Informations générales
Événement : 82e congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :La violence intrafamiliale est particulièrement difficile à comprendre par la majorité des gens. De plus, les personnes qui vivent de la violence conjugale ou sexuelle dans leur famille éprouvent très souvent de la difficulté à en parler et surtout à demander de l’aide. Au Québec, la violence intrafamiliale reste une préoccupation de santé publique et des intervenants en psychologie, criminologie, travail social et psychiatrie travaillent en collaboration pour une meilleure intervention. Ainsi, mieux arrimer le travail des intervenants et des chercheurs s’avèrent selon nous un moyen de prévention efficace. À titre d’exemple, en 2009 (MSP, 2009) 6,2 % des individus au Québec ont admis avoir été victimes de violence conjugale (incluant la violence psychologique, physique ou sexuelle). De plus, il y en moyenne 13 homicides conjugaux (la conjointe ou l’ex-conjointe est tuée) par année sur le territoire de la province de Québec (travaux de Léveillée, 2011). Les femmes sont majoritairement victimes de la violence intrafamiliale.
Dans ce colloque, nous traiterons de différents types de violence intrafamiliale, comme la violence conjugale, l’homicide intrafamilial et la violence sexuelle. Des conférenciers aborderont plus spécifiquement le traitement proposé pour aider les hommes qui exercent de la violence conjugale, ainsi que leurs travaux de recherche portant sur le changement psychologique de ces hommes. D’autres conférenciers parleront des différents profils d’hommes et de femmes qui exercent de la violence intrafamiliale. Enfin, des conférenciers aborderont le traitement et les enjeux psychosociaux des hommes qui commettent de la violence sexuelle dans la famille. Ce colloque est une occasion privilégiée de discuter de l’évaluation autant que du traitement de ces personnes et aussi d’aborder des pistes de solutions et de prévention.
Date :- Suzanne Léveillée (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
- Lysianne Touchette (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Programme
Violence conjugale
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Mot de bienvenue
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L'intervention auprès d'auteurs de violence conjugale : réflexions portant sur le changementCécile Kowal (PRAXIS)
Née en 1992, Praxis est une association belge sans but lucratif spécialisée dans l'accueil et l'accompagnement des auteurs de violences conjugales et intrafamiliales. Aujourd'hui, Praxis offre ses services aux auteurs, sous mandat de justice ou non, sur l'ensemble de la Belgique francophone. En 2012 nous avons constaté que 11% des personnes qui entament le programme d'aide sous contrainte judiciaire vont au-delà du traitement minimum exigé (21 séances de groupe de 2h), c'est-à-dire transforment la contrainte en demande personnelle et maintiennent la motivation au changement. La recherche clinique et psychosociale devient un apport considérable pour déceler les leviers de cette motivation au changement. De plus, comment favoriser l'émergence d'un dévoilement concernant les violences exercées sur les enfants ? Comment articuler le travail de résilience auprès de ces adultes, souvent victimes de maltraitances durant leur enfance, et l'énonciation des violences qu'ils exercent aujourd'hui dans leur foyer ? Une autre motivation au changement est l'amélioration de leur bien-être intérieur. Les usagers de notre association présentent rarement une seule problématique. Leurs agissements violents et leur besoin de contrôle au sein de leurs relations intimes sont souvent associés à d'autres problématiques connexes : la surconsommation (d'alcool, de drogues ou de médicaments), des problèmes de santé chroniques, un isolement social, des phases dépressives marquées, etc.
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Le changement psychologique des hommes qui consultent pour comportements de violence conjugaleRobert Ayotte (L'Accord Mauricie)
La question du changement dans le cadre d'intervention psychologique/sociale est au cœur des préoccupations des cliniciens et des chercheurs. Très peu d'études ont été effectuées auprès des hommes en traitement pour leurs comportements de violence conjugale. L'arrêt d'agir est visé et ensuite un travail sur la mentalisation débute lors de l'intervention. Il est possible que la souffrance interne soit plus vive chez ces hommes quand ils cessent leurs comportements violents. La souffrance psychique étant un moteur de changement important, le travail psychologique devient envisageable. Dans notre présentation, nous aborderons les éléments clés entourant le traitement auprès de cette clientèle et ensuite nous discuterons de l'évaluation du changement.
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Le changement psychologique chez des hommes en traitement pour leurs comportements de violence conjugaleSuzanne Léveillée (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
L'arrimage entre la pratique clinique et la recherche s'avère au premier plan de nos travaux. Ainsi, nous présenterons un résumé critique des études antérieures sur l'évaluation du changement suite à un traitement (violence conjugale). Ensuite, nous présenterons les résultats de notre étude effectuée en collaboration avec deux organismes de traitement de la violence conjugale (Accord Mauricie Inc. et CAHo Lanaudière) ; étude longitudinale (Évaluation en début de traitement – T1 et évaluation à la fin du traitement- T2). Nos résultats démontrent une diminution de l'alexithymie (difficultés à nommer et à identifier ses émotions) et des affects dépressifs ; toutefois, il n'y a pas de différence entre le T1 et le T2 pour la variable impulsivité. Enfin, nous discuterons de nos résultats, de leurs impacts cliniques et des futures études.
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Pause
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Le changement psychologique chez des hommes violents : du désengagement moral à la reconnaissance de l'autreDianne Casoni (UdeM - Université de Montréal)
Une recherche conduite auprès d'hommes ayant purgé de longues peines pour des crimes de violence a permis de dégager un certain nombre de constats en ce qui concerne les changements psychologiques qui ont eu cours chez eux. Parmi ces changements, certains concernent leur rapport à leur code moral, ce que nombre d'entre eux désignent comme « leurs valeurs ». Une analyse plus détaillée de cette observation permet de rendre compte des modifications importantes dans la représentation de soi, de l'autre et de la société qui sont nécessaires pour que ce changement advienne. Ces modifications seront décrites et analysées à la lumière de leurs effets sur le recours ou non à un comportement violent.
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Dîner
Homicide intrafamilial
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Mieux comprendre le lien entre la dissociation et l'homicideNatacha Normandin (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
L'homicide intrafamilial se distingue de l'homicide extrafamilial par le lien qui unit l'agresseur à la victime, qui est soit un membre de la famille ou une personne extérieure, mais également au niveau des particularités psychologiques des individus qui commettent ces types d'homicide. En effet, Last et Fritzon (2005) soulignent que les homicides intrafamiliaux sont davantage liés à l'intensité émotionnelle et teintés d'impulsivité. Les homicides extrafamiliaux quant à eux présentent fréquemment une composante instrumentale à l'avant-plan. Spiegel et ses collègues (2011) considèrent la dissociation pathologique comme étant une rupture involontaire de l'intégration normale de la conscience et du contrôle des procédés cognitifs. Selon Campbell (1998), la dissociation serait mobilisée afin de séparer la conscience des expériences traumatiques. Les études portant sur les expériences dissociatives en contexte de violence extrême, comme l'homicide, n'en sont encore qu'à leurs débuts. Ce qui différencierait les détenus ayant les niveaux de dissociation les plus pathologiques de ceux présentant de plus faibles symptômes dissociatifs ne serait pas la nature ou l'intensité des traumatismes vécus, mais bien la présence d'autres symptômes psychiatriques ainsi qu'un historique de maladies mentales (Stein, 2001). Dans le cadre de notre présentation, deux cas d'hommes ayant respectivement commis un homicide intrafamilial et extrafamilial seront analysés quant à la dissociation et l'impulsivité.
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Homicide au féminin : comparaisons entre des filicides et des homicides conjugaux perpétrés par des femmesClémentine Trébuchon (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
L'homicide est un crime relativement rare au Canada, représentant moins de 1% de l'ensemble des crimes violents commis en 2012 (Perreault, 2013). Cependant, il n'en demeure pas moins que les homicides ont un impact majeur pour la société et plus encore pour les personnes que cela touche. Cet impact peut parfois paraître encore plus important lorsque cet événement se produit au sein de la famille et que la personne responsable est une femme. Ainsi, les homicides conjugaux et les filicides (homicide volontaire ou involontaire d'un ou de plusieurs enfants par son ou ses parents) commis par les femmes, même si moins importants en termes de chiffres que ceux commis par les hommes, n'en demeurent pas moins une réalité à laquelle il faut faire face. Ainsi, au Québec, sur une période de 10 ans allant de 1997 à 2007, on dénombre 28 femmes ayant commis un filicide et 17 femmes ayant commis un homicide conjugal (Léveillée, & Lefebvre, 2008). Selon la littérature consultée, il existerait différents sous-groupes de femmes qui commettent ces types d'homicide. Les résultats préliminaires de notre recherche indiquent que les enjeux dépressifs, une vie de couple tumultueuse (teintée de violence conjugale) ainsi que certains traumas vécus dans le passé s'avèrent des caractéristiques importantes à considérer. Dans notre présentation, nous poursuivrons nos analyses dans le but de mieux comprendre les similitudes et les différences dans le profil psychologique et criminologique de ces femmes.
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Vers une meilleure compréhension des caractéristiques psychologiques, sociales et criminologiques du filicide masculinSuzanne Léveillée (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
L'homicide de son ou ses enfants est un acte incompréhensible pour la plupart des gens et génère des émotions intenses dans la population générale. Selon la littérature consultée, il existe 3 types de motivations principales associées au filicide : la mesure de représailles, l'abus physique fatal et la santé mentale perturbée (Wilczinski, 1995). Ces hommes présentent des difficultés majeures à faire face à la perte (la rupture amoureuse) et ils n'arrivent pas investir une nouvelle conjointe suite à la rupture. De plus, les litiges entourant la garde du ou des enfants réveillent en eux une colère intense. La recherche sur cette thématique est prioritaire pour mieux prévenir ce type de passage à l'acte. Nous discuterons des différentes méthodes de travail : une analyse exhaustive de quelques cas cliniques et une analyse des caractéristiques psychosociales de tous les cas ayant été commis sur le territoire de la province de Québec pendant une période déterminée. Quelques résultats de recherche seront présentés et discutés. Parmi les résultats qui seront présentés, notons qu'en 5 ans (2007-2012) 26 cas de filicides/familicides ont été répertoriés. De plus, deux sous groupes se dégagent, soit les parents maltraitants qui tuent leur enfant (N = 9) et les parents en détresse (colère) suite à la rupture ou en conflit quant à la garde du ou des enfants (N=15).
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Pause
Violence sexuelle
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L'agression sexuelle intrafamiliale et extrafamiliale envers un enfant : évaluation des enjeux relationnelsLysianne Touchette (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Au Québec, 5000 infractions sexuelles ont été rapportées aux autorités en 2004. Les mineurs étant victimes 8 fois plus souvent que les adultes (Ministère de la Sécurité publique, 2006). Une certaine hétérogénéité dans les caractéristiques criminologiques et psychologiques au sein des agresseurs sexuels d'enfants est soulevée dans la littérature (Cornet, 2012 ; Ciavaldini, 1999 ; Nagayama Hall, Shepherd, & Mudrak, 1992). Néanmoins, le fonctionnement intrapsychique de ces hommes est encore peu étudié. Notre présentation a pour objectif d'explorer les caractéristiques des relations d'objet de ce type d'agresseurs sexuels. Pour ce faire, deux cas cliniques seront présentés. L'outil d'évaluation projectif Rorschach a été utilisé pour explorer les enjeux relationnels de ces hommes ainsi que le Thematic Apperception Test. Les résultats préliminaires indiquent la présence d'enjeux narcissiques et d'immaturité affective. Une réflexion critique quant à l'apport des méthodes projectives pour contourner la désirabilité sociale sera effectuée.
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Structure psychique et parcours thérapeutique d'un délinquant sexuel : présentation d'un cas cliniqueSheila GAUVREAU, Julie Martel (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
La violence sexuelle dans le couple est souvent passée sous silence et a été peu étudiée. Pourtant, les auteurs de plusieurs pays qui ont travaillé sur le sujet affirment qu'entre 10 % et 14 % des femmes qui ont déjà été mariées ou qui ont été en couple affirment avoir été agressées sexuellement au moins une fois dans leur vie, par un de leur partenaire (Basile, 2002; Finkelhor & Yllö; 1985, Martin, Taft, & Resick, 2006; Russel, 1990). En général, les auteurs estiment qu'entre 40 % et 50 % des femmes victimes de violence conjugale sont également victimes de violence sexuelle (Martin et al., 2006). Toutefois, il est difficile de dresser un portrait qui représente la réalité en matière de violence sexuelle dans le couple, car elle demeure taboue et peu dénoncée (Hirigoyen, 2005). Nous nous sommes intéressés à la dynamique intrapsychique d'un agresseur sexuel qui est passé à l'acte à plusieurs reprises dans un contexte conjugal. Des éléments de sa dynamique interne seront présentés, ainsi que des points clés de son cheminement thérapeutique. À notre avis, l'arrimage entre le volet théorique et les éléments cliniques est indispensable, puisqu'il permet une compréhension en profondeur du mode de fonctionnement de ces individus.
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Mot de clôture