qui va à l’encontre de l’idée même du patrimoine? Par ailleurs, si dans certains sites, on propose déjà aux touristes étrangers de participer à des projets de restauration et de mise en valeur, y aurait-il lieu d’imaginer des solutions permettant une implication plus large et plus accessible à la conservation et au développement local? En d’autres termes, ce colloque propose de poser la question de la gestion participative des sites inscrits au patrimoine mondial, mais en l’abordant sous l’angle de l’influence et de la participation des touristes, et pas seulement celle des habitants.

Date :
Responsables :
  • Mathieu Dormaels (Ville de Laval)
  • Christina Cameron (UdeM - Université de Montréal)
  • Maria Gravari-Barbas (Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1))

Programme

Communications orales

Habiter, visiter, gérer le patrimoine mondial : quels registres d'engagements?

Présidence : Christina Cameron (UdeM - Université de Montréal)
  • Mot de bienvenue et introduction
    Christina Cameron (UdeM - Université de Montréal)
  • Patrimoine mondial : quels registres d'engagements des touristes?
    Maria Gravari-Barbas (Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1)), Sébastien JACQUOT (Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1))

    Les sites du Patrimoine mondial évoluent vers une prise en compte accrue des communautés, depuis la déclaration de Christchurch en 2007. La gestion et la gouvernance des sites peuvent intégrer des habitants ou leurs représentants, et des représentants des différentes parties prenantes. La mise en tourisme elle-même s'enrichit de l'apport d'habitants, qualifiés d'ambassadeurs, de greeters, etc. Les habitants sont presque des acteurs naturels dans cette optique de la gestion du patrimoine. C'est en leur nom qu'agissent les acteurs publics.

    Qu'en est-il alors des touristes sur ces sites? Ce tournant participatif concerne-t-il ces autres usagers des sites? Sont-ils concernés en tant qu'exemplaires de cette humanité qui constitue l'horizon de justification de la politique du Patrimoine mondial ? Ou leur engagement est-il motivé par d'autres motifs, plus spécifiques à tel ou tel site? Cette rupture entre un ancrage et un attachement peut être théoriquement légitimée par la notion de valeur d'existence. Il s'agit alors d'explorer de deux points de vue différents la responsabilité qu'exercent les touristes à l'égard des sites du Patrimoine mondial.

    Cette communication se veut exploratoire sur cette thématique, ne s'appuie pas sur une étude de cas spécifique mais l'identification des enjeux et cohérences entre diverses expériences. C'est donc l'exploration des conditions morales de possibilité de l'engagement touristique sur les sites du patrimoine mondial qui constitue l'horizon de ce travail.

  • Le patrimoine n'est pas forcément beau : le lieu historique comme vecteur d'identité collective
    Yves Laberge (Université d’Ottawa)

    Quelles sont les attentes des touristes étrangers face aux villes de la liste des sites protégés de l'UNESCO? Face à ce que Pierre Nora a nommé les lieux de mémoire, beaucoup de visiteurs sont parfois surpris ou déçus en découvrant un site faisant partie de la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Le patrimoine n'est pas forcément beau; il est représentatif, emblématique, et participe à la construction de la mémoire collective. Ce constat nous amène à articuler deux concepts fondamentaux pour comprendre le patrimoine: le symbolique et la mémoire collective. Cette réflexion part de plusieurs années d'observation participante dans le quartier historique de la Place royale, dans le Vieux-Québec, en habitant ce quartier et en côtoyant à la fois les visiteurs et les concitoyens.

    Nous aborderons aussi les mécanismes de socialisation, de la mobilisation citoyenne et la préservation de l'environnement bâti, en relation avec les perceptions des touristes face à ces phénomènes de la vie quotidienne dans le Vieux-Québec.

    Sur le plan théorique, nous emprunterons à la sociologie urbaine et aux études citoyennes. Le cadre théorique de cette recherche est transdisciplinaire. L'approche méthodologique sera qualitative et comparative.

  • Gestion participative d'un site urbain du patrimoine mondial : la table de concertation du Vieux-Québec
    Mathieu Dormaels (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Les sites urbains inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO sont des ensembles patrimoniaux complexes où se confrontent des enjeux économiques, sociaux, fonciers, commerciaux. L'évolutivité des villes rend dynamique les équilibres entre ces différentes fonctions de la ville, et la patrimonialisation de ces espaces est souvent perçue comme un frein aux changements nécessaires au développement économique et à l'amélioration des conditions de vie. Pourtant le patrimoine, et notamment le patrimoine mondial, s'est imposé comme une condition essentielle de la reconnaissance d'une importance internationale pour laquelle les villes sont en compétition. Cette ambivalence du patrimoine reflète la difficulté de gérer les sites inscrits où coexistent des acteurs aux logiques distinctes, voire a priori contradictoires.

    Dans ce contexte, les récents appels au développement de la gestion participative, appuyés par la Recommandation sur les paysages urbains historiques de l'UNESCO, semblent des vœux pieux. En effet, est-il possible dans un tel contexte de mettre en place des structures de gestion de ce type, basée sur la concertation et le consensus et, le cas échéant, comment y parvenir?

    L'étude de la Table de concertation mise en place par la ville de Québec pour son quartier historique peut apporter quelques pistes de réponses. Cette expérience semble en effet connaître des débuts prometteurs dont l'analyse révèle des éléments clés de réussite mais aussi des défis majeurs pour le futur.

  • L'utilisation promotionnelle du label de l'UNESCO pour attirer les touristes et développer des produits ou services
    Laurent Bourdeau (Université Laval), Pascale MARCOTTE (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    L'inscription des lieux naturels et culturels sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO est un outil de protection des sites reconnus, mais elle apparaît également comme une opportunité d'utiliser le patrimoine comme un outil de développement économique. Par exemple, on observe qu'un certain nombre de sites et de villes reconnus utilisent le label de l'UNESCO à des fins promotionnelles. La valeur exceptionnelle des sites du patrimoine apparaît ainsi non seulement associée à son unicité, mais également à son pouvoir d'attraction, un pouvoir d'attraction qui vise tant les touristes que les résidents. Cette recherche empirique présente diverses modalités d'utilisation promotionnelle du label de l'UNESCO par des villes reconnues. Elle permet de comprendre comment les différentes formes promotionnelles peuvent – dans certains cas - répondre aux besoins des touristes, notamment les touristes définis comme « culturels » et à positionner la destination touristique sur l'échiquier international, ce qui est en accord avec les objectifs de sauvegarde du patrimoine, - mais dans d'autres cas, cette promotion et cette attractivité peuvent être en contradiction avec le caractère patrimonial du site et les aspirations de ses résidents. Bien que pouvant accroître le pouvoir d'attraction d'un site, on peut suggérer que pour un certain nombre de villes, le label n'apporte aucune garantie quant à la qualité de l'expérience touristique offerte aux touristes visées.


Panel / Atelier

Gérer un quartier historique inscrit au patrimoine mondial : la table de concertation du Vieux-Québec (table ronde) 

Présidence : Maria Gravari-Barbas (Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1))

Communications orales

Quels rôles pour les habitants dans la reconnaissance patrimoniale?

Présidence : Mathieu Dormaels (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • La ville au patrimoine mondial, du produit touristique au milieu désirable : l'iconisation des paysages habités en tant que seuil du changement
    Lucie K. Morisset (Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbaine, ESG-UQAM)

    Cette communication veut contribuer à comprendre les manières dont le patrimoine change le territoire en considérant, comme un cas d'espèce de ce processus catalytique, l'éventuel « développement local » des sites urbains inscrits au Patrimoine mondial. Plus précisément, j'entends étudier ce que j'appelle « l'effet patrimoine mondial » sur un corpus particulier de ces sites, ceux de pays développés.

    En-deçà de l'imaginaire d'antagonisme entre l'habitant bousculé, voire instrumentalisé, et les hordes de touristes qui s'approprient son espace, l'observation des transformations de tels milieux de vie esquissent un écheveau complexe d'influences croisées. En considérant l'inscription comme un moteur d'iconisation externe et interne, je propose de déplacer jusqu'à l'habiter le regard sur l'habitant, pour aborder le changement local induit par l'inscription et sa touristification. Cela me conduira à considérer le tourisme du site urbain au Patrimoine mondial, de pair avec l'inscription en amont, comme une externalité positive d'une croissance urbaine équilibrée en contexte de désindustrialisation.

    Le survol du bâti, des dynamiques urbaines et de l'occupation de quelques sites permettra de d'interpréter des conséquences territoriales de l'inscription au Patrimoine mondial dans les pays développés, ainsi que d'interroger ses effets incertains tant sur le patrimoine que sur le tourisme, comme si le lieu, par quelque inertie, tendait au bout d'un certain temps vers son état originel.

  • Le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais dans le contexte d'inscription au Patrimoine mondial de l'UNESCO : un moteur d'évolutions politiques et de gouvernance?
    Laurène Wiesztort (Université d'Artois)

    Longtemps considérées comme des freins au développement économiques et à la reconversion, les friches industrielles (terrils, chevalements, usines) marquent, telles des verrues, le territoire du Nord-Pas-de-Calais. Des handicaps certains mais aussi de lourds héritages du passé, symboles d'une forte identité, d'une culture et de valeurs. Ces sites rappellent le dur labeur des travailleurs qui a permis l'essor économique fulgurant de la Région. La particularité ici est l'attachement, la fierté des habitants à ce passé qui influence beaucoup les politiques publiques d'aménagement du territoire. Dans le cadre de l'inscription au Patrimoine Mondial de l'Unesco en juin 2012, cette volonté de conservation ou de mise en valeur du patrimoine culturel minier est devenue plus forte, tout comme celle d'ouvrir la culture régionale, à l'échelle nationale puis internationale.

    Nous nous interrogerons sur le choix des sites, monuments, villes présentées dans le dossier de candidature, les facteurs de décision. Sont-ils politiques, économiques, sociaux, culturels ? La place et la prise en compte (ou non) des acteurs locaux et des habitants dans cette démarche d'inscription. Enfin, nous tenterons d'analyser les premières répercutions sur les territoires mais aussi les habitants (puisque le bassin minier est inscrit dans la catégorie «Paysage évolutif vivant », des cités minières habitées sont ainsi inscrites) et enfin la gestion du patrimoine minier (friches industrialo-minières, corons, cavaliers…).

  • Projet de valorisation touristique de la région de Kerkouane : du scepticisme à l'enthousiasme?
    Hazar Souissi Ben Hamed

    Cette communication aborde le thème de la gestion participative des sites inscrits au patrimoine mondial. Elle propose une étude particulière sur la valorisation touristique, le support d'étude est le site archéologique de Kerkouane. Les récentes approches concernant le développement et la promotion des sites culturels en Tunisie suggèrent d'intégrer les habitants à une « gestion participative ».Cette recherche touche aux notions suivantes : gestion des sites en Tunisie, tourisme culturel durable et intégré, gouvernance ou participation des habitants, acteurs dans le cadre du tourisme. En plus de la participation des touristes.Notre travail présente les enjeux du développement durable du tourisme, à partir du potentiel patrimonial de la région de Kerkouane, en dressant l'inventaire de ses richesses patrimoniales matérielles et immatérielles, de l'accessibilité du site archéologique et de l'importance de son fréquentation touristique. Le défi pour la région de Kerkouane réside dans la mise en œuvre d'un itinéraire culturel en étroite adéquation avec ses propres potentiels tout en réconciliant le développement touristique, le développement local et la qualité de vie des résidents.L'article s'attache à montrer comment la mise en valeur de ce site peut être à l'origine de la promotion du tourisme culturel dès lors que acteurs privés et étatiques sont en situation de collaboration pour une meilleure gestion.

  • Aztec Ruins, un pont physique et culturel entre le parc et la ville : quand l'habitant devient acteur et transmetteur de valeurs
    Estelle Brun

    Aztec Ruins, inscrit avec Chaco Canyon au Patrimoine Mondial, présente la particularité d'être un site intra-muros, au cœur de la ville d'Aztec. Les tailles de la ville et du parc, toutes deux réduites, ont favorisé une politique de soutien au parc par la ville, qui devient petit-à-petit son emblème, et l'unique attraction touristique du lieu. Un travail de partenariat entre la mairie et le parc a mené à la décision de construire un pont piéton qui reliera le centre de la ville au parc, et dont le but est clair : développer cette connexion entre l'habitant et ce site historique en l'intégrant au schéma urbain.

    Au-delà, une autre connexion éducative et culturelle, est notable et touche un autre public, celui des jeunes, des instituteurs et des élèves des écoles voisines. Le parc a ainsi acquis l'attention des écoles; où se déplacent depuis deux ans les rangers qui ont ainsi fait connaitre le site, son histoire et les cultures vivantes auxquelles il est rattaché (cultures pueblos et navajos). De fait, ils ont visité plus de 150 classes en 2011-2012, dont beaucoup sont venues par la suite au parc.

    Il s'agit ici, d'une part, de faire face aux lacunes, notamment historiques, concernant ce patrimoine, les cultures et les tribus auxquelles il est affilié, et que ce jeune public se rende compte que ces cultures sont encore belles et bien vivantes. D'autre part, il s'agit de faire face à une autre lacune, celle du manque de connaissance à propos le titre de « Patrimoine Mondial ».


Communications orales

Les impacts du développement touristique : exclure les habitants?

Présidence : Lucie K. Morisset (Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbaine, ESG-UQAM)
  • Concilier la valorisation touristique du Château de Villandry et l'amélioration du cadre de vie : opposition entre un projet de paysage participatif et un projet d'équipement touristique
    Antoine LUGINBÜHL (Association « Passeurs »), Hervé DAVODEAU (UA - Université d'Angers), Elise GEISLER (UA - Université d'Angers), Louise LECONTE (UA - Université d'Angers), David Montembault, Fanny ROMAIN (UA - Université d'Angers), Monique TOUBLANC (Laboratoire LAREP, ENSP Versailles)

    Dans le cadre du programme de recherche « Participation des populations et renouvellement des pratiques paysagistes - Une approche par l'expérimentation et la comparaison des méthodes », en réponse à l' APR « Paysage et développement durable » financé par le ministère de l'écologie, des chercheurs et praticiens ont expérimenté une démarche participative consistant à dessiner un projet d'aménagement à l'échelle de la commune de Villandry, en partant uniquement des regards portés par les habitants sur leur territoire.

    Après deux ans de travail, un projet de réaménagement du centre-bourg de Villandry a été dessiné avec ses habitants en réponse à l'enjeu principal exprimé : « recréer du lien entre le château et le vieux bourg afin que la fréquentation touristique profite à l'amélioration du cadre de vie ». Mais, parallèlement, le pôle Tourisme de l'agglomération de Tours travaillait de son côté sur un projet « de requalification et de mise en sécurité des abords du château à Villandry ». La confrontation de ces deux projets oppose alors clairement deux partis-pris très différents.

    À travers cette communication, nous présenterons la démarche participative qui a été mise en place à l'échelle communale puis, nous discuterons de l'articulation des deux projets qui interroge localement l'influence du propriétaire du château, la place des élus locaux dans une démarche participative et l'articulation des échelles territoriales des politiques d'aménagement.

  • Patrimoines locaux, « paysage culturel urbain » et tourisme globalisé : le cas de la région portuaire de Rio de Janeiro
    Jérôme Souty (UERJ - Universidade do Estado do Rio de Janeiro)

    Le 1er juillet 2012, les « paysages cariocas entre la montagne et la mer » on été inscrits au Patrimoine Mondial de l'Unesco. La ville de Rio de Janeiro a ainsi été distinguée dans la catégorie de « Paysage culturel urbain ».

    On s'intéressera aux vieux quartiers portuaires, situés près du centre historique, qui sont l'objet depuis 2009, d'une opération de « revitalisation » de grande ampleur. Ce programme « Porto Maravilha » est accéléré par la réalisation, dans l'agglomération, d'événements sportifs internationaux (Coupe du Monde de Football 2014, Jeux Olympiques 2016). Si le vieux port industriel a beaucoup perdu de son importance, le port de tourisme est en plein essor et des milliers de touristes débarquent des navires de croisière qui accostent sur la Place Mauá.

    Les actuelles politiques publiques d'aménagement visent à transformer cette région portuaire en un quartier d'affaire, mais aussi de loisir et de tourisme, en s'appuyant sur les aménités locales, notamment la présence de riches patrimoines culturels (matériels mais aussi immatériels) locaux, et de paysages spectaculaires.

    On s'intéressera ici à la confrontation entre d'une part l'imaginaire des lieux et les revendications portées par les habitants et travailleurs de la région, et d'autre part les politiques publiques qui visent à construire une nouvelle image urbaine et à offrir une nouvelle visibilité à ces quartiers, à l'intention notamment d'un public touristique international

  • Le paysage viticole de l'île de Pico aux Açores : de l'attraction touristique au symbole identitaire
    Véronique Santos (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Devant une mondialisation à travers laquelle les modes d'appartenance et les formes d'habiter des sociétés contemporaines se complexifient, la mobilité des individus s'accroit et l'attractivité insulaire n'échappe pas à cette mouvance. Dans le cadre d'un mémoire portant sur les dynamiques géoidentitaires des Açores, nous nous intéressons aux modes d'appropriation et d'identification au territoire par les habitants. Les Açores sont une région autonome du Portugal et une région ultrapériphérique de l'Union européenne, qui compose avec des appartenances juridico-politiques multiples et révèle des particularités culturelles, des pratiques et des savoirs qui structurent l'identité d'une collectivité insulaire. Les Açores comptent deux sites inscrits à la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO dont le paysage viticole de l'île de Pico, depuis 2004. En plus d'être une opportunité d'affirmation, le paysage viticole de Pico renvoie à un savoir-faire culturel reliant les potentialités naturelles du milieu, la vigne sur la pierre de basalte, à des pratiques habitantes. Il nous apparaît alors pertinent de se demander comment ce paysage fait l'objet d'un agencement spatial complexe qui oscille entre l'implantation d'une image et la portée culturelle et territorialisante? Quelles vocations surdéterminent la mise en valeur du paysage viticole de l'île de Pico aux Açores et quels sont les impacts de cette valorisation paysagère sur l'appropriation par les habitants et l'affirmation de leur identité?


Communications orales

Les impacts du développement touristique : impliquer les habitants?

  • Entre attractivité touristique et développement local : l'expérience de gestion participative du patrimoine culturel de la Sanità à Naples
    Pascale Froment (Université de Provence Aix-Marseille)

    Inscrit au patrimoine mondial de l'Humanité en 1995, le centre historique de Naples présente l'un des sites les plus complexes en termes de gestion et de conservation compte tenu de son extension, des densités d'habitation et de l'état de dégradation qui l'a longtemps stigmatisé. La communication propose une réflexion sur le rapport entre gestion participative des sites de l'Unesco et développement local, à partir du territoire de la Sanità, l'un des quartiers populaires du centre de Naples très riche sur le plan culturel mais aussi très dégradé sur les plans architectural et socio-économique. Cette expérience engagée au début des années 2000 offre un exemple de gestion participative qui s'est donné comme double objectif de concilier le développement du quartier pour les habitants et la valorisation pour le tourisme du remarquable patrimoine historique et culturel local. Son originalité tient à ses logiques de gestion fondées sur la rencontre entre des initiatives partant du bas et l'implication financière et logistique d'organisations no profit, qui ont permis d'ouvrir des sites longtemps fermés et de nouvelles structures d'accueil promouvant un tourisme « intelligent ». L'évolution depuis dix ans témoigne du changement de regard – médias, touristes, habitants - sur le patrimoine et le territoire et pose la question de la singularité – « transférabilité » de cette expérience pour les politiques publiques en particulier, mais non exclusivement, dans le contexte méditerranéen.

  • Comment faire cohabiter les perspectives locales avec les impératifs de la conservation et du tourisme : expérimentations au sein du parc d'Angkor
    Rémy Darith Chhem (Université d’Ottawa)

    Lorsque Angkor fut désigné patrimoine mondial en 1992, les critères évoqués ont particulièrement porté sur ses valeurs artistique et architecturale (UNESCO, 2014). Auparavant, la guerre civile et la « re-découverte » du site par les explorateurs coloniaux participèrent également à construire cette conscience d'une terra nullius (Edwards, 2007; Winter, 2002). Pourtant, le parc archéologique d'Angkor a toujours été habité. Sa population actuelle s'élève à une centaine de milliers d'habitants (APSARA, 2005). La considération récente de leur présence aux côtés des enjeux de la conservation et du tourisme a mené à une participation locale accrue et à une renégociation des valeurs patrimoniales associées au site (Lloyd, 2009; Sokrithy, 2007).

    Fondée sur un stage effectué à l'été 2011 au sein du Département voué à la gestion de l'usage du sol et de l'habitat de l'agence gouvernementale APSARA, la présentation cherche à cerner les tensions qui se jouent entre les politiques générales d'encadrement des zones de protection 1 et 2 du parc et les perceptions des acteurs locaux (résidents et administrateurs). À partir de recherches et d'observations réalisées notamment dans le cadre de l'application d'une politique de contrôle de l'environnement bâti et de la mise en place d'un éco-village, mon objectif est de réfléchir aux limites et potentialités de la stratégie des aires protégées adoptée dans le parc d'Angkor pour le développement local des communautés.

  • « Être d'un commerce agréable » : réflexions autour de la notion d'ambassade touristique
    Cédric Calvignac (Centre universitaire Jean-François Champollion)

    Ces dernières années, de nombreux élus en charge de localités touristiques invitent leurs administrés à participer de manière plus active à la mise en œuvre de politiques de promotion territoriale et d'accueil des visiteurs. Ils leur proposent de revêtir les habits symboliques d'ambassadeurs territoriaux. En tant qu'ambassadeurs, les habitants enrôlés doivent représenter leur territoire à l'extérieur mais doivent également en faciliter la découverte in situ et témoigner de la volonté d'établir sur place un échange interculturel de qualité.

    L'article cherche à rendre compte de la nature et de la fonction de cette initiative d'ambassade territoriale. Il interroge le rôle de cette démarche participative à l'aune d'éléments factuels portant sur l'identité et l'activité réelle des bénévoles en faisant l'hypothèse que l'adhésion à un réseau d'ambassadeurs est l'occasion pour des particuliers, des associations et des entreprises de gagner en visibilité et, à certaines occasions, de faire acte de commerce en se montrant d'un commerce agréable.


Panel / Atelier

Conclusion de la journée

Participant·e·s : Christina Cameron (UdeM - Université de Montréal), Mathieu Dormaels (UQAM - Université du Québec à Montréal), Maria Gravari-Barbas (Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1))