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Informations générales

Événement : 82e congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

En 1903, à Berlin, Anna Rueling appelait le mouvement homosexuel et le mouvement des femmes à s’entraider puisque tous deux luttaient pour la liberté et l’autodétermination individuelle. Un siècle plus tard, quelles convergences peut-on observer entre féminismes et luttes contre l’homophobie? Sur le plan de la pensée, quels rapprochements contemporains peut-on identifier entre le champ des études féministes et celui de la diversité sexuelle et de genre? Comment s’articule l’intersection entre ces deux systèmes de différenciation hiérarchique que sont le sexisme et l’hétérosexisme? Quels théories et concepts y circulent de manière transversale, et avec quelles redéfinitions? On pense entre autres au concept central de genre, défini tantôt comme système de domination des hommes sur les femmes, tantôt comme identité ou expression de soi. Par ailleurs, alors que certaines études empiriques montrent l’imbrication des processus de (re)production des normes de genre et de celles établissant la supériorité de l’hétérosexualité, comment les luttes féministes pour déconstruire les stéréotypes de genre et les interventions contre l’homophobie s’arriment-elles, ou non, sur le terrain? Assiste-t-on à une vague féministe qui intègre la diversité sexuelle? La réciproque existe-t-elle du côté de la militance anti-homophobie (ou anti-LGBT-phobies)? Sur le plan historique et sur celui des luttes, la lesbophobie présente dans la société et dans les groupes de femmes constitue-t-elle une donnée incontournable ou un ressort important de réflexion? On n’a qu’à penser à l’imaginaire lesbophobe nourrissant les idées reçues sur les féministes comme leur décalage d’avec les normes esthétiques dominantes, leur comportement masculin ou la violence « virile » de leurs protestations. Le colloque veut stimuler les échanges autour de ces questions.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

Ouverture

  • Mot de bienvenue
    Line Chamberland (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • « Toutes des lesbiennes! » : antiféminisme et homophobie, une complicité à l'épreuve du temps
    Christine Bard (UA - Université d'Angers)

    Antiféminisme et lesbophobie forment un couple ancien et solide. Leur union, dès le XIXe siècle, précède même l'invention des mots pour dire ces combats politiques. Ils continuent de nos jours à former une des idées reçues les plus puissantes à propos des féministes, « toutes lesbiennes ». A partir des années 1970, la proximité des luttes de libération des femmes et des homosexuel.les, souvent proches, semblent concrétiser le fantasme. Un féminisme lesbien voit le jour. De nos jours, la troisième vague du féminisme donne une place centrale à la dénonciation de l'hétérosexisme. C'est fort logiquement que l'antiféminisme et l'homophobie se confondent plus que jamais. Dans cette intervention introductive, il sera surtout question du cas français, sur une large période, depuis les premières traces de « lesbophobie » dans des discours hostiles aux droits des femmes, jusqu'au très contemporain : depuis un an environ, dans l'élan des mobilisations sur l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe, la dénonciation de la « théorie du genre » réunit le refus de l'égalité, l'affirmation d'une différence sexuelle éternelle, naturelle, binaire, et les LGBT phobies. Pas de divorce en vue donc, pour cette redoutable alliance qui rend improbable un antiféminisme qui ne serait pas homophobe ou une homophobie qui ne serait pas antiféministe. Les luttes féministes et LBGT en tirent-elles toutes les conséquences ?

  • Discussion
  • Pause

Communications orales

Sur les discours de l'homophobie

  • Analyses critiques de l'insulte « gai » : des normes de genre aux fondements (hétéro)sexistes
    Janik Bastien Charlebois (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Les épithètes «gai», «tapette», «fif» et leurs équivalences anglophones «fag», «faggot» et «poofter» font l'objet d'interprétations et d'analyses divergentes quant à leur portée. S'il est communément admis, parmi les écrits savants, qu'elles ne sont pas «de simple expressions» mais bien des appareils de régulation ou de structuration des rapports sociaux, les chercheurs ne s'entendent pas sur les rapports qu'elles impliquent. Alors que Pharr (1986), par exemple, établit un lien entre ces insultes et le sexisme, Plummer (1999, 2000), insiste qu'elles représentent d'abord et avant tout un rejet de l'altérité chez les hommes. Quant à Pascoe (2005, 2007), elle estime qu'elles ne sont pas à relier avec l'orientation sexuelle, mais bien avec les attentes normatives sur le plan des comportements de genre. Nos propres recherches (2009) nous font plutôt conclure que ces insultes sont produites par l'hétérosexisme, qui nécessite à son tour le sexisme pour pouvoir opérer. Dans le cadre de cette communication, nous entendons mettre en contraste les démarches méthodologiques, analytiques et théoriques de Pascoe (2005, 2007) ainsi que la nôtre, puis démontrer comment une attention portée uniquement sur le genre occulte la reproduction de la complémentarité obligatoire des sexes, de même que ses effets sur l'ensemble des hommes gais, ainsi que des femmes (non-hétérosexuelles).

  • Injures homophobes : ordre et désordre hétéronormatif
    Etienne Deshoulières (SOS homophobie)

    L'étude casuistique des propos homophobes révèle que ces termes tirent leur force injurieuse de l'ordre patriarcal. Les femmes comme les hommes dont la sexualité ou l'expression du genre ne se conforment pas au modèle hétéronormatif sont rappelés à l'ordre. Les femmes sont insultées parce qu'elles ne se cantonnent pas à leur rôle de femme. Les hommes sont insultés parce qu'ils ne renvoient pas l'image de la virilité. La simple interpellation d'un homme par une expression le comparant à une femme est censée l'injurier. C'est dire si l'étude des injures homophobes est inextricablement liée aux enjeux du féminisme.

    La théorie des actes de langage, telle qu'empruntée par Butler à Austin, permet de mieux appréhender la nature des injures homophobes. En prononçant les mots « sale pédé » ou « sale gouine », le locuteur ne fait pas qu'insulter le destinataire du message. Il invoque la communauté et l'histoire de ces mots injurieux pour blesser le destinataire et contribue, ce faisant, à reproduire l'ordre hétéronormatif. Le droit doit tirer toutes les conséquences de cette violence erga omnes de l'injure homophobe.

  • Discussion

Panel / Atelier

Table ronde − Éducation et lutte contre l'homophobie

Participant·e·s : Rosine Detournay Horincq (ULB - Université Libre de Bruxelles), Janie Poudrier (Cégep de Sherbrooke), Olivier Vallerand (Université McGill)
  • Discussion
  • Dîner

Communications orales

Convergence des luttes?

  • L'émergence du matérialisme performatif malgré les luttes entre féministes radicales et « queers »
    Bruno Laprade (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    La théorie queer est née du féminisme et des études gais et lesbiennes et reste en tension avec ces deux champs. Selon Shane Phelan, celle‐ci émerge entre autre des Feminist sex wars. Plus que les positions théoriques queers elles‐mêmes, ce fait historique peut expliquer la polarisation sur les enjeux de pornographie et du travail du sexe entre féministes radicales et tenantes du queer. Dans cette nouvelle guerre pour la légitimé du sujet politique féministe (voir Clare Hemmings), les radicales comme Jeffreys, Descarries et Dufresne vont critiquer la performativité queer comme apolitique et aféministe. Le plus souvent, leurs commentaires s'arrêtent à la pensée de Judith Butler, prise comme synecdote de toute la pensée queer, et négligent l'analyse des mouvements locaux issus de cette mouvance. Cela empêche ainsi souvent les débats et la solidarité sur les enjeux de sexualité et de genre. Pourtant, le queer a su développer un discours matérialiste ne se limitant pas à la multiplication des identités sexuelles et au désir d'(auto)reconnaisance de celles‐ci. En prenant l'exemple des travaux de Margot Weiss sur le BDSM et de Maxime Cervulle et Nick Rees‐Roberts sur la pornographie gaie, où les auteurs prônent un matérialisme queer, cette communication cherche à mettre de l'avant comment les radicales et les queers gagneraient à s'allier pour critiquer la montée du capitalisme rose.

  • Rapports sociaux de sexe et hétérosexisme dans le Québec contemporain : les trajectoires adolescentes lesbiennes
    Christelle Lebreton (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Cette recherche doctorale a permis d'identifier, à partir du discours de jeunes lesbiennes québécoises, comment elles ont négocié l'apprentissage de leur sexualité et de leurs intérêts amoureux à l'adolescence, et de quelle manière leur environnement social et culturel a facilité ou complexifié leur cheminement. Plutôt qu'un stade développemental, l'adolescence représente un moment crucial de la construction identitaire des filles, un moment clé où la consolidation de l'identité de sexe/genre est étroitement reliée à la socialisation à l'hétérosexualité. Il ressort que la présomption de leur propre hétérosexualité constitue un obstacle important à la formation de l'identité sexuelle des jeunes lesbiennes. L'invisibilité du lesbianisme et les contraintes entourant l'engagement dans la sexualité des adolescentes renforcent les injonctions normatives à l'hétérosexualité et participent au développement d'un sentiment de déviance chez les jeunes lesbiennes, qui s'accompagne de conséquences négatives sur leur santé physique et psychologique. Ces résultats permettent de discuter le concept d'homophobie, notamment sur le plan de sa capacité à rendre compte de l'expérience des adolescentes lesbiennes.

  • Quelle solidarité pour les femmes non hétéronormatives réfugiées au Canada?
    Nathalie Ricard (Université Laval)

    «It's all about gay! It's all about gays!» s'exclamait récemment une demandeuse d'asile lesbienne que j'interviewais. Lennox et Waites (2013) expliquent en partie l'occultation des femmes non-hétéronormatives dans les organisations de défense des droits des minorités sexuelles par l'héritage impérial qui a contribué à la criminalisation de l'homosexualité, concentrant ainsi les débats sur les hommes. Or, les auteurs n'expliquent pas pourquoi le lesbianisme n'avait pas retenu l'attention des colonisateurs dans leur législation. L'intégration de l'approche intersectionnelle sur les plans de la recherche et de la militance qui pourrait servir de panacée pour visibiliser les réalités des femmes non-hétéronormatives (Amnesty International 2008) ne fait toutefois pas l'unanimité (Sheill 2009). Basées sur des entrevues et ma participation observante (Soulé 2007) dans des groupes pour les migrants et migrantes LGBTIQ à Montréal, Toronto et Vancouver, mes analyses explorent comment les luttes féministes et celles contre l'homophobie s'arriment, alors que le discours essentialisant les identités «femmes» et «gay» persiste. De plus, d'autres facteurs influencent les relations de solidarité dans ces associations. Des pistes pour expliquer la persistance du discours essentialiste seront discutées.

  • Discussion
  • Pause

Communications orales

De l'in-visibilité

Présidence : Stéphanie Mayer (Chaire Claire-Bonenfant)
  • L'invisibilité lesbienne dans l'espace public : pratiques et enjeux d'une identité protopolitique
    Emma Goyette (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    L'émergence de la communauté lesbienne n'est pas sans lien avec l'histoire des femmes, les deux étant marquées par la dépendance, la marginalité et l'invisibilité (Tarmagne, 2001). Cette dernière prive les lesbiennes de la reconnaissance de leur communauté et de ses besoins. Dans cette communication, je propose une réflexion portant sur la construction de l'identité collective des lesbiennes dans un contexte d'invisibilité dans l'espace public. En m'appuyant sur une analyse médiatique, j'étudie la façon dont ces femmes font face aux catégories hétéro/sexistes imposées par les médias, catégories participant à la domination des femmes et lesbiennes. Je démontre que, à l'instar de groupes féministes quelques décennies plus tôt, la communauté lesbienne se construit une identité au sein de contre-publics subalternes, ces publics contestataires à la sphère publique globale (Habermas, 1962) élargissant l'espace discursif par leur posture critique (Fraser, 1992). C'est donc parmi ces micro-espaces publics propres au dialogue qu'elle clarifie ses positionnements politiques et ses fondements identitaires: quelle image veut-elle projeter? Quels enjeux la concernent? Quelles sont ses revendications? Cette construction identitaire est préalable et habilitante à la politique, à l'apparition des lesbiennes dans l'espace public, et est donc proto-politique; les résultats préliminaires de cette étude suggèrent qu'elle passe par la connaissance de soi et de ses motivations (Foucault, 1982).

  • Les représentations sociales des lesbiennes dans la presse LGBT comme indice de leurs positions dans le mouvement LGBT
    Amélie Charbonneau (Université Laval)

    La position des lesbiennes, au confluent du sexisme et de l'hétérosexisme, permet d'envisager l'articulation de ces deux systèmes d'oppressions. Pour mon mémoire de maîtrise, j'explore des publications de la presse LGBT afin de mettre en lumière l'impact de la position particulière des lesbiennes sur les représentations sociales de ces dernières véhiculées dans les médias LGBT.

    Comme certains auteurs en ont fait le constat, le mouvement LGBT se présente comme étant « pour hommes blancs seulement ». La presse LGBT, bien inscrite dans ce mouvement, n'y échappe pas. M'inscrivant dans les études féministes, l'apport des études sur la diversité sexuelle m'amène à cerner plus de subtilités lors de l'analyse de mon corpus. Ce dernier est constitué de six revues (bi-)mensuelles gratuites distribuées au Québec qui disent s'adresser à la communauté LGBT.

    Ma proposition pour le colloque « Féminismes et luttes contre l'homophobie : zones de convergence » est, dans un premier temps, d'exposer la problématique et le cadre théorique de mon mémoire en clarifiant les points de rencontre entre les champs d'études féministes et queer. Leurs contributions au concept de genre, par exemple, m'ont permis d'envisager les notions de division et hiérarchisation plus aisément. Ensuite, après avoir décrit mon processus d'analyse, je dresserai un portrait des résultats obtenus, comme la faible proportion d'articles concernant les lesbiennes et les termes les plus fréquemment utilisés pour les décrire.

  • Discussion

Panel / Atelier

Table ronde − Imaginaire et lesbophobie

  • Discussion

Communications orales

Clôture