Informations générales
Événement : 83e Congrès de l'Acfas
Type : Domaine
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Si la mondialisation ouvre les frontières à la circulaiton des biens, des personnes et des idées, elle pose aussi son lot de défis pour réguler les pratiques des uns et des autres, et tenter d’éviter les formes de marginalisation ou d’exploitation de groupes plus vulnérables. Les accords et droits sont donc en constante redéfinition tandis qu’émergent de nouveaux objets de conquête.
Date :- Andrée De Serres (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM)
- Jean-Pierre Beaud (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Redéfinition des droits et accords internationaux face à la mondialisation
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L’Union européenne comme nouvel acteur arctique : l’évolution et les intérêts d’une politique européenne arctiqueAlison Thieffry (Université Laval)
Au cours des dernières décennies, la région de l’Arctique s’est vue propulsée au cœur de nombreuses analyses et controverses scientifiques, médiatiques et politiques. Avec la fonte des glaces, de nouvelles perspectives économiques et maritimes voient le jour, principalement en matière de navigation et d’exploitation des ressources naturelles, amenant les États riverains ainsi que de nombreux autres pays du globe à en faire une priorité en matière de politique internationale. L’intérêt de la communauté internationale s’est concrétisé principalement à partir des années 1990. Cependant, l’Union européenne n’a manifesté une position plus proactive qu’à partir de 2008. En quelques années, Bruxelles s’est énormément mobilisée pour s’informer davantage sur la région et on a vu croître considérablement le nombre de conférences et de partages des connaissances sur les sujets arctiques. Au sein des instances mêmes, cela s’est traduit par une volonté d’orienter le débat sur la gouvernance régionale vers les affaires arctiques. La publication d’une première communication de la Commission sur une politique européenne arctique officialisa cette position plus déterminée de l’Union envers les enjeux arctiques.
Par ailleurs, cette recherche vise à analyser de manière approfondie la position et les intérêts de l’Union européenne en tant que nouvel acteur arctique et par conséquent, permettre de mieux comprendre les divers défis et opportunités qu’elle peut rencontrer dans ce nouveau rôle.
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Stratégie d’approvisionnement de la Chine en matières premières : l’Arctique canadien est-il un territoire d’investissement prioritaire pour les entreprises chinoises?Pierre-Louis Têtu (Université Laval)
La demande chinoise en matières premières a considérablement augmenté au cours des dix dernières années. Durant cette période, les investissements chinois dans le secteur minier au Canada ont provoqué l’ire des médias et de la population canadienne. Dans un contexte de fonte de la banquise arctique, la Chine, par l’intermédiaire de ses entreprises, tenterait de s’accaparer les matières premières de manière unilatérale et en ignorant les règles du marché. L’absence d’études empiriques sur ce thème limite notre compréhension de ce phénomène. La production domestique chinoise en minerai de fer, qui s’élève à plus d’un milliards de tonnes par année, ce qui fait de la Chine le premier producteur mondial, ne permet pas de répondre à l’importante demande chinoise engendrée notamment par la demande des aciéries Ainsi, si Pékin a considérablement restreint ses exportations de minerai de fer, il n’en demeure pas moins que la Chine importe près de 60%, dont près de la moitié provient d’Australie. Du côté des investissements chinois à l’étranger dans le secteur minier de 2005 à 2013, on observe une concentration de ces investissements dans son environnement régional eurasien ainsi qu’en Océanie. Le Canada, de son côté, n’apparaît pas comme un territoire prioritaire pour les entreprises chinoises. S’il est indéniable que les ressources de l’Arctique canadien deviennent de plus en plus accessibles, l’ampleur de l’exploitation et du transport des matières extraites demeure spéculatif.
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La mobilité des professionnels africains vers le Nord : « fuite » ou « circulation » des cerveaux?Olivier M. Mbodo (Université Laval)
La mobilité des professionnels africains vers le Nord :
« fuite » ou « circulation » des cerveaux ?
La mobilité des professionnels africains vers le Nord a fait couler beaucoup d’encre. Le phénomène, connu sous l’appellation « fuite des cerveaux » est source de préoccupations de la part des dirigeants africains, qui redoutent les conséquences néfastes de l’émigration massive de leurs travailleurs qualifiés. C’est cette même perspective de la « fuite des cerveaux » qu’adoptent les chercheurs qui étudient la mobilité des professionnels africains vers le Nord. Dans leurs travaux, ces chercheurs décrivent un « drame » qui s’abat sur « un continent réservoir » (Kouvibidila, 2009).
Le but poursuivi par notre communication est de montrer qu’à côté de la perspective de la « fuite des cerveaux » existe une autre. En effet, l’idée émerge en ce moment sur le continent noir, qui présente la mobilité des professionnels africains vers le Nord comme l’une des opportunités à saisir en vue d’atteindre le développement économique. Dans cette nouvelle perspective, le phénomène évoque moins un « drame subi » qu’une stratégie dont les dirigeants africains commencent à découvrir les bienfaits (Patterson, 2012). Nous ferons la syntèse de quelques travaux qui s'inscrivent dans cette seconde perspective.
Olivier M. Mbodo, Ph D
Chargé de cours, Université Laval
Professeur de sociologie, Cégep Garneau
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La pertinence de la théorie pour l’amélioration concrète des droits humains : le cas de la Commission interaméricaine des droits de l’hommeSabrina Tremblay-Huet (UdeS - Université de Sherbrooke)
Les théories sont souvent écartées par les praticiens, leur utilité étant fréquemment obscurcie par leur apparence de débats philosophiques entre penseurs peu ancrés dans la réalité. Dans cette optique, nous proposons que les théories ont le potentiel d'offrir des contributions pratiques réelles, notamment dans le domaine du droit international des droits humains. Le cas de la Commission interaméricaine des droits de l'homme, système binaire de droit contraignant et de droit sans sanction, nous permet de démontrer que les théories qui cherchent à discréditer cette seconde forme de droit international nuisent au travail des entités de la Commission légitimées par celui-ci. Inversement, les théories validant ce droit dit souple contribuent à l'amélioration des droits humains. Nous démontrerons cette proposition par la déconstruction de deux paradigmes dominants en théorie du droit international, le mouvement droit et économie ainsi que le libéralisme, appliqués à la pratique de la Commission, suivie d'une reconstruction constructiviste démontrant le pouvoir des acteurs autres que les États de création de normes et de légitimation de celles-ci. Nous en arriverons à la conclusion que la distinction de droit contraignant et de droit souple en droit international des droits humains n'est pas pertinente, et que par une théorisation conséquente de ce phénomène, les outils pour l'amélioration des droits humains s'en trouvent élargis, laissant place à une plus grande innovation.
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Coopération internationale pour la résilience climatique des populations des îles du Saloum : bilan et enjeux actuelsMarie Fall (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
Dans les îles du Saloum, les changements climatiques ont des impacts certains sur la vie des populations etsur l’économie des villages. Outre les modifications des écosystèmes naturels, l’insécurité alimentaire causée par la raréfaction des ressources et une réduction des activités économiques déstabilise les communautés. Les modes de production locale ont été directement affectés entraînant l’installation progressive d’une pauvreté rurale. Les changements climatiques ont déjà entrainé la dégradation de la mangrove et des forêts et perturbé les systèmes de production insulaires. De plus, la dégradation du milieu est accélérée par une forte pression anthropique qui résulte d’une surpopulation dans les villages en manque de ressources alternatives.
L’enjeu actuel est de s’assurer d’une disponibilité des biens et services fournis par les écosystèmes du Delta du Saloum afin de retrouver les conditions d’équilibre entre l’exploitation des ressources et le développement durable des territoires. Ce qui entraîne un foisonnement des projets financés par les organisations internationales et agences de développement dont les objectifs d’intervention intègrent la résilience climatique des populations et la lutte contre l’insécurité alimentaire. Cette communication propose de dresser l’état actuel des lieux et, à partir d’exemples concrets d’interventions, faire le bilan de l’aide internationale face aux défis des changements climatiques dans les îles du Saloum.
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Réflexion philosophique sur le concept d’interculturalité : repenser l’identité et l’éducation interculturellesChristian Kabemba Ndala (Université de Constance)
Le motif de ma contribution se trouve dans la pratique. Il résulte de l´inquiétude suscitée par des théories qui, en réaction à l´ethnocentrisme, présentent l´interculturalité comme le face-à-face des cultures déjà constituées à part, telles des entités isolées suivant chacune sa propre loi biologique, mais invitées après-coup au ‘commerce’ avec l´étranger (d´où une juxtaposition additive des cultures). Je trouve cette conception insuffisante et lui oppose la conception de l´interculturalité comme un entrelacs. Je m´appuie ici sur une phénoménologie de l´expérience interpersonnelle, car le ‘dialogue interculturel’ n´est au fond qu´une forme du ‘dialogue interpersonnel’. Les cultures ne se déplacent pas pour se rencontrer, mais c´est plutôt les hommes. Mon argumentation s´accorde avec l´idée du philosophe allemand Bernhard Waldenfels de prendre le préfixe inter au sérieux, mieux, de prendre l´interpersonnalité et l´interculturalité au mot de manière à montrer que les Autres apparaissent à l´intérieur de moi-même avant qu´ils ne viennent à moi de front. Cela permet de repenser l´ identité comme être-chez-soi-avec-les Autres et l´éducation interculturelle comme un apprentissage à la reconnaissance de l´étranger au cœur de soi. Si les cultures, à l´instar des individus, n´existent que sous forme d´histoire des cultures, parler de leur historicité, c´est donc parler de leur inextricable interpénétration. Une telle réflexion contribue à la prévention et à la résolution des conflits.
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Le rôle du Canada dans la vulnérabilisation des travailleurs migrants agricoles par l’instauration du Programme des travailleurs agricoles saisonniers (PTAS)Cindy Gagnon (Université Laval)
Le Programme des travailleurs agricoles saisonniers (PTAS) a été instauré en 1966 par le gouvernement fédéral canadien et repose essentiellement sur des ententes bilatérales conclues avec le Mexique et plusieurs pays des Caraïbes. Son objectif est de permettre aux entreprises agricoles d’embaucher des travailleurs étrangers temporaires afin de remédier à leur difficulté grandissante de recruter du personnel au sein de la population nationale. Considérant sa vive popularité, le cadre du PTAS a été repris dans d'autres secteurs économiques canadiens, en plus de servir de modèle pour l’établissement de programmes analogues dans d’autres États. Bien que les bienfaits économiques du PTAS soient incontestables, les risques d’exploitation découlant de ce programme sont de plus en plus dénoncés. Des auteurs soutiennent notamment qu’il constitue une forme contemporaine d’esclavage et qu’il réduit les travailleurs étrangers à un statut de marchandise (Basok, 2007; Depatie-Pelletier, 2009).
En nous basant sur une revue de la littérature, nous proposons que le PTAS ne constituent pas un modèle de bonnes pratiques puisqu'il contribue à la vulnérabilisation des travailleurs étrangers. D'abord, nous explorerons le contexte social, économique et juridique ayant abouti à sa mise en place. Nous aborderons ensuite comment le cadre légal du PTAS et plus spécifiquement les permis de travail liés à un employeur spécifique participent à la création d’un climat de travail abusif et servile.
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Accaparement des terres en Afrique de l’Ouest : femmes paysannes et rapport à la terreChristina Popescu (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Suite à la crise alimentaire et économique de 2008, les investissements agricoles étrangers et nationaux ont pris une ampleur considérable dans les pays en « voie de développement » à l’échelle de la planète. Ce phénomène d'accaparement de terres intéresse de plus en plus les communautés universitaires, les ONG, les institutions internationales, ainsi que les associations d’agriculteurs.trices, car il sème une certaine controverse. En Afrique de l’Ouest, où de plus en plus de transactions foncières prennent place, l’accaparement des terres exacerbe la menace d’insécurité alimentaire qui plane déjà sur plusieurs pays de cette région et modifie également les rapports qu’entretiennent les paysan.ne.s avec la terre.
Bien que de plus en plus de chercheurs étudient ce phénomène, trop peu de recherches se penchent sur les effets qui touchent plus particulièrement les femmes paysannes et leur famille. Dans le cadre de cette présentation, nous allons aborder les conséquences que ces transactions foncières font planer sur les femmes paysannes dans les sociétés ouest-africaines. Pour ce faire, nous allons utiliser une approche marxiste et féministe afin d’analyser le cadre capitaliste dans lequel s’inscrivent ces investissements agricoles et les modifications que ceux-ci amènent sur les liens terre/paysan.ne.s. Nous allons également nous pencher sur les conséquences directes qui affectent les femmes de ces communautés et leurs réponses en réaction à ce phénomène.