Les outils technologiques induisent une transformation dans le rapport qu’entretiennent les élèves et les enseignants avec le savoir (Karsenti, 2004). Cette transformation se fait aussi sentir avec l’utilisation du tableau numérique interactif (TNI), qui s’installe peu à peu dans les écoles du Québec comme ailleurs dans le monde.
Une enquête réalisée en France révèle que 85 % des enseignants qui utilisent le TNI voient un effet positif sur les apprentissages et l’enseignement, et que plus de 95 % soulignent une augmentation de la motivation des élèves. À la lumière de ces données, le potentiel du TNI semble prometteur. Pourtant, notre recension des écrits nous conduit à nuancer ces résultats et à questionner le réel apport du TNI en classe.
Des recherches soulignent que les enseignants varient leurs méthodes d’enseignement lorsqu’ils utilisent le TNI (Al-Qirim, 2011) et qu’ils exploitent plus de ressources (Harlow, Cowie et Heazlewood, 2010). Ils auraient toutefois tendance à privilégier l’enseignement magistral (Al-Qirim, 2011; Moore et Mottet, 2010) et utiliseraient peu les fonctions avancées du TNI, dont les possibilités interactives. Pourtant, ce sont ces mêmes fonctions qui permettraient de capter l’attention des élèves (Moore et Mottet, 2010).
Par ailleurs, selon Somyürek, Atasoy et Özdemir (2009), 51 % des enseignants manquent de compétences techniques pour utiliser le TNI et 49 % d’entre eux ne savent pas comment l’exploiter de façon pédagogique. Parmi les facteurs susceptibles d’influencer son utilisation se trouvent l’attitude des enseignants, la formation et l’ouverture de la direction (Moore et Mottet, 2010; Samson et Lefebvre, 2012), le manque d’expertise et le coût des ressources (Somyürek et al., 2009). On note également le manque de matériel numérique disponible (Al-Qirim, 2011; Somyürek et al., 2009), de support informatique et de temps pour préparer du matériel (Al-Qirim, 2011).
Ces divers constats méritent que l’on fasse du TNI l’objet d’un colloque.