Langage et subjectivation : la fonction constitutive des représentations langagières dans le développement de la subjectivité humaine chez Ernst Cassirer
Les médiations symboliques créées par l'homme pénètrent la totalité de l’expérience qu'il fait du monde et l’ouvrent aux choses qu’il cherche à comprendre, dont les autres et soi-même. Dans cet exposé, nous allons nous pencher sur la forme symbolique du langage, auquel Ernst Cassirer consacre le premier tome de sa Philosophie des formes symboliques, et tâcherons de montrer que le sujet humain se constitue dans l’acte de parler, en s’identifiant au discours qu’il produit et à celui des autres, dans le dialogue, où il donne une signification aux choses qui l’entourent et à son propre vécu. Nous verrons que le monde symbolique de la culture, et plus particulièrement du langage, est le médium universel dans lequel se déploient les processus de formation de la subjectivité, et où s’opère la différenciation des sphères du moi et du non-moi, puisque le sujet se reconnaît dans le monde de formes que sa langue lui transmet, avec ses multiples expressions, représentations et schématisations, et se saisit constamment par son reflet dans ces dernières. C’est en vertu de cette relation constitutive avec le monde du langage et ses interlocuteurs que le sujet sait quelque chose de lui-même et se forme comme une personne à part entière.