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Informations générales

Événement : 82e congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

La journée d’étude que nous proposons dans le cadre du 82e congrès de l’Acfas vise l’approfondissement de la question de la retraduction. Par « retraduction » nous entendons toute nouvelle traduction d’un texte déjà traduit dans une même langue. Si la retraduction comme praxis existe depuis des milliers d’années, l’étude méthodique des retraductions apparaît avec la formation de la traductologie en tant que discipline dans les années 80 du 20e siècle. Cette étude des retraductions fait partie de ce qu’Antoine Berman appelait l’« archéologie de la traduction […], archéologie qui appartient à cette réflexion de la traduction sur elle-même » (Berman, Antoine. L’épreuve de l’étranger, Paris, Gallimard, 1984, p. 280). Notons qu’il existe deux modèles méthodologiques de base pour aborder les retraductions : la méthode régressive (ad fontes) qui permet de partir du moment présent et de reculer dans le temps, et la méthode progressive (ab initio) qui offre la possibilité d’avancer chronologiquement dans le temps et d’analyser le développement des retraductions de la première à la plus récente. La deuxième méthode peut mettre en lumière l’innovation non seulement sur le plan de la praxis, mais également sur le plan méthodologique même des analyses des retraductions, innovation offerte, entre autres, par les nouvelles technologies et les nouveaux contextes de production et de diffusion des textes.

Ainsi, notre journée d’étude s’intitule « Étude des retraductions comme archéologie et innovation en traductologie ». Nous invitons les participants à réfléchir – à partir d’études de cas – sur les questions en lien avec la retraduction. Que retraduit-on? Qui retraduit-on? Par qui retraduit-on? Pour qui retraduit-on? Quand retraduit-on? À quelle fréquence retraduit-on? Où retraduit-on? Pourquoi retraduit-on? Quels en sont les raisons et les buts? Comment retraduit-on? Peut-on dégager, à partir d’un corpus de retraductions d’une même œuvre, une taxinomie des retraductions?

Dates :
Responsables :
  • Natalia Teplova (Université Concordia)
  • Judith Woodsworth (Université Concordia)

Programme

Communications orales

Le Canada (re)traduit

Présidence : Natalia Teplova (Université Concordia)
  • Mot de bienvenue
  • La production et la réception des retraductions anglaises des Anciens Canadiens
    Alexandra Hillinger (Université Concordia)

    Philippe Aubert de Gaspé, père, publie Les Anciens Canadiens en 1863. On attribue à ce roman le titre de premier succès commercial du XIXe siècle au Québec. D'ailleurs, l'œuvre d'Aubert de Gaspé a fait l'objet de trois traductions au fil de l'histoire, à savoir en 1864, en 1890 et en 1996. Qui plus est, au mieux de notre connaissance, il s'agit du seul roman québécois de cette époque qui fut retraduit. Ainsi, nous nous proposons de retracer le contexte de production et de réception des deux retraductions. Dans un premier temps, nous examinerons les traces écrites laissées par les traducteurs. Ces écrits comprennent les préfaces des différentes éditions, la correspondance de Charles G. D. Roberts (le traducteur de 1890) et un article savant rédigé par Jane Brierley (la traductrice de 1996). Si possible, nous tiendrons une entrevue avec Jane Brierley dans le but d'éclairer le contexte de la production de cette nouvelle traduction des Anciens Canadiens. Dans un deuxième temps, nous nous pencherons sur les textes critiques portant sur les deux retraductions de l'œuvre. Nous étudierons plus précisément les articles qui furent publiés dans les journaux afin de mettre en lumière l'accueil que les anglophones nord-américains ont réservé aux retraductions du roman d'Aubert de Gaspé.

  • Saint-Denys Garneau dans le prisme de ses traducteurs hispano-américains
    Madeleine Stratford (UQO - Université du Québec en Outaouais)

    Des quatre « grands aînés » de sa génération, le poète québécois Hector de Saint-Denys Garneau est le plus traduit en espagnol. Les premières versions circulent en Amérique latine dès les années 1990. Au cours des années 2000, deux recueils bilingues consacrés à son œuvre paraissent, traduits par Luis Vicente de Aguinaga. De tous les poèmes traduits, deux l'ont été à quatre reprises : « Accompagnement » et « Cage d'oiseau ». Nous nous intéressons ici à la façon dont le vers libre du poète a été reproduit. Nous déterminerons sous quel angle les traducteurs ont abordé chaque aspect des poèmes pour évaluer, s'il y a lieu, la fréquence des combinaisons traductives. Notre analyse permettra de constater comment le vers libre de Saint-Denys Garneau est donné à lire au public hispano-américain et à quel point leur contenu et leur style correspond aux originaux

    [1]Les poètes qu'on a surnommé les « grands aînés » sont Anne Hébert, Alain Grandbois, Rina Lasnier et Hector de Saint-Denys Garneau.

    [2]L'un d'eux, « Cage d'oiseau », a été traduit deux fois par Luis Vicente de Aguinaga. La deuxième version présente des changements mineurs.

    [3]Pour plus de détails sur la méthodologie adoptée, voir : Stratford, Madeleine. « Un poème de Pizarnik sous toutes ses coutures : vers une nouvelle méthode d'analyse des traductions poétiques ». TTR 24.2 (2011), pp. 143-176.

  • Pause
  • À propos de la retraduction de Memoirs of Montparnasse de John Glassco
    Patricia Godbout (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Memoirs of Montparnasse de John Glassco (1970, réédition 1995) a fait l'objet d'une première traduction en français, par Jean-Yves Soucy, publiée au Québec sous le titre Souvenirs de Montparnasse (Montréal, HMH, 1983). Puis, récemment, une nouvelle traduction a paru en France sous le titre Mémoires de Montparnasse (Éditions Viviane Hamy, 2010, traduit par Daniel Bismuth). Je rappellerai d'abord les particularités de cette œuvre de Glassco du point de vue de l'écriture/réécriture et du lien avec la mémoire. J'examinerai ensuite le contexte de production et le texte même de la première traduction, avant de me pencher sur ce qui a pu motiver le désir/besoin de retraduction. Seront enfin examinés les choix traductionnels et éditoriaux qui ont été faits par le nouveau traducteur et le nouvel éditeur, ceci afin de déterminer la pertinence/fonction de cette retraduction en lien avec le lectorat visé. Il s'agira notamment de voir de quelle manière les souvenirs/mémoires de Glassco et leur ancrage montréalais/parisien se modifient en cours de retraduction.

  • Perdus dans la retraduction : la poésie de Leonard Cohen en France et au Québec
    Raluca Tanasescu (Université d’Ottawa)

    À la suite du dernier livre d'Emily Apter – Against World Literature : On the Politics of Untranslatability (2013) – et de son renouvellement du terme benjaminien translation failure (« échec de traduction »), on peut se demander si les retraductions de la poésie de Leonard Cohen au Québec et en France ont contribué, de part et d'autre, à une meilleure réception de son œuvre et si elles ont vraiment marqué un progrès dans l'acte traductif, ou si l'on peut parler en fait d'un « échec de retraduction ». Il sera question d'analyser d'abord Musique d'ailleurs (France, 1996), traduit par Jean Guiloineau, en la comparant à la retraduction de Michel Garneau – Étrange musique étrangère, parue au Québec en 2000, puis d'analyser la version québécoise de Book of Longing Livre du constant désir (2007), toujours par Garneau, en la comparant à la retraduction en France – Le Livre du désir (2008), par Brierre et Vassal. Le défi est d'autant plus grand que la première retraduction a été encouragée par la longue amitié qui unit Cohen et Garneau et parce que l'auteur n'avait pas aimé la version française; dans le cas du deuxième recueil, Garneau en est le premier traducteur en français, alors que la retraduction de Brierre-Vassal a été imposé par la réalité du marché du livre traduit en langue française. La discussion ici portera surtout sur ce contexte propre à la réalité éditoriale des traductions en français et aussi sur la dimension performative de Cohen.

  • Dîner

Panel / Atelier

(Re)traduction et adaptation : de la théorie à la praxis

Présidence : Judith Woodsworth (Université Concordia)
Participant·e·s : Antonio D'alfonso (Antonio D'Alfonso), Patricia Godbout (UdeS - Université de Sherbrooke), Robert Paquin (Association des traducteurs et traductrices littéraires du Canada)

Communications orales

La (re)traduction dans et au-delà de l'espace occidental

Présidence : Alexandra Hillinger (Université Concordia)
  • Des Enfants du jazz à Contes de l'âge du jazz : retraduction et réédition critique de Francis Scott Fitzgerald
    Véronique Béghain (Université Michel de Montaigne - Bordeaux 3)

    S'appuyant sur la nouvelle traduction de Tales of the Jazz Age publiée en 2012 dans la Bibliothèque de la Pléiade, aux éditions Gallimard, cette communication s'intéressera à la dimension archéologique de la retraduction à la faveur d'une réflexion articulant retraduction, réédition et réévaluation critiques. Dans le cas de ce recueil de nouvelles paru aux États-Unis en 1922, l'entreprise de retraduction s'insère en effet dans une entreprise de réédition critique qui restitue aux nouvelles la place qu'elles occupaient dans le recueil d'origine. Et ce jusque dans l'inclusion de l'inventive et éloquente "Table des matières" imaginée par Fitzgerald, inédite en français avant l'édition de la Pléiade, puisque les onze textes rassemblés par ce dernier en 1922 avaient jusque-là paru en français dans des recueils distincts. Parallèlement à la restitution de la composition originelle et à l'inclusion de la « Table des matières », les titres choisis dans la nouvelle traduction témoignent de leur côté d'un effort qu'on peut dire « archéologique » pour restaurer notamment les ressorts comiques de l'œuvre, en quoi l'entreprise de retraduction se montre indissociable de l'entreprise concomitante de réévaluation critique d'une œuvre victime de nombreux malentendus, auxquels ont contribué l'occultation de l'écrivain par le mythe, du nouvelliste prétendument « léger » par le romancier sérieux ou encore du styliste par le chroniqueur.

  • Les retraductions française et anglaise de El llano en llamas de Juan Rulfo
    Marc Charron (Université d’Ottawa)

    Le XXIe siècle compte un peu plus d'une décennie, mais il a déjà donné lieu, du moins en anglais et en français, à des retraductions extrêmement remarquées des plus importants textes littéraires du XXe siècle. À la retraduction anglaise d'À la recherche du temps perdu de M. Proust – dirigé par Ch. Prendergast publié chez Allen Lane de Londres en 2002, auquel a participé L. Davis comme traductrice du premier volume – ajoutons les retraductions anglaise et française du recueil de nouvelles El llano en llamas de Juan Rulfo paru en 1953 : en 2001, celle de G. Iaculli, Le llano en flammes, chez Gallimard préfacée par J.M.G. Le Clézio; en 2012, celle d'I. Stavans et H. Augenbraum, The Plain in Flames, à la University of Texas Press, avec une introduction de Stavans. La traduction d'Iaculli succède donc à celle de M. Lévi-Provençal, chez Denoël en 1966, puis chez M. Nadeau en 1987, dans une édition comprenant deux autres nouvelles ajoutées par l'auteur en 1970. Stavans-Augenbraum succèdent donc à G. Schade, publié à la même UTP en 1967. Le statut de classique du patrimoine littéraire mondial désormais acquis à El llano en llamas (tout comme à Pedro Páramo, seul autre livre de Rulfo, paru en 1955) scelle-t-il du coup le sort des retraductions d'Iaculli et de Stavans-Augenbraum, en faisant d'elles les traductions de référence, voire presque les traductions définitives? Nous analyserons ici la jeune et déjà influente histoire des traductions anglaises et françaises de El llano en llamas.

  • Pause
  • Eugène Onéguine de Pouchkine en français : pour une taxinomie des retraductions
    Natalia Teplova (Université Concordia)

    Il existe aujourd'hui 17 traductions de langue française d'Eugène Onéguine de Pouchkine. Elles s'échelonnent sur une période de plus d'un siècle, la première traduction datant de 1863 et la dernière paraissant en 2012. Toutes ces traductions contribuent, chacune à sa manière, à la translation du nom de Pouchkine et de son œuvre sur le territoire francophone, mais c'est également le nombre de retraductions et la fréquence à laquelle elles paraissent qui expliquent la « survie » de ce texte en français. En effet, même si l'œuvre de Pouchkine a été éclipsée par celles de Dostoievski ou de Tolstoi en France, on reconnaît néanmoins l'importance du poète pour la culture russe et on ne cesse de le retraduire. Or, les 17 traductions françaises existantes d'Eugène Onéguine présentent des caractéristiques variées et possèdent des statuts différents, tant en fonction de la notoriété des traducteurs que de la portée réelle des traductions. Dans le cadre de cette communication, nous nous proposons d'analyser (à partir des huit paramètres suivants : le qui, le quoi, le par-qui, le pour-qui, le quand, le , le pourquoi et le comment) les 17 traductions en question afin de tâcher d'en dégager une taxinomie et de nous interroger sur l'utilité d'une telle taxinomie pour l'étude d'autres corpus de retraductions.

  • Verlaine et ses (re)traductions en Corée
    Simon Kim (Korea University)

    De tous les poètes français, Verlaine est sans doute le plus traduit. Il y a à cela plusieurs raisons : la langue de Verlaine, de prime abord plus accessible (quand on la compare aux expérimentations de Rimbaud, d'Apollinaire, de Mallarmé, ou des vers ciselés de Baudelaire), mais aussi son univers poétique dans lequel les Coréens virent très vite un écho à leur propre sentimentalité. De fait, la traduction de Verlaine en coréen a des conséquences très importantes en Corée, dans l'histoire de la réception de la poésie française et occidentale et dans l'écriture poétique coréenne elle-même. Elle introduit le symbolisme en poésie et toute une conception de l'écriture poétique dans laquelle se reconnaissent les poètes coréens. Traduit dès le début du XXe siècle à l'époque où on commence à découvrir (et traduire) les littératures de l'Occident, Verlaine fut ensuite retraduit, et chacune de ses retraductions amène une relecture et ré-interprétation de l'oeuvre du poète français et de son apport par la traduction à l'écriture poétique en langue coréenne. Car au-delà de son apparente simplicité, la langue poétique de Verlaine impose un rythme particulier qui résiste souvent à la traduction et qui amène le traducteur à ré-interroger sa propre langue. Cette communication reconstitue l'histoire de la traduction des poèmes de Verlaine en coréen et, parallèlement, l'histoire de leur réception et de l'influence qu'ils eurent sur la pratique de la poésie en langue.

  • (Re)traduire des ouvrages canoniques dans des langues construites : pour une téléologie de la traduction
    Judith Woodsworth (Université Concordia)

    Dans le cas d'un volume important de textes pragmatiques ou utilitaires, la fonction de la traduction est de communiquer des informations à des lecteurs pour qui les textes en langue source ne sont pas accessibles. Il existe d'autres cas, toutefois, où la traduction n'est pas nécessaire, à strictement parler. On peut citer un exemple historique : celui du poète anglais Chaucer qui traduisit et adapta un ouvrage français comme le Roman de la rose pour un public encore largement francophone. Plus près de nous, citons le projet curieux qui consiste à traduire en klingon (langue de Star Trek) la Bible et des œuvres de Shakespeare pour un public qui lit l'anglais, et qui ne maitrise guère la langue klingon (qui compte quelques centaines de locuteurs tout au plus). L'étude de quelques cas limites, où des textes canoniques sont (re)traduits dans des langues construites, pour des lecteurs qui n'ont pas besoin de traduction, nous permet de s'interroger sur les fonctions et la finalité de l'acte de traduire. Une conclusion que l'on peut tirer c'est que la traduction conçue comme un acte téléologique par excellence, mû par une visée réfléchie, sert à enrichir la littérature et la langue cibles et à rehausser le prestige du traducteur ou de la traductrice, ainsi que de la langue et de la culture d'arrivée.

Communications orales

« Genres »... brouillés?

Présidence : Danièle Marcoux (Université Concordia)
  • Mot de bienvenue
  • De la traductologie aux études littéraires, en passant par les sciences de l'information : est-on vraiment condamné à passer de Charybde en Scylla?
    Geneviève Has (Université Laval)
  • Sortir du cadre en s'ouvrant aux autres disciplines : l'apport des études féministes à la traductologie
    Arianne Des Rochers (Université d’Ottawa)
  • « Queer », c'est français? : le cas de la traduction du discours queer américain dans les objets télévisuels grand public, ou comment opérer une transposition culturelle
    Karina Chagnon (Université Concordia)
  • Pause

Communications orales

À cheval sur les tabous?

Présidence : Danièle Marcoux (Université Concordia)
  • Adieu aux tabous : je traduis en langue B
    Liane Grant (UdeM - Université de Montréal)
  • La réflexivité théorie-pratique : relation entre savoir et savoir-faire
    Dominique Pelletier (Université d’Ottawa)
  • Dîner

Communications orales

Funambules de Babel?

Présidence : Danièle Marcoux (Université Concordia)
  • Jouer les funambules entre la traductologie et la dramaturgie
    Nicole Nolette (Université McGill)
  • Compétence et créativité en traduction : perspectives plurilingues
    Carmen Ruschiensky (Université Concordia)
  • Synthèse