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Informations générales

Événement : 85e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

Ce colloque explore l’« intimité » sous l’angle des études féministes, des études queer et des études culturelles. L’intimité désigne ici des connexions « qui comptent » (Berlant, 2000), incluant par exemple des relations éphémères ou contractuelles. Les présentations porteront sur les sexualités, les identités et les relations non normatives ainsi que sur les réalités actuelles des formes d’intimité plus traditionnelles du couple et de la famille. Ces études s’intéresseront également au numérique, un vecteur de changement important dans la manière dont l’intimité se conçoit, que ce soit à travers les technologies mobiles, la possibilité de communautés virtuelles ou l’expression d’une citoyenneté « intime ». Nous avons retenu des contributions à propos des changements contemporains autour de l’intimité qui développeront un point de vue théorique sur des réalités vécues (notions de script, d’engagement, d’orientation queer) qui en aborderont les performances et les représentations (sur YouTube, à la télévision) et qui se pencheront sur le rapport entre les technologies numériques et le pouvoir (cyberféminisme, porno revancharde). Le colloque sera l’occasion de partager des savoirs et de mettre en commun des expertises complémentaires sur ces enjeux contemporains et en constante évolution. La réunion de chercheurs de différentes générations et d’horizons variés permettra de générer un dialogue fructueux à partir de diverses approches théoriques et méthodologiques ainsi que de développer de nouveaux thèmes partagés au sein de ce champ d’étude.

Date :
Responsable :

Programme

Communications orales

Performances et représentations de l’intimité

Salle : (L) 721 — Bâtiment : (L) LEACOCK
  • Communication orale
    L’intimité comme support de la fabrique du genre sur YouTube : quelle articulation entre performances de genre en ligne et processus de socialisation adolescente?
    Claire Balleys (INRS - UCS - Institut national de la recherche scientifique - Urbanisation Culture Société)

    Chaque jour, des milliers de jeunes, garçons et filles, postent des vidéos sur YouTube, dans lesquelles ils se filment, face caméra, depuis l’espace domestique de leur chambre. S’adressant à un public d’internautes possédant des caractéristiques résolument performatives, les adolescents YouTubeurs problématisent la notion d’intimité dans une demande de validation de soi de reconnaissance sociale. La volonté de « se reconnaître » et de « se retrouver » dans l’autre aboutit notamment à l’inscription dans un genre naturalisé et hétéronormé. « Nous les gars » versus « nous les filles » constituent les expressions déclaratives de l’appartenance à un genre commun. À partir d’une enquête qualitative combinant différentes méthodologies et un cadrage conceptuel axé sur l’articulation entre construction de l’intimité et socialisation juvénile, nous allons démontrer comment la quête de reconnaissance sociale continuellement formulée par les adolescent·e·s sur YouTube est corrélée à un procédé de confession intime construit sur des attitudes et des discours performés par les jeunes comme spécifiquement féminins et spécifiquement masculins.

  • Communication orale
    La télévision tunisienne contemporaine : intimité et identité familiale et genrée
    Maissa Ben Jelloul (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Nous proposons, dans ce texte, une communication où l’on penserait l’intimité en termes de relations, dans une dynamique sociale tunisienne. Nous souhaiterons aborder les questions de pouvoir et de domination patriarcale au sein des familles arabes, proposant des perspectives différentes qui expliqueraient éventuellement la solidité certaines valeurs traditionnelles, telles que l’honneur. Nous citons d’ailleurs une perspective de Suad Joseph, qui réfléchit sur la construction de soi au sein des familles arabes. Elle conclut à existence d’une patriarcal connectivity qu’elle définit comme « The production of selves with fluid boundaries organized for gendered and aged domination in a culture valorizing kin structures morality, and idioms.» (Joseph, 1999, p.12). Le fait de considérer l’autre comme une extension de soi aiderait à la domination et à l’acceptation de la domination, et ceci selon une structure hiérarchique précise, qui confèrerait le pouvoir aux males et aux personnes plus âgées.

    D’un autre côté, nous nous intéressons particulièrement à l’articulation de ces modèles sociaux et ces relations de pouvoir dans la télévision nationale tunisienne, notamment dans les reality-shows et talk-shows. Ils nous permettraient non seulement de visualiser la nature des interactions sociale existant entre les participants (interactions entre mari et femme, père et fille, frère et sœur…), mais ils nous permettraient également de comprendre le fonctionnement d’un cadre médiatique, politique et culturel plus large, en observant le comportement de la télévision nationale face son auditoire ainsi que le feedback de ce dernier.

  • Communication orale
    La relation virtuelle intime chez la femme algérienne : entre distinction et extériorisation d’une pratique culturelle émergente, « étude goffmanienne »
    Salima Bouchefra (Université de Mostaganem Algérie)

    Cette communication a pour objet l’exploration de l’une des pratiques portant sur l’utilisation des NTIC dans la valorisation/dévalorisation des relations intimes chez la femme algérienne mariée. Nous nous intéresserons essentiellement sur la cristallisation de cette intimité dans le monde virtuel (via réseaux sociaux). Comment se conçoit-elle ? Comment infléchit-elle sur la relation conjugale ? Cette relation virtuelle intime est-elle devenue une construction identitaire socialement répandue qui se transforme au fur et à mesure pour répondre à des critères ou à des besoins ? Si oui, lesquels ? A ces questions, nous essayerons de répondre dans notre recherche par une analyse goffmanienne, sur un échantillon de femmes mariées ayant une relation intime virtuelle, dans une société marquée par la ‘crise identitaire’ et largement imprégnée par la culture religieuse : l’Algérie.

  • Communication orale
    Sémantiques contemporaines de la conjugalité : étude de cas sur la télésérie « La Galère »
    Martin Blais (UQAM), Julie Lavigne (UQAM), Catherine Lavoie-Mongrain (UQAM), Chiara Piazzesi (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Dans le débat sociologique actuel au sujet des imaginaires contemporains de l’intimité amoureuse, les analyses qui soulignent le glissement généralisé vers une sémantique du partenariat (Giddens 1992) et de l’individualisation (Beck et Beck-Gernsheim 2001) s’opposent à celles qui relèvent une persistance de la sémantique de l’amour romantique et de son encadrement dans une conjugalité stable et monogamique (Lenz 2005; Gross 2005; Reinhardt-Becker 2015). À chacun de ces modèles correspond un équilibre différent entre les sphères de la sexualité, du sentiment et de la domesticité au sein du couple. Cette communication présentera les résultats préliminaires d’une étude empirique qui a travaillé à repérer les références sémantiques principales dans les représentations contemporaines de l’intimité amoureuse. L’univers d’analyse choisi est celui des téléséries; l’étude de cas a été réalisée sur la télésérie québécoise récente « La Galère » (Radio Canada, 2007-2013). Sur la base de la littérature qui s’inscrit dans le débat décrit ci-dessus, notre recherche a identifié des indicateurs de la sémantique romantique et des indicateurs de celle du partenariat (Leupold 1983) et les a appliqués au matériau à l’étude, afin d’en faire ressortir les coexistences, les convergences, les fusions et les tensions entre sémantiques différentes. Nous discuterons des limites de la thèse selon laquelle la détraditionnalisation et l’individualisation convergeraient dans une sémantique dominante capable de répondre aux paradoxes de l’intimité contemporaine.


Communications orales

Récits de soi et luttes sociales

Salle : (L) 721 — Bâtiment : (L) LEACOCK
  • Communication orale
    Cyberféminisme et stratégies de résistance des femmes victimes de violence dans le monde arabe : le cas de la plateforme Web The Uprising of Women in the Arab World
    Nathalie Baba (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Dans un contexte post révolutionnaire arabe, l’augmentation des violences à l’égard des femmes a conduit au développement de différents programmes internationaux de lutte anti -violences (ONU 2010, OMS 2013). Or, peu de femmes utilisent ces programmes pour lutter contre les violences vécues. Nous nous intéressons dans le cadre de cette présentation à l’étude du cyberactivisme comme pratique culturelle et locale et comme espace de résistance alternative aux violences vécues chez les femmes dans le monde arabe (Hatem 2013; Radsch & Khamis 2013; Abunasser 2015). Nous nous intéressons plus spécifiquement à l’étude de la plate- forme web « Uprising of women in the arab world » et aux récits de violences publiées par les femmes utilisatrices. Dans le cadre de cette présentation, nous étudierons les liens possibles entre les récits de soi, le fait de « se raconter » sur une plate-forme web, et la reconstruction de l’expérience individuelle (Butler, 2005; Harding, 1992, Haraway, 2007, Puig de la Bellacasa,

    2012). Existe-t-il une dimension transformatrice et politique des récits de soi ? Comment traduire le passage d’une expérience personnelle à une expérience collective ? Est-ce que les récits de soi constituent une prise en charge alternative des violences vécues ? Comment contribuent-ils à la construction d’une agentivité et d’une citoyenneté inclusive ? Le cyberféminisme et plus précisément la plate forme web « Uprising » nous servira de support empirique pour théoriser le lien entre « récits de violences », « agentivité » et « espace social de résistance ».

  • Communication orale
    La salle de classe comme espace d’événement intime : autoethnographie « queer » de l’intervention pédagogique avec le GRIS-Montréal
    Alexis POIRIER-SAUMURE (UdeM - Université de Montréal)

    L’intimité est supportée par une forme de partage narratif (Berlant, 1998) ; elle suppose, sinon le partage durable d’une histoire commune, l’événement d’une histoire partagée. L’idée d’événement intime telle qu’invoquée ici doit être entendue comme l’occurrence temporaire d’un partage de récit sexuel (Plummer, 1995) dont les modalités constitutives immédiates sont aussi spatiales qu’elles sont temporelles. Le GRIS-Montréal (Groupe de Recherche et d’Intervention Sociale), par son mode d’intervention, compte sur la génération de tels événements afin de poursuivre sa mission : ses bénévoles visitent les classes des écoles secondaires de la grande région de Montréal afin de lutter contre l’homophobie en utilisant comme outil principal le récit de leur vécu. L’événement intime que constitue une intervention du GRIS dépend à la fois de la salle de classe comme espace — celui de l’apprentissage, de la socialisation, mais aussi l’espace phénoménologique de la sexualité (Ahmed, 2006) — et du récit intime comme occurrence dont l’impermanence même conditionne l’établissement d’une intimité entre l’intervenant.e et les élèves. Le GRIS n’échappe pas à l’alignement normatif auquel est contrainte la sexualité; alors même que l’organisme tente de légitimer des sexualités qui ne s’alignent pas avec le modèle hétéronormatif, il ordonne le discours d’intervention de manière à normer les récits de ses bénévoles tant au niveau du contenu (identification comme gai/lesbienne/bisexuel.le, âge du coming out, en couple ou pas) que de la performance corporelle du récit ( ne jamais regarder un.e élève dans les yeux, toujours balayer l’espace du regard, ne jamais regarder au sol ). Comment, dans ce contexte, considérer l’aspect intime d’une intervention du GRIS? Comment mon expérience de chercheur queer en cours d’autoethnographie, en tension avec mon expérience d’intervenant du GRIS, peut-elle être le site d’une remise en question de la rhétorique du récit intime normalisant comme meilleure stratégie de lutte anti-homophobie?


Dîner

Dîner


Communications orales

Explorations conceptuelles pour les intimités contemporaines

Salle : (L) 721 — Bâtiment : (L) LEACOCK
  • Communication orale
    Une exploration de la notion de script pour l’étude des intimités contemporaines médiatisées
    David Myles (UdeM - Université de Montréal)

    Cette présentation vise à explorer la notion de script pour étudier les intimités contemporaines médiatisées et, notamment, les usages d’applications mobiles de rencontre chez les personnes aux identités fluides (Haimson et Hoffmann, 2016). Dans les approches sociotechniques de la communication, la notion de script renvoie à la résultante des processus de représentation et de prédiction de la réalité sociale que les concepteurs inscrivent à même les technologies venant normaliser la relation usager-dispositif (Akrich, 1992). Dans l’étude sociale de la sexualité, la notion de script (ou scénario) sociosexuel renvoie plutôt aux séquences de comportements, d’affects et de cognitions qui définissent et promeuvent des formes de sexualités et d’identités de genre socialement acceptables (Gagnon et Simon, 1973). Les théories queer (Hall, 2002; Ahmed, 2006), qui s’opposent à la reproduction de (hétéro/homo)normativités et revendiquent le caractère non binaire des identités sexuelles et de genre, permettraient de déconstruire les scripts sociosexuels dominants. Ainsi, l’usage de la notion de script permet de rapprocher les études queer et communicationnelles afin de comprendre comment certaines des fonctions d’applications mobiles de rencontre « participent à l’émergence de nouvelles formes de relations sexuelles, de distributions de l’intimité et d’arrangements sexuels » (Race, 2015 : 496). Ce rapprochement conceptuel apparaît crucial afin de répondre aux recherches sur les applications mobiles de rencontre gaies qui se sont jusqu’à présent concentrées sur les risques de santé associés aux pratiques sexuelles anonymes d’hommes homosexuels cisgenres (Holloway et al., 2014; Winetrobe et al., 2014), alors que les usagers possédant des identités fluides demeurent sous-représentés.

  • Communication orale
    La notion d’engagement dans l’intimité contemporaine : les cas du célibat et de la mobilité
    Maude Gauthier (Lancaster University)

    Cette présentation se penche sur les formes d’engagement repérées dans mes deux recherches empiriques sur l’intimité contemporaine. Dans un contexte où l’individualité est très présente et où les cultures d’intimités non-normatives s’élargissent, le sens de l’engagement est défini en fonction des relations multiples et flexibles mises de l’avant par les participants. En se positionnant face aux normes sociales de l’intimité et par leur implication dans leurs réseaux personnels, ceux-ci révèlent leur engagement simultané pour soi et pour les autres. Leur célibat et leurs engagements mobiles montrent des engagements durables ou temporaires, parfois très intensifs ou encore contractuels et sur le mode de la consommation. Ce faisant, les participants décentrent les relations conjugales de leur vie personnelle et reconnaissent l’importance de l’amitié et des relations fluides d’affection, de soutien et de soin dans leur vie.

  • Communication orale
    Espaces publics et intimité : une autoethnographie lesbienne à partir du concept d’orientation « queer » de Sara Ahmed
    Tara Chanady (UdeM - Université de Montréal)

    Cette présentation examine la relation à l’espace montréalais vécu en tant que femme qui aime les femmes. En s’intéressant aux différents points de repères qui peuvent être mobilisés dans la construction identitaire lesbienne/queer/autre (différentes façons de définir sa sexualité), je cherche à explorer les significations associées aux lieux dits communs (comme les bars lesbiens). La présentation se base notamment sur le concept d’orientation queer, développé par Sara Ahmed dans le cadre d’une réflexion phénoménologique, qui permet de réfléchir sur la particularité de l’expérience lesbienne sans l’essentialiser ou recourir à des catégories fixes. Ce concept autorise une lecture de la sexualité en rapport avec la spatialité et les affects, abordant comment le corps lesbien expérimente l’espace différemment de par son orientation vers des objets de désir non conventionnel. Ainsi, la sexualité se définit à travers ce désir et cette recherche du contact humain : « this makes becoming lesbian a very social experience and allows us to rethink desire as a form of action that shapes bodies and worlds » (Ahmed, 2006 : 102). L’attraction vers des personnes de même sexe et à d’autres éléments et objets représentant ce désir (hors de l’hétéronormativité) influence la direction et donc le parcours d’un individu dans la vie quotidienne. En effet, les femmes lesbiennes et queer ne suivent pas la ligne straight prescrite par l’ordre social, mais se tournent au contraire vers un objet qui se situe normalement hors de la sphère du désir sexuel hétéronormatif : « lesbians have different points of arrivals, different ways of inhabiting the world» (Ahmed, 2006 :100).


Communications orales

Contrôle des subjectivités féminines

Salle : (L) 721 — Bâtiment : (L) LEACOCK
  • Communication orale
    Le féminisme conservateur, un contrecoup moral du mouvement féministe : redéfinition de la notion d’intimité dans un cadre féministe conservateur.
    Marwa Ghedir (Université de Poitiers)

    L’histoire du féminisme constitue une passerelle entre l’histoire des femmes et l’histoire des sociétés occidentales qui ont développés des nouvelles perspectives pour expliquer, justifier et évaluer la place de la femme dans la société en général, et l’institution de la famille en particulier, dans ses rapports d’intimités. Le féminisme n’est pas un discours monolithique. En effet, depuis le mouvement suffragiste au milieu du XIXe siècle jusqu'à les dernières vagues du féminisme dans les années 1990, le féminisme n’a cessé de prospérer et d’inspirer les femmes partout dans le monde à repenser leurs intimités et affirmer leurs identités sexuelles et leurs rapports dynamiques qui visent un changement social ou politique. Cependant, l’ascension du mouvement féministe conservateur laisse perplexe à cause de ces idées traditionnelles conservatrices qu’il propage et qui mettent en question les discours féministes autour de l’intimité. En effet, le mouvement prône la préservation des valeurs traditionnelles dans la société et rejette les idéologies féministes progressistes. Pour mettre en évidence ses idées, le mouvement à crée un agenda social, économique et politique pour influencer la société nord-Américaine et propager ses valeurs. Le but de cette proposition est d’explorer les motivations derrière l’activation d’un mouvement mené par une idéologie traditionnelle et réservée au sein d’un mouvement progressiste. Dans la thématique de la sexualité par exemple, le mouvement féministe conservateur réfute la liberté sexuelle des femmes ainsi que les unions des couples homosexuels. Cette dénonciation s’est affichée par des démarches et des lois effectuées au sein des gouvernements nord-américains. En effet, les féministes conservatrices dénoncent toutes formes d’intimités inconventionnelles dans les couples et aperçoivent la sexualité féminine comme un devoir et non pas un plaisir partagé. Egalement, le sujet de la sexualité a suscité une grande partie de l’intérêt des féministes conservatrices qui l’ont abordé sous les thématiques des unions queer, homosexuels ainsi que l’implication des femmes dans la pornographie.

  • Communication orale
    L’autonomisation (empowerment) ambiguë offerte par la quantification des cycles de fertilité
    Myriam Lavoie-Moore (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Dans cette communication, je discuterai de quelques implications concernant l’utilisation d’applications de quantification des cycles de fertilité sur l’intimité des femmes. Plus précisément, à partir des résultats d’une étude de cas de l’application Kindara, j’explorai la façon dont une subjectivité néolibérale entre en relation avec une subjectivité du genre « féminin » et la façon dont cette relation accentue des formes de souffrances vécues par les femmes incapables de concevoir des enfants « naturellement ». Bien que le discours qui promeut les applications souligne le pouvoir d’ « empowerment » qui sous-tend leur utilisation, nous montrerons que l’utilisation de ce terme est équivoque et qu’il serait plus juste de parler d’« empowerment » informationnel. Celui-ci s’ancre dans une subjectivité néolibérale où la responsabilité de soi s’accompagne d’un devoir d’être constamment en adaptation face à son environnement dans un esprit de compétition intégré à toutes les sphères de la vie (Dardot et Laval, 2010). L’information devrait théoriquement permettre de réagir adéquatement aux changements. Cela est particulièrement problématique lorsque ce type d’ « empowerment » informationnel entre en contact avec un idéal de réalisation du féminin qui passe par l’enfantement. À travers les résultats de l’analyse, nous verrons donc comment les applications de quantification des cycles de fertilité peuvent participer au sentiment d’impuissance des femmes incapables de concevoir un enfant ; incapables de contrôler leur corps selon leur volonté.

  • Communication orale
    La porno revancharde comme forme d’humiliation publique
    Elisabeth Mercier (Université Laval)

    Cette communication porte sur le phénomène de la « porno revancharde » qui désigne le partage en ligne d’images sexuellement explicites d’une personne sans son consentement. La porno revancharde représente l’une des pires formes d’humiliation en ligne à l'heure actuelle et vise majoritairement les femmes. J’avance que ce phénomène participe de la culture contemporaine de l’humiliation publique et des façons spécifiques par lesquelles elle se manifeste à l’ère numérique. En effet, si des pratiques d'humiliation se déploient aujourd'hui un peu partout, elles se multiplient sur Internet et ses réseaux sociaux qui offrent un anonymat et un sentiment d’impunité autorisant diverses formes d'intimidation et de harcèlement. Et lorsqu’elles visent les femmes, ces pratiques d’humiliation s’en prennent le plus souvent à leur apparence et à leur sexualité. Je présenterai ainsi les premières étapes d’un projet de recherche qui problématise la porno revancharde en tant que forme contemporaine d’humiliation publique. Ce projet cherche notamment à comprendre les façons par lesquelles la honte et l’humiliation servent d’outils de contrôle social et sexuel des femmes à l’ère numérique. Plus spécifiquement, comment la honte et l’humiliation servent-elles à surveiller, discipliner et punir tant la sexualité que la simple présence en ligne des femmes et des jeunes filles ?