Informations générales
Événement : 84e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Chaque année au Canada, plus de 200 000 enfants sont touchés par une intervention des services de protection de la jeunesse. En raison des situations difficiles avec lesquelles ces enfants doivent composer, ils constituent une population particulièrement vulnérable. Pourtant, très peu de données probantes existent à propos des services qui leur sont offerts et des retombées qui en découlent sur leur bien-être et leur protection. En effet, malgré une quantité importante de données clinico-administratives pouvant informer la planification et la prestation des services de protection, les établissements responsables d’offrir ces services ne disposent pas des ressources nécessaires pour analyser et utiliser efficacement ces données. L’analyse participative de données, laquelle s’appuie sur les principes généraux des approches participatives de recherche, tout en privilégiant des méthodes statistiques qui sont généralement employées dans des cadres plus traditionnels, permet de pallier ce manque de ressources. Plus spécifiquement, chercheurs, gestionnaires et intervenants sont appelés à collaborer à toutes les étapes du processus de la recherche, de la formulation des questions à l’analyse et à la dissémination des résultats, en passant par la conception du devis.
Ce colloque pose un regard sur les approches participatives d’analyse de données qui réunissent chercheurs et cliniciens interpellés par des enjeux entourant la protection des enfants. Des initiatives menées au cours des dix dernières années et réunissant chercheurs et intervenants du milieu de la protection de la jeunesse seront présentées afin d’échanger sur : 1) les conditions nécessaires à la mise en place de partenariats fructueux; 2) les défis et les enjeux éthiques liés à la mise en place de telles initiatives; et 3) la meilleure utilisation possible des données générées, et ce, de façon à contribuer à l’avancement des connaissances et des pratiques.?
Date :- Delphine Collin-Vézina (Université McGill)
- Catherine Roy (Université McGill)
- Nico Trocmé (Université McGill)
Programme
Déjeuner – Mot de bienvenue de la directrice du Centre de recherche sur l'enfance et la famille – Introduction par le chercheur principal dont émane les projets présentés – Première présentation par M
-
Mot de bienvenue : les 30 ans du Centre de recherche sur l'enfance et la familleDelphine Collin-Vézina (Université McGill)
Cette courte allocution permettra de présenter les grandes réalisations qui ont parsemé les 30 ans du Centre de recherche sur l'enfance et la famille, jusqu'à l'aboutissement du présent symposium.
-
Conférence d'ouverture : présentation du projet Building Research CapacityNico Trocmé (Université McGill)
Cette présentation permettra de dresser les grandes visées du projet 'Building Research Capacity' financé par le CRSH et dont les recherches en collaboration avec les milieux et présentées dans ce symposium sont issues.
-
Trajectoires de services en protection de la jeunesse sur la Côte-Nord : perspective sur la récurrence et sur le placementMireille De La Sablonnière-Griffin (Université McGill), Tonino Esposito (UdeM - Université de Montréal), Marene Gallagher (CISSS Cote-Nord)
Au cours des deux dernières années, le CISSS de la Côte-Nord (précédemment le Centre de protection et de réadaptation de la Côte-Nord), les services sociaux et de protection de la jeunesse des communautés innues de la Côte-Nord et des chercheurs de milieux universitaires ont mis à profit leurs expertises afin de mieux comprendre les trajectoires de services en protection de la jeunesse des jeunes des Premières Nations et allochtones desservis par la direction de la protection de la jeunesse de la Côte-Nord, dans le but de guider des changements au niveau des pratiques et des politiques afin de mieux desservir ces enfants. Les priorités d'analyses, établie d'un commun accord entre les partenaires, visent une meilleure compréhension des hauts taux de récurrence (en comparaison aux taux provinciaux), particulièrement pour les enfants de moins de 6 ans, ainsi que les hauts taux de placements, particulièrement pour les enfants des Premières Nations. Nous aborderons tout d'abord les processus de collaboration mis en place, incluant les avantages et défis de la collaboration. Par la suite, nous vous présenterons certains résultats d'analyses ainsi que des outils de diffusion qui ont été créés afin de partager ces résultats au sein des institutions partenaires.
-
Pause
Présentations de Vandna Sinha et collègues, et de Nico Trocmé et collègues
-
Une approche participative d'analyse de données pour comprendre les trajectoires longitudinales de services en protection de la jeunesse des enfants des Premières Nations au QuébecMireille De La Sablonnière-Griffin (Université McGill), Tonino Esposito (UdeM - Université de Montréal), Nancy Gros-Louis Mchugh (CSSSPNQL), Vandna Sinha (Université McGill)
Cette présentation discutera des processus de collaboration et de partenariat qui ont permis de réaliser et d'interpréter des analyses provinciales portant sur les trajectoires longitudinales de services en protection de la jeunesse pour les enfants des Premières Nations et les enfants allochtones du Québec et ayant été effectuées à l'aide des données clinico-administratives de seize (16) Centres jeunesse. Les partenaires au groupe de travail pour ce projet dirigé par la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador (CSSSPNQL) sont, ou ont été : la CSSSPNQL, le Ministère de la santé et des services sociaux du Québec, l'Association des centres jeunesse du Québec, le Centre de recherche sur l'enfance et la famille de l'université McGill, et la Chaire de recherche du Canada en services sociaux pour les enfants vulnérables de l'Université de Montréal. Guidé par le protocole de recherche des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL, 2014) et les principes de propriété, contrôle, accès et possession (PCAP™; FNIGC, 2014), ce comité de partenariat a permis d'assurer un partage de connaissances et informations permettant d'orienter l'analyse et l'interprétation des données.
-
La récurrence de la maltraitance chez les jeunes ayant reçu des services du Centre jeunesse de l'OutaouaisAlicia Boatswain-Kyte (Université McGill), Élodie Marion (ÉNAP - École nationale d'administration publique), Marie-Claude Sirois (CIUSS Outaouais), Nico Trocmé (Université McGill)
Le comité Recherche, développement et innovation du Centre jeunesse de l'Outaouais en collaboration avec des chercheurs de l'Université McGill ont étudié différents indicateurs de gestion de suivi clinique. L'analyse de données était liée aux besoins et préoccupations de l'organisation dans le but de soutenir la prise de décision et d'optimiser les ressources. Les membres du comité ont décidé de porter attention à la récurrence afin de faire état de la situation et d'identifier les cas les plus inquiétants. La récurrence en moins de six mois a été identifiée comme problématique par crainte que les dossiers aient été fermés prématurément. En étudiant des facteurs tels que le type de maltraitance, l'âge de l'enfant, la présence d'un service ou d'un placement antérieur, la durée de l'intervention et le sexe de l'enfant, nous avons pu remarquer certaines différences entre les dossiers des jeunes âgées de 0-12 ans et de 13-17 ans. Ce constat nous a motivés à faire des analyses statistiques afin d'explorer si certaines variables pouvaient prédire la récurrence. Nos analyses ont identifié les profils suivants comme étant plus à risque de récurrence : les jeunes de 13-17 ans pris en charge pour trouble du comportement et ayant vécu un placement; les cas de négligence chronique chez les 0-12 ans pour lesquels un ou plusieurs services précédents ont eu lieu; et les cas de négligence chez les 0-12 ans ayant été pris en charge une première fois pour une durée inférieure à un an.
Dîner
Présentations orales de Catherine Roy et collègues, et de Heather MacIntosh et collègues
-
Penser, implanter et interpréter ensemble un sondage portant sur la satisfaction de la clientèle : illustration d'une collaboration réussie entre gestionnaires et chercheursMelanie Doucet (Université McGill), Catherine Roy (Université McGill), Linda See (COMTL)
Le sondage sur la satisfaction de la clientèle est administré à titre d'exigence de la part du Conseil québécois d'agrément afin d'évaluer de façon périodique la satisfaction de la clientèle au sein des établissements qui offre des services sociaux. Depuis 2014, une collaboration s'est établie entre les Centres de la jeunesse et de la famille Batshaw (maintenant le CIUSSS-Ouest de l'Île de Montréal) et une équipe de chercheurs du Centre de recherche sur l'enfance et la famille. Cette collaboration a permis de 1) bonifier l'instrument de collecte de données, le rendant ainsi mieux adapté aux besoins de l'établissement, 2) standardiser le processus d'implantation avec pour objectif d'augmenter le taux de réponse et la fiabilité des données, 3) faciliter l'analyse de données et 4) réaliser une interprétation conjointe des résultats, laquelle s'appuie sur les connaissances respectives des gestionnaires et des chercheurs. Pour des établissements dont la mission principale est l'offre de services, la réalisation d'activités de recherche peut s'avérer un défi selon la nature et la quantité des ressources disponibles. La collaboration mise en place dans le cadre de ce projet témoigne de la pertinence des partenariats « pratique-recherche ». Le processus de collaboration, incluant ses avantages et ses défis, constitue le focus principal de cette présentation. Quelques résultats saillants des deux premières phases de collecte de données sont aussi présentés.
-
Évaluation de l'implantation du cadre de référence en négligenceKara Fletcher (Université McGill), Heather Macintosh (Université McGill), Lise Milne (Université McGill)
Des chercheurs du Centre de recherche sur les enfants et la famille de l'Université McGill ont été sollicités en 2012 pour procéder à l'évaluation de l'implantation du cadre de référence en négligence développé par les Centres de la jeunesse et de la famille Batshaw. Le développement du programme de négligence a été un processus participatif entre les intervenants (travailleurs sociaux, agents de relation humaine et éducateurs), les équipes de gestion, et la haute direction. L'objectif de l'évaluation était de documenter l'implantation du cadre de référence du programme de négligence, avec une attention portée sur la fidélité de l'implantation. Dans l'ensemble, les résultats de l'évaluation de l'implantation du programme de négligence ont identifié des niveaux élevés de concordance entre les intervenants dans leur utilisation des principes du cadre de référence au cours de l'évaluation (2013-2014). Cela se reflète à la fois à travers des entrevues qualitatives menées auprès des intervenants et à la lumière des conclusions des rapports psychosociales émis lors des évaluations de cas de négligence. Cette présentation fournira un résumé du processus de l'évaluation de l'implantation, ainsi que les facteurs contextuels qui peuvent avoir influencé l'implantation globale du programme et les limites du processus d'évaluation.
-
Pause
Présentation de Delphine Collin-Vézina et collègues
-
Les groupes d'intégration clinique : une stratégie prometteuse pour enrichir la pratique et la rechercheDelphine Collin-Vézina (Université McGill), Sonia Forget (CISSS Outaouais), Leigh Garland (CIUSS de l'Ouest-de-l'île de Montréal), Lise Milne (Université McGill)
Des groupes d'intégration clinique intégration (CIG) sur les abus sexuels sont en opération depuis 2007 au CIUSSS de l'ouest de l'Île (Centre jeunesse Batshaw) et depuis 2014 au CISSS de l'Outaouais (Centre jeunesse de l'Outaouais). Ces groupes visent à promouvoir au sein des milieux le développement et l'intégration des connaissances probantes dans la pratique clinique. Les sources de connaissances comprennent la littérature scientifique locale et internationale, l'expérience clinique, ainsi que les données administratives des milieux impliqués. Ces groupes sont composés d'intervenants et de gestionnaires des milieux provenant des divers secteurs de la prestation de services, ainsi que d'un chercheur et d'un étudiant gradué du Centre de recherche sur l'enfance et la famille de l'Université McGill. Les membres se réunissent environ toutes les six semaines pour discuter des questions liées à la violence sexuelle, analyser la littérature de recherche, bonifier les guides de pratique, et échanger sur les ressources disponibles pour les victimes et les familles dans les milieux et auprès des partenaires. Des discussions cliniques sont abordées afin de mettre en lien les connaissances probantes discutées et les interventions à privilégier. Cette présentation permettra de décrire le fonctionnement des groupes et d'exposer les avantages de cette stratégie de collaboration fort pertinente, et ce, à travers l'expérience d'une chercheure, d'une étudiante et de deux intervenantes des milieux.