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Informations générales

Événement : 82e congrès de l'Acfas

Type : Domaine

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

L’étude des langues et du langage recèle une diversité d’objets, qui vont du phonème au discours, en passant par le mot et la phrase. Ces objets, les linguistes peuvent les observer sous une multitude d’angles (celui de la grammaire, du dictionnaire, de la méthode de langue, etc.) et les analyser selon une variété de courants théoriques (structuralisme, linguistique discursive, générativisme, etc.). Les conférenciers et conférencières dont les communications ont été sélectionnées vous feront découvrir la richesse des avenues de recherches qui s’offrent en linguistique théorique et appliquée.

Dates :
Responsables :

Programme

Communications orales

Acquisition des langues

  • Pourquoi surspécifie-t-on? : une expérience sur l’acquisition du lexique
    Alexandra Luccioni (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    La production des expressions référentielles (ER) joue un rôle central dans la communication humaine: pour communiquer, on doit être d'accord sur l'objet dont on parle et le localiser dans l'espace. Les études ont montré que les locuteurs surspécifient spontanément lors de la production des ER, c'est à dire qu'ils y incluent plus d'information que n'est strictement nécessaire pour l'identification. Il y a deux explications existantes pour ce phénomène: (1) La surspécificationest un résultat des ressources cognitives limités des personnes et (2) La surspécificationest un outil de communication qui donne plus de chances aux locuteurs de se mettre d'accord et s'aligner sur l'objet dont ils parlent.

    Notre hypothèse est cohérente avec l'explication (2) – on croit que en surspécifiant lors des premiers stades d'un échange, les locuteurs assurent que toutes les caractéristiques du référent sont accessibles plus tard. Afin de tester cette hypothèse, on a conçu une expérience avec une situation d'acquisition de langue seconde, où on a comparé deux groupes d'apprenants : un groupe recevait des expressions minimales et l'autre recevait des expressions surspécifiées. Nos résultats ont montré que quand les apprenants ont pratiqué avec des expressions surspécifiées, ils retenaient mieux des nouveaux mots. Ceci semblerait confirmer notre hypothèse que lasurspécificationest un outil utile dans la communication à long-terme et aide la compréhension tout au long du processus communicatif.

  • Expression de la temporalité verbale et apprentissage des langues secondes ou étrangères
    Djaouida Hamdani Kadri (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    L’expression de la temporalité verbale, ou expression du temps dans et par le langage (Reichenbach, 1980; Gosselin, 1996) diffère beaucoup d’une langue à l’autre. Cette différence est liée au fait que tout « un jeu spécifique de marqueurs » (Culioli, 2000) syntaxiques et lexicaux correspond à cette notion. Chaque langue articule à sa façon ces marqueurs en un système complexe. Ainsi, si les marqueurs aspectuo-temporels du français, tout comme ceux de l’espagnol, comptent une multiplicité de temps verbaux, le russe n’en compte que trois et le chinois aucun. Dès lors, on pourrait faire l’hypothèse qu’un degré élevé de proximité de la langue1 est un élément facilitateur (Vygotski, 1997) pour l’acquisition du système des temps verbaux en langue seconde. Ainsi un Hispanophone aurait moins de difficultés en français qu’un Sinophone. Pour vérifier cette hypothèse, nous avons analysé les productions écrites en français de trois groupes d’apprenants - hispanophones, russophones et sinophones- du point de vue de l’emploi morphologique et sémantique des formes verbales. Paradoxalement, les résultats préliminaires ne révèlent pas un écart marquant entre les apprenants, notamment dans l’opposition sémantique présent/passé composé et passé composé/imparfait; on note des erreurs d'emploi face à la distinction sémantique passé composé/ plus-que-parfait, qui génère de l’incohérence. Un questionnaire sur les représentations qu'ont les apprenants de leurs difficultés complète ces résultats.

  • Les délais d’établissement du voisement en français comme L2-L3 d’enfants hispanophones en Ontario
    Myriam LAPIERRE, Raquel Llama (Université d’Ottawa), Luz Patricia LÓPEZ-MORELOS

    Le délais d’établissement du voisement (DEV) est largement étudié dans le domaine de l’acquisition des langues secondes. Les études qui comparent une langue romane à l’anglais (caractérisé par un DEV plus long pour /p t k/ en début de mot) ont montré que: 1) cette différence de durée est un défi pour les bilingues, et 2) il n’est pas rare que les apprenants créent un DEV hybride au lieu de produire un DEV comparable à ce des monolingues des deux langues.

    Moins etudié dans l’acquisition des langues tierces, le DEV a servi à évaluer l’influence translinguistique dans le troisième système phonologique chez des adultes. Ces études ont aussi révelé la production des valeurs intermédiaires entre les langues. Ce travail aborde la recherche sur le DEV dans un groupe pas encore étudié: les trilingues précoces. Afin de déterminer dans quelle mesure ils ont crée des categories separés pour /p t k/ selon la langue, on a testé 12 locuteurs hispanophones divisés en 4 groupes en fonction de leur âge (6-8 vs. 14-17 ans), et leur langue de scolarisation (AN / FR). Ils sont exposés à l’autre langue officielle pendant des activités parascolaires. Ils ont été enregistrés lors de la lecture de 3 listes de mots qui débutaient par une occlusive sourde. Ensuite, on en a réalisé l’analyse acoustique à l’aide de Praat. Nos résultats indiquent plus de variation chez ces enfants que chez les adultes, et sont interprétés à la lumière des modèles de transfert proposés dans le domaine du multilinguisme.

  • Mélanger deux langues dans une même phrase : qu’en pensent les enfants bilingues?
    , Krista BYERS-HEINLEIN

    Les individus bilingues alternent souvent entre deux codes linguistiques ou registres particuliers à deux langues dans une même phrase, comme dans « La ballerine is dancing » (Poplack, 1980). Puisque l'alternance de code linguistique peut être difficile à traiter pour les adultes bilingues (Grainger & Beauvillain, 1987), les enfants bilingues pourraient avoir autant plus de difficulté à traiter un mélange de deux langues; une telle éventualité pourrait avoir d'importantes conséquences sur l'acquisition du langage.

    Cette étude vise à comprendre l'impact de l'alternance de code linguistique sur l'acquisition et la compréhension des mots chez les enfants bilingues. Des analyses des mouvements oculaires nous ont permis de savoir si les enfants sont capables de reconnaitre un mot entendu dans une même langue «Regarde! Le chien!» et dans un mélange de deux langues «Regarde! The dog!». Nos résultats préliminaires indiquent qu'à 20 mois, les enfants bilingues (n = 10) sont capables de reconnaitre un mot dans une phrase mixte aussi bien que dans une phrase énoncée dans une seule langue. Ces résultats attestent d'une habileté remarquable des enfants d'identifier un référent dans un discours unilingue et mixte.

  • Comment mesure-t-on efficacement le niveau d’acculturation d’un apprenant du français langue seconde à Montréal?
    Annie Bergeron (Université Concordia)

    L’acculturation est le processus de changement culturel et psychologique résultant du contact entre deux groupes culturels ou plus et leurs membres (Berry, 2005). Le modèle de l’acculturation de Schumann (1986) prédit que le succès d’un apprenant d’une langue seconde (L2) dépend de la distance psychologique et sociale d’un individu par rapport au groupe parlant la langue cible. La mesure de l’acculturation doit cependant considérer l’intégration du nouvel arrivant à sa communauté d’origine et à sa communauté d’accueil. Pour cette étude, nous avons bâti un questionnaire d’acculturation inspiré de Ryder et coll. (2000) en l’adaptant au contexte québécois. Nous avons sondé 31 participants de la Colombie et du Venezuela en mettant en lien leur niveau d’acculturation, leur prononciation, mesurée au moyen d’une tâche de lecture de phrases et leur compétence langagière, mesurée à l’aide d’une entrevue, en français L2. Ainsi, nous avons testé auprès de Latino-Américains vivant à Montréal l’efficacité de notre questionnaire d’acculturation en L2. Des analyses corrélationnelles ont confirmé l’existence d’un lien significatif entre le niveau d’acculturation par rapport au groupe majoritaire et la prononciation. Une analyse en parallèle a permis de déterminer l’existence de deux facteurs, soit les deux sous-dimensions de l’acculturation. Les résultats seront discutés au regard des études antérieures et les implications pour une mesure du niveau d’acculturation en L2 seront présentées.


Communications orales

Phonétique, phonologie et morphologie

  • À Saguenay, boit-on du « lait » ou du « la »? : entre acoustique et perception, étude d’un phénomène phonétique du français québécois
    Josiane Riverin-Coutlée (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    Cette contribution propose une étude acoustique, auditive et perceptive de la voyelle /ɛ/ en finale absolue. Les 480 occurrences analysées ont été produites en contexte formel (lecture en chambre sourde) par 40 jeunes universitaires originaires des villes de Saguenay et de Québec. L’analyse acoustique des caractéristiques spectrales (fréquence fondamentale et 3 premiers formants) des voyelles atteste d’une distinction très nette des occurrences en fonction de l’origine géographique des locuteurs : les Saguenéens produisent des /ɛ/ finaux présentant un plus haut degré d’aperture. Puisqu’à notre connaissance, un tel résultat n’a jamais été rapporté dans la littérature, un accord inter-juges a été effectué : 5 auditeurs expérimentés ont confirmé que le timbre des occurrences produites par les locuteurs de Saguenay était majoritairement plus ouvert. 20 auditeurs naïfs de Saguenay et de Québec ont également été soumis à deux tests de perception dont les résultats sont en cours de dépouillement. Le premier test, de type AXB, visait à évaluer la sensibilité des auditeurs à cette fine variation phonétique. Dans le second, ils étaient amenés à identifier l’origine géographique des locuteurs d’après leur prononciation de la voyelle /ɛ/. Ces tests ont pour objectif de vérifier si des auditeurs naïfs perçoivent l’ouverture du /ɛ/ et s’ils sont en mesure d’établir le lien attesté par nos résultats acoustiques et auditifs entre cette variation et l’origine géographique des locuteurs.

  • L’apport de la dynamique spectrale à la description acoustique des voyelles /iyu/ en français québécois
    Caroline Sigouin (Université Laval)

    Les voyelles fermées /iyu/ peuvent être réalisées de multiples façons en français québécois. Sous accent, trois variantes se distribuent de manière complémentaire. Il s’agit des brèves tendues (en syllabe ouverte), des relâchées (en syllabe fermée par une consonne non allongeante), et des allongées (en syllabe fermée par une consonne allongeante). Les caractéristiques spectrales des allongées ont été peu étudiées et des rapports de durée contradictoires sont rapportés dans la littérature entre les tendues et les relâchées. Cette contribution vise à déterminer les caractéristiques acoustiques qui distinguent ces trois types de variantes. Pour ce faire, 1350 occurrences produites lors d’une tâche de lecture oralisée par 30 locuteurs de Rouyn-Noranda, de Saguenay et de Québec ont été analysées. Leur durée a été relevée, puis la fréquence fondamentale et la fréquence centrale des trois premiers formants (F1, F2, F3) ont été estimées à 25, 50 et 75 % de la durée. Nos résultats indiquent que les tendues présentent le F1 le plus bas et les relâchées, le F1 le plus élevé; les allongées se situant entre les deux. En cours d’émission, les tendues et les allongées se tendent, mais les relâchées se centralisent. Les allongées sont celles qui présentent les trajectoires les plus longues dans un diagramme F1/F2. Le rapport de durée entre tendues et relâchées semble dépendre du voisement des consonnes adjacentes. Quelques différences régionales ont également été mises au jour.

  • Perception des caractéristiques phonologiques non natives par des adultes francophones
    François Pichette (TÉLUQ - Université du Québec)

    La notion d’accent est complexe car elle recouvre deux phénomènes parfois difficiles à distinguer : la variation dialectale du locuteur natif et le parler du locuteur non-natif (Goslin, Duffy, & Floccia, 2012). La différence est particulièrement ténue en ce qui concerne la perception des propriétés acoustiques telles la prosodie et la durée des segments (Aoyam & Guion, 2007).
    De plus, on note des variations intra-individuelles entre L1 et L2 au niveau de la hauteur des formants (Chen, 2009;
    Sereno & Wang, 2007). La présente étude s’intéresse à la capacité à percevoir les différences L1 et L2 de caractéristiques phonologiques de longueur et de hauteur d’émissions sonores de source non vocale, domaine relativement peu exploré (Pichette, 2013). Un total de 15 adultes francophones seront soumis à des tests de différentiation perceptuelle d’émissions
    éructatives et flatulentielles basée sur la technique éprouvée du Matched-guise (Lambert, 1967), administré individuellement, par l’écoute de 10 émissions présentées aléatoirement pour chaque personne. L’exactitude de l’identification de même que le temps de réponse serviront à comparer les sous-groupes. L’hypothèse de recherche veut que les marqueurs dialectaux et non-natifs soient moindres pour ces formes de production sonores.

  • Capacité à manipuler l’unité dynamique dans la phonologie de la langue des signes québécoise : analyse comparée des taux de réussite à des tâches de perception et de production
    Stéphanie LUNA, Anne-Marie Parisot (UQAM - Université du Québec à Montréal), Darren SAUNDERS

    Le phonème, la plus petite unité linguistique, est considéré ayant une matérialisation aussi gestuelle (Stokoe, 1960). Les travaux sur la syllabe signée ont mis en évidence le rôle central du mouvement phonologique (MP), à travers lequel la séquentialité s’opérationnalise (ex. Sandler, 1989). Brentari (1998) propose une position suprasegmentale pour le MP, liée hiérarchiquement aux autres phonèmes. Dans ce cadre, est-ce que les locuteurs de langues des signes ont conscience du rôle du MP et intervient-il dans leur capacité à manipuler le matériel phonologique? L’objectif actuel est de vérifier l’impact du MP dans des tâches de conscience phonologique chez des enfants (n=18), adolescents (n=17) et adultes (n=21) sourds. Des tests de perception (identification, catégorisation, analyse) et de production (composition, permutation, fusion) ont été effectués sur ces groupes et sur un groupe contrôle de sujets entendants (n=20). Nous présenterons l’analyse statistique (Student-t, nonparamétrique pour réussite et temps de réponse) des données à savoir: i) les trois groupes maîtrisent-ils également les différentes catégories de phonèmes? ii) la nature du MP (interne vs à trajet) influence-t-elle la réussite? iii) le type de tâches intervient-il sur la réussite du MP? Bien que les résultats confirment que les sujets sont sensibles aux catégories de phonèmes, le MP parait être l’élément le plus difficile à manipuler et la tâche semble avoir une incidence sur sa manipulation.

  • La prise en compte de la dynamique spectrale dans la description acoustique de la parole pathologique parkinsonienne
    Vincent ARNAUD, Marie-Hélène Fortier (Université Laval), Vincent MARTEL SAUVAGEAU, Johanna-Pascale Roy

    L’analyse acoustique des voyelles repose traditionnellement sur l’estimation de la fréquence centrale des deux ou trois premiers formants (F1, F2 et F3) lorsque ces derniers sont stabilisés, soit généralement à 50 % de la durée. Cependant, certains chercheurs considèrent que les voyelles doivent être interprétées non pas comme des cibles statiques, mais comme des trajectoires, en tenant compte de l’évolution temporelle des formants et de la fréquence fondamentale. Dans la présente contribution, notre objectif est de déterminer si la description acoustique d’une parole dysarthrique parkinsonienne peut être bonifiée par cette prise en compte. Les voyelles /i/, /a/ et /u/ suivant les consonnes /p/, /t/, /k/, /b/, /d/, /g/ produites par cinq locuteurs dysarthriques parkinsoniens traités par Lee Silverman Voice Treatment (LSVT) ont été analysées. F1, F2 et F3 à 25 et à 75 % de la durée vocalique ont été relevés. D’une part, les comparaisons intra-individuelles avant et après traitement n’ont pas permis de constater un important changement dans l’évolution temporelle des formants. D’autre part, il semble que la dynamique spectrale soit moindre ou différente chez ces sujets comparativement à ce qui a été constaté dans les études antérieures portant sur la parole normale. Afin de vérifier si ce résultat est dû à un potentiel effet de vieillissement de la parole, une comparaison avec des locuteurs contrôles d’âge comparable à celui des sujets parkinsoniens sera également présentée.

  • Le temps verbal en français : une approche néo-reichenbachienne
    François Lareau (UdeM - Université de Montréal)

    Nous démontrerons qu'il existe en français non pas une, mais deux catégories flexionnelles liées aux temps verbaux: une qui situe le point de référence par rapport au moment d'élocution, et l'autre qui situe les faits par rapport à ce point de repère. Ces deux catégories ne sont pas en compétition mais sont plutôt complémentaires: tout verbe à l'indicatif doit porter un sens de chacune de ces catégories. En plus de ces deux catégories temporelles, nous distinguons trois phases, qui ne situent pas directement les faits dans le temps mais qui dénotent plutôt un des trois intervalles de temps divisés par le fait (avant, pendant et après). Nous démontrerons que ce découpage des formes de l'indicatif explique de façon élégante un certain nombre de phénomènes. Notre modèle rend compte de formes souvent ignorées par les grammaires, comme "allait Vinf", "aurait Vpp", ou les formes surcomposées. La différence sémantique entre imparfait, passé simple et passé composé s'explique sans avoir recours à une catégorie d'aspect. Notre découpage permet de bien modéliser la concordance des temps, et ce même lorsque ces temps portent un sens modal. Enfin, la distinction entre ces deux catégories de temps met en lumière les liens sémantiques étroits qui existent entre le présent et l'imparfait, et explique pourquoi ces deux temps, mais pas les autres, peuvent se combiner au subjonctif en français littéraire ou vieilli.

  • L’analyse chronométrique de productions écrites pour étudier la révision de la morphographie du nombre
    Sylvie Marcotte (UdeM - Université de Montréal)

    L'activité rédactionnelle est une activité cognitive complexe (Alamargot et Chanquoy, 2002) offrant une fenêtre sur le fonctionnement de la cognition humaine (Piolat et Roussey, 1992). Parmi les composantes de l’activité rédactionnelle se trouve la révision, que certains définissent comme un épisode au cours duquel le scripteur effectue une pause d'écriture et une modification au texte (Matsuhashi, 1987). Plusieurs méthodes ont été utilisées afin d'étudier la révision, dont l'analyse chronométrique, une méthode adaptée à cet objet d'étude, puisqu'elle permet de délimiter les épisodes de révision et d'analyser ce qui s'y produit (Heurley, 2006). Cette communication montrera comment l'analyse chronométrique de productions écrites peut être employée afin d'étudier la révision, plus spécifiquement la révision de la morphographie du nombre verbal. Dans le cadre de notre recherche, des étudiants universitaires ont effectué une dictée sur l’accord du verbe, pendant laquelle leurs actions ont été enregistrées en temps réel grâce au logiciel Inputlog (Leijten et Van Waes, 2013). Ces étudiants ont aussi réalisé des tâches de mesure de la connaissance de la règle d’accord du verbe, de la mémoire de travail (Foucambert, Fryer et Marcotte, à venir) et de l'habileté métasyntaxique (Fortier, 2013). Nous conclurons en présentant le lien qu'entretiennent les données issues de l'analyse chronométrique et les différences interindividuelles mesurées.

  • Description de la forme des verbes à classificateur de la langue des signes québécoise (LSQ)
    Amélie Voghel (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Les verbes à classificateur (vcl) se distinguent des autres
    verbes en ce qu'ils contiennent un classificateur, qui réfère à un nom en
    fonction des propriétés saillantes de son référent, le plus souvent de forme ou
    de taille. Les travaux de Dubuisson et al.
    (1996) et Lajeunesse (2001) ont proposé une description détaillée de
    l’inventaire des classificateurs de la LSQ. Toutefois, aucune étude n'a porté sur
    la description morphosyntaxique des vcl. L'objectif de cette recherche est de
    déterminer quels sont les éléments distinctifs de la
    forme morphosyntaxique des vcl en contexte discursif. Plus spécifiquement, nous posons les
    questions suivantes : 1) quelle est la
    distribution du vcl en contexte et plus particulièrement comment se manifeste
    sa relation avec le nom et 2) comment s'effectue le
    marquage argumental des vcl ? Nos résultats reposent sur l'analyse
    d'un corpus de données discursives élicitées auprès de quatre signeurs à l'aide
    d'une tâche de description de vidéos dans lesquelles des personnages interagissent
    et manipulent des objets. En premier lieu, nous montrons que l'identification
    du référent précède l'utilisation du vcl et que les deux éléments peuvent être
    distants (souvent de plusieurs énoncés). En second lieu, nous montrons que la
    forme des vcl est modifiée en contexte afin de marquer un ou deux arguments locatifs.
    Finalement, nous proposons l'adoption d'une classification selon trois classes
    (Schembri, 2003) en fonction de critères morphosyntaxiques.


Communications orales

Sémantique, pragmatique et linguistique du discours

  • Le discours électoral au Québec : une étude lexicométrique du discours électoral représenté dans un média télévisuel
    Hervé FORTIN-CHARRON, Carol-Anne Lussier (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Les discours politiques sont massivement analysés par les politicologues (Monière 2008) et les sociologues (Bourque & Duchastel, 1988 ; Duchastel, 1993) qui n’ont qu’une approche sommaire du matériau linguistique qu’ils analysent et ne prennent pas en compte les travaux récents des linguistes dans les domaines de l’énonciation (Kerbrat-Orrechioni, 1980) et de l’analyse de discours d’inspiration psycholinguistique (Bronckart et coll., 1985, 1996 ; Libersan & Foucambert, 2012). Notre recherche se propose de réaliser une description approfondie du matériau linguistique composant le discours électoral des chefs des principaux partis politiques du Québec (PLQ, PQ, CAQ et QS) lors des élections provinciales de septembre 2012. Après avoir retranscrit les discours des politiciens et politiciennes présentés durant le Téléjournal de 22h à Radio-Canada, nous avons analysé notre corpus à l’aide de la grille élaborée par Bronckart et coll. (1985) pour comptabiliser un certain nombre d’évènements linguistiques, comme les déictiques temporels, les auxiliaires et les densités verbale et syntagmatique. Les données recueillies seront exploitées à l’aide d’analyses factorielles discriminantes et d’analyses en composantes principales. Il nous est dès lors possible de comparer les discours et leur fonctionnement linguistique (Mayaffre, 2002), et ainsi de mieux comprendre les stratégies du discours électoral.

  • Polysémie et construction du sens
    Djaouida Hamdani Kadri (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Le sens est au cœur des langues et de l’apprentissage des langues. Notre proposition de communication porte sur un des aspects les plus délicats de la (re)construction du sens : la polysémie. Or, ce phénomène de la variation du sens des mots, lié à la compréhension plutôt qu’à l’expression (Nation, 2001), constitue une difficulté, qui déstabilise l’apprenant de langue seconde dont le recours sera souvent le dictionnaire occasionnant coût élevé en temps, surcharge cognitive, rupture avec le texte et baisse de la motivation. Dès lors, comment aborder ces glissements de sens et concilier « variation » et « stabilité » spécifiques à la polysémie? Dans un premier temps, notre réflexion portera sur le concept-même de polysémie, les apports des grammaires cognitives (Fuchs, 2007; Victorri, 1996) et leurs potentielles implications en classe de L2, notamment sur le processus d’interprétation comme « construction dynamique du sens ». Dans un deuxième temps, nous analyserons des situations de classe dans lesquelles les apprenants, en lecture, font face à la polysémie de lexèmes verbaux (i) en ayant la possibilité de recourir au dictionnaire ou (ii) en s’appuyant sur le seul contexte. Les résultats préliminaires montrent que le recours au dictionnaire, qui détourne de la focalisation sur le contexte, multiplie la divergence des réponses et des interprétations des apprenants. L’appui du seul contexte permet une prise de conscience de « l’espace sémantique » du mot et diminue les écarts.

  • Une logique spécifiquement juridique : hypothèse de travail pour le développement de la logique du droit
    Isabo Deschamps (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Dans les années 1950, la logique juridique a fait l’objet d’un débat entre Chaïm Perelman et Georges Kalinowski. Depuis, le sujet fut quelque peu délaissé. L'objectif de cette conférence est de réactualiser l’intérêt pour cette logique, via le concept de "logique du droit". Dans cette optique, nous nous demanderons : « comment construire la logique du droit ? ». En réponse à cette question, nous présenterons un modèle de construction pour la logique du droit.

    Notre conférence sera divisée en trois parties. La première partie résumera le travail de nos prédécesseurs. La deuxième partie présentera les étapes de construction de la logique du droit. La troisième partie exposera les premiers éléments de la première étape de construction de la logique du droit, soit la fondation de la logique du droit. Pour ce faire, nous nous inspirerons du modèle aristotélicien. Dans cette dernière partie, nous résumerons la logique d’Aristote (l’Organon). Ensuite, nous « juridiserons » la logique d’Aristote. Enfin, nous résumerons un arrêt de la Cour suprême en faisant ressortir, de cet arrêt, les éléments « juridisés » de la logique aristotélicienne. Nous obtiendrons ainsi la grammaire juridique du discours juridique, soit une fondation aristotélicienne du discours juridique.

    Ainsi, le modèle de construction que nous proposerons sera une hypothèse de travail pour le développement de la logique du droit.

  • Construction de l’allocutaire dans le discours politique gabonais : du destinataire au surdestinataire
    Didier Ndoba Makaya (UL - Université de Lorraine)

    A la suite de Bakhtine, Paveau [2006 : 17] ratifie l’absence de génération spontanée de discours, tout acte de parole s’inscrivant dans une chaîne continue de dires aussi bien antérieurs que futurs, l’altérité étant une donnée fondamentale du discours. Cette conception dialogique sous-tend la présence de l’autre. Cet autre qui, dans la situation qui nous préoccupe, traverse systématiquement les discours politiques gabonais. Tout discours est par définition à la fois assumé et destiné, en cela que chaque énoncé est l’expression d’une prise de parole d’un sujet dont la marque est je s’adressant in fine à un autre, symbolisé par tu. L’un et l’autre de ces pronoms ont la particularité d’être substituables. Toutefois, s’il est avéré que je destine l’énoncé dont il est l’auteur à un tu, on note que ces personnes sont amenées à discuter de quelque chose ou de quelqu’un. Il s’agit de ce, ou celui dont il est parlé : le délocuté (il). Le triptyque je, tu, il est par conséquent une combinaison linguistique constitutive de tout discours. Nous soupçonnons, à côté d’un auditoire identifié, l’existence d’un allocutaire autre ; d’autant plus que les discours permettent de réaliser qu’il (cet autre) n’en est pas le plus souvent l’énonciataire désigné. Nos investigations nous conduiront à questionner préalablement à la notion de tiers. Il s’agira par ailleurs de voir si ce dernier n’est pas en filigrane ce qu'il convient d'appeler un surdestinataire à travers le trope communicationnel.

  • Hegel et la langue artificielle de la philosophie
    Yvon Gauthier (UdeM - Université de Montréal)

    Hegel et la langue artificielle de la philosophie.

    Certains traducteurs et interprètes de Hegel prétendent que Hegel a voulu emprunter la langue commune dans toute son œuvre afin de préserver le caractère naturel de sa pensée dans sa langue maternelle. Il est vrai que Hegel emploie souvent des locutions concrètes dans un style imagé qui contraste avec les énoncés spéculatifs de la réflexion abstraite. Mais là-dessus précisément Hegel a-t-il mis l’accent pour recourir à une langue artificielle (Kunstsprache) afin de rendre compte des déterminations réflexives (reflektierte Bestimmungen), comme il dit dans la Wissenschaft der Logik I, (pp. 94-95) en se référant au lexique latin. C’est là précisément que Hegel discute du double sens de Aufheben qu’il compare au tollere latin (en citant le mot de Cicéron sur « tollendum esse Octavium ») et qu’il invoque l’exemple du levier (Hebel) pour décrire les forces opposées dans ce qu’il faut bien appeler le moment cinétique. Ce terme même de moment < das Moment > vient du latin momentum et signifie quantité de mouvement comme dans la physique newtonienne que Hegel a pourtant critiquée pour son mécanisme. Or le caractère dynamique de la notion de moment chez Hegel n’a pas été relevée souvent, e.g, B. Bourgeois dans son Vocabulaire de Hegel a négligé de lexicaliser ce terme omniprésent dans la langue artificielle de Hegel.

Communications orales

Apprentissage et description des langues

  • Communication médiatisée par ordinateur en classe de langue
    Hamid Saffari (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Notre communication a pour objectif de dresser un panorama des pratiques et des recherches effectuées sur le thème de « télécollaboration » et son potentiel pour soutenir la pédagogie d’interculturelle en classe de langue. Après une comparaison des définitions de la télécollaboration, nous essayons d’élaborer une typologie sur les différentes pratiques de télécollaboration déjà utilisées en didactique des langues et, à cet égard, deux projets remarquables de télécollaboration seront présentés en détail. Nous nous focalisons, par la suite, sur les potentiels et les défis de la télécollaboration pour la pédagogie d’interculturel en classe de langue. Enfin, nous tenterons d’aborder quelques variantes importantes de type social, pédagogique, organisationnel, etc. qui doivent être pris en compte dans la mise en place d’une télécollaboration et qui pourraient influencer, d’une manière ou d’une autre, l’organisation, le déroulement et potentiellement les résultats de la télécollaboration pour la pédagogie interculturelle. Les variantes comme le choix de tâche pédagogique, le rôle de l’enseignant, le choix de l’outil de communication, le choix de langue pour les échanges en ligne et les exigences institutionnelles et culturelles seront discutées.

  • Étude comparative de la complexité syntaxique dans les résumés produits par des élèves FL1 et FL2 au Manitoba
    Ndeye GUEYE, Margaux ROCH-GAGNÉ, Léonard Rivard (Université de Saint-Boniface)

    Enseigner comment communiquer clairement et correctement son message à l’écrit constitue un des objectifs fondamentaux de toute école, peu importe la langue d’enseignement. La production de résumé est un des exercices proposés dans le programme de français langue première (FL1) au Manitoba: premièrement, au stade d’éveil pour les élèves du niveau intermédiaire et plus tard, en voie d’acquisition au niveau secondaire. Avec le temps, les élèves devraient pouvoir exprimer des idées de plus en plus complexes et nous devrions donc pouvoir observer une évolution des compétences dans la production écrite de résumés. Dans cette étude, 487 élèves, répartis par niveaux (sec. 1 à la 1re année des études universitaires) et par programmes (FL1 et immersion française, ou FL2) ont préparé un résumé à partir d’un texte de vulgarisation sur la réintroduction de loups au parc Yellowstone. Nous avons évalué la complexité syntaxique des résumés produits par ces élèves en faisant appel à l’unité de mesure T-unit, ou minimal terminal unit (Hunt, 1965). Pour chacun des programmes, des comparaisons entre les différents niveaux de scolarité ont été menées sur des mesures syntaxiques à l’aide des modèles d’ANOVA. Dans le programme FL1, on note des différences significatives entre les différents niveaux pour la longueur moyenne des propositions. Tandis que celles réalisées pour le programme FL2 indiquent que les différences sont significatives pour le nombre moyen de propositions par unité T.

  • La réfutation directe à travers les langues : quel rapport y a-t-il entre la grammaire et le contexte de discours?
    Elena CASTROVIEJO, Laia MAYOL, E. Allyn Smith (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    La plupart des phrases contiennent plusieurs types de significations: le point principal, ce qu’on présuppose/implicite, divers points secondaires ou « a-partés », la source de l’information, notre engagement par rapport au contenu, comment on se sent vers le sujet, etc. Les participants à une conversation peuvent exprimer leur désaccord avec n’importe quelle signification, mais cela ne se fait pas toujours de la même manière. Par exemple, plusieurs chercheurs, suivant Von Fintel 2004 et Simons et al. 2011, croient qu’il existe un contraste entre (1b) qui réfute l’assertion de (1a), et (1c) qui réfute sa présupposition.

    (1) a. Personne 1: John est à nouveau au zoo.

    b. Personne 2: Non, il est malade chez lui.

    c. Personne 2: # Non, il n'a jamais été au zoo jusqu'à présent.

    Cette comminication vise à répondre aux questions suivantes: (i) Quelles sont les significations qui peuvent être directement réfutées, et (ii) quelles sont les propriétés qui déterminent si une signification peut être directement réfutée ou non. Nous présenterons notre étude qui a traité les cas de l'anglais, de l'espagnol et du catalan et dont les résultats ont démontré que ces langues sont plus hétérogènes que ce qui a été prédit dans la littérature. Nous proposerons enfin les révisions nécessaires aux théories de contextes structurés, afin de mieux les adapter aux résultats expérimentaux, en expliquant le rôle que jouent conjointement les propriétés syntaxiques, sémantiques, et pragmatiques.

  • Exploitation de la sémantique grammaticale en enseignement du français : le cas des temps composés
    Sarah Chamberland (Université Laval)

    Traditionnellement, dans les ouvrages grammaticaux , et encore récemment, dans les ouvrages pédagogiques, on a considéré qu’un verbe peut se conjuguer aux temps simples (je marche, il partira) et aux temps composés (j’ai marché, il sera parti). On affirme que les mots dont les temps composés sont constitués forment un seul et même verbe, même si on se trouve en présence de deux mots, et qu’un seul des deux est conjugué. De plus, on attribue à la plupart de ces syntagmes l’étiquette de « temps du passé », ce qui crée une confusion lorsqu’on se trouve en présence d’exemples tels que « J’ai fini dans cinq minutes » ou « Il faut que vous ayez terminé vos devoirs à mon retour », où l’on parle de passé composé et de subjonctif passé, alors que l’on fait référence au futur. Cette façon d’analyser la question pose problème pour l’enseignement à cause des incohérences qu’elle engendre. Pour cette raison, nous souhaitons démontrer en quoi la sémantique grammaticale, une analyse qui vise principalement à expliquer la valeur des notions et des relations grammaticales ainsi que la structuration des parties du discours et de la phrase, pourrait représenter une option intéressante pour l’enseignement de ces syntagmes : elle fait une distinction claire entre le verbe et le participe et met en lumière les relations grammaticales et logiques qui s’établissent entre ces deux concepts.

  • Et si Carnior était dans le tronc? : analyse descriptive comparative du rôle du tronc dans la réalisation des structures coordonnées en français et en langue des signes québécoise
    Geneviève Chénier (UQAM - Université du Québec à Montréal), Marie-Ève JAMES

    L’étude de la gestuelle co-verbale interroge le rôle des gestes sur l’organisation des informations linguistiques. L’hypothèse de l’interface propose que les gestes encodent les traits des référents tout en en structurant l’information parallèlement à l’encodage linguistique (Kita & Özyürekb. 2003). Ce qui est produit dans le discours est une synthèse de 2 systèmes sémiotiques (Calbris, 2001). En langues des signes (LS), on distingue 2 types de signaux : manuels (CM) et non manuels (CNM). Nous explorerons les similarités entre la gestuelle co-verbale et les CNM via l’utilisation du tronc dans les structures coordonnées. À partir des travaux portant sur les fonctions des CNM (Dubuisson et al.,1999 ; Pfau & Quer, 2010) et sur la coordination dans les LS (Lau & Tang, 2012), nous posons la question: Les mouvements de tronc interviennent-ils dans l’expression de la coordination en français et en LSQ? Les structures coordonnées, issues d’un corpus de données discursives élicitées chez un locuteur par langues cibles, isolées à l’aide de 2 tests (Riegel et al., 2009 ; Tellier, 2003) et transcrites permettent l’analyse des cooccurrences gestuelles et verbales, des CM et des CNM.

    Nous présenterons 1) la représentation structurelle de la coordination et le rôle du tronc dans les LS 2) la méthode et la grille d’analyse 3) les résultats de l’analyse factorielle 4) la discussion des résultats en fonction de la notion de coordination et du parallèle systémique de Kendon (2004).

  • Les constructions applicatives en inuktitut
    Julien Carrier (University of Toronto)

    Je propose une communication sur les constructions applicatives en inuktitut. Conformément à l’hypothèse typologique de Pylkkänen (2002), la langue présente les deux types de construction applicative: les constructions hautes, qui lient un argument à un événement (p.ex. un bénéficiaire), et les constructions basses, qui expriment un transfert de possession de l’argument interne à partir ou en direction d’un argument oblique. La présentation compte trois objectifs et porte plus particulièrement sur le type de construction basse. Premièrement, les constructions applicatives de la langue sont décrites. Deuxièmement, trois tests morphosyntaxiques menés sur les constructions basses sont exposés tour à tour. Troisièmement, une analyse approfondie des propriétés et de l’interprétation de l’argument oblique dans les constructions basses est effectuée. L’examen des données suggère que les têtes applicatives basse et haute aient la même position structurale au-dessus de VP, contrairement à la proposition de Pylkkänen (2002) mais comme Georgala et coll. (2008) affirment aussi. De plus, l’analyse démontre qu’une approche non dérivationnelle des constructions basses est plus appropriée, cette fois-ci à l’instar de Pylkkänen (2002) mais à l’inverse de Georgala et coll. (2008). Crucialement, toutefois, l’exposé propose une nouvelle hypothèse quant à l’interprétation de l’argument oblique dans les constructions applicatives basses, celle d’une entité affectée collatéralement.

  • L’enseignement d’oppositions d’ordre sémantique en classe de langue étrangère : le cas du passé simple et du passé composé de l’espagnol
    Henrietta JONAS-CEDERGREN, Yareth LOPEZ, Jessica Payeras (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Apprendre à utiliser correctement l’opposition sémantique « canté / he cantado » (je chantai / j’ai chanté) peut s’avérer une tâche ardue pour les apprenants de l’espagnol langue étrangère dont la langue maternelle est le français (Brisson: 1999). Cette difficulté a son origine, d’une part, du fait que cette distinction n’est plus fonctionnelle dans la langue orale du français. Ces deux effets de sens (aoristique et accompli respectivement) sont traduits en surface par une seule forme, «J’ai chanté», correspondant au passé composé (Gosselin: 1996).

    Cette proposition présente les résultats de notre recherche basée sur la participation de 79 étudiants universitaires francophones. Notre recherche avait deux volets: évaluation (prétest et post-test) et intervention (deux ateliers). Dans la partie évaluative, nous voulions savoir si, au niveau cognitif, les locuteurs francophones peuvent saisir la différence sémantique malgré la disparition de la dichotomie formelle. Les résultats nous indiquent que le locuteur francophone fait encore une discrimination entre un sens ou l’autre. Le post-test avait pour objectif de vérifier l’apprentissage de trois habiletés distinctes : a) associer une forme à un contexte approprié (taux de réussite de 70%) ; b) identifier les marques de temps qui régissent l’usage du PPS et du PPC (taux de réussite, 60%) ; et c) comprendre le sens véhiculé par chaque forme verbale (taux de réussite de 80%).


Communications orales

Norme, variation et représentation en français québécois

  • Une description de la norme du français parlé au Québec
    Davy Bigot (Université Concordia)

    Depuis les années 1960, la question de la norme linguistique au Québec a été soulevée à de nombreuses reprises. En 1965, l’Office de la langue française soulignait l’importance d’aligner cette norme sur le français standard international. En 1977, l’Association québécoise des professeurs de français proposait que la norme du français québécois soit basée sur le français formel des Québécois. Cependant, aucune de ces deux propositions n’a réellement fait consensus.

    Quelques années plus tard, Cajolet-Laganière et Martel (1995) affirmaient qu’il existait une norme québécoise basée ni sur du français populaire québécois, ni sur du français standard de France, mais que cette norme n’était encore décrite nulle part. Depuis, plusieurs études ont fourni des éléments descriptifs du français standard québécois oral. Cox (1998), Reinke (2005) et Bigot et Papen (2013) se sont penchés sur la prononciation. Bigot (2011) a, lui, centré son étude sur la morphosyntaxique.

    Dans notre exposé, nous nous proposons de dresser un portrait exhaustif du français standard oral en usage au Québec. Dans un premier temps, nous reviendrons brièvement sur le débat entourant la question de la norme linguistique québécoise. Par la suite, nous fournirons une description de cette norme du point de vue phonique et du point de vue grammatical. Nous terminerons notre présentation par une réflexion sur l’importance didactique de ce standard québécois dans l’enseignement du français au Québec.

  • « C’est du hockey, pas du criss de baseball » : étude de la réception du doublage en français québécois du film Goon
    Jessica Arruda (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Dans l’industrie du doublage au Québec, le français québécois est généralement délaissé au profit du français international, « un langage construit, relativement artificiel, reconnaissable à son manque de couleurs et d’expressivité » (von Flotow 2010 : 28 [Nous traduisons]). Sébastien Dhavernas, acteur-doubleur, adaptateur et directeur de plateau de doublage, explique cette situation par le fait que « la population […] a mal réagi devant les rares tentatives de doublage en FQ [français québécois] » (Reinke & Ostiguy, 2012 : 44). Cette mauvaise réception n’a pourtant jamais fait l’objet d’études approfondies qui la confirmeraient et en expliqueraient les causes. C’est pourquoi, à partir d’une étude sociolinguistique de la réception, nous chercherons à savoir si la réception d’un doublage en français québécois est systématiquement mauvaise.

    Pour ce faire, nous nous intéresserons à la réception du doublage de Goon, film canadien-anglais ancré dans le monde du hockey et doublé dans un français québécois très familier. Il s’agira d’identifier, à partir de l’analyse du contenu des commentaires formulés par les spectateurs sur les blogues, les forums et les sites destinés au cinéma, les éléments linguistiques (prononciation, lexique, grammaire) et extralinguistiques (sujet du film, âge et sexe des spectateurs) ayant influencé la réception de ce doublage. Nous verrons ainsi que, souvent, les mêmes facteurs ont tantôt contribué au succès de ce doublage, tantôt causé son rejet.

  • La « trudeauisation » de la langue française au Québec : d’une langue de culture à une langue d’individus
    Laurent Breault (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Le sujet de ma communication s’inscrit dans la discipline de la sociologie. Il s’agit de la trudeauisation de la langue française au Québec, un phénomène étudié lors de mon mémoire de maîtrise. La notion de trudeauisation est empruntée à l’historien Éric Bédard et fait référence à un processus d’individualisation radical de la société, entamé au Québec après 95 et qui s’oppose à toute subordination de l’individu au droit collectif. Lors de la communication, je me pencherai tout particulièrement sur son évolution dans la politique linguistique québécoise, en présentant chronologiquement la pensée de trois intellectuels québécois: Camille Laurin, Gérald Larose et Gérard Bouchard. Il en ressort que la trudeauisation se caractérise principalement par une incapacité d’aménager la langue française au nom de la culture nationale. Alors que la « Loi 101 » s’inscrivait initialement dans la continuité d’une culture nationale historiquement constituée, aujourd’hui, comme le concevait Trudeau, le droit individuel l’emporte inconditionnellement sur le droit collectif. Cela met en échec toute réforme de la politique linguistique basée sur la culture. Or, au nom de quoi peut-on maintenant promouvoir le français au Québec? Cette question en ouverture terminera la communication. Enfin, ma communication se résumerait à expliquer le phénomène de la trudeauisation dans la politique linguistique québécoise par l’entremise de Camille Laurin, Gérald Larose puis Gérard Bouchard.

  • Discours épilinguistiques des adolescents au sujet des anglicismes en français québécois
    Alena Podhorná-Polická (Masaryk University in Brno), Petra Vaskova

    Notre communication propose un regard croisé sur la problématique de la normativité et de la dynamique des discours épilinguistiques chez les jeunes Québécois. Le corpus de presque 700 questionnaires, établi en 2012 dans quatre collèges de la province du Québec (à Gatineau, à Montréal, à Québec-ville et dans la région rurale québécoise) fournira des exemples pertinents pour rediscuter cette problématique complexe. La situation québécoise, et franco-américaine en général, en matière de représentations socio-langagières connaît une dynamique importante (Dupuis, 1997, Boudreau & Boudreau, 2004). Une palette d’attitudes des locuteurs, allant de l’insécurité linguistique jusqu’aux affirmations assurée des acteurs publics, oscillent autour de la prise de position par rapport à la question des anglicismes. Depuis les études sociolinguistiques brisant les mythes (p.ex.Poplack & Sankoff & Miller, 1988), les appels à la vigilance contre « le stade ultime de déstabilisation » (Pergnier 1989) ou bien les proclamations du type « seuil de tolérance » (évalué autour de 15 % du lexique d’origine anglaise en français selon Hagège (2006)) ne semblent recueillir que peu d’écho auprès des sociolinguistes. Or, il n’empêche que les imaginaires de la jeune génération vis-à-vis des anglicismes sont intéressants à observer car ils traduisent les espoirs et les angoisses des jeunes quant à la langue et culture francophone.

  • Est-ce que « tu » vaut mieux qu’« on » le croit? : analyse sociolinguistique des pronoms à valeur générique dans le français parlé à Montréal aujourd’hui
    Jimmy Couturier (UdeS - Université de Sherbrooke)

    L'usage des pronoms à valeur générique (on, tu et vous) au Québec a été l'objet d'analyses sociolinguistiques notamment dans le français parlé à Montréal depuis les années 1970 (Laberge, 1977; Thibault, 1991). D'un point de vue normatif, la forme on représente la variante prônée par les grammaires, bien que la forme tu, d'abord critiquée pour son caractère informel et régressif (Laurence, 1946), semble à présent constituer une variante concurrente du on générique au Québec (Léard, 1995).

    Les analyses de Laberge et Thibault susmentionnées ont respectivement été effectuées à partir des corpus Sankoff-Cedergren de 1971 et Montréal 84. En fonction de ces études, les auteures anticipent un déclin considérable de la variante on en faveur de la variante non standard tu dans le français parlé à Montréal. Divers facteurs sociaux appuient cette hypothèse notamment que l'emploi de la forme tu est plus saillant chez les locuteurs les plus jeunes. Cependant, comme les plus récentes données soumises à une telle analyse remontent à 1984, nous proposons de dresser un portrait sociolinguistique de l'usage courant en français montréalais à partir du corpus de données actuelles de Remysen (2011) composé d'entrevues semi-dirigées avec des locuteurs franco-montréalais. Cet examen s'inscrit dans le cadre d'une analyse variationniste de forme selon la distribution proposée par Laberge (1977) et nous permettra de mieux comprendre l'évolution qu'a connue ce changement linguistique en cours.

  • Les effets de la planification langagière sur le paysage linguistique au Québec, au pays de Galles et à Singapour
    Jakob Leimgruber (Université McGill)

    Les politiques langagières au Québec sont bien connues. Les dispositions de l’article 58 de la Charte de la langue française, régissant la place du français dans l’affichage public, ont eu un effet considérable sur le paysage linguistique, surtout à Montréal. L’objectif primaire, la promotion d’une langue, se retrouve dans d’autres politiques linguistiques à travers le monde, à commencer par le pays de Galles, où les efforts de revitalisation du gallois, entamés dans les années 1960, ont culminés dans son adoption comme unique langue officielle du pays en 2011. Ici aussi, des mesures d’incitation ont, depuis 1993, résulté en une plus grande visibilité du gallois dans l’espace public, sans toutefois éliminer l’anglais, la langue majoritaire. À Singapour, avec quatre langues officielles, la planification langagière s’est surtout concentrée sur la promotion de l’anglais et du mandarin, ainsi qu’à l’éradication des variétés «non standard». Il n’y existe pas de cadre législatif relatif au paysage linguistique, même si ce dernier est influé par les politiques en vigueur. Un corpus photographique de ces trois sites donne une première vue d’ensemble sur les effets des politiques sur les paysages linguistique respectifs. À Montréal, la loi est quasiment appliquée (avec des variations géographiques), au pays de Galles le bilinguisme est prépondérant, et à Singapour l’absence de règles strictes résulte en l’omniprésence de la 4ème langue officielle: l’anglais.


Communications orales

Lexicologie et lexicographie

  • Le traitement lexicographique du français québécois dans Usito, dictionnaire québécois informatisé
    Hélène Labelle (Université d’Ottawa)

    Ma communication vise une réflexion sur la norme écrite franco-canadienne en proposant une étude métalexicographique du nouveau dictionnaire québécois de langue française informatisé Usito. Ce dernier propose une description globale du lexique français, tout en intégrant à sa nomenclature un lexique à l’usage et au contexte québécois, mais également nord-américain (Cajolet-Laganière & Martel 2008). Dans le but de mieux comprendre la façon dont le discours métalinguistique de cet ouvrage s’articule, j'ai entrepris un dépouillement et une analyse métalexicographique de ses régionalismes, ses archaïsmes, ses anglicismes et ses francismes. Je me penche à la fois sur la macrostructure et la microstructure de ses entrées. De manière parallèle, je relève également les entrées semblables dans le dictionnaire non différentiel de langue française sur support électronique, le Petit Robert informatisé 2013, afin de comparer les similarités et différences de ses choix lexicographiques. Mes résultats préliminaires montrent plusieurs différences importantes dans la microstructure des entrées de ces deux dictionnaires, en particulier les marques d’usage, ce qui s’explique évidemment par leur projet différent. En conclusion, en démystifiant Usito, je participe à l'avancement des connaissances sur le paysage lexicographique francophone, les outils lexicographiques étant de bons objets d’étude pour comprendre l’importance que l’on donne à la légitimité d’une langue et à ses variétés.

  • Sylva Clapin : contributions à la pratique canadienne de la traduction
    Gabrielle Saint-Yves (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    Il existe peu de renseignements sur le traducteur à la Chambre des communes qu’a été Sylva Clapin, entre 1902 et 1921, puisque les traductions officielles conservées au Parlement canadien ne sont tout simplement pas signées. On peut cependant estimer que Sylva Clapin était très bien préparé à la tâche de traducteur. Il venait, en effet, de publier en 1902 un dictionnaire d’américanismes ayant pour objet de répertorier et de définir les particularismes américains ainsi que ceux appartenant, selon la formulation de l’auteur, au Dominion of Canada.

    Pour apprécier pleinement la contribution de SylvaClapin à la pratique canadienne de la traduction, nous nous proposons ici de faire un bref rappel des outils lexicographiques que ce linguiste a développés afin de faciliter la tâche du traducteur en Amérique du Nord. Ensuite, nous tenterons de dégager la conception théorique sous-jacente à la traduction de réalités spécifiquement canadiennes. Finalement, nous mettrons en lumière, à partir d’exemples tirés du récit historique de la vie de Sir George-Étienne Cartier (Sir George Étienne Cartier, Bart. His Life and Times : A Political History of Canada from 1814 until 1873, écrit par John Boyd en 1914), les diverses techniques de traduction utilisées par le linguiste dans cette biographie remarquable à propos d’un des pères de la confédération canadienne.

  • Corpus informatisé et visée onomasiologique : cas de verbes de jugement
    Afef Ben Abdallah (Université de Carthage)

    Le champ onomasiologique est un domaine dans lequel se trouve un ensemble de mots ayant un sème commun, donc qui se substituent entre eux, mais cette commutation ne se vérifie pas dans tous les cas.L’analyse onomasiologique nous permet d’étudier l’organisation des mots à l’intérieur d’un champ lexical. Notre choix porte sur le champ lexical du jugement. Dans une perspective onomasiologique, nous étudierons les mécanismes qui font qu’un verbe ou une expression peut, dans certains contextes, avoir le sens du jugement.Pour étudier des verbes ou des expressions ayant le sens du jugement nous devons nous référer à un corpus fiable. Dans cet article, nous justifierons notre choix d’un corpus clos et informatisé, en décrivant son contenu et la méthode de son maniement.Ensuite, nous présenterons le champ sémantique du verbe « juger » à partir d’un graphique, extrait de notre corpus informatisé. Enfin, nous présenterons un exemplier extrait de FRANTEXT contenant le verbe « juger » et le verbe « trouver » dans différentes constructions syntaxiques.Cet exemplier nous servira à montrer comment la construction syntaxique du verbe participe à son changement de sens. Nous présenterons quelques emplois de la locution « quelle horreur » considérée comme expression d’un jugement.Cette variante devrait nous montrer comment cette expression a le sens du jugement sans être employée avec un verbe de jugement.Nous expliquerons comment « quelle horreur » est équivalente à « je juge+SN+horrible ».

  • La lexicalisation complexe en génération automatique de texte
    François Lareau (UdeM - Université de Montréal)

    La génération automatique de texte est une branche de la linguistique computationnelle qui vise la production automatique d'énoncés en langue naturelle qui expriment de l'information qu'on veut communiquer. Je présenterai d'abord l'architecture classique d'un générateur de texte, en m'attardant plus particulièrement aux modules linguistiques d'un tel système. Je montrerai quel type d'information est nécessaire pour cette tâche, et comment elle se représente formellement. Ensuite, je parlerai plus en détail de l'étape de la lexicalisation (le choix des mots pour l'expression d'un message). Traditionnellement, cette opération s'effectue en une seule étape. Or, je montrerai que pour obtenir des textes fluides et naturels, il faut un modèle stratifié de la lexicalisation afin de traiter un type particulier de locution appelé collocation, c'est-à-dire une expression idiomatique où il existe un lien privilégié entre des mots qui «vont ensemble» (par exemple, «procéder à l'arrestation» au lieu de «arrêter»). Il existe dans les langue une grande variété de collocations («subir une perte», «peur bleue», «porter des accusations», etc.) et le phénomène, loin d'être marginal dans l'usage, est omniprésent. L'arbitraire de ces combinaisons de mots exige que l'information soit encodée d'une façon ou d'une autre dans un système de génération de texte, et c'est de cet encodage que je parlerai plus en détail.

  • Émergence et synthèse de structures lexicales dans des textes de « mentation » en cours de sommeil : la convergence au cœur de la créativité linguistique
    Marie-Hélène Maltais (Université Laval)

    Notre objectif est de caractériser sur le plan linguistique des unités lexicales émergentes contenues dans des textes de mentations (ang. dream mentation). L'étude des mentations en cours de sommeil pose d'importants défis méthodologiques, notamment celui de l'observation indirecte par le biais de locuteurs dont l'expertise cognitive (Kahan 2011, 2012) et l'honnêteté présentent une variabilité. Nous avons considéré les expériences mentales en cours de sommeil à partir de leur reconstruction textuelle (Kilroe 2000, Zanazi 2010). Quinze structures lexicales obtenues par appel auprès de locuteurs du français ou de l'anglais ont ainsi été étudiées. Elles ont été liées à trois types de structures émergentes: les paraphasies, les lapsus et les néologismes. Nous proposons d'abord une taxonomie qui permet de faire ressortir que les unités lexicales contenues dans les textes de mentations sont la plupart du temps créatives, c'est-à-dire nouvelles et appropriées (Karkhurin, 2009; Kamplys et Vantalen, 2010) sur les plan formel et sémantique. Nous décrivons les opérations de déplacement, d'inversion, de suppression et d'addition (groupe µ 1982) qui rendent compte de leur création sur le plan morpho-phonologique. Nous suggérons enfin que certaines structures (amalgames) contribuent à la création de forme et de signification nouvelles par intégration conceptuelle, une opération mentale qui permet la combinaison (Fauconnier et Turner 2002) d'éléments convergents.

  • Onomastisme : un proprionyme métamorphosé, étude du mécanisme de la lexicalisation des noms propres
    Atossa Reyhani (Université Laval)

    La langue française contient un grand nombre de mots dont l’étymologie remonte à un nom propre (proprionyme). Les mots ainsi créés, qu’on nomme onomastismes, abondent tant dans la langue générale que dans les langues de spécialité. Le mot saxophone, par exemple, a été formé à partir du nom de son inventeur, Adolphe Sax. Le mot dahlia a pour sa part été créé en hommage au botaniste suédois Anders Dahl, qui en fit la découverte au XVIIIe siècle.

    Derrière la lexicalisation des noms propres se trouvent une histoire et un mécanisme qui touchent des éléments et des règles tantôt linguistiques, tantôt extralinguistiques. Dans le cadre de notre recherche doctorale, nous nous sommes intéressée à l’aspect linguistique des onomastismes. De façon plus précise, nous avons étudié un corpus de 720 onomastismes relevés du Nouveau Petit Robert. Cela nous a d’abord permis de dresser une typologie des modes de formation des onomastismes ainsi que de mesurer la productivité du nom propre à travers les siècles en tant que procédé de formation de noms communs. Nous nous sommes ensuite penchée sur le traitement dictionnairique des onomastismes dans trois dictionnaires français contemporains (le Nouveau Petit Robert, le Petit Larousse illustré et le Dictionnaire Hachette), ce qui nous a permis d’identifier la façon dont les lexicographes répertorient les onomastismes et les critères de sélection qu’ils emploient.

    La communication que nous proposons vise à rendre compte des résultats de notre étude.

Communications par affiches

Session d'affiches

  • Étude expérimentale de l’interprétation des questions rhétoriques : facteurs sémantiques et pragmatiques
    Nesrine Mejri (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Afin de déterminer les facteurs sémantico-pragmatiques qui rentrent en jeu dans l’interprétation des questions rhétoriques en français, désormais QR, ainsi que les effets de sens qui découlent de leur présence dans une question, nous avons conçu une expérimentation dans laquelle nous avons testé 3 facteurs : la présence du verbe croire, la présence de l’adverbe vraiment et la présence du contenu véhiculé par la question dans le savoir partagé des locuteurs. Pour ce faire nous
    avons élaboré un sondage en ligne. Huit versions de ce sondage ont été proposées aux participants. Nous avons manipulé, dans chaque version, les 2 valeurs : présence ou absence de chacun des 3 facteurs. Un contexte particulier
    précédait chaque question. Les participants devaient juger la probabilité que la question soit rhétorique sur une échelle Likert. Nous avons d’abord vérifié l’effet rhétorique qui se dégage de l’usage de chaque facteur traité à part dans une question ainsi que l'effet de renforcement qui se produit quand 2 ou 3 facteurs se combinent. Ensuite, nous avons démontré l’existence d’une hiérarchie au sein même de ces facteurs rhétoriques en comparant les facteurs sémantiques au facteur pragmatique. L’objectif de cette communication est de présenter les résultats de notre étude qui porte sur l'interprétation des QR en
    français, phénomène complexe, encore très peu étudié.


  • Construction automatique de lexiques bilingues d’entités nommées à partir du corpus parallèle (anglais-arabe)
    Fatima Deffaf (UQAM - Université du Québec à Montréal), Fatiha SADAT

    Nous présentons dans cet article une méthode de construction de lexiques bilingues pour les entités nommées basée sur les corpus parallèle. Les types des entités nommées étudiées sont les noms de personnes, des lieux et des organisations. Une application est faite sur la paire de langues anglais-arabe.

    La construction des lexiques des entités nommées de type organisation se base sur différentes ressources linguistiques dont les ontologies comme DBPedia ou des listes préétablies comme JRC-Names.

    La construction des lexiques des entités nommées de type noms de personnes et lieux, se base sur un modèle de translitération pour chaque entité nommée à partir de l'anglais vers l'arabe.

    La procédure de translitération consiste à trouver les différentes translitérations de chaque lettre de l’entité nommée en anglais, et à chercher la meilleure combinaison dans la phrase en langue arabe.

    Pour diminuer le nombre de combinaisons des translitérations possibles d’une entité nommée, une méthode de normalisation des lettres en langue arabe vers une seule lettre, est proposée.

    Une application est faite sur deux corpus. Un est extrait de Wikipédia et le très connu corpus des nations unis (UN).

    La mesure généralement utilisée pour comparer les performances des systèmes se fonde sur le score de précision et de rappel. Cette mesure s’appelle la mesure F. Nos expérimentations ont montré un score de F-mesure égale à 99,1% en utilisant le corpus UN et 93,3% en utilisant le corpus extrait de Wikipédia.

  • Annotation syntaxique d’un corpus pour la langue arabe
    Wajdi Zaghouani (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Nous présentons le corpus Arabic TreeBank, une ressource que nous avons développée au sein de la Linguistic Data Consortium. Il s'agit d'un corpus de 600,000 mots annotés syntaxiquement selon la structure Penn TreeBank. Cette ressource est annotée selon une approche d'annotation manuelle. Nous décrivons, les différentes étapes de ce projet y compris la préparation et le choix des données, l'infrastructure informatique et l'outil d'annotation, les choix méthodologiques qui ont guidés les diverses phases de préparation du corpus y compris les difficultés linguistiques. Enfin, Nous formulons les enjeux d’une telle ressource pour la linguistique et le traitement automatique du langage et nous présentons les premières exploitations.

  • La croissance du vocabulaire et de la rapidité de l’accès lexical au cours de la deuxième année chez les jeunes enfants bilingues et monolingues
    Cristina Crivello (Université Concordia), Jacqueline LEGACY, Diane Poulin-Dubois, Monyka RODRIGUES

    La croissance du vocabulaire chez les jeunes enfants bilingues n'a jamais été comparée directement avec celle des monolingues durant la période de l'explosion du vocabulaire. En outre, bien que l'efficacité de la compréhension des mots des jeunes monolingues augmente au cours de la deuxième année, cela n'a pas été examiné chez les enfants bilingues. Nous avons testé un groupe composé de 38 enfants bilingues français/anglais et de 52 enfants monolingues francophones. Chaque groupe a été évalué à l'âge de 16 mois (M = 16,69, SD = .71), puis 6 mois plus tard. La taille du vocabulaire réceptif et la rapidité d’accès lexical pour des mots familiers ont été évalués à l'aide du Computerized Comprehention Test (Friend & Keplinger, 2003).Ce test informatisé nécessite de toucher le référent de 41 mots sur un écran tactile (noms, adjectifs et verbes). Les résultats ont révélé que les monolingues ont un vocabulaire supérieur lors de la Phase 2 . Les bilingues ont aussi augmenté leur vocabulaire dans leurs deux langues. Leur rapidité d’accès lexical s’est également améliorée dans les deux langues. Lorsque nous avons analysé la croissance (Phase 2 - Phase 1/Phase 1) pour chacune de ces variables, une augmentation plus importante du vocabulaire a été observée chez les bilingues, mais seulement pour L1. Ces résultats mettent en évidence des similitudes et des différences dans le taux de croissance du lexique précoce chez les jeunes enfants monolingues et bilingues.