Mise sur pied en 1963 par le gouvernement de Lester B. Pearson, la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme (Commission B&B), également connue sous le nom de la Commission Laurendeau-Dunton, a mobilisé la population canadienne pendant quatre ans. Ses retombées sont toutefois allées bien au-delà du moment de la remise de ses rapports et recommandations. Il n’est pas exagéré d’affirmer que la Commission B&B donna lieu à un débat fondamental sur l’identité canadienne, la situation des Canadiens français et l’avenir du français au pays. En 1969, l’adoption de la fameuse Loi sur les langues officielles et en 1971, l’énoncé de politique sur le multiculturalisme ont jeté les bases de la nouvelle identité canadienne dorénavant détachée de son passé monarchiste et britannique. Au cœur de cette identité, les Canadiens français retrouvaient un rôle important sans négliger l’apport des autres groupes ethniques ayant contribué à l’édification du pays.
Cette époque, pourtant, semble révolue. Que reste-t-il des enseignements de la Commission B&B? En 2006 et en particulier en 2010, l’arrivée au pouvoir du gouvernement conservateur semble marquer la fin de cette époque de débats sur l’identité canadienne. Qu’en est-il au juste? Comment expliquer le retour aux symboles monarchistes et à l’héritage militaire du Canada? Ce retour en arrière vise-t-il à liquider l’héritage des années soixante?
Depuis les années 1990, les commissions royales se font de plus en plus rares par rapport à l’époque de la Commission B&B. Qu’en est-il de l’avenir du modèle de la commission pour la réflexion collective au Canada? Que sont devenus les membres de la Commission B&B? Une commission équivalente à la Commission B&B serait-elle possible dans le contexte actuel? Les relations entre les nations fondatrices ne sont-elles pas en mal de dialogue?