Informations générales
Événement : 82e congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 500 - Éducation
Description :Il va de soi que le développement de la compétence à l’oral constitue un défi de taille importante pour l’apprenant d’une langue seconde. Ce défi est lié à de nombreux phénomènes individuels, contextuels et psychosociaux qui sont souvent mal compris par les spécialistes, voire inconnus. Dans ce colloque, afin de mieux comprendre ces phénomènes, il sera question de mettre en commun diverses expertises traitant spécifiquement du développement de la compétence communicative à l’oral en français langue seconde. Nous désirons aborder, notamment, les aspects suivants :
– l’enseignement et l’apprentissage de la compétence communicative à l’oral;
– la norme orale à privilégier en contexte formel d’apprentissage;
– les facteurs individuels et contextuels qui favorisent le développement la compétence communicative à l’oral;
– la description du français parlé par des apprenants de français langue seconde (dont l’aisance à l’oral, la précision à l’oral, la prononciation/l’intelligibilité, la compétence interculturelle, la compétence sociopragmatique).
Date :- Leif French (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
- Suzie Beaulieu (Université Laval)
Programme
Mot de bienvenue des organisateurs du colloque
L'aisance à l'oral
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À la recherche des caractéristiques critiques de l'aisance à l'oral en français langue secondeMegan CALLAHAN (Université Concordia), Leif FRENCH (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Jean-Daniel GUAY (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Norman Segalowitz (Université Concordia)
Parmi le grand nombre de mesures présentement disponibles aux chercheurs, lesquelles sont les plus utiles pour un programme de recherche portant sur l'aisance à l'orale en langue seconde (L2)? Afin de répondre à cette question, nous présentons une analyse d'enregistrements de 100 adultes anglophones inscrits à un programme d'immersion en français langue seconde (FLS) de cinq semaines. Les apprenants ont raconté une courte histoire basée sur une série de huit images, au début (Temps 1) et à la fin du programme (Temps 2). Les enregistrements (Temps 1 et Temps 2) ont ensuite été analysés pour obtenir 17 mesures temporelles de l'aisance à l'orale (débit de parole, fréquence et durée des pauses, etc.). Nous avons également pris des mesures de compétence en FLS au Temps 1 et Temps 2 (vocabulaire, connaissance de grammaire, etc.). À partir des analyses corrélationnelles et factorielles exploratoires, nous avons pu réduire les 17 mesures de parole à 6; nous présentons des analyses de fiabilité et de validité associées à ces mesures. Ensuite, en se servant des analyses de régression, nous avons examiné la relation entre ces mesures et le niveau du français atteint au Temps 2. Nous discutons de l'implication de cette approche d'analyse des caractéristiques de parole pour la recherche ultérieure en FLS tout en faisant ressortir un cadre théorique dans lequel la relation entre l'aisance à l'oral en L2 et les processus cognitifs sous-jacents à la fluidité de parole joue un rôle central.
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La relation entre le développement lexical et l'aisance à l'oral en français langue seconde chez les adultes anglophones lors d'un programme d'immersion de courte duréeMarc-André BONNEAU (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Leif FRENCH (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Jean-Daniel Guay (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
L'objectif principal de cette étude était d'observer la relation entre le développement lexical (DCL) et l'aisance à l'oral en français langue seconde (FLS) chez les apprenants adultes (n=100) ayant participé à un programme d'immersion à l'étranger (PIÉ) de cinq semaines au Québec. À l'aide d'un index de l'aisance à l'oral (IAO) basé sur trois mesures temporelles, à savoir le débit de parole, la longueur moyenne de l'énoncé et le temps de phonation, l'étude a comparé trois groupes d'aisance distincts (débutants n =33; intermédiaires n = 33; avancés n=33) sur le développement lexical (défini par le nombre de mots total (NMT) et le nombre de mots uniques (NMU)) au début et à la fin du programme. Les résultats ont démontré : 1) des augmentations significatives du nombre de mots total et du nombre de mots uniques pour tous les groupes, surtout pour le groupe des débutants; 2) de fortes corrélations entre l'IA0, le NMT et le NMU pour chacun des groupes. Cela implique qu'un programme de 5 semaines est suffisant pour observer un changement dans la complexité lexicale chez tous les apprenants et que l'ampleur de ce changement semble être fortement reliée au degré d'aisance à l'oral affiché au début du programme.
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Pause
Les stratégies de communication
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Interactions orales et résolution de malentendus en français L2 entre des locuteurs de L1 commune et différente : une étude de casDanielle Guénette (UQAM - Université du Québec à Montréal), Sarita KENNEDY (Université Concordia)
Au Québec, environ 30 % des personnes immigrées ne connaissent pas le français à leur arrivée et fréquentent les classes de francisation au sein desquelles ils sont appelées à interagir avec des pairs de L1 commune ou différente. La question se pose à savoir si les problèmes de compréhension et les stratégies de communication utilisées pour les résoudre seront les mêmes selon que les locuteurs partagent ou non une L1 commune. Nous avons filmé des dyades de locuteurs de L1 commune ou différente pendant qu'ils effectuaient trois tâches communicatives et interactives. Immédiatement après la réalisation des tâches, les participants ont visionné la vidéo de leurs échanges et commenté les problèmes de compréhension rencontrés et les stratégies utilisées pour les résoudre. Dans cette communication, nous présenterons l'analyse des interactions entre une dyade de locuteurs de L1 semblable et une de locuteurs de L1 différente. Nos résultats révèlent que les problèmes de compréhension et les stratégies utilisées pour y répondre ne dépendent pas du fait que les interlocuteurs partagent ou non une L1 commune mais découlent plutôt de leur niveau de compétence dans la L2 et de la connaissance du vocabulaire nécessaire à la poursuite des échanges. Nous présenterons les pistes pédagogiques que nous avons dégagées de nos analyses, notamment l'importance d'un enseignement explicite d'un répertoire de stratégies de communication en lien avec des difficultés spécifiques.
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Dîner
La norme
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Contribution de la phonologie à la définition d'une norme laurentienne de prononciationMarie-Hélène Côté (Université Laval)
Les progrès vers la définition d'une norme de prononciation canadienne du français sont limités par une compréhension incomplète du système phonologique qui sous-tend ces usages et par des conventions de transcription inappropriées pour le français laurentien, deux handicaps hérités d'une tradition mal adaptée. Nous reprenons ici le problème d'une norme laurentienne à la lumière des progrès accomplis récemment dans l'étude du système phonologique laurentien, notamment dans le cadre du projet « Phonologie du français contemporain » (Durand et al. 2009). D'une part, la norme doit être envisagée du point de vue du système phonologique, et non simplement comme une collection de phénomènes distincts. Les données PFC recueillies permettent ainsi de clarifier le système d'oppositions segmentales partagé par l'ensemble des locuteurs laurentiens. D'autre part, il faut remettre en question certaines conventions de transcription, reprises dans les dictionnaires et grammaires scolaires au Québec, ces conventions étant incompatibles avec le système à décrire et donc avec la norme qui lui serait associée. Un système cohérent se dégage, qui clarifie considérablement le débat sur la norme de prononciation et la façon de la représenter.
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Effet d'un enseignement explicite de variantes familières sur la compréhension et l'expression en français L2Josée Blanchet (UQAM - Université du Québec à Montréal), Sara KENNEDY (Université Concordia)
Quel français enseigner en classe de français langue seconde ou langue étrangère (FL2)? Si l'approche communicative a encouragé un certain écart à la norme au profit d'une exposition à la langue authentique, elle n'a toutefois pas préconisé l'enseignement explicite des variantes présentées. Ainsi, les variantes récurrentes de la langue courante ou familière (ex. tu es → [te]) sont peu enseignées de façon explicite en classe FL2, et les études empiriques faisant état des résultats d'un tel enseignement sont quasi inexistantes. Une étude longitudinale conduite au sein de deux cours de phonétique corrective FL2 de niveau universitaire montre que les étudiants ayant reçu un enseignement explicite des variantes récurrentes de la langue courante et familière améliorent davantage leur capacité de décodage et de compréhension de la langue courante que les étudiants n'ayant pas reçu cet enseignement. Par ailleurs, les étudiants ayant reçu l'enseignement explicite n'intègrent pas les variantes apprises à leur expression orale.
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L'apprenant, le locuteur natif et la compétence communicative à l'oral en français L2Bonnie Fonseca-Greber (University of Louisville)
Cette communication examine un dilemme persistent pour les apprenants de langue—la confiance sans réserves sur les intuitions des locuteurs natifs en matière linguistique. Dans le cas du français, où la distance entre la norme écrite et le parler de tous les jours s'avère plutôt diglossique, de nombreux locuteurs natifs s'appuient non sur le français qu'ils ont acquis au sein de la famille, mais sur leurs connaissances scolaires de la langue écrite.
Cette communication examine des explications proposées par des locuteurs natifs et disponibles au grand public, tels que:
—… « t'es allé là-bas? » …hein…bah…ça se dit pas normalement…normalement c'est « es-tu allé là-bas? » …nous on fait une faute comme ça…parce qu'on est toujours pressé. (travailleur parisien, 27 ans) (Fischer 1988: 80, in Ball 1997: 219).
Pourtant, l'inversion ne représente qu'une infime minorité des énoncés interrogatifs produits par des locuteurs natifs en conversation ordinaire.
Cette situation souligne l'importance d'intégrer des activités de sensibilisation aux enjeux socio-pragmatiques dans les cours de français L2 dès la première année, pour aider à distinguer entre la variation diastratique et diaphasique. Cela combattrait le « reverse privileging » (Ryding, 2006) qui produit des apprenants « qui parle comme un livre », créant ainsi une distance affective négative entre le locuteur français L2 et son interlocuteur (Segalowitz 1976, Nadasdi et al. 2005, Beaulieu 2012).
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Pause
La compétence sociolinguistique
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Évaluation dynamique des capacités sociolinguistiques en français L2Remi Van Compernolle (CMU - Carnegie Mellon University)
M'appuyant sur des données recueillies lors d'une étude, je présenterai une application de l'évaluation dynamique dans le cadre d'un programme d'enseignement des capacités sociolinguistiques en français L2. Fondée sur la psychologie Vygotskienne, l'évaluation dynamique vise à réunir l'évaluation et l'enseignement comme activité dialectique. L'objectif en est une double évaluation de ce que l'apprenant est capable de faire de façon autonome (la Zone Actuelle de Développement, ZAD) et de ce qui devient possible avec l'assistance d'un évaluateur, aussi appelé un « médiateur » (la Zone Proximale de Développement, ZPD). En bref, l'évaluation dynamique rend visible non seulement les capacités déjà acquises par l'apprenant (ZAD) mais aussi celles qui sont en voie de développement (ZPD).
Dans le contexte de l'enseignement des capacités sociolinguistiques en L2, l'évaluation dynamique a pour but d'identifier et de cultiver les capacités sociolinguistiques qui sont dans la ZPD de l'apprenant. Après une brève présentation du cadre théorique et de la démarche méthodologique, je me concentrerai sur une étude de cas d'une étudiante universitaire et son appropriation de la variable ne de négation (i.e., présence vs. absence du ne) au cours d'une série de tâches communicatives avec un médiateur qui interagit avec l'étudiante dans sa ZPD. Cette étude de cas sert d'exemple de moyen d'établir un profil qualitatif des capacités sociolinguistiques émergeantes et leur trajectoire développementale.
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Index d'engagement et compétence sociolinguistiqueFrançoise Mougeon (York University)
Nous analysons la corrélation entre les profils d'apprenants avancés de français L2 établis transversalement et longitudinalement, et l'usage de variantes sociolinguistiques par ces apprenants.
Les profils des apprenants ont été établis à partir de leurs réponses lors d'entrevues menées à deux stades de leur apprentissage à l'université, de leurs réflexions sur leur propre apprentissage du français, leur bi-multilinguisme, l'éducation bilingue au Canada, afin de faire apparaitre des patrons cohérents de tels profils. On examine si ces profils sont corrélés avec la compétence sociolinguistique des apprenants notamment par leur choix de variantes sociolinguistiques appropriées. On analyse ensuite la corrélation possible entre les changements survenus dans le profil de ces apprenants entre 2005 et 2008 et l'évolution de leurs patrons d'usage des variantes sociolinguistiques.
L'étude transversale des données d'entrevues recueillies en 2005 révèle six profils différents reflétant les différences entre bilingues et multilingues à trois niveaux d'engagement. Elle montre aussi une corrélation très forte entre le degré d'engagement et les 3 mesures de performance sociolinguistique L'étude longitudinale sur les données de 2005 et 2008 montre une augmentation du degré d'engagement et de l'usage de variantes sociolinguistiques avec le temps.
On peut ainsi poser qu'un index d'engagement est révélateur des effets du profil de l'apprenant sur le taux d'usage de certaines structures.