Informations générales
Événement : 90e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :La notion de participation à la société québécoise correspondrait à « une action de participer, de prendre part au sens de contribuer, de s’engager, de s’associer et de faire un apport à la société en général ou à un de ses sous-groupes » (MIDI 2015:11). Les dimensions de la participation (économique, sociale, culturelle, citoyenne, démographique, linguistique et communautaire) sont souvent interreliées. Par conséquent, l’analyse des processus permettant aux immigrants de se considérer et d’être considérés comme participant à la société d’accueil est particulièrement complexe. Compte tenu des enjeux contemporains liés à la discrimination dont font l’objet de nombreux groupes sociaux, immigrants et ethnoculturels, il est pourtant crucial de mieux saisir ces processus afin de comprendre les besoins des nouveaux venus et de leurs descendants. Ces derniers vivent souvent douloureusement les difficultés auxquelles font face leurs parents ou tuteurs ce qui se répercute sur leur propre devenir et attitude envers la société qui les a accueillis jeunes ou vu naître. Des approches méthodologiques variées sont essentielles si l’on veut mieux comprendre comment les immigrants et leurs familles orientent leurs choix, quelles expériences ils et elles vivent et comment leur participation à la société est associée au bien-être. Ce colloque propose donc de définir et développer des éléments d’analyse de la participation afin de pouvoir la mesurer ainsi que de mieux comprendre les interactions entre les dimensions de la participation et du bien-être des immigrants et de leurs familles. Les présentations concerneront des travaux empiriques ou dans le cadre de dispositifs conçus pour l’accueil et le soutien des immigrants et de leurs communautés respectives dans leur pays d’accueil. Elles peuvent s’inscrire aussi bien dans le contexte canadien que dans d’autres sociétés.
Date :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Solène Lardoux (UdeM - Université de Montréal)
- Nathalie Mondain (Université d’Ottawa)
- Vissého Adjiwanou (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Joyce Dogba (Université Laval)
Programme
Participation à la société et bien-être des immigrants récents, temporaires, réfugiés
-
Communication orale
Être résidente temporaire et devenir mère au Québec : une approche intersectionnelle du parcours de vieElisa Beatriz Ramirez Hernandez (INRS - Institut national de la recherche scientifique)
Des aspects biopsychosociaux façonnent les expériences périnatales des femmes, avec des implications majeures pour la famille et la société (Teeffelen et al. 2009). Les femmes immigrantes sont plus à risque de souffrir d’anxiété et de dépression postpartum (Dufour-Turbis et al. 2019), dû au manque de soutien social, la surexposition à la violence conjugale, les barrières culturelles et d’accès aux soins etc. (Hyman 2020). Cette recherche vise à comprendre comment est vécue la période périnatale chez les femmes latino-américaines immigrantes temporaires au Québec, en adoptant une approche intersectionnelle du parcours de vie (Brown 2018). Différemment du statut permanent, celui de résidente temporaire (étudiantes, travailleuses, épouses) a une durée limitée et s’accompagne de droits moindres, produisant souvent des conditions de vie précaires (Coustere et al. 2021). On observe toutefois leur augmentation au Canada et au Québec (Diallo et al. 2022). Sur la base d’entretiens semi-dirigés, nous cherchons à montrer que le statut migratoire temporaire peut devenir l’un des axes de vulnérabilité affectant le vécu périnatal de femmes primipares. Le croisement de plusieurs temporalités (biographiques, historiques, migratoires, de genre etc.) ici nous amène à mobiliser les contributions des études de parcours de vie (Elder et al. 2003), en lien avec des conditions d’inégalités structurales (Crenshaw 1994) qui traversent ces parcours.
-
Communication orale
Les liens sociaux avec la société d'accueil permettent-ils de renforcer les relations interethniques ? Une étude sur les réfugiés syriens au CanadaAna Canedo (Université McGill)
Cet article utilise les données d'une enquête menée auprès de 1,975 réfugiés syriens au Canada pour examiner le rôle que jouent les liens sociaux des nouveaux arrivants avec la population plus «traditionnelle » dans la formation de relations et de connexions interethniques après le rétablissement. L’analyse de cette relation sans données longitudinales est souvent problématique car il est difficile d'établir la direction de la relation. Pour surmonter cette limite, cette étude tire parti de l'assignation quasi-aléatoire d'un groupe d'individus au programme Blended Visa Office Referral (BVOR) du Canada. Contrairement à ceux du Government-Assisted Refugees (GAR) qui ont reçu une aide uniquement par l'intermédiaire des agences gouvernementales de rétablissement, les réfugiés entrant dans le pays par le programme BVOR ont bénéficié de liens sociaux avec la société d'accueil grâce au soutien de sponsors privés et de groupes communautaires avec lesquels ils n'avaient aucune connexion préexistante. Les résultats préliminaires indiquent qu'après avoir contrôlé pour des connexions préexistantes au Canada, les réfugiés appartenant au programme BVOR étaient plus susceptibles d'avoir plus de relations sociales et de former des réseaux sociaux interethniques que ceux sans de tels liens. Ces résultats ont des implications importantes pour la conception de programmes qui visent à favoriser le capital social et à encourager l'adaptation culturelle.
-
Communication orale
Après l’immigration, l’action communautaire comme levier de participation à la société québécoiseClaire Alvarez (UQAM - Université du Québec à Montréal)
L’inclusion socioprofessionnelles des femmes nouvellement arrivées au Québec reste un défi : non-reconnaissance des acquis et des compétences, manque d’expérience sur le marché québécois ou canadien, discrimination et manque de réseaux (Gauthier, 2013). Les femmes nouvellement arrivées connaissent un taux de chômage plus élevé que le reste de la population. En guise de réponse à ces difficultés, les projets Femmes-relais offrent une réponse à ces barrières. Ces derniers se développent à Montréal dans plusieurs quartiers depuis plusieurs années. Ils proposent une formation de 6 à 10 mois aux femmes issues de l’immigration sur le fonctionnement de la société québécoise couplé à de l’orientation professionnelle. En plus de ces formations, les Femmes-relais accompagnent d’autres familles et personnes immigrantes dans leurs besoins : inscriptions à l’école et interprétariat, référencement vers certains services, etc. À travers une observation participante de la cohorte 2022 et 2023 ainsi que des entrevues avec des (anciennes) Femmes-relais, nous montrerons comment la participation à ce programme permet un enracinement dans la société québécoise via le développement d’un réseau et l’implication bénévole.
Parcours de vie et bien-être des immigrants
-
Communication orale
L’apport des calendriers biographiques à l’analyse des parcours migratoires des jeunesStéphanie Atkin (INRS - Institut national de la recherche scientifique), Maria Eugenia Longo (Institut national de la recherche scientifique (INRS))
Les jeunes immigrants ont la spécificité de vivre simultanément deux processus sociaux fortement marqués par les changements : le passage à la vie adulte et le départ et l’établissement dans un nouvel environnement (géographique, social, statutaire). La densité de ces parcours est donc difficilement saisissable par des méthodes qui simplifient les temporalités ou l’imbrication des sphères de la vie, ou encore leur interprétation par les acteurs. En s’appuyant sur l’approche des parcours de vie (Elder, 1998), cette communication vise à interroger la mobilité géographique sous le prisme des transitions récurrentes lors du passage à la vie adulte, tout en mettant de l’avant les avantages des calendriers biographiques, un outil rarement mobilisé dans les études qualitatives. Cet outil qui permet d’objectiver mois par mois les principaux événements et transitions vécus dans différentes sphères de la vie (résidence, couple, famille, études, travail) sur une période de 7 ans (avant et après l’immigration), permet également une observation unique des rythmes (simultanéité, cumul, densité des changements) du parcours. Il constitue un complément essentiel des entretiens semi-dirigés, mettant de l’avant la subjectivité des jeunes. Ces réflexions s’appuient sur une recherche qualitative et longitudinale auprès de 39 immigrants femmes et hommes (21 à 35 ans) établis dans la région de Québec. Références
Elder, G. H. (1998). The life course as developmental theory. Child Development, 69(1), 1-12. -
Communication orale
L’étude des parcours de vie migratoires et de santé des migrants africains subsahariens en France : Terrain, processus de production des données et méthodes.Ladeu Saroum Tokpa (CRIDUP (Centre de Recherche de l'Institut de Démographie de l'Université de Paris))
Les migrants originaires d’Afrique subsaharienne constituent l’un des groupes particulièrement vulnérables au niveau social et sanitaire en France, notamment du fait des traumatismes liés à l’exil et à leur précarité administrative (Desgrées du Lou, Lert et al., 2017). Leur vie en France est généralement précédée de parcours migratoires difficiles (Georges-Tarragano et al., 2017 ; Cournil et Mayer, 2014). Les données empiriques recueillies résultent d’une étude ethnographique longitudinale menée auprès de 19 migrants africains subsahariens de 2018 à 2020 dans trois Permanences d’Accès aux soins de Santé en région parisienne. Les matériaux d’enquête privilégiés pour la collecte des données sont des entretiens semi-directifs de types récits de vie (Bertaux & De Singly, 2016 ; Blanchet & Gotman, 2014), des observations directes et participantes pour voir l’intime et la structure (Costey, 2003) ou l’ordre d’interaction (Cefaï & Gardella, 2011). Ces matériaux permettent d’accéder aux faits marquant les histoires migratoires, les difficultés des conditions de vie (santé, logement, ressources, travail, famille), facteurs de stress et problèmes psychiques. Les facteurs systémiques du recours et renoncement aux soins. La vie des migrants subsahariens oscille entre amélioration du bien-être général et physique, précarité quasi-permanente de la santé, contrainte juridico-administrative et santé psychique et mentale.
-
Communication orale
Participation sociale et bien-être : les réalités plurielles des aîné.es migrant.es du QuébecMarie-Emmanuelle Laquerre (UQAM), Marianne Théberge-Guyon (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Le vieillissement de la population migrante représente une réalité sociale prégnante au Québec et encore plus à Montréal où 44 % des aîné.es sont né.es à l’extérieur du pays. Or, les recherches démontrent que les aîné.es migrant.es sont particulièrement à risque de vivre de l’exclusion sociale en raison de l’existence de barrières reliées à leur contexte migratoire. Au Québec, des travaux qui se sont penchés sur les migrant.es âgé.es soulignent d’ailleurs l’influence du vécu migratoire sur le faible degré d’insertion et de participation sociale. Cette réalité ne concerne toutefois pas l’ensemble des aîné.es migrant.es puisque plusieurs bénéficieront d’un vieillissement qu’ils et elles jugeront satisfaisant. À partir d’une étude s’inscrivant dans une approche axée sur le vécu expérientiel des personnes âgées migrantes, sur leurs parcours de vie et sur leurs représentations de la vieillesse, cette communication traite de la participation sociale de ce groupe populationnel et de la manière dont cette participation s’associe à leur bien-être. Des entretiens prenant la forme de récits de vie (N=27) menés avant et durant la pandémie de COVID-19 auprès d’aîné.es migrant.es vivant dans la grande région de Montréal permettront de mettre en lumière la diversité qui traverse leurs réalités et l’incidence de la pandémie et des confinements sur leur participation sociale et leur bien-être.