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Informations générales

Événement : 82e congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Ce colloque se propose de réfléchir sur les écritures de la mémoire à partir d’un corpus fictionnel québécois et brésilien pour interroger la fonction de la médiation symbolique dans la relecture du passé. L’examen de certaines productions culturelles − littéraires, cinématographiques, médiatiques, plastiques − brésiliennes et québécoises, avec leurs interactions discursives et leurs interdépendances référentielles, en constitue l’objectif. Il s’agit d’analyser la façon dont les représentations esthétiques saisissent « l’enjeu-mémoire » (Le Goff) dans nos sociétés contemporaines. Pour Jacques Le Goff, « la mémoire est un élément essentiel de ce qu’on appelle l’identité individuelle ou collective dont la quête est une des activités fondamentales des individus et des sociétés d’aujourd’hui, dans la fièvre et l’angoisse ». Notre problématique est ancrée dans l’exploration de multiples expressions esthétiques de l’« enjeu-mémoire » en tenant compte de la façon dont elles articulent mémoire, histoire et territoire pour mettre en scène :
1) la construction des identités individuelles (récits de vie, expérience de l’intime) ou collectives (récits mythiques; de fondation de la nation; de mobilités et de transferts de mémoire; de mémoires ethniques);
2) les représentations mémorielles de l’espace américain québécois et brésilien (mémoire et imaginaire de l’espace; appréhension et redéfinition de l’espace américain; renouvellement des mythes);
3) le processus de sauvegarde de la mémoire (archives et témoignages; nouvelles archives de la mémoire; inflation de mémoire);
4) les conflits et les stratégies mémorielles dans la restauration symbolique du passé (transmission, partage, effacement, réappropriation de la mémoire);
5) l’écriture de la mémoire (les procédés poétiques et narratologiques mis en œuvre par les écrivains; l’inscription des témoignages dans leur œuvre; les échanges entre mémoire individuelle et collective); et
6) la mémoire de l’écriture (la relation de la littérature avec son histoire − la mémoire intertextuelle).

En partant de ce type de questions (dont la liste n’est pas exhaustive) soulevées par l’exploration de l’espace fictionnel, le Colloque envisage un questionnement de l’« enjeu-mémoire » au présent, en privilégiant une approche comparatiste entre les productions artistiques québécoises et brésiliennes. Ce faisant, il favorise la continuité des échanges entre des chercheurs brésiliens, québécois et européens pour qui le Congrès de l’Acfas est devenu, depuis quelques années, un lieu d’échanges privilégié autour des expressions littéraires et artistiques du Québec et du Brésil.

Dates :
Responsables :

Programme

Communications orales

Mot d'ouverture : Ângelo Soares (CERB), Lícia Soares de Souza (UQÀM/CNPq/UNEB); Rita Olivieri-Godet (Rennes 2/Institut universitaire de France); Brigitte Thiérion (Sorbonne Nouvelle-Paris 3)


Communications orales

Expressions de l'« enjeu-mémoire » et leur articulation avec l'histoire

Présidence : Licia Soares De Souza (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • Présences d'octobre : variations littéraires autour d'un épisode de l'histoire québécoise
    Robert Dion (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Il est devenu courant d'inscrire les littératures narratives contemporaines, en particulier celle de la France mais de plus en plus aussi celle du Québec, sous la bannière de la filiation et de l'héritage, et plus largement de l'histoire et de la mémoire. Tout semble se passer comme si, à la suite du reflux des avant-gardes constaté à partir des années 1980, un verrou avait sauté en même temps que l'injonction de faire table rase du passé et de se tourner vers un avenir forcément radieux : depuis, une part importante de la littérature et des discours qui l'accompagnent serait devenue obsédée par le passé et par le souvenir — quand elle ne cherche pas, par une sorte de paradoxe, à patrimonialiser le présent, c'est-à-dire à y déceler déjà ce qui, un jour, sera digne d'être retenu, archivé (François Hartog, 2003).

    Je présenterai deux textes québécois récents marqués par la crise d'Octobre 1970. L'un, le Personnage secondaire de Carl Leblanc (2006), ressortit à l'essai-fiction, l'autre, la Constellation du lynx de Louis Hamelin (2010), au roman d'enquête. Il s'agira de voir comment la littérature interroge les fictions de l'historiographie pour lui opposer d'autres formes de discours. Est-il vrai que la crise d'Octobre « a tellement traumatisé notre conscience collective que seule la lunette de la fiction peut nous en faire découvrir la vérité cachée, l'essence qu'obscurciraient toute exactitude anecdotique, tout sensationnalisme lié à des noms véritables » (M. Lapierre, 2010) ?

  • Mémoires du présent : apories de la littérature contemporaine
    Maria Zilda Ferreira Cury (UFMG - Universidade Federal de Minas Gerais)

    Il y a dans notre époque une tendance hédoniste, réfractaire à toutes situations de douleur ou de déplaisir. En opposition à cette tendance, l'espace littéraire contemporain s'érige comme lieu de réflexion sur les apories de notre temps, sur les mémoires douloureuses qui font écho dans le présent. Un aspect important de la littérature brésilienne contemporaine est justement de se pencher sur la mémoire du passé en la figurant comme tragique.

  • D'une mémoire à l'autre : la presse satirique au Brésil et au Bas-Canada (1822-1839)
    Bernard Andrès (UQAM - Université du Québec à Montréal), Daniela Da Silva Prado (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Dotés tardivement d'une imprimerie et de périodiques, le Québec et le Brésil découvrirent à la même époque les débats d'idées, la censure et l'humour pour la contourner. Du Nord au Sud, l'émancipation politique et culturelle de ces collectivités nouvelles s'effectuait en réaction à l'incompréhension et au mépris que leur manifestaient parfois les métropoles européennes. Proclamée dès 1822, l'Indépendance du Brésil a donné lieu à de chauds débats dans la presse. Ce fut le cas l'année même dans le périodique satirique O Macaco Brasileiro (juin-août 1822). Quinze ans plus tard, les Patriotes canadiens se révoltent contre l'oligarchie britannique au Bas-Canada. S'ils n'obtiennent pas l'indépendance du Canada, leurs Rébellions de 1837-1838 sont les prémices d'un mouvement autonomiste qui, aujourd'hui encore, se réclame de cette période. Face à la censure qui s'abattait alors sur la presse, un périodique s'éleva courageusement : Le Fantasque de Napoléon Aubin (août 1837-décembre 1839). Humour, ironie, satire et sarcasme : autant de traits d'esprits que partagent alors les journalistes des deux continents américains. En évoquant la mémoire de ces pionniers de l'humour politique, nous tenterons de comparer les jeux et les enjeux d'une époque trop longtemps oubliée.

  • Discussion

Communications orales

Assemblée de l'Association internationale des études québécoises (AIEQ)


Communications orales

Mémoire, récits de vie et expérience de l'intime (1)

  • Récits de vie : une écriture interdite?
    Ivete Walty (Université pontificale catholique de Minas Gerais)

    Afin de vérifier de possibles interdictions d'ordre esthétique, étique ou politique, voici une étude de la réception critique de récits en transit entre la mémoire sociale et individuelle, de femmes vivant ou ayant vécu dans la rue, au Brésil et au Québec. À partir des concepts contenus dans la triade mentionnée, nous entendons ébaucher des parcours critiques qui guident les lectures de récits de vie présentés comme marginaux ou alternatifs dans leur relation aux valeurs instituées, en prenant toujours comme référence les milieux académiques, médiatiques ainsi que le marché.

  • Mémoire et judéité
    Euridice Figueiredo (UFF - Universidade Federal Fluminense)

    Dans Diário da queda de Michel Laub c'est la nouvelle concernant la maladie de son père atteint d'Alzheimer qui déclenche le processus de remémoration du narrateur. Pour raconter son histoire il l'entremêle à celle de son grand-père, survivant d'Auschwitz, et à celle de son père. Les échos d'Auschwitz se font sentir à travers l'absence de voix puisque le grand-père n'a jamais parlé ou écrit sur son expérience concentrationnaire. La mémoire du trauma n'est pas dicible, n'est pas l'objet de parole, la mémoire du trauma est refoulée, elle est envoyée aux oubliettes. Cependant, le sujet ne réussit pas à oublier, les souvenirs reviennent en forme de répétition névrotique, provoquant des symptômes, des maladies psychiques, comme l'a démontré la psychanalyse. Abraham et Torok considèrent qu'après le trauma, si le sujet ne parvient pas à faire le deuil, il devient mélancolique et se ferme dans la crypte. Le narrateur et son père vont réagir de façon différente au suicide du grand-père et à la lecture de ses carnets.

  • Le suicide comme thème formateur d'une mémoire de la nature des sociétés de consommation : analyse de Génération pendue de Myriam Caron et de Cette terre d'Antônio Torres
    Licia Soares De Souza (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Cette communication propose d'aborder la thématique du suicide dans un roman québécois, Génération Pendue (2011), de Myriam Caron, et dans un roman brésilien, Cette terre (1976) de Antônio Torres. Le geste du suicide devient pour la jeune protagoniste du premier roman un état naturel, au cœur d'une imagerie de la fin, apparaissant comme la seule issue pour les habitants d'une société riche, mais qui, cependant, vivent de rêves inaccessibles et de perspectives bouchées. Dans le deuxième roman, le personnage « suicidé » est le frère du narrateur. Il raconte comment il s'est ôté la vie, après un voyage d'exil angoissé à São Paulo. Il y a perdu ses repères culturels : abandonné par sa femme, effondré psychiquement, il se pend quelques jours après son retour au pays natal, dans le sertão. Son frère cadet tire les leçons du passé. Dans les deux romans, il y a une articulation entre mémoire, histoire et territoire, dans la mesure où passé et présent s'entrechoquent dans des configurations identitaires liées à des formations culturelles en apparence suffoquées par la force du progrès matériel qui attire les personnages vers un ailleurs étranger à leur culture. Le suicide devient un acte de passage symbolique, capable de signaler à leurs proches que la mort volontaire constitue un moment de réévaluation des malheurs collectifs de la société de consommation, et un instant privilégié pour corriger les aspirations des jeunes générations obsédées par l'acquisition croissante de biens.

  • Discussion

Communications orales

Mémoire, récits de vie et expérience de l'intime (2)

  • Mémoires d'asile dans les littératures brésilienne et québécoise : représentations et récits de la folie
    Nádia Maria Weber Santos (IHGRGS - Instituto Histórico e Geográfico do Rio Grande do Sul)

    Mes études sur les représentations et les sensibilités sur la folie dans des textes littéraires au début du XXe siècle (au moyen de l'histoire culturelle) remontent à 1998, lorsque j´ai trouvé, dans les dossiers médicaux de l'hôpital psychiatrique São Pedro à Porto Alegre (Brésil), douze lettres écrites par un malade mental qui n'ont jamais été envoyées. En tant que psychiatre et historienne, je m´intéresse à l'idée que le «fou» a de lui-même et de sa folie. Par la suite, j´ai examiné d'autres textes de fiction dans la littérature brésilienne (Lima Barreto et Rocha Pombo) et québécoise (Émile Nelligan) qui se rapportent à des « écritures asilaires ». Partant de là, j'ai pu observer comment l'écriture de fiction – qui dans ce contexte stimule la créativité – est révélée comme source et expression de la mémoire et de la (re) construction de l'identité des individus (écrivains, ici !) dans une situation d'exclusion sociale. Dans cette communication je voudrais partager, brièvement et de façon comparatiste, les résultats obtenus au terme de 15 ans de cette recherche dans ses diverses étapes, et à partir des textes des écrivains mentionnés.

  • La mémoire et l'oubli dans l'œuvre A paixão segundo G.H. de Clarice Lispector : la traversée de l'abîme
    Martha Tremblay-Vilao (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Cette communication abordera la notion de mémoire et d'oubli chez Clarice Lispector. À partir de la dimension intime et existentielle de la mémoire, face à un évènement-limite vécu par la narratrice, lequel, chez l'auteure, est épiphanique, porteur de révélation et de mystère. Comment dire l'indicible, à la limite de l'expression langagière et face à l'« épuisement » – pour reprendre le terme de Rabaté –, de l'ensemble des significations socialement admises dans le langage?

    Je questionnerai le langage et ses symptômes (Rabaté, Barthes, Derrida, Deleuze, Blanchot), face à la nécessité de dire un évènement passé douloureux à partir de A paixão segundo G.H, en y observant le mouvement spiralaire oscillant entre la mémoire et l'oubli, le voir et l'horreur de voir. Je montrerai comment l'œuvre tire sa force d'une tension entre la parole et le silence, l'expérience et l'oubli, l'être et le non-être, l'enfer et le divin, dans un discours en «signaux télégraphiques», difficilement déchiffrable parce qu'habité du désir de s'éloigner du langage, en recherchant, sans cesse, la clé de l'énigme, l'origine impossible.

    Cette quête de la «racine grossière et noire des astres», de dévoilement de l'identité et de la mémoire, s'inscrit dans un processus infini, répétitif, qui oscille entre le devoir de se rappeler, et celui d'oublier, entre vérité et préservation. « J'aurai besoin pour le reste de mes jours de ma légère vulgarité douce et gaie, j'ai besoin d'oublier, comme tout le monde ».

  • Discussion

Communications orales

Mémoire collective, cinéma et médias

  • Fonction médiatrice de la « vedette » au sein des nouveaux dispositifs mémoriels à la télévision québécoise
    Pierre Barrette (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    La télévision québécoise, de par sa vocation fortement identitaire (Nguyen-Duy), a toujours entretenu des liens importants avec la mémoire et l'histoire. La forme téléromanesque a été le prétexte à de nombreuses fictions historiques (par exemple Les belles histoires des pays d'en Haut, Le temps d'une paix ou encore, Plus près de nous, Nos étés) et on ne compte plus les documentaires (notamment la très belle série Une épopée en Amérique) ayant exploré notre passé. Depuis quelques années, une nouvelle catégorie d'émissions a vu le jour qui usent abondamment d'images tirées de différents types d'archives. Il s'agit le plus souvent de concepts ludiques (au sens que donne à ce terme F. Jost : jeux, variétés, talk-show) qui font de la mémoire médiatique partagée un ressort important de leur dispositif. Toutes ces émissions ont en commun la place centrale qu'y occupent les « personnalités ». Nous formulons l'hypothèse qu'elles ont surtout une fonction de médiation (Heinich). Représentantes d'une culture des médias qui tient lieu de mémoire partagée, elles permettent aux archives d'exister dans un contexte qui leur est « naturel », celui d'une communauté : la «famille élargie du Québec» qu'elles incarnent. Nous nous intéresserons à quatre de ces émissions: Ici ; Les enfants de la télé ; Fidèle au poste et J'ai la mémoire qui tourne à partir d'une sociosémiotique sensible à la manière dont les dispositifs de télévision constituent des ensembles agencés de paramètres de médiation.

  • De remarquables oubliés et la mise en récit d'une mémoire salvatrice
    Hélène Destrempes (Université de Moncton)

    Anthropologue et écrivain, Serge Bouchard anime depuis 2001, sur la chaine radio de Radio-Canada, une émission intitulée De remarquables oubliés « où il retrace », comme on peut le lire sur son site Internet, « les récits des occultés de l'histoire du Québec, du Canada et plus largement de l'Amérique française ». Il s'intéresse entre autres aux rapports entre une histoire collective qu'il estime amnésique et la représentation des rapports entretenus entre collectivités canadiennes-françaises et nations amérindiennes. Dans le cadre de cette présentation, je m'intéresserai plus particulièrement à la mise en récit de personnages historiques, ainsi qu'au regard critique que pose Serge Bouchard sur le matériau historique qui lui sert de référent tant dans ses essais que ses récits radiophoniques. Dans quelle mesure s'efforce-t-il, par le biais de son œuvre, à ce que «la mémoire collective serve à la libération et non à l'asservissement des hommes » (Jacques Le Goff, 1988 ; 177). « Comment redire l'histoire » s'interroge-t-il (Bouchard, 2010), alors qu'il cherche à mettre en valeur des pratiques interculturelles qui ont marqué l'évolution de l'Amérique française. Voilà autant de questions auxquelles nous tenterons de répondre en nous penchant sur les textes de la série De remarquables oubliés, ceux publiés dans le recueil Elles ont fait l'Amérique : De Remarquables oubliées (2011), de même que son tout dernier ouvrage, Éléphant : mémoires du cinéma québécois (2013).

  • L'espace intime de la mémoire référentielle : une analyse comparative entre La donation de Bernard Émond et Historias de Julia Murat
    Hudson Moura (University of Toronto)

    Dans Historias, les histoires n'existent que lorsque l'on se souvient de la réalisatrice brésilienne Julia Murat, une jeune photographe débarque dans une ancienne ville industrielle, où le temps passe si doucement que les visages de ses habitants semblent figés dans le temps banal et ses séquences répétitives. Dans La Donation, du réalisateur québécois Bernard Émond, une médecin généraliste se rend à titre de remplaçante dans une région éloignée de l'Abitibi. Bien que ce soit une situation temporaire, elle s'attache peu à peu à ses patients, en majorité une population vieillissante qui vit dans des conditions précaires, et apprend les détails de leur vie quotidienne.

    La mémoire référentielle des personnages est davantage liée à l'apprentissage des valeurs que des récits. L'observation des discours produits par les habitants locaux révèle que la connaissance du passé a été délaissée au profit d'une mémoire-repère faite de principes, de modèles de croyances et de comportements.

    Ces deux endroits ont connu leur temps de gloire, mais ne rendent guère leurs habitants porteurs d'une connaissance, fierté ou sagesse sur l'histoire et le temps. Le souvenir et l'acte du récit sont soumis au passage du temps : répétitif, rituel, comme si la vie y est aussi immuable dans l'attente d'une transcendance. Par contre, l'observation de leur quotidien transmet une connaissance sans égale qui fait basculer les croyances des deux femmes et met à l'épreuve leur apprentissage sur l'autre.

  • Sertão-Québec : mémoire collective et poétique de l'oralité chez Pierre Perrault et Chico Liberato
    Claudio Novaes (UEFS - Universidade Estadual de Feira de Santana)

    Notre corpus est constitué de deux films de Pierre Perrault inclus dans le volume La Quête d'Identité Collective ; et du film d'animation de Chico Liberato sélectionné dans la collection Bahia – 100 ans de cinéma. La méthodologie de lecture du poète-cinéaste québécois, et de l'artiste plastique-cinéaste bahianais s'articule autour de la notion de la « poétique de l'oralité ». Notre lecture des films L'Oumigmag – ou l'objectif documentaire (1993) et Cornouailles (1994) d'une part, et Boi Aruá (1984) d'autre part, vise à problématiser la mémoire collective des deux régions grâce aux images qui dialoguent avec les questions de l'identité locale, des fragments universels de la littérature et les discours postcoloniaux sur la nationalité. Perrault construit son histoire comme un poème audiovisuel et déconstruit l'image traditionnelle du film documentaire naturaliste ; il a recours à l'essai littéraire pour analyser sa tentative de raconter la vérité de la mémoire et apporter un complément critique et théorique sur ses stratégies éthiques et esthétiques. Chico Liberato aborde la question du folklore et des mythes locaux et dialogue avec les sources de la littérature populaire et de l'ontologie postcoloniale liées au cycle bovin dans le Nord-Est du Brésil. Nous chercherons à problématiser les transversalités culturelles de ces deux cinématographies qui mobilisent la poétique de l'oralité du Sertão et du Québec pour montrer la mémoire comme vérité et imaginaire.

  • Discussion

Communications orales

Mémoire et imaginaire de l'espace des Amériques

Présidence : Ivete Walty (Université pontificale catholique de Minas Gerais)
  • Québec, Brésil, terres d'asile : aborder l'Amérique dans les romans Ru de Kim Thúy et Amerika de Sérgio Kokis
    Brigitte Thiérion (Université Sorbonne-Nouvelle (Paris 3))

    Dans le roman Ru, l'auteure québécoise Kim Thúy revient sur son passé pour faire le récit de l'exil vécu dans son enfance à cause de la guerre du Vietnam. Elle retrace les derniers moments passés dans Hanoï bouleversée, avant le départ de la famille pour le Québec, leur voyage et l'arrivée dans ce pays imaginé qui devient son pays d'adoption.

    Dans Amerika, Sérgio Kokis retrace l'immigration au Brésil d'une petite communauté partie de Livonie au début du siècle sous la houlette de son pasteur, pour fuir la misère et les persécutions, dans l'espoir de connaître une vie meilleure et de participer à la construction de l'Amérique. L'auteur y retrace les espoirs et les déconvenues de ces êtres sacrifiés par l'histoire.

    Le choix de ces deux univers narratifs très dissemblables permet de confronter deux écritures contemporaines de la mémoire de l'exil, la charge affective contenue dans le récit autobiographique de Kim Thúy et l'attitude plus distanciée de Sérgio Kokis qui reconstitue l'histoire d'une communauté disparue et oubliée. Notre analyse cherchera à mettre en évidence les représentations de l'Amérique qui encouragent ces démarches d'exil vers le Nouveau Monde et les idéologies qui les ont engendrées. Elle s'attachera à rendre compte de la manière dont les auteurs traduisent le passage du mythe à la réalité et à mettre en évidence les étapes de la construction de leur identité individuelle ou collective et s'interrogera sur le sens de ce projet scriptural chez les deux écrivains.

  • « Sur la route » : mémoire traversée, mémoire dévisagée chez Heloneida Studart et Deni Y. Béchard
    Gérald Gaudet (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    Chaque pays a sa géographie, porteuse d'imaginaire et de mythologie. Aussi, traverser le pays dans un « road trip » chez Heloneida Studart et Deni Y Béchard, vers le Nord pour la première et vers le Sud et l'Ouest pour le second, est-ce partir en quête d'une présence sans cesse différée et jamais tout à fait oubliée. Car, au cœur de cette traversée de l'espace, ce sont des images d'abandon, de violence et d'appel qui ressurgissent après un long silence. Et l'intime rejoint le politique et le social. Comment alors habiter le monde et être soi quand la mémoire est encombrée par l'Histoire, tout le mal qui l'habite et tout ce qui fait mal depuis elle? Le Bourreau et Vandal love ou Perdu en Amérique nous aideront à saisir les caractéristiques de cet immense voyage. La mémoire peut être un territoire psychique tout autant que géographique.

  • « L'espace perdu derrière la carte » : mémoire, appréhension et transfiguration de l'espace « amériquain » dans l'œuvre de Jean Morisset
    Rita Olivieri-Godet (Université Rennes 2)

    Cette communication se propose de réfléchir sur « l'enjeu-mémoire » dans le processus d'appréhension et de transfiguration de l'espace américain dans l'œuvre de l'écrivain-géographe québécois Jean Morisset. Il s'agira de préciser les éléments d'une autre géographie du continent américain que l'écriture de Morisset inaugure, en interrogeant, notamment, sa façon d'envisager les grands espaces naturels, comme le Grand Nord canadien et la forêt amazonienne. L'écriture de Morisset fait le choix d'une représentation esthétique qui intègre la dimension ontologique de l'espace à sa dimension topologique ; enracine l'histoire et la mémoire dans un temps de très longue durée - la « pré-histoire » des Amériques - pour rompre avec une figuration qui fait coïncider l'origine du continent américain avec l'arrivée des Occidentaux ; adopte une perspective basée sur l'interaction du temps et de l'espace, de la nature et de la culture tout en attirant l'attention sur les relations entre société et environnement spatial, ce qui lui permet d'interroger le destin des peuples amérindiens et leur rapport au territoire américain. Les rapports entre mémoire, histoire et imaginaire collectif seront au centre de cette étude consacrée à l'imaginaire poétique de Jean Morisset qui cherche à exposer la confrontation symbolique des mémoires et à prendre en compte l'épaisseur de l'histoire ainsi que le contexte de diversité et de métissage culturels.

  • Entre l'Amérique brésilienne et l'Amérique canadienne : Quarup et Koudjouarapik
    Jean Morisset (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    J'ai plongé dans le roman Quarup d'Antônio Calado au début des années 1980, alors que je fréquentais le Brésil assidument, et suis resté estomaqué.

    Lisant à l'époque tout ce qui me tombait sous la main… Que pais é este? d'Afonso Romano de Sant'Anna, O que é isso, companheiro de Fernando Gabeira, Mad Maria de Márcio Souza, etc., je restais sur mon appétit.

    Mais avec Quarup, dont l'action se situe au Xingú pour sauter dans les officines de Brasilia, via l'épopée-utopie jésuite à Rio, au départ, tout en passant par la dictature, la torture, la lutte entre politicien, missionnaire, journaliste, anthropologue pour détenir la parole de vérité sur le grand intérieur, voilà que la mulher carioca se met nue et à nu pour partir avec l'Indien et recommencer l'histoire, je suis resté sidéré. Entre tous ses amants, la femme blanche sur fond mulata choisit l'homme rouge.

    Mon idée est de resituer Quarup à Koudjouarapik (Poste-de-la-Baleine, Nounavik) dans les années 1980 de l'utopie nordique au Québec. La lutte entre Lévesque et Trudeau, Hydro-Québec et droits autochtones viennent renverser la conception du pays. Anthropologue franco, native anglo, souverainiste, fédéraliste, activiste tout-terrain. Nouveau Quarup du Grand Nord! L'ingénieure québécoise, montant en Baie James pour édifier barrages et indépendance, part soudain en ski-doo avec l'Esquimau vers le grand large infini de la banquise.

    Jean Morisset

    4 janvier 2013

  • Discussion
  • Mot de clôture

Cocktail

Séance de dédicaces : E. Figueiredo, Mulheres no Espelho; L. Soares de Souza, Cinema e literatura brasileiros; R. Olivieri-Godet, A alteridade ameríndia na ficção contemporânea das Américas: Brasil, Argentina, Quebec