Aller au contenu principal
Il y a présentement des items dans votre panier d'achat.

Informations générales

Événement : 82e congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 100 - Sciences de la santé

Description :

La principale fonction de la douleur est d’alerter l’organisme que son intégrité corporelle est menacée afin qu’il puisse réagir à la source de la menace. En l’absence de cette fonction adaptative, l’expérience subjective de douleur perd tout son sens. Malheureusement, la plupart des recherches sur la douleur se sont surtout concentrées sur ses aspects expérientiels. Or, la fonction adaptative de la douleur s’exprime à tous les niveaux du système nerveux central, de la moelle épinière jusqu’aux systèmes qui sous-tendent l’expression de la douleur. L’objectif de ce colloque sera donc de regrouper une variété d’études portant sur la fonction adaptative de la douleur.

Dans un premier temps, le rôle protecteur des réflexes nociceptifs de flexion spinaux sera abordé par le Dr Mathieu Piché (Université du Québec à Trois-Rivières). Puis, nous verrons comment la valeur aversive de la douleur se transmet aux stimuli ou aux actions qui la prédisent afin de guider nos actions futures (Véronique Taylor, Université de Montréal; Mathieu Roy, Université Concordia). Nous examinerons également la façon dont la douleur interagit avec d’autres sources de récompenses (Wiebke Gandhi, Université McGill). Par la suite, nous verrons comment la fonction adaptative de la douleur peut influencer l’activité cérébrale suscitée par la douleur (Audrey-Anne Dubé; Université de Montréal). Finalement, les comportements de douleur peuvent également avoir une fonction communicative dont l’objectif est d’obtenir le soutien d’autrui. Cette fonction communicative de la douleur sera abordée par les docteurs Michael Sullivan (Université McGill) et Marc-Olivier Martel (Université Harvard). Par la suite, les circuits cérébraux qui sous-tendent cette fonction communicative seront abordés par le Dr Pierre Rainville (Université de Montréal). Enfin, les circuits cérébraux qui sous-tendent la perception de la douleur chez autrui seront abordés par Mathieu Grégoire (Université Laval), qui examinera également comment ceux-ci peuvent différer chez le personnel soignant qui se trouve surexposé à la douleur des autres.

Date :
Responsables :
  • Mathieu Roy (Université Concordia)
  • Veronique Taylor (UdeM - Université de Montréal)

Programme

Communications orales

Session principale

  • Mot de bienvenue
  • Intégration spinale des afférences nociceptives bilatérales : une exception au réflexe d'extension croisée?
    Mathieu Piché (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    Le réflexe nociceptif de flexion et le réflexe d'extension croisée permettent la protection d'un membre inférieur d'une source nociceptive. Ainsi, les afférences nociceptives activent les muscles fléchisseurs tout en inhibant les muscles extenseurs du membre affecté, alors qu'elles ont l'effet contraire sur les muscles du membre controlatéral. L'objectif de cette étude était d'examiner l'intégration spinale de l'information nociceptive lorsqu'elle provient à la moelle épinière des deux côtés simultanément. Pour ce faire, le réflexe nociceptif de flexion (RIII) produit par des stimulations électriques transcutanées du nerf sural droit a été mesuré dans 4 conditions : 1) 120 % du seuil du RIII droit; 120 % du seuil du RIII droit avec une stimulation du nerf sural gauche à 2) 60 %, 3) 120 % ou 4) 140 % du seuil du RIII gauche. Les résultats indiquent que le RIII droit est facilité par l'activation des afférences controlatérales. Cependant, cela se produit pour les afférences nociceptives (conditions à 120 % et 140 % du seuil (p<0.001)) et non pour les afférences non nociceptives (60 % du seuil) (p>0.1). Les mêmes effets ont été observés sur les évaluations subjectives de douleur, indiquant que l'intégration est autant sensorielle que motrice. Contrairement à la réponse stéréotypée attendue, les résultats de cette étude indiquent que les afférences nociceptives controlatérales peuvent faciliter le réflexe de flexion lorsqu'elles sont activées simultanément à celles du côté opposé.

  • Les effets du conditionnement aversif sur les réponses psychophysiologiques à la douleur
    Pierre Rainville (UdeM - Université de Montréal), Mathieu Roy (Université Concordia), Veronique Taylor (UdeM - Université de Montréal)

    Un stimulus conditionné à la peur (SC+) réduit les réponses de douleur à un évènement nociceptif chez le rat, mais ces effets n'ont pas été étudiés chez l'humain. Notre étude visait donc à examiner l'effet du conditionnement aversif classique sur les réponses psychophysiologiques de douleur (rapports subjectifs et le réflexe nocicpetif de flexion), ainsi que les réponses de conductance électrodermales à des stimuli visuels appariés ou non (SC+,SC-) avec une stimulation. Notre tâche de conditionnement comprenait deux blocs d'acquisition (appariement de 50% des SC avec la stimulation et aucun avec l'autre SC), deux blocs d'inversion (même taux d'appariement que dans l'acquisition mais en inversant le SC+ et SC-), et un bloc d'extinction (présentation des SC sans stimulation). Seuls les participants ayant pris conscience de l'appariement du SC+ avec la stimulation avaient des réponses de conductance électrodermale au SC+ plus élevées que celles au SC- lors des phases d'acquisition et d'inversion. Les effets du conditionnement sur la douleur étaient modulés par l'anxiété de trait: le conditionnement induit une hypoalgésie au stimulus douloureux chez les participants plus anxieux, et l'effet inverse (hyperalgésie) fut observé chez les participants moins anxieux. Ces résultats montrent que le conditionnement à la peur implique des mécanismes agissant non seulement sur des processus anticipatoires mais également sur les systèmes de douleur.

  • Pause
  • L'influence de la douleur sur le traitement de la récompense : résultats comportementaux, mécanismes sous-jacents et implications cliniques potentielles
    Wiebke Gandhi (Université McGill)

    L'évitement de la douleur et la recherche de récompenses sont deux sources fondamentales de motivation, qui peuvent mutuellement s'influencer lorsqu'elles sont mises en compétition. Au cours de cette présentation, nous discuteront de l'influence à court et à long terme de la douleur sur le traitement de la récompense. Nous avons observé qu'à court terme la douleur augmente la motivation à obtenir des récompenses. Nous proposons que cette augmentation de la motivation à obtenir des recompenses peut être vue comme une tentative visant à compenser l'affect négatif associé à la douleur. Par contre, la douleur n'a pas d'effet sur l'évaluation du plaisir subjectif associé aux récompenses. Ceci revêt un intérêt particulier puisque la discordance entre la quête de récompense et le plaisir subjectif peut refléter un échec d'adaptation à la douleur, ce qui peut être potentiellement intéressant pour notre compréhension de la douleur chronique. Nous présenterons également les résultats préliminaires d'une seconde étude menée auprès de patients souffrant de douleur chronique. Nous faisons l'hypothèse que des patients exposés de façon récurrente à des douleurs inévitables pourraient présenter une diminution de la motivation à éviter la douleur.

  • Mécanismes cérébraux sous-tendant l'apprentissage de l'évitement de la douleur
    Mathieu Roy (Université Concordia)

    La douleur peut être considérée comme l'un des signes les plus primaires que nos actions ont mis l'intégrité de notre corps en danger. Afin d'étudier les mécanismes cérébraux sous-tendant la fonction motivationnelle de la douleur, nous avons utilisé l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf)?? alors que nos participants effectuaient une tâche d'apprentissage instrumental d'évitement de la douleur. En combinant l'utilisation de modèles computationels d'apprentissage, de test axiomatiques et de modèles dynamiques causaux, nous avons identifié un système candidat pour l'apprentissage de l'évitement de la douleur. Au sein de ce système, les erreurs de prediction aversives nécessaires à l'apprentissage de l'évitement sont générées par la convergence de signaux prédictifs descendants et de signaux nociceptifs ascendants dans la substance grise périaqueductale (SGPA)??. Nous avons également pu mettre en évidence que l'expérience subjective de douleur influence les comportements d'évitement de la douleur indépendamment du système instrumental d'évitement de la douleur. Dans l'ensemble, ces résultats constituent une importante première étape dans l'élaboration d'un modèle neuronal des mécanismes cérébraux sous-tendant les comportements d'évitement de la douleur.?

  • Dîner
  • Régulation neuropsychologique de la douleur aiguë : méta-analyse d'études d'imagerie cérébrale fonctionnelle
    Audrey-Anne Dubé (UdeM - Université de Montréal), Pierre Rainville (UdeM - Université de Montréal)

    Plus de 15 ans de recherche ont révélé les remarquables mécanismes endogènes de régulation de l'information nociceptive s'opérant à divers niveaux du système nerveux central. Les effets analgésiques suscités par des approches psychologiques de contrôle de la douleur sont justement supportés par ces mécanismes (Price et Bushnell, 2004). Les similarités et les différences neuropsychologiques entre ces approches sont moins bien connues. Une méta-analyse quantitative de résultats d'imagerie fonctionnelle a permis de rassembler les études où l'on rapporte des foyers d'augmentation de l'activité cérébrale en lien avec une diminution significative de la douleur induite par une procédure psychologique visant l'analgésie (placebo, distraction, hypnose, perception de contrôle, modulation des émotions et méditation). Notre étude a ainsi révélé un rôle majeur du cortex cingulaire antérieur moyen, accompagné de l'insula antérieure et de régions orbitofrontale et frontolatérale, dans l'analgésie d'origine psychologique. Ce réseau cérébral pourrait refléter divers processus mentaux affectifs et cognitifs en jeux lors de ces interventions. Notre examen a également permis d'identifier quelques spécificités cérébrofonctionnelles de certaines approches, tel que l'implication de la portion perigénuale du cortex cingulé antérieur dans le placebo, et l'action conjointe des régions médianes frontale antérieure et pariétale dans la distraction.

  • Les dimensions intrapersonnelles et interpersonnelles de l'expression de la douleur chez les patients souffrant de douleur chronique : première partie
    Michael Sullivan (Université McGill)

    Dans un premier temps, nous effectuerons un survol de nos travaux ayant examiné les aspects psychologiques de l'expression de la douleur chez les patients souffrant de douleur chronique. La recherche ainsi que la pratique clinique démontrent que l'expression de comportements de douleur (ex: expressions faciales ou vocalisations) varie considérablement entre les patients souffrant de douleur. Par exemple, certains patients ont tendance à exprimer beaucoup de comportements de douleur, alors que d'autres patients expriment très peu de comportements de douleur. La recherche a démontré que cette variabilité peut s'expliquer, en partie, par le profil psychologique des patients. Finalement, nous présenterons les résultats de nos études ayant examiné l'influence de la pensée catastrophique et du sentiment d'injustice sur l'expression de la douleur chez les patients souffrant de douleur chronique.

  • Pause
  • Les dimensions intrapersonnelles et interpersonnelles de l'expression de la douleur chez les patients souffrant de douleur chronique : deuxième partie
    Marc O. Martel (Harvard University)

    Dans un premier temps, nous présenterons les résultats de nos travaux ayant examiné les différents types de jugements sociaux pouvant survenir suite à l'observation de comportements de douleur. Plusieurs observations anecdotiques et cliniques indiquent en effet que les patients exprimant un niveau élevé de comportements de douleur sont susceptibles d'être perçus comme « exagérant » la douleur. Il semble aussi que l'expression de la douleur peut influencer considérablement les jugements des individus quant aux traits de personnalité des patients souffrant de douleur chronique. Dans un deuxième temps, nous présenterons les résultats de nos études ayant examiné la vaste étendue de jugements pouvant résulter de l'observation de comportements de douleur exprimés par les patients en douleur chronique. Les implications et conséquences potentielles de ces jugements pour les patients souffrant de douleur seront également discutées.

  • Mécanismes cérébraux sous-tendant la génération et la perception des expressions faciales de douleur
    Pierre Rainville (UdeM - Université de Montréal), Étienne VACHON-PRESSEAU (Université Northwestern)

    Au cours de cette présentation, nous exposerons les résultats de nos études sur la perception de la douleur d'autrui et la génération des expressions faciales de douleur. Plus spécifiquement, nous nous concentrerons sur une récente visant à tester si les mécanismes neuronaux régulant les expressions faciales sont distincts de ceux régulant le rapport subjectif de la douleur. Dans une séance d'imagerie par résonance magnétique effectuée chez 16 sujets sains et 14 patients souffrant de douleur chronique, nous avons enregistré l'expressivité faciale et demandé aux participants de rapporter leur douleur en réponse à des stimulations thermiques douloureuses administrées à une température constante. Une analyse de médiation multi-niveau a permis de démontrer que sur l'ensemble des participants (n = 30), l'expressivité de la douleur est générée par de l'activité cérébrale dans les cortex moteurs primaires bilatéraux et médians qui est complètement dissociée de l'activité cérébrale associée à l'intensité de la douleur. L'analyse montre cependant un effet de modérateur de la douleur chronique sur la réponse neuronale associée à l'expressivité faciale de la douleur, notamment dans le cortex préfrontal médian impliqué dans les pensées auto-référentielles et le système de récompense. Ces résultats suggèrent qu'il n'y a pas de correspondance parfaite entre l'expressivité faciale et la douleur perçue et que les mécanismes régulant l'expressivité faciale sont façonnés par la douleur chronique.

  • Effets de l'exposition répétée à la douleur d'autrui sur les réponses comportementales et cérébrales à celle-ci
    Michel-Pierre COLL (Université Laval), Mathieu Grégoire (CIRRIS - Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale), Philip JACKSON (Université Laval)

    La douleur est omniprésente dans les milieux cliniques et touche de nombreux ménages canadiens où l'un des membres est atteint d'une problématique liée à la douleur. Afin d'offrir un support optimal aux patients, les professionnels de la santé et aidants naturels doivent être capables de détecter et d'évaluer adéquatement le niveau de douleur de ceux-ci. Or, plusieurs études suggèrent que les soignants qui font face à la douleur des autres leur attribuent moins de douleur et présentent un patron d'activation cérébrale différent de celui de la population générale. Ces résultats sont souvent expliqués par une exposition régulière à la douleur d'autrui qui pourrait engendrer une forme d'habituation. Toutefois, plusieurs autres facteurs tels que la formation médicale ou les caractéristiques personnelles de l'observateur doivent être isolés afin de mieux comprendre leurs effets. Cette présentation discutera des différents travaux qui montrent comment l'exposition à la douleur d'autrui influence les réponses comportementales et cérébrales à cette dernière, tout en mettant l'emphase sur les cliniciens et les aidants naturels de proches en douleur chronique.

  • Mot de clôture