Ce colloque international rassemblera des chercheurs de diverses disciplines (architecture, design, histoire de l’art, etc.) autour de la question de la critique en architecture. Somme toute objet de peu de théories dans ce domaine, cela surprendra d’autant plus que l’expression de critiques sur la matière de l’espace public et la forme même de la polis et de ses agoras reste légitime. Hormis les architectes, paradoxalement contraints par leur déontologie, tout citoyen peut normalement critiquer tel ou tel projet (notamment dans le cadre de concours), telle ou telle réalisation (dans le cadre ou non d’une consultation publique). Entre le musèlement des uns et la volubilité des autres, la problématique du juste exercice de la critique architecturale dépasse la distinction entre profession et discipline pour couvrir le spectre entier des pratiques réflexives. Afin de cerner un aussi vaste phénomène, ce colloque sondera une question singulière : quelles sont les dimensions constitutives de la critique du projet architectural contemporain?
La question de la critique renvoyant au rôle des publications, on remarquera surtout que la presse professionnelle adopte généralement une posture de légitimation des pratiques, maintenant une distance respectable avec l’exercice de la critique, lequel ferait en soi objet de controverses proportionnelles aux enjeux (politiques, financiers, techniques, environnementaux, etc.). On peut dès lors s’interroger sur la légitimité d’une pratique qui se trouve pourtant au fondement du système éducatif en architecture et dans les disciplines du design. Une meilleure compréhension de la critique ouverte du projet architectural apparaît aujourd’hui comme une priorité, tant pour l’apport de connaissances disciplinaires, que pour un débat général sur la qualité des espaces et des édifices publics.
??Ce colloque abordera la problématique d’une théorie de la critique à partir de cas manifestant des « états contradictoires» du projet. On étudiera en priorité ces situations dans lesquelles les controverses entre les différents acteurs des projets contemporains font état de contradictions entre les attentes et les propositions, voire les réalisations, lesquelles révèlent parfois de véritables contre-performances (fonctionnelles, techniques, environnementales, etc.). La critique architecturale ne sera pas directement abordée dans ses aspects socioculturels, bien que les contextes seront mis en comparaison (Canada, Québec, France, Suisse). D’ordre théorique et philosophique, l’approche méthodologique tentera plutôt d’identifier « les dimensions constitutives d’une critique proprement architecturale » se distinguant de la critique artistique ou de celle des objets de design.