On assiste depuis quelques années à une transformation des dynamiques relationnelles, des logiques d’action et des espaces d’expression qui se manifeste à l’intérieur du monde autochtone ainsi qu’entre le monde autochtone et le monde non autochtone. Dans le monde autochtone, cette transformation se vérifie notamment par la présence de nouveaux acteurs institutionnels, la participation croissante des Autochtones dans les centres urbains, le déploiement de formules plurielles de leadership communautaire et l’émergence d’une société civile autochtone. De son côté, la relation renouvelée entre les mondes autochtone et non autochtone conduit à l’expérimentation de nouvelles stratégies de coexistence et de participation citoyenne. Cette transformation du projet social autochtone s’observe sur le terrain où leaders et décideurs se positionnent comme des acteurs de la modernité et des artisans du changement global mettant en œuvre des initiatives de reconstruction sociale. Porteuse d’un réel potentiel d’innovation sociale, cette prise de parole publique s’illustre notamment par les quelque 50 mémoires déposés annuellement lors des commissions parlementaires touchant des thèmes variés tels que la protection de l’environnement ou l’itinérance. Au-delà de la sensibilisation des gouvernements et du public aux inégalités vécues par les Autochtones, qu’ils soient dans une réserve ou en ville, cette prise de position permet de créer des passerelles entre les peuples vers leur rapprochement. La marche Gabriel-Commanda, organisée chaque année à Val-d’Or pendant la Semaine de lutte contre le racisme, mais aussi le festival montréalais Présence autochtone sont à ce propos significatifs par la participation tant des Québécois que des Autochtones. En réunissant des chercheurs, des étudiants et des leaders, ce colloque représente une tribune participant de cette prise de parole citoyenne tout en questionnant les enjeux et les formes qui la font vivre.
Le lundi 12 mai 2014