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Informations générales

Événement : 84e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Ce colloque interdisciplinaire en recherche-création propose de rassembler chercheurs et créateurs en littérature et en arts pour réfléchir à ce que représente le terrain vague dans l’imaginaire contemporain. Espace interlope à la mémoire souvent stratifiée, le terrain vague peut être vu comme un espace-temps transitoire vers une réinvention et une réappropriation. Également symbole d’une vacance, ce waste land ou no man's land peut aussi avoir une fonction salvatrice, à la fois jachère nécessaire et lieu de réappropriation du pouvoir citoyen. Il peut en ce sens susciter des intérêts politiques ou financiers : les promoteurs voient en lui un potentiel à développer, ce qui explique peut-être sa raréfaction au sein des villes. Ces rapports de pouvoir ne sont pourtant pas le seul avenir envisageable : cet espace liminaire, source de liberté et d’inventivité, demande à être déchiffré symboliquement autant qu’à être défriché matériellement; son caractère marginal fait de lui une matrice à nouvelles idées et nouveaux regards sur le monde. À cet égard, il peut offrir l’image de la disposition mentale que nécessitent tant la recherche que la création. Il peut alors conserver son statut de terrain vague et indéfini de façon plus pérenne, être valorisé comme tel et se laisser apprivoiser et réinventer par des actions communautaires ou esthétiques.

Quelques pistes de réflexion (non exhaustives) : où (sur le plan autant spatial que métaphorique) se situe le terrain vague? Comment s’intègre-t-il (ou non) dans un périmètre plus large? À quelles figures donne-t-il naissance? Par qui et comment est-il investi, dans les faits et dans l’imaginaire? Quels enjeux éthiques ou esthétiques pose-t-il? Quels rapports de force ou quelles relations se nouent autour du terrain vague? Quels genres de poétiques engendre-t-il? Quels genres littéraires ou langages esthétiques l’investissent? Comment explorer les strates mémorielles et les processus de sédimentation de ce genre d’espace?

Dates :
Responsables :

Programme

Communications orales

Imaginer l'histoire du terrain vague

  • Mot de bienvenue
  • Terrain vague : entre un conte et un manifeste
    Yasmine Sinno (ETH Zurich)

    Le terrain vague est un sujet essentiellement interdisciplinaire. L'intérêt de cette proposition est de démontrer comment ce sujet a été introduit dès les années 90 à travers les mondes de la photographie, l'audio--‐visuel, la psychologie, la littérature et finalement l'économie, au monde de l'architecture et l'urbanisme. En effet, en 1993, à Barcelone, Ignasi de Sola--‐Morales écrit un article intitulé «Terrain Vague". La notion de Terrain Vague, tel que présentée par Sola--‐Morales, implique plus qu'une simple définition, il détient en elle le potentiel de devenir un autre mode de perception et d'intervention. Nous sommes intéressés à analyser la dynamique derrière la création et l'application conséquente de cette notion pluridimensionnelle. L'objectif est de mettre en question comment une notion vient à être reconnue et reformulée et comment sa formulation est liée à ses applications. L'intérêt général est dans la dichotomie paradoxale théorie--‐pratique. On commencera par une analyse de l'ouvrage théorique de Sola--‐Morales, puis on tentera d'élargir le contexte pour inclure les références intertextuelles multidisciplinaires, en élargissant par conséquence le contenu du sujet du terrain vague même. Finalement, on présentera quelques interventions contemporaines sur le terrain vague inspirées directement par Sola--‐Morales et le potentiel chargé dans sa définition du terrain vague, notamment les projets de Lara Almarcegui, le groupe Stalker, et l'atelier SYN--‐, entre autres.

  • La mythologie de la « zone » : traitement du terrain vague dans la chanson populaire française réaliste
    Audrey Coudevylle Vue (UVHC - Université de Valenciennes et du Hainaut Cambrésis)

    Je souhaiterais proposer une intervention en relation avec mon champ de recherches consacré à la discipline de la cantologie, permettant de montrer comment la chanson populaire française de l'Entre-deux-guerres et plus particulièrement la chanson dite « réaliste », s'est emparée et a rendu compte de cet espace singulier, communément appelé à cette époque « la zone ». En effet, la « zone » était une bande de terrains vagues, constituée tout autour de Paris, à l'emplacement de l'actuel boulevard périphérique, en amont des anciennes fortifications érigées par Thiers dès 1841. Cet immense terrain vague devint bientôt un des lieux de divertissements favoris des parisiens. Or, la chanson « réaliste » s'est emparée de ces traîne-misère dont elle a chanté le quotidien, et fit de la « zone » un de ses paysages esthétiques de prédilection. Aristide Bruant (1851-1925) et Fréhel (1891-1951), puis beaucoup plus tardivement Renaud, l'ont chantée et transfigurée. Ancien refuge et zone de repliement des Apaches traqués chez Bruant, la « zone » devint, grâce au répertoire de Fréhel, un espace de liberté voire de bonheur simple. Aussi, célébra-t-elle la « zone », et plus encore la disparition des fortifications, avec nostalgie.

  • Le vague contemporain dont nous serions faits : de Deleuze à Murakami
  • Pause

Communications orales

Friches postindustrielles

  • Image et perception des espaces résiduels urbains
    Jean-Francois Lacombe (UQO - Université du Québec en Outaouais)

    Depuis un certain temps, je m'attarde à la révélation des espaces résiduels urbains (friches, zones limitrophes entre le public et le privé, lots vacants, terrain vague, ruines industrielles, etc.)(Lacroix 2008). Ces lieux, malgré leur connotation négative ou leur condition d'espaces liminaire, participent néanmoins à l'identité de la ville. Ce sont des zones qui offrent une dilatation des usages et fonctions urbaines normalisés et de ce fait, sont des lieux privilégiés pour catalyser des modalités d'occupation différentes au sein de la trame urbaine.

    Ma proposition de communication consiste à partager ce que j'ai saisi au fil de mes interventions et recherches, soit l'image représentée (Tisseron 1997) et les sensorialités engagées (Le Breton 2001) par ces espaces résiduels. Abordant ainsi autant l'effet de ces lieux que leur représentation physique, il s'agit de considérer ces lieux comme un ensemble plus ou moins homogène et non pas de s'attarder à un lieu spécifique. Car fondamentalement, ce sont ces types d'espaces et les valeurs, impressions et atmosphères qu'ils véhiculent qui nous intéressent ici, et qui ont modelé mon parcours de chercheur créateur. Ces qualités du lieu, qui sont incarnées dans une matérialité saisissable (Norberg-Schulz 1997), seront pertinentes à questionner. D'une part pour en dresser un portrait, mais surtout pour en comprendre l'effet magnétique qu'ils exercent sur nous (Bachelard 1992).

  • Le déclin de deux empires canadiens : déréliction et mémoire en faillite de terrains vagues
    Elise Lepage (University of Waterloo)

    Cette présentation en recherche-création dressera un portrait en diptyque d'un père dans la soixantaine, et d'un fils dans la trentaine qui, en 2014, perdent leurs emplois respectifs lors de licenciements massifs, le père dans l'usine historique de viande Schneider, sur la rue Courtland à Kitchener, le fils au sein de la compagnie électronique Blackberry située dans la ville (fausse-) jumelle de Waterloo. Ces deux industries ont joué un rôle de premier plan dans le développement et le rayonnement de Kitchener-Waterloo, en Ontario.

    Cette présentation entend montrer et imaginer les traces et terrains vagues qui demeurent dans la ville et dans les mentalités suite à la disparition ou à la longue agonie de ces deux compagnies. Ces entreprises occupaient des bâtiments et des terrains très visibles dans la ville. Que deviennent-ils maintenant qu'ils sont pour la plupart vides et en vente? Sont-ils de futurs terrains vagues? Un terrain vague peut-il être porteur de la mémoire de ce qu'il fut? La présentation prendra la forme d'une brève introduction contextuelle présentant des photographies, puis d'une lecture de la partie créative qui interrogera la notion de terrain vague réel et imaginaire, puisque le terrain vague sera aussi la métaphore employée par les personnages pour évoquer l'absence de sens de leur existence.


Assemblée générale

Dîner au restaurant Pho Do Thi, 1238, rue Saint-Denis


Communications orales

Symbolique du terrain vague

  • Le terrain vague comme chambre d'écho : de la nature et des fonctions du terrain vague en littérature pour la jeunesse
    Johanne Prud'homme (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    Considérant la nature particulière de tels espaces – reflétée, entre autres, par le paradoxe de leur désignation : « Alors que terme «vague» se lie au flux, à l'indéterminé et au vide, le «terrain» se réfère plutôt, quant à lui, à l'idée de limite et de support d'appropriation. » (Lévesque, 1999) –, il s'agira ici d'illustrer comment, dans les fictions pour la jeunesse, l'espace du terrain vague s'apparente à une chambre d'écho, spatialisant conflits intérieur et/ou extérieur et fournissant une surface pour leur résolution. L'analyse sémiotique de cet espace et l'étude du rôle qu'il assume dans l'écosystème d'œuvres issues de littératures d'ici et d'ailleurs permettront, en transversalité, de faire ressortir certains traits récurrents relevant d'une poétique du terrain vague en littérature pour la jeunesse.

    Mentionné à l'occasion d'une description du paysage urbain ou servant brièvement d'arrière-plan à une action, l'espace du terrain vague se voit rarement mis en scène dans les romans ou albums pour la jeunesse. Il existe, toutefois, un certain nombre d'œuvres qui font du terrain vague l'espace central de l'histoire, offrant ainsi la possibilité d'en étudier ses représentations dans un corpus destiné à un jeune public (G. Boulizon, Les quatre du Mystigri; A. Browne, Le tunnel; C. Gingras, La fille de la forêt et Entre chien et loup; B. Smadja, Le cabanon de l'oncle Jo).

  • Le poème : expression symbolique de l'inconscient
    Connie Isenberg-Grzeda (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Dans cette communication, l'inconscient sera conceptualisé comme étant un terrain vague psychique, un terrain inconnu, tout en étant un terrain qui a un impact énorme sur le fonctionnement de l'être humain; un terrain sans structure et limites évidentes. C'est par l'intermédiaire des rêves, des lapsus et de l`humour, entre autres, que nous trouvons accès à ce terrain, senti mais invisible, et que nous pouvons l'appréhender et le discuter verbalement. Le rêve est depuis longtemps perçu comme ayant une signification qui révèle des vœux, des intentions et des motivations inconscients. De plus, il est reconnu qu'il y a une relation étroite entre l'inconscient et la créativité. Diverses descriptions de cette relation existent (par ex, Anzieu, Ehrenzweig, Freud, Kohut, Kubie, Milner). Plus spécifiquement, le poème comme expression symbolique de l'inconscient fera l'objet de cette communication. Un court poème sera présenté et le retour de ce qui a été refoulé avant que le poème apparaisse, sera discuté. Les mécanismes de ce processus analytique seront comparés à ceux décrits par Freud dans le contexte de l'analyse des rêves ainsi révélant la transformation des préoccupations quotidiennes à un langage symbolique.

  • Pause

Communications orales

Terrains vagues au cœur de Montréal

  • Wasteland : une zone autonome temporaire aux limites d'Hochelaga-Maisonneuve
    Catherine-Alexandre Briand (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    À l'extrémité est du quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal, on trouve un immense terrain vague auquel les jeunes du quartier réfèrent comme étant le « wasteland ». Bien qu'il soit illégal d'y mettre les pieds, plusieurs usagers y pénètrent quotidiennement afin d'en habiter l'espace. Ce terrain vague n'est pas tout à fait un lieu, défini par un sens identitaire, relationnel ou historique précis, mais ne pourrait cependant être perçu comme étant simplement un non-lieu – espace strictement utilitaire et interchangeable qui ne se construit pas autour d'un univers de significations distinctes. Il serait plutôt un espace intermédiaire dont la nature floue appelle à l'invention de nouveaux modes d'habitabilité. L'usage des espaces urbains étant de plus en plus réglementé et étant souvent limité par une logique de consommation\production, le terrain vague offre un espace où certaines pratiques marginalisées peuvent exister au cœur de la ville. Il fait alors figure d'« ailleurs » ou d'espace résistant. Ces pratiques marginalisées, qu'elles soient festives, ludiques ou artistiques, donnent naissance à des interstices sociaux : des « communautés d'échanges échappant au cadre de l'économie capitaliste » que l'on pourrait aussi qualifier de zones autonomes temporaires (Hakim Bey). Elles permettent l'émergence de plusieurs formes de pensées et d'expérimentations utopiques qui, bien que n'ayant pas un effet direct sur le reste de la communauté urbaine, peuvent y créer des résonnances.

  • Terres d'attente : sur les traces du socialisme dystopique
    Clément Courteau (Université McGill)

    En 2013, le Spot Viau a été le théâtre du suicide de Nico, jeune anarchiste montréalais. Après avoir terminé la création de Cher Charles, sa bédé-testament sur le G20 de Toronto en 2010, il s'est donné la mort dans ce lieu emblématique de la quête politique et existentielle qu'il a poursuivie durant les dernières années de sa vie. Cet événement tragique pose la question des liens entre ce que nous appellerons l'anarchisme de la désolation – qui désigne la noirceur générale du militantisme montréalais actuel – et les nouvelles théories en vogue dans ces milieux, notamment celles soutenues par le Comité Invisible, qui met de l'avant une résistance au système naissant entre ses failles, dans ses blancs, dans ses lieux inoccupés. Lieu emblématique de la dystopie, le terrain vague est aussi, aujourd'hui, l'espace de liberté à partir duquel les anarchistes peuvent penser leur opposition au système. Sur les traces de Nico, nous proposons de documenter en vidéo un pèlerinage au Spot Viau afin de réfléchir l'anarchisme de la désolation et ses implications pour l'opposition révolutionnaire au capitalisme.

  • Terres d'attente : sur les traces du socialisme dystopique
    Clément Courteau (À déterminer)

    En 2013, le Spot Viau a été le théâtre du suicide de Nico, jeune anarchiste montréalais. Après avoir terminé la création de Cher Charles, sa bédé-testament sur le G20 de Toronto en 2010, il s'est donné la mort dans ce lieu emblématique de la quête politique et existentielle qu'il a poursuivie durant les dernières années de sa vie. Cet événement tragique pose la question des liens entre ce que nous appellerons l'anarchisme de la désolation – qui désigne la noirceur générale du militantisme montréalais actuel – et les nouvelles théories en vogue dans ces milieux, notamment celles soutenues par le Comité Invisible, qui met de l'avant une résistance au système naissant entre ses failles, dans ses blancs, dans ses lieux inoccupés. Lieu emblématique de la dystopie, le terrain vague est aussi, aujourd'hui, l'espace de liberté à partir duquel les anarchistes peuvent penser leur opposition au système. Sur les traces de Nico, nous proposons de documenter en vidéo un pèlerinage au Spot Viau afin de réfléchir l'anarchisme de la désolation et ses implications pour l'opposition révolutionnaire au capitalisme.

  • Pause

Panel / Atelier

Investissons le Champ des Possibles!


Communications orales

Le terrain vague et la collectivité

  • Approprier le Champ des Possibles pour les enfants par le jeu
    Christina Kannenberg (Université de Konstanz)

    Le Champ des possibles dans le secteur Mile End de Montréal est un terrain vague qui a unit la communauté autour de son protection comme aire de créativité et de nature sauvage au sein de la ville. Une fois un espace réapproprié, il reste à décider qui a le droit d'utiliser cet espace? Un groupe communautaire dans le Mile End, Le Lion et la Souris, a pour but de promouvoir le jeu libre et les liens avec la nature chez les enfants. Atteindre ces objectifs dans un milieu urbain, où les enfants sont normalement supposé de jouer dans des terrains de jeux désignés qui sont conçu par des adultes, où il est prédéterminé comment l'espace devrait être utilisé et comment jouer, demande la réappropriation de l'espace urbaine pour les enfants par le jeu.

  • Imaginaire des enfants et terrain vague
    Margaret Fraser

    Le Lion et la souris, avec son jardin d'enfants d'un douzaine d'enfants âgés de 2 à 5 ans, son camp de jour et d'autres activités, utilise le Champ des possibles comme aire pour laisser aller leur imaginaire en jeux libre qui engage la nature et l'espace urbaine. En utilisant les matières naturelles ou recyclées au lieu des jouets typiques, les enfants mènent le jeu et s'inspire du terrain vague pour explorer et étendre leur imaginaire. Au lieu des sorties courtes et structurés aux parcs comme des garderies typiques, les enfants du Lion et la Souris se rencontre chaque jour dehors et y restent pendant la plupart de leur journée et dans toutes sortes de météos. Dans cet intervention on explorera avec le soutien des images comment les enfants du Lion et la Souris sont en train d'approprier un terrain vague pour prendre leur propre place dans l'espace urbaine.


Cocktail

Souper couscous : service de traiteur au restaurant Le lion et la souris, 5333, avenue Casgrain 


Communications orales

Terrain vague : in situ

Présidence : Antoine Boisclair (Collège Jean-de-Brébeuf)
  • Rêveries au Champ des Possibles
    Isabelle Miron (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Le Champ des Possibles est délimité par la voie ferrée, signe visuel de la colonisation et de l'industrialisation de l'Amérique et, plus récemment, avec l'avènement sur ses rails des convois de pétrole qui circulent toujours malgré l'élection de Justin Trudeau, de la tragédie à Mont-Mégantic. Mais le Champ des possibles est également le lieu d'une étonnante biodiversité: on y recense en effet 330 espèces répertoriées, dont notamment le renard et une étonnante diversité de plantes. Cette communication-performance qui se propose d'être lue et jouée in situ voudrait, à partir de textes essayistiques non structurés appelés rêveries, aborder les diverses strates mémorielles et actuelles en jeu dans le Champ des possibles: des rêveries prenant source dans le personnel, le communautaire, le social et les préoccupations environnementales, tout comme dans la mémoire rêvée de ce terrain vague, où les traces amérindiennes demeurent encore lisibles et vibrantes pour qui veut bien s'y attarder.

  • Installation in situ
    Jean-Francois Lacombe (UQO - Université du Québec en Outaouais)

    Mon travail de recherche création se situe à la lisière entre le design et les arts visuels. À travers mes projets multidisciplinaires, j'invente de nouveaux espaces de rencontres qui s'adressent autant à notre intellect qu'à notre sensualité. L'idée centrale qui motive mon travail est la façon dont nous habitons la ville. En fait, comment nous entrons en relation avec les autres et l'environnement. Mon expérience de designer graphique met l'idée de communication en avant-plan dans ma pratique. Mon désir est de créer de nouveaux lieux qui nous permettent de recoloniser l'espace imaginaire de la ville. Des lieux qui d'investissent les interstices qui subsistent entre l'utilisateur (l'humain) et le site (la ville), et qui nous permettent d'envisager de nouvelles façons d'habiter notre monde actuel. En fait, de nous ouvrir à d'autres possibilités en marge des usages programmés. J'aime raconter, avec les matériaux qui me sont miens, des récits qui permettent l'émergence de nouvelles possibilités.

Communications orales

La ville comme espace normalisé

Présidence : Connie Isenberg-Grzeda (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • La construction des copropriétés : journal de terrain
    Antoine Boisclair (Collège Jean-de-Brébeuf)

    Dans un quartier en voie de gentrification, des promoteurs immobiliers ont fait disparaître la vieille station-service à l'abandon depuis quelques années. Sur le terrain vague qui s'étale à présent sous nos yeux, on a planté une panneau annonçant l'inéluctable : la construction d'un bloc de condominiums de six étages, un grand bloc de briques beiges comprenant des logements clé en main, un stationnement intérieur ainsi qu'une terrasse sur le toit. Si l'on se rapporte à l'image du panneau, où est apparu le portrait d'une famille heureuse – un couple dans la quarantaine et une jeune fille aux dents blanches –, le non-lieu du terrain vague deviendra un lieu, un espace habité. Mais suffit-il de la bonne volonté d'un promoteur pour qu'un non-lieu devienne un lieu ? À partir de quand et en fonction de quels critères peut-on dire d'un lieu qu'il est réellement habité, qu'il possède une âme, une identité ? Cette communication, écrite sous la forme d'un journal, proposera de suivre la conversion d'un terrain vague en bloc de condos. Elle s'attardera au processus par lequel un espace à l'abandon devient – ou voudrait devenir – un espace habité et tentera, en bout de ligne, d'opposer aux impératifs économiques de l'immobilier certaines considérations esthétiques.

  • 42 heures de vague
    Carole Lévesque (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    design urbain et de l'urbanisme, un intérêt particulier pour le terrain vague. Il semble pourtant que le terrain vague ne soit pas qu'un espace abandonné ou en attente de développement, mais qu'il soit tout aussi constitutif de la ville que ne le sont les lieux construits et que c'est à travers sa représentation qu'il participe activement à l'imaginaire et au discours sur le développement de la ville. Plutôt, donc, que de considérer le terrain vague comme une anomalie à l'encontre de l'urbain, considérer qu'il y soit une partie essentielle permettant de générer une lecture « autre », essentielle à la transformation de la ville, semble une proposition tout à fait plausible, voire indiquée.

    Suite à un projet de documentation menant à 42 heures de marche pour parcourir l'île de Montréal d'est en ouest, il devient clair que non seulement l'île contient de nombreux espaces délaissés, mais aussi, et peut-être surtout, que la question du terrain n'est en fait qu'un encadrement physique limitant et que c'est plutôt au vague qu'il faille s'intéresser. Documentant quelques 147 vagues de diverses natures, le projet de recherche-création propose que la représentation du vague permet de remettre en question la ville comme entité totale et normalisée.

    Les vingt dernières années ont vu croître, dans les domaines de l'architecture, du

  • Pause

Communications orales

Le terrain vague en texte

Présidence : Catherine-Alexandre Briand (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • Dominique Fourcade : « Moi, nu, dans un terrain vague »
    James Petterson (Wellesley College)

    L'imaginaire du terrain vague nous convie à retracer le parcours du poète françaisDominique Fourcade qui, dans son recueil Manque (P.O.L., 2010), se voit comme « unebuse » survolant « un territoire qui ne veut plus d'elle et lui crie son rejet ». Ce territoireest celui, indistinct, du livre et de l'écriture et le but de mon intervention sera de mettreen relief l'arpentage fourcadien de cette aire littéraire; ce que Fourcade appellera, dès1974, une « écriture plastique » où toute délimitation stricte de genres ou de domainesartistiques s'aréalise (Jean-Luc Nancy) et où le poète est conduit à « faire [sien] un payssans catégories – mais il faut quelque temps pour s‘habituer à un pays sans frontières » («À quoi sommes-nous conviés ? », Galerie Aubry,1974). Un quart de siècle plus tard etaprès un silence poétique de dix ans -- autre terrain vague dont il nous faudra égalementrendre compte -- le poète reprend son chemin, mais dans un « aveuglement sansfrontière » (Est-ce que j'peux placer un mot, P.O.L., 2001). La même année, Fourcaderevient sur ce terrain par le biais d'une réflexion sur le rôle de « la pose » (Barthes) endanse et en photographie pour se poser ou se retrouver lui-même « nu dans un terrainvague (surtout ne pas être photographié) » (MW, P.O.L., 2001). C'est, nous tâcherons dele démontrer, dans un tel (non)lieu ou terrain vague que le poète puise, en grande partie,sa force productrice. À nous d'examiner de plus près les contours (ou leur disparition) decette poétique.

  • Écrire le terrain vague : des expériences géographiques et littéraires dans Paris et sa banlieue.
    Alexandra Borer (Columbia University)

    Depuis la fin du XXème siècle, les projets d'aménagements urbains de Paris et sa banlieue occupent l'espace politique et médiatique français. Les déséquilibres économiques, culturels et démographiques entre Paris et sa banlieue sont au cœur des débats les plus virulents. Dans cette même période, un nombre important d'écrivains, souvent parisiens eux-mêmes, forment le projet d'investir les espaces vierges de récits que la banlieue leur offre. Principalement des hommes, venus d'horizons divers et de générations différentes, ces écrivains ont comme point commun de choisir d'arpenter à pied l'espace qu'ils veulent écrire. Ils livrent le récit de leurs marches en l'associant parfois à des photographies, des croquis ou des cartes. A l'opposé de l'expérience du flâneur Benjaminien, ces expériences physiques aux allures de performances, confrontent le marcheur à un espace hostile à la promenade. Elles lui permettent toutefois un accès privilégié aux lieux marginaux que cette nouvelle géographie littéraire se voue à dessiner. Notre présentation montrera que la poétique de ces textes procède d'une attention toute particulière vouée à ce qui relève de la friche. L'usage des lieux, leur mise en récit, participent ainsi à l'élaboration d'un imaginaire qui met en valeur les espaces de séparation, d'exclusion, les frontières présentent au sein du tissu urbain tout autant qu'ils confèrent à ces lieux a priori marginalisés une valeur créatrice.


Communications orales

Traversée des interstices : du méridien de Paris à l'Université du Québec à Montréal

Présidence : Jean-Francois Lacombe (UQO - Université du Québec en Outaouais)
  • Traversée des interstices : du méridien de Paris à l'Université du Québec à Montréal
    Aline Jaulin, Elise OLMEDO

    Nous nous intéresserons aux potentialités épistémologiques, artistiques et sociales de la traversée du méridien de Paris réalisée aux côtés de l'artiste Hendrik Sturm. En effet, ce méridien, défini en 1667, est un espace projeté, topographique, correspondant aujourd'hui à un espace périurbain, à des champs, à des habitations, invisible pour celui qui ne connaîtrait pas son tracé. Nous envisageons la traversée de ce méridien – pratique également appelée « transect », comme l'appropriation d'un « terrain vague », au sens où la rencontre entre un espace projeté (à partir d'une carte) et l'expérience permet de créer un espace interstitiel, entre la grande Histoire et l'histoire intime, entre des individus séparés et un groupe. Nous défendrons le caractère résilient de l'expérience collective et ses intérêts artistiques et scientifiques. Pour cela, nous montrerons que les dispositifs d'écriture élaborés ad hoc (cartographie, écriture, mouvement), ainsi que les strates sensibles et mémorielles que l'expérience met en jeu, redéfinissent la production des savoirs. En contrepoint de cette présentation théorique, nous proposerons une expérimentation aux alentours de l'Université du Québec à Montréal, à partir d'un tracé topographique à réinvestir collectivement par le sensible.


Assemblée générale

Dîner


Panel / Atelier

Table ronde : l'avenir du terrain vague?

Participant·e·s : Caroline Loncol Daigneault (UQAM - Université du Québec à Montréal), Luc Lévesque (Université Laval), Annie Perreault (UQAM - Université du Québec à Montréal)