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Informations générales

Événement : 82e congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Plusieurs études théoriques portent sur l’évolution et les transformations des genres littéraires. Quelques historiens de la littérature se sont aussi penchés sur l’hybridité des genres, dont Michel Raimond (La crise du roman, 1966), Jean-Yves Tadié (Le récit poétique, 1978) et René Agostini (Théâtre poétique et/ou politique?, 2011). Mais qu’en est-il de la pratique des écrivains eux-mêmes? Quels sens dégager des voies qu’ils empruntent d’un genre à l’autre? Au Québec, en particulier, certains écrivains ont su imposer une voix singulière en poésie, tout en pratiquant d’autres genres littéraires. Jacques Brault, Hélène Dorion, Louise Dupré, Anne Hébert, François Hébert, René Lapierre et Fernand Ouellette, pour en fournir quelques exemples, s’adonnent tantôt à l’écriture de romans, tantôt à celle de poèmes, tantôt encore au théâtre ou à l’essai. Et, à l’intérieur de ces genres, la frontière entre prose et poésie est parfois mince. Qu’est-ce qui caractérise leur style, en prose comme en vers? Comment ressaisir leur voix poétique en prose? Quelles en sont les composantes langagières? Dans une telle perspective, nous proposons trois axes : 1) « Transferts du roman à la poésie et de la poésie au roman » : comment ces auteurs sont-ils passés du roman aux poèmes, et vice-versa? Il devient ainsi pertinent d’examiner les registres langagiers, les ruptures syntaxiques, l’univers mis en forme (réaliste, onirique, fantaisiste, etc.), voire la disposition des textes; 2) « Théâtre et poésie » : dans un espace dialogique, quelle est la place accordée au non-dit et aux silences? Le verbe prime-t-il sur l’action? Quels sont les impératifs de la mise en scène? 3) « Poésie et essai » : plusieurs de ces écrivains ont écrit des essais sur la création littéraire et la langue. Ils ont parfois réfléchi aussi à la place de la poésie dans leurs textes. Quelques-uns de ces auteurs ont en outre réfléchi à la traduction littéraire, ce qui constitue autant d’avenues pour mieux saisir la cohérence de leur œuvre.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

Les échanges du genre

Présidence : Anne Caumartin (Collège militaire royal de Saint-Jean)
  • Mot de bienvenue
  • Fernand Ouellette : une écriture dépliée
    Danielle Fournier (Éditions de l'Hexagone)

    Fernand Ouellette est un écrivain polyvalent qui pratique différents genres littéraires : roman, poésie et essai. Dans son œuvre, le temps est vertical, tel un arbre de la connaissance et de la vérité qui résiste à la matière. L'espace poétique est bleu et horizon, il ouvre sur la prose comme une ligne de fuite, non pas là où se termine la vue, mais là où s'ouvre une autre dimension, liée peut-être à l'origine du Verbe. C'est que nous voudrons examiner dans le recueil de poèmes L'Absent (2010), l'essai Je serai l'Amour : trajets avec Thérèse de Lisieux (1996) et le roman Tu regardais intensément Geneviève (1978).

  • Jacques Brault, poète et essayiste
    Nathalie Watteyne (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Dès Mémoire en 1965, Brault tisse des liens entre les vivants et les morts, et l'homme et son milieu, en empruntant le motif du chemin. Mais il faudra attendre quelques années encore pour que la fascination qu'exercent sur son écriture les poètes-philosophes chinois et les peintres-poètes japonais devienne explicite. Sa marche et démarche donnent lieu à la publication de poèmes plus courts et à une tonalité qui va de l'ironie mélancolique au murmure de la confidence, comme en 1984 avec le recueil Moments fragiles.

    Les essais des années 1990 révèlent une poétique de l'impermanence qui préserve la capacité de s'émerveiller devant la nature, mais qui n'occulte pas les souffrances de l'individu et du monde. Brault affirme alors qu'il n'y a pas de définition du poème qui tienne, celui-ci étant le fruit d'un artisanat. Le poème comme œuvre tient à un rapport particulier entre l'historique et le poétique. La prose dans le vers et le vers dans la prose relancent l'écriture, pourvu qu'il y ait « effort sur le style ». Mais une telle réversibilité ne résout pas pour autant l'énigme du poème.

    Tout au long de son œuvre, le poète et essayiste s'interroge sur le poème, marque son engagement envers notre condition historique, comme dans son essai récent, Chemins perdus, chemins trouvés, où se greffent les questions du non-sens et de la « parole inaccomplie ». Une poétique se met ainsi en place, dont nous essaierons de situer les jalons et les orientations.

  • Pause

Communications orales

Les traversées du genre

Présidence : Anne Caumartin (Collège militaire royal de Saint-Jean)
  • Le risque de l'écriture devant les ruines du 21e siècle : traversées lyriques entre la poésie et l'essai chez Hélène Dorion
    Evelyne Gagnon (University of Alberta)

    Les auteurs du 21e siècle expriment plus que jamais, à l'heure de la mondialisation, une inquiétude et une fragilité communes face aux dérives du monde. Poète des paysages planétaires ou de la sphère intime, poète de la vie concrète ou de l'abstraction, Hélène Dorion inscrit sa démarche dans cet intervalle dynamique qui invite à la mobilité constante entre les catégories. Si l'importance de cette œuvre au sein de la poésie actuelle s'avère aujourd'hui reconnue, l'auteure a aussi fait paraître, depuis le tournant du 21e siècle, deux essais ainsi qu'une collection d'entretiens qui apportent un éclairage nouveau sur sa conception de l'écriture. Dans cette communication, nous explorerons précisément le travail de l'intergénéricité entre la poésie récente et les essais d'Hélène Dorion afin de relever les diverses traversées, ici liées à une forme de lyrisme contemporain, entre ces modes d'écriture. De fait, les transferts génériques ainsi que les modalités stylistiques récurrentes de cette écriture (répétitions variationnelles, énonciation des lieux) permettraient la rencontre vertigineuse de l'intime et du philosophique, tout en mettant en acte un lyrisme critique (Jean-Michel Maulpoix). Le recours à l'intertextualité (les discours scientifiques et philosophiques, notamment), tant dans les essais que dans la poésie, participent plus récemment à cette tentative de créer des chemins de traverses entre les diverses modalités signifiantes de la langue, des catégories et des genres.

  • Hélène Dorion et la parole des autres
    Étienne Beaulieu (Cégep de Drummondville)

    Engagée dans la quête ontologique qui a fait sa marque, Hélène Dorion ne semble pas au premier regard une poète dont on pourrait dire que l'œuvre a pour projet de se mettre à l'écoute de l'altérité. Mais justement son œuvre ne se limite pas à ses recueils de poésie et c'est en pratiquant d'autres genres littéraires comme la chronique ou l'anthologie que la voix d'Hélène Dorion fait entendre une étonnante capacité à accueillir celle des autres. Quel est le lien cependant entre ces différentes prises de parole? Comment penser ensemble la scansion d'un vers exigeant et l'indignation politique ou l'observation patiente de ses contemporains? Ces interrogations permettront de poursuivre une enquête sur la poésie québécoise commencée avec des œuvres que rien ne semblait rapprocher d'une pensée de la prose et du prosaïsme (Saint-Denys Garneau, Gaston Miron, Fernand Ouellette, Jean-Marc Fréchette, Sylvain Garneau, Louise Warren, Fernand Dumont). En ouvrant cette piste de lecture oblique dans l'œuvre d'Hélène Dorion, force est de constater que quelque chose s'y joue aussi qui tient à maints égards à une nécessité ressentie d'une confrontation avec le très bas.

  • Dîner

Communications orales

Les dialogues du genre

Présidence : François Hébert (UdeM - Université de Montréal)
  • Poésie et fantaisie dans le théâtre d'Anne Hébert entre 1952 et 1958
    Annie Tanguay (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Anne Hébert reste poète même lorsqu'elle s'adonne à d'autres genres littéraires. Ses textes en prose sont empreints d'expressions et d'images que l'on retrouve dans les poèmes. Dans les années 1950, elle présente une pièce radiophonique, Les Invités au procès (1952), et un téléthéâtre, La Mercière assassinée (1958). Le premier texte est écrit au moment où Anne Hébert termine les derniers poèmes du recueil Le Tombeau des rois (1953) et les liens intratextuels entre ces écrits sont nombreux. Nous voudrons rendre compte du caractère fantaisiste des deux pièces. En 1964, lors d'une entrevue sur La Mercière assassinée, l'auteure précisait que « la fantaisie et la poésie sont très proches ». L'idée de la fantaisie lui vient sans doute du Salon de 1859 de Baudelaire, un écrivain qu'elle lit depuis les années 1930. Nous souhaitons ainsi montrer que différentes composantes des textes dramatiques, dont les chansons, le rapport incertain au temps et aux lieux, et certaines indications de mises en scène, participent au voile de mystère caractéristique de l'imaginaire hébertien.

  • Tout comme elle / Plus haut que les flammes : dans la douleur… tout simplement
    Nicoletta Dolce (UdeM - Université de Montréal)

    Ma réflexion prend appui, entre autres, sur deux textes de Louise Dupré : l'essai « Denise Desautels : la pensée du poème » (1994) et la « Conversation entre Louise Dupré et Brigitte Haentjens » qui clôt l'œuvre théâtrale Tout comme elle (2006). L'introduction du texte sur Desautels contient des considérations relatives au processus créateur traversant l'instance scripturale. L'auteure se demande: « [s]i d'un point de vue esthétique, la forme a comme fonction de faire passer de la vie à l'art, d'un point de vue éthique, n'y a-t-il pas danger que le scripteur soit coupé de sa vérité subjective? » (p. 44) Cette interrogation soutient l'élaboration de Tout comme elle, œuvre où l'autobiographique, entendu comme « rapport au monde » (p. 85), s'y inscrit profondément. En effet, Tout comme elle porte un je qui creuse courageusement dans sa douleur. À la lumière de ces considérations, je me pencherai sur le recueil Plus haut que les flammes (2010) afin de comprendre comment le travail de la forme, au lieu de masquer l'autobiographique, révèle une écriture dans laquelle le sujet plonge dans le vécu et dans la douleur. J'essaierai de comprendre comment cette quête, loin de verser dans le psychologisme, s'ouvre à une dimension plus vaste, mondiale.

  • Pause

Communications orales

Le genre dans tous ses états

  • François Hébert et le sens du travelling

    Il y a, dans les quelques derniers essais, poèmes et récits de l'œuvre foisonnante de François Hébert, un art du glissement ou, à tout le moins, de la traversée douce, patience et souriante du réel. Que ce soit lorsqu'il évoque l'Inde, la transmigration des âmes ou le quotidien de l'Amérique du Nord, une distance s'entend dans cette voix pourtant attachée au réel qui fait de l'écrivain un passeur de cultures, un artisan du passage, au sens où, comme en un travelling cinématographique, il plane en rase-mottes au-dessus d'une réalité qu'il sait pertinemment insaisissable mais à laquelle il tient mordicus et qu'il évoque avec un humour léger ne détruisant jamais son objet. Il y a chez Hébert une chasse au réel dont il veut ne jamais triompher et d'où il préfère revenir bredouille, ayant au moins fait face à l'énigme du monde. Les enjeux de cette chasse singulière feront l'objet de ma communication consacré aux écrivains multiples.

  • De la littérature : pour les désespérés de René Lapierre
    François Hébert (UdeM - Université de Montréal)

    Quelque part entre l'ardeur et l'inoccupation, entre le plein et le vide, chez René Lapierre, en un centre mobile et souvent excentré, sinon excentrique, dans ses essais comme dans sa poésie, il y a les livres, les lettres, l'écriture. Littérature en un mot. Non pas exactement la littérature, car elle n'est pas une essence. Il y a de la littérature, comme on dirait : de la friture, de la neige. Du désir et des rejets. On nous donne quelque espoir, certes. Il passe par la parole, mais la parole a maille à partir avec les voix qui s'entrecroisent dans notre espace mental et émotionnel comme les ondes invisibles de nos cellulaires : les genres littéraires, les humeurs, le murmure marchand, sans oublier les dieux, les morts et les pronoms personnels. L'examen de l'une ou l'autre de ces données de l'expérience langagière nous aidera-t-elle à comprendre, et à aimer, le dernier recueil de poèmes de Lapierre, intitulé Pour les désespérés seulement? Pourquoi rien qu'à ceux-là, et qui seraient donc les autres? Qu'est devenue la poésie, ici, que diverses voix, sur différents tons, enrichissent et chahutent à la fois? C'est ce que nous nous proposons d'examiner.

  • Mot de clôture