Informations générales
Événement : 82e congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Les enjeux socioéconomiques actuels relatifs aux contraintes économiques et écologiques anticipées nous obligent à repenser aujourd’hui la socialisation à l’économie des personnes et des groupes sociaux. Prenant pour point d’appui les perspectives contemporaines en sociologie de la connaissance de l’économie, les communications dans ce colloque viseront à contribuer soit du point de vue théorique, méthodologique ou empirique à approfondir la conceptualisation des processus sociocognitifs participant de la socialisation à l’économie. Voici une série de questions qui nous permet de mettre en évidence les différents aspects de la constitution de la connaissance et leur rôle dans la constitution des pratiques économiques : ainsi doit-on conceptualiser la socialisation à l’économie encore en termes d’inculcation et d’intériorisation de savoirs idéologiques? Que désigne-t-on par ces concepts comme processus sociocognitifs? Comment doit-on envisager d’étudier les autorités économiques et leur pouvoir? Comment interviennent la constitution et la diffusion de discours professionnels et savants dans la formation des représentations de l’économie? Doit-on plutôt envisager la transmission de la connaissance de l’économie comme étant opérée par des dispositifs techniques, aujourd’hui notamment par les dispositifs informatiques? Comment ceux-ci induisent des raisonnements voire favorisent des comportements économiques? Comment saisir la dynamique des représentations sociales de l’économie aujourd’hui? Comment aborder à la fois la production, la diffusion et la réception des savoirs économiques? Peut-on parler de plusieurs logiques sociales constituant la connaissance économique contemporaine? Comment peut-on les identifier et les différencier? Comment peut-on étudier la mise en rapport voire leur articulation dans des représentations de l’économie?
Date :Programme
Sociologie de la connaissance et enjeux socioéconomiques
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L'objectivation marchande comme socialisation première à l'économie contemporainePaul Brochu (Université de Saint-Boniface)
Si le capitalisme est la généralisation du rapport marchand (Polanyi 1957) à tous les secteurs ou domaines d'activité sociale, ce rapport entre marchandises ne peut être saisi et surtout pratiqué qu'à partir d'un système qui doit représenter la valeur de chacune de ces marchandises et, surtout, la valeur d'équivalence entre ces marchandises. Or, poser la problématique de la valeur marchande revient à expliquer comment « l'échange marchand est un mode spécifique de socialité » (Deleplace 1979, p.209). Dans cette communication, nous tenterons de nous souvenir et de revisiter cette perspective marxiste où, dans le cadre du marché (auto)régulant les activités d'échange, les rapports sociauxdeviennent subordonnés à l'économique, c'est-à-dire où une seule forme de socialisation n'est possible : celle fondée sur le rapport entre objets-marchandises, un rapport entre choses impliquant une objectivation totalement abstraite des individus.
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Collecter, traiter, modéliser : la division sociale du travail scientifique en économiePablo Zamith (UdeM - Université de Montréal)
Dans cette communication, nous allons revenir sur une enquête de terrain qui a porté sur la formation des économistes dans la France contemporaine ainsi que sur les transformations récentes de la discipline économique. Notre propos s'articulera autour de deux axes principaux. En premier lieu, nous souhaiterions défendre et promouvoir une perspective de recherche qui essaye de faire tenir ensemble la sociologie de l'éducation et la sociologie des sciences, en montrant comment l'analyse de la socialisation scolaire des étudiants du supérieur nous permet de rendre visible certaines logiques à l'œuvre dans les champs scientifiques. Ensuite, nous essayerons d'exemplifier cette démarche en présentant quelques résultats empiriques issus de notre étude. Plus particulièrement, nous nous attacherons à mettre en évidence différents principes de division et de hiérarchisation qui semblent, à l'heure actuelle, structurer l'espace des objets et des méthodes en économie.
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Méthodes pédagogiques et techniques de management, même combat?Gaelle Généreux (HEC Montréal)
Cette communication explore le lien qui existe entre les méthodes utilisées dans les écoles primaires québécoises et les méthodes de management en entreprise. À travers l'analyse du contenu de différents ouvrages de formation destinés aux futurs gestionnaires et aux futurs enseignants, nous souhaitons identifier les différentes méthodes d'organisation du travail que semblent partager l'école et l'entreprise. Comment l'École prépare-t-elle les enfants au monde du travail? Les sociologues ont souligné le rôle décisif de cette institution dans la socialisation à la vie professionnelle. Le plus souvent, ils ont invoqué l'effet du contenu et des objectifs des programmes scolaires ou du mode de fonctionnement de l'École. Mais l'impact des méthodes pédagogiques ne semble guère avoir été exploré. C'est à une telle exploration que nous nous essayons ici. Le concept de 'gestion de classe' a acquis une place centrale en science de l'éducation depuis les trente dernières années. L'enseignant a accès à une multitude de ressources pour l'aider à motiver ses élèves, les faire travailler de manière efficace et conserver un climat propice aux apprentissages. Les méthodes préconisées par la gestion de classe rappellent plusieurs techniques d'organisation du travail en vogue actuellement dans le monde de l'entreprise. Cette communication explore donc le lien qui existe entre les méthodes utilisées dans les écoles primaires québécoises et les méthodes de management en entreprise.
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De l'éducation à crédit à l'endettement des étudiants au Québec : facteurs explicatifs et incidences sociales, morales et économiquesWilfried Mabondzo (UdeM - Université de Montréal)
Tout échange sur l'accès à l'éducation prend en compte la situation financière des étudiants. Leur capacité de payer leurs études dépend à la fois de dépenses diverses (notamment des droits de scolarité, les frais connexes et les frais de fournitures obligatoires) et de dépenses indirectes (par exemple, les frais de subsistance, de logement et de garde des enfants). Elle dépend aussi de leurs ressources, principalement tirées de revenus d'emploi, de contributions des parents et des ressources des étudiants. Dans le souci de former une main-d'œuvre qualifiée, la réforme scolaire au Québec (cf. les années 60), aura pour objectif d'assurer aux diverses couches sociales un plus grand accès aux études à travers le programme de prêts et bourses. Or, la hausse considérable des frais de scolarité (cf. les années 90) fait surgir des préoccupations selon lesquelles les niveaux d'endettement des étudiants, devenant trop élevés, rendent difficile la période de récupération après les études postsecondaires. A cela s'ajoutent, les prêts aux particuliers (cf. la famille et les amis) et les cartes de crédit sollicitées et accordées par les institutions bancaires, comme forme d'investissement, en milieu estudiantin, en vue d'une meilleure situation économique future. Cette communication a alors pour but de déceler les divers facteurs explicatifs et incidences sociales, morales et économiques au niveau des étudiants Québécois.
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Quand l'économie s'invite à l'école primaire : une analyse des programmes d'enseignementPaul Sabourin (UdeM - Université de Montréal)
Avec la dernière réforme des programmes d'enseignements primaires du ministère de l'Éducation, on voit être consacrée comme domaine de connaissance l'économie dès le jeune âge. Peut-on y voir une mise œuvre des convictions de manque de « littératie » économique dont on a affublé les populations québécoises et canadiennes suite aux crises économiques récentes? Ou bien encore, une façon de répondre à un manque d'entrepreneuriat posé comme problématique dans l'histoire du Québec ? Cette communication abordera dans un premier temps l'analyse des contenus relatifs à l'économie dans les programmes d'enseignements du primaire ainsi que leur articulation avec les autres connaissances des programmes. Dans un deuxième temps, il s'agira d'examiner les méthodes pédagogiques elles-mêmes comme transmettant certaines conceptions de l'économie.