L’une des valeurs de fond qui traverse la philosophie de l’éducation touche à la formation de la pensée et du jugement, au développement d’une « tête bien faite » dirait Montaigne. L’école n’est pas que le lieu d’acquisition de connaissances, mais aussi celui où les élèves y trouvent des occasions d'apprendre l'art de penser, lequel fait d'ailleurs partie intégrante des processus de construction de savoirs et de connaissances. Cet apprentissage constitue donc un enjeu éducatif de premier ordre, d’autant qu’il pourrait contribuer à la réussite scolaire. Toutefois, l'attention qui lui est portée, notamment celle consacrée aux habiletés intellectuelles ainsi qu’aux processus de pensée, demeure somme toute marginale à l’intérieur des différents curricula. À cet égard, la philosophie pour enfants et adolescents (PPEA) peut représenter un véhicule de choix dans la poursuite de cette visée. Reconnue par l’UNESCO en tant qu’approche favorisant, entre autres, le développement de la pensée des élèves, la PPEA est présente dans plus de 60 pays et les recherches à son sujet ont augmenté de façon importante au cours des 10 dernières années. En PPEA, le regard des élèves est régulièrement dirigé vers les processus de pensée, c'est-à-dire à la fois vers leurs composantes et vers les relations qu'elles entretiennent entre elles. Partant, les habiletés intellectuelles, parmi d'autres, sont au centre de la démarche en tant qu'elles sont désormais considérées comme des éléments de contenu. En PPEA, les informations liées à ces habiletés sont sans doute parmi celles qui sont considérées les plus stables et autour desquelles se construisent les dialogues.
Ce colloque porte sur cette question de l’apprentissage de l’art de penser en PPEA. Y seront examinés les apports possibles de cet apprentissage à partir d’une diversité de perspectives : affectivité, réussite scolaire, transfert, formation des maîtres, pensée critique, exploration de contenus disciplinaires, éducation éthique, etc.