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Beatrix Beisner
Sciences de l'environnement

Beatrix Beisner

Université du Québec à Montréal

Le prix Acfas Michel-Jurdant 2019, pour les sciences de l’environnement, est remis à Beatrix Beisner, professeure au Département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal.

Les écosystèmes ont été passablement secoués au cours des dernières décennies. Pour les chercheurs et chercheuses qui s’intéressent tant à leur fonctionnement fondamental qu’aux aspects de restauration, le travail ne manque pas. La lauréate est de ceux-là. Elle aborde la question de la biodiversité des écosystèmes d'eau douce de manière expérimentale, observationnelle et théorique. Principalement axés sur les populations de planctons, les phyto comme les zoo, ses travaux touchent tout autant à l'écologie des métacommunautés1 qu’aux interactions relatives aux espèces envahissantes, telles les tenaces algues bleues.

Beatrix Beisner est d’abord reconnue pour ses importants travaux empiriques et théoriques sur la structure, mais aussi sur la fonction des écosystèmes aquatiques. On lui doit, par exemple, d’avoir considérablement raffiné le cadre théorique et conceptuel des états alternatifs stables en écologie fondamentale, ces états que connaissent les écosystèmes après une forte perturbation. Sa réflexion a mis en lumière les changements majeurs que subissent l’ensemble des systèmes et les populations d'espèces qui les constituent. Ce type de connaissances, qui couvrent l'ensemble du processus menant à la régénération des écosystèmes, s’appliquent tout à fait à la restauration de milieux dégradés, endommagés ou détruits.

La lauréate a aussi fait sienne la mission de faire progresser la science et la technologie spécialement en ce qui a trait aux invasions d'espèces. Une telle expertise a beaucoup à faire avec les effets des changements climatiques, en particulier ceux qui touchent cette catégorie de plans d’eau douce que sont les lacs.

Les finalités des organismes qui soutiennent la chercheuse en disent long sur les applications réelles ou potentielles de ses travaux : le Fonds d’innovation (« Adaptable Earth-Observation System ») et le National Contaminants Advisory Group (« Effects of Pesticides on Ecologically Relevant Arctic Phytoplankton and Zooplankton ») de Pêches et Océans Canada.

Ce constat s’applique aussi au choix des communautés locales où elle intervient. Dans le cadre, par exemple, d'une collaboration avec l'Action du lac Bromont, elle a effectué des recherches liées aux sources de floraison de cyanobactéries. Avec Ouranos, un pôle d'innovation québécois sur la climatologie régionale, elle étudie présentement les effets de la toxicité dans les réseaux trophiques aquatiques proches de la région de la baie Missisquoi (lac Champlain), et ce, afin qu’on puisse mieux prédire les effets des changements climatiques.

En 2015, cette spécialiste en étude scientifique des eaux douces est devenue directrice du Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie et en environnement aquatique (GRIL), un regroupement stratégique de 10 universités et instituts québécois, dont elle dirige aussi, depuis tout près d’une décennie, le pôle situé à l'UQAM.

La lauréate a récemment travaillé en partenariat avec la Dominion Diamond Corporation, une compagnie minière canadienne spécialisée dans l'extraction de diamants, pour examiner les effets sur les lacs de 20 ans d'activité de la première mine de diamant du Canada (Ekati Diamond Mine) dans les Territoires du Nord-Ouest. Le projet vise à faciliter l'interprétation des données scientifiques pour aider les gestionnaires à comprendre les effets de l’exploitation de la mine sur les communautés aquatiques nordiques avoisinantes et, par conséquent, à connaître le fonctionnement des écosystèmes. Ces travaux ont conduit à la création d'un cadre d'analyse, accessible dans cette région et ailleurs au Canada, quant à la surveillance des lacs touchés par l'activité anthropique.

Beatrix Beisner a coédité deux livres en écologie, dont Ecological Paradigms Lost (2005, Elsevier Academic Press), qui aborde les aspects philosophiques et historiques des changements de paradigmes dans l'histoire de l'écologie comme science. Mentionnons enfin qu’elle est citée dans l'ouvrage Ecology pour l’explication du concept des états alternatifs stables, Il s’agit de l'un des livres les plus utilisés dans les programmes d'écologie du 1er cycle universitaire d’ici, ce qui n’est pas une mince consécration.

  • 1Un groupe de lacs pourrait être une métacommunauté, car on y retrouve plusieurs communautés individuelles connectées par la dispersion des individus s’effectuant, par exemple, par des propagules amenées par le vent ou les rivières. La chercheuse s’intéresse à ces agrégations de milieux propices à héberger des communautés séparées dans l’espace. Elle y observe, par exemple, des phénomènes de dispersion.