Informations générales
Événement : 82e congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :On assiste depuis quelques années à une transformation des dynamiques relationnelles, des logiques d’action et des espaces d’expression qui se manifeste à l’intérieur du monde autochtone ainsi qu’entre le monde autochtone et le monde non autochtone. Dans le monde autochtone, cette transformation se vérifie notamment par la présence de nouveaux acteurs institutionnels, la participation croissante des Autochtones dans les centres urbains, le déploiement de formules plurielles de leadership communautaire et l’émergence d’une société civile autochtone. De son côté, la relation renouvelée entre les mondes autochtone et non autochtone conduit à l’expérimentation de nouvelles stratégies de coexistence et de participation citoyenne. Cette transformation du projet social autochtone s’observe sur le terrain où leaders et décideurs se positionnent comme des acteurs de la modernité et des artisans du changement global mettant en œuvre des initiatives de reconstruction sociale. Porteuse d’un réel potentiel d’innovation sociale, cette prise de parole publique s’illustre notamment par les quelque 50 mémoires déposés annuellement lors des commissions parlementaires touchant des thèmes variés tels que la protection de l’environnement ou l’itinérance. Au-delà de la sensibilisation des gouvernements et du public aux inégalités vécues par les Autochtones, qu’ils soient dans une réserve ou en ville, cette prise de position permet de créer des passerelles entre les peuples vers leur rapprochement. La marche Gabriel-Commanda, organisée chaque année à Val-d’Or pendant la Semaine de lutte contre le racisme, mais aussi le festival montréalais Présence autochtone sont à ce propos significatifs par la participation tant des Québécois que des Autochtones. En réunissant des chercheurs, des étudiants et des leaders, ce colloque représente une tribune participant de cette prise de parole citoyenne tout en questionnant les enjeux et les formes qui la font vivre.
Date :- Carole Lévesque (INRS - Institut national de la recherche scientifique)
- Daniel Salée (Université Concordia)
Programme
La participation citoyenne chez les Pekuakamiulnuatsh : une allocution du chef Gilbert Dominique
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Pause
Construire la participation citoyenne
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Participation citoyenne et consultation publique : retour sur des pratiques méconnues et déjà anciennes dont il est possible de tirer des enseignementsCarole Lévesque (INRS - Institut national de la recherche scientifique), Daniel SALÉE (Université Concordia)
Bien que l'on puisse parler d'une nouveauté lorsque l'on a recours à l'expression participation citoyenne autochtone, il importe de souligner que l'activité même de consultation publique n'est toutefois pas nouvelle ou étrangère en contexte autochtone : par exemple, dans le cadre des grands projets de développement énergétiques, elle remonte même aux années 1970. À l'époque, on en parlait en termes de communication ou de participation communautaire. Rappelons aussi les travaux de la Commission royale sur les peuples autochtones qui s'est tenue au début des années 1990; une initiative de portée nationale qui a mobilisé des milliers de personnes autochtones pendant cinq ans et qui a permis le développement et l'expérimentation de plusieurs formules de consultation et de participation plutôt novatrices pour l'époque. Rappelons également la tenue du Forum socioéconomique des Premières Nations du Québec en 2006 dont les préparatifs ont conduit à une importante consultation de tous les groupes autochtones à l'échelle de la province. Cette communication propose un tour d'horizon des grands enjeux de la participation citoyenne, que ce soit à l'échelle locale, régionale ou nationale.
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Dîner
Les nouveaux visages de l'affirmation identitaire
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Parcours multiscalaires et dialogues pour des jeunes des Premières Nations du Québec : l'expérience du Wapikoni mobileStéphane Guimont Marceau (UdeM - Université de Montréal)
Ce colloque de Dialog, comme le souligne son appel à propositions, se penchera sur «la transformation des dynamiques relationnelles, des logiques d'action et des espaces d'expression qui se manifeste à l'intérieur du monde autochtone ainsi qu'entre le monde autochtone et le monde non autochtone». L'expérience du Wapikoni mobile s'inscrit incontestablement parmi ces espaces d'innovation. Le Wapikoni mobile est un atelier de formation en création audiovisuelle qui visite les communautés des Premières Nations du Québec. Les vidéos réalisées par des jeunes entre 15 à 30 ans sont projetées sur diverses tribunes au Québec et à l'étranger, où des participants sont parfois invités à prendre la parole. Leur présence dans ces lieux à différentes échelles ouvre la porte, d'une part à des processus de subjectivation politique et, d'autre part, à des dialogues.Bien qu'ils s'insèrent dans des mouvements tissés de contradictions,les participants du Wapikoni mobile provoquent des transformations, tant de leur propre citoyenneté, que des espaces publics qu'ils partagent.À travers des parcours multiscalaires et des actes de parole, ces personnes collaborent à forger de nouvelles relations, entre Autochtones et non-Autochtones, porteuses d'un dialogue citoyen aux voix multiples.
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Contribuer au mieux-être à l'université et dans la société : le modèle de l'université comme sphère publique démocratique et le cas des étudiants autochtones au QuébecJean-Luc Ratel (Université Laval)
Il ne suffit pas de promouvoir l'enseignement universitaire auprès des Autochtones pour que l'université puisse contribuer au développement de leur mieux-être (Mihesuah, 2004). Pour y parvenir, il faut également s'interroger sur la philosophie propre à l'institution universitaire et ses pratiques (Alfred, 2004). À cet égard, l'université conçue comme sphère publique démocratique (Giroux, 2002) – en étant axée sur l'amélioration de la qualité de la vie publique ainsi que sur la défense et la valorisation des valeurs démocratiques – peut s'avérer bénéfique non seulement pour les étudiants autochtones eux-mêmes, mais aussi pour toute la communauté universitaire et la société, comme en témoignent le Service Premiers Peuples (UQAT) et le Centre Nikanite (UQAC) (Paul, Crépeau, Legault & Maheux, 2013; Gauthier, Bacon & Riverin, 2013). Dans le cadre d'une thèse de doctorat actuellement en rédaction, les données recueillies – au moyen d'entrevues semi-dirigées réalisées auprès de 23 étudiants et 11 professionnels – illustrent comment, d'une part, les étudiants autochtones peuvent mobiliser les connaissances et compétences acquises à l'université pour améliorer non seulement leurs propres conditions de vie, mais aussi celles des Autochtones en général. D'autre part, on observe que l'université peut revoir ses propres pratiques afin d'aider les étudiants autochtones à réussir cette mobilisation, ce qui améliore du même coup les services offerts à tous les étudiants et à la collectivité.
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La résistance autochtone à Elsipogtog : la trame de fond de la lutte contre l'exploitation du gaz de schiste au Nouveau-BrunswickGabrielle Ross-Marquette (Université d’Ottawa)
Le 17 octobre 2013, une confrontation entre les Mi'kmaqs de la Première Nation d'Elsipogtog et la Gendarmerie Royale Canadienne (GRC) a eu lieu sur la route 134, tout près de Rexton au Nouveau-Brunswick. Des dizaines d'agents de la GRC, armés de gaz lacrymogènes, de fusils et de chiens policiers, ont attaqué un campement de manifestants Mi'kmaqs. Ces manifestants s'opposaient à la première étape d'une tentative d'implanter l'industrie du gaz de schiste dans la province, étape qui comprend l'exploration du territoire, la prospection sismique et le forage d'un puits d'essai. La confrontation est survenue après plusieurs mois de manifestations pacifiques de la part des Mi'kmaq et leurs allié(e)s. Lors de cette présentation, il sera question de la résistance qui fut déployée autour de cette confrontation. Il sera possible d'effectuer un tissage de lien avec la venue d'Idle No More en décembre 2012, les moyens utilisés pour faire valoir les droits territoriaux et environnementaux revendiqués par les peuples concernés et le renouvellement des relations historiques particulières entre les Mi'kmaq et les Acadiens.
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Pause
La nouvelle configuration géopolitique autochtone au Québec
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Mot de clôture