Hugo Asselin
Le prix Acfas Jacques-Rousseau 2020, pour la multidisciplinarité, est décerné à Hugo Asselin, professeur dans plusieurs départements et directeur de l’École d’études autochtones de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
Le lauréat s’est fait le spécialiste des impacts sur les communautés autochtones des industries extractives de ressources naturelles, telles que la foresterie et les mines, particulièrement dans les écosystèmes boréaux et tempérés. L'originalité et la force de ses travaux reposent sur une perspective multidisciplinaire unique. De fait, il sollicite les sciences naturelles et les sciences sociales, tout comme celles de la santé. Ses recherches, réalisées en collaboration avec les communautés autochtones, contribuent au bien-être et à la qualité de l’environnement de ces collectivités. Parmi les actions concrètes auxquelles il a collaboré figure l’élaboration d'une norme de certification en développement durable pour l'exploration minière.
La démarche d’Hugo Asselin s’intègre dans des champs aussi variés que l'écologie forestière, la paléoécologie, la géographie, la médecine traditionnelle, la santé publique, l'économie sociale, la gestion, l'éthique et l'ethnologie. Tirant parti des outils théoriques et pratiques de tous ces champs, le lauréat a développé une vision complexe de ses objets tout en augmentant sa capacité d’agir efficacement sur le terrain. Citons le projet multidisciplinaire sur la prévention du risque des feux de forêt aux Territoires du Nord-Ouest. Initié suite à des saisons de feux catastrophiques, il combine notamment la paléoécologie, l'ethnologie et la modélisation pour mieux évaluer les risques de feu et les conséquences sur la poursuite des activités traditionnelles et sur la santé des populations. Un outil d'aide à la décision à l'intention des Autochtones et des gouvernements sera élaboré et aidera à réduire les impacts des changements climatiques et des feux, plus fréquents et plus sévères.
Outre l'importance qu'il accorde à l'alliance des disciplines scientifiques, un autre point distinctif de la perspective d'Hugo Asselin est de faire dialoguer les savoirs scientifiques et traditionnels. Ses travaux ont montré à plus d'une reprise que la complémentarité des savoirs permet de mieux comprendre les phénomènes affectant les socioécosystèmes et de suggérer des avenues de gestion réalistes et efficaces. Par exemple, les légendes de la nation algonquine ont permis d'identifier une interaction négative entre le sapin baumier et le pin blanc qui n'avait jamais été relevée par les études scientifiques.
Au fil des ans, Hugo Asselin s'est aussi intéressé à l'éthique de la recherche réalisée avec les peuples autochtones. Ces derniers ont eux-mêmes reconnu son expertise, et ils ont fait appel à lui pour participer à la révision du Protocole de recherche des Premières Nations du Québec et du Labrador ainsi qu'à l'élaboration de deux ouvrages : la Boîte à outils des principes de la recherche en contexte autochtone et les Lignes directrices en matière de recherche avec les femmes autochtones.
La majorité des questions de recherche du professeur Asselin vient des communautés, et les projets sont toujours menés en collaboration avec elles. Plusieurs réalisent même leurs propres travaux où Hugo Asselin agit uniquement comme collaborateur. Par exemple, des communautés algonquines ont documenté l'occupation traditionnelle de leurs territoires dans une perspective de revendication en se basant sur leurs expériences passées de recherche avec le lauréat, notamment sur un outil cartographique de prédiction du potentiel d'intérêt autochtone sur le territoire.
Hugo Asselin est à l'origine de la création de l'École d'études autochtones de l'UQAT, dont il est le premier directeur. Inaugurée en 2016, cette école multidisciplinaire est la première du genre dans une université québécoise. Le chercheur y canalise les efforts de longue date de l'UQAT pour former des étudiants autochtones au premier cycle et aux cycles supérieurs, et pour instruire des étudiants allochtones de tous horizons aux réalités autochtones. Il est responsable des programmes de cycles supérieurs sur mesure qui accueillent des étudiants de toutes les disciplines.
Au début de l’année 2020, Hugo Asselin a été nommé directeur de la Chaire Desjardins en développement des petites collectivités et de l'Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue. La Chaire a pour principales préoccupations la vitalité sociale, la viabilité économique et la validité politique des petites collectivités, plus particulièrement rurales et autochtones. Ses travaux visent à développer la connaissance des problématiques qui leur sont propres et à enrichir l’expertise sur les stratégies de revitalisation de ces communautés. De son côté, l'Observatoire de l'Abitibi-Témiscamingue a pour mission de rassembler, valoriser et diffuser les connaissances touchant une multitude de facettes, tant sociales, économiques que physiques, du développement des collectivités, des territoires de MRC ainsi que de l'AbitibiTémiscamingue.
La diversité de ses champs de recherche a conduit Hugo Asselin à s'impliquer dans une multitude de collaborations avec des chercheurs de tous les horizons autour de projets multidisciplinaires. Par exemple, il a travaillé avec des ergothérapeutes sur les solidarités intergénérationnelles comme facteur favorisant la transmission des savoirs traditionnels et le bien-être des communautés autochtones. Avec des ethnologues et des épidémiologistes, il a documenté les usages des plantes médicinales, notamment pour traiter la douleur chronique. Ou encore, avec des forestiers et des écologistes, avec qui il a étudié les impacts des changements climatiques, des feux de forêt et de l'exploitation forestière sur la biodiversité.
La contribution d’Hugo Asselin à la diffusion des connaissances s’observe dans divers milieux. Comme formateur de nouvelles générations de chercheurs, bien sûr, mais aussi comme rédacteur en chef de la revue scientifique multidisciplinaire et internationale bilingue (français/anglais) Écoscience depuis 2011 ou encore comme membre de plusieurs regroupements scientifiques au Québec et dans le monde. Aussi, dans sa chronique hebdomadaire « L'œil scientifique » à l'émission du matin sur ICI Radio-Canada Première Abitibi-Témiscamingue, le lauréat a mis à profit sa grande capacité de vulgarisation en abordant dans ses nombreuses capsules des sujets en lien avec l'actualité, aussi variés que l’immigration, le surmenage du personnel infirmier ou encore le prix de l’essence. Il sensibilise également les jeunes à la science par des conférences et des activités de toutes sortes telles que l'Expo-sciences autochtone, Génies en herbe et le Forum international science et société.