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Pierre Thibault
Sciences physiques, mathématiques, informatique et génie

Pierre Thibault

Université de Montréal

Le prix Acfas Urgel-Archambault 2018, pour les sciences physiques, mathématiques, informatique et génie, est remis à Pierre Thibault, professeur au département de chimie de l’Université de Montréal et chercheur principal à l’institut de recherche en immunologie et cancérologie (IRIC).

Le lauréat est une autorité dans le domaine de la chimie bioanalytique, de la spectrométrie de masse et de la protéomique. Tout au long de sa carrière, il a contribué à repousser les limites des technologies dans ces domaines et il a fait preuve d’un flair peu commun pour le développement de méthodes qui ont eu un impact décisif en sciences de la vie. Travaillant toujours dans des environnements de recherche multidisciplinaires, on le retrouve aussi sur tous les terrains : universitaire, gouvernemental et industriel.

Titulaire d’un doctorat en chimie analytique de l'Université de Montréal (1988), Pierre Thibault devient, par la suite, chercheur à la section chimie des protéines au Conseil national de recherches du Canada (CNRC); poste qu’il occupera jusqu’en 2001. Pendant cette période, le chercheur fait d'importantes contributions à la purification et à la caractérisation des molécules provenant d'organismes marins. En particulier, il s’attarde à l’analyse de toxines amnésiantes et paralytiques provenant de phytoplancton et pouvant contaminer les coquillages. On peut souligner, entre autres, sa contribution à l'identification de l'acide domoïque, une toxine marine représentant un problème majeur de santé publique au Canada.

Il conçoit aussi, à cette époque, une nouvelle interface permettant le couplage de l'électrophorèse capillaire (technique pour séparer des molécules selon leur charge électrique) à la spectrométrie de masse (technique pour caractériser des molécules selon leur masse et leur structure). Il a, également, démontré comment cette approche combinée permettait d’identifier non seulement des toxines marines, mais aussi des endotoxines provenant de nombreux micro-organismes pathogènes, tels Capylobacter jejuni (diarrhées et fausses couches), Haemophilus influenza (otites, sinusites, pharyngites) et Pseudomonas aeruginosa (infections nosocomiales).

En 2001, Pierre Thibault devient directeur chez Caprion Pharmaceuticals, où il conçoit une plateforme innovante d’analyse des protéines. Il a alors perfectionné les approches de protéomique quantitative pour l'identification et le profilage des protéines en faible concentration à la surface des cellules cancéreuses. Ces études ont permis d’identifier des marqueurs protéiques qui ont pu être exploités en collaboration avec des partenaires pharmaceutiques.  

Trois ans plus tard, il joint l’Université de Montréal comme professeur titulaire au département de chimie, et l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) où il dirige l’unité de recherche en protéomique. Dès son arrivée, il met en place un programme de recherche relatif aux développements analytiques en spectrométrie de masse et en protéomique quantitative pour élucider les mécanismes moléculaires régulant la fonction des protéines impliquées dans l'immunité et le cancer.

En collaboration avec Claude Perreault et Sébastien Lemieux, il conçoit une plateforme de découverte d’antigènesMacromolécules naturelle ou synthétique qui, reconnues par des anticorps ou des cellules du système immunitaire d'un organisme, sont capables de déclencher chez celui-ci une réponse immunitaire. (Source Wikipédia). Cette technologie à haut débit d’un type nouveau permet de caractériser les peptides présentés par les complexes majeurs d’histocompatibilité de classe I lesquels sont reconnus par les lymphocytes T de notre système immunitaire. Cette plateforme a entre autres permis de mettre en évidence la présence d’antigènes provenant de polymorphismes alléliques (i.e. antigènes mineurs d’histocompatibilité) et de régions non codantes de notre génome.  L’identification de ces derniers antigènes chez les cellules néoplasiques, a une grande importance dans le développement de nouvelles thérapies contre le cancer. En effet, les antigènes mineurs identifiés grâce à cette nouvelle plateforme sont présentement utilisés dans des études cliniques pour une immunothérapie personnalisée du cancer au nouveau Centre d’excellence en thérapie cellulaire de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.

Le groupe de Pierre Thibault a également développé plusieurs méthodes permettant d’identifier les modifications protéiques telles la phosphorylation, l’acétylation, l’ubiquitination et la sumoylation et de profiler leurs changements d’abondance suite à différentes perturbations cellulaires. Ces informations permettent une meilleure compréhension des mécanismes moléculaires régissant les fonctions de protéines impliquées dans la signalisation cellulaire.

Parallèlement à la conception de nouvelles méthodes d’analyse des protéines et de leurs modifications, il a contribué significativement au développement de la mobilité ionique et de son utilisation en spectrométrie de masse. En collaboration avec Ionalytics et Thermo Fisher Scientific, ces travaux ont permis de repousser les limites analytiques des instruments en augmentant la sensibilité d’un facteur 10 dans les applications en protéomique. Ces avancées permettront de combler des besoins en médecine personnalisée et en immunothérapie afin d’identifier des biomarqueurs spécifiques aux cellules cancéreuses humaines avec une sensibilité inégalée.

Pierre Thibault attache une grande importance à la formation de la prochaine génération de chercheurs. Bien qu’il ne soit professeur à l’Université de Montréal que depuis 2004, une quarantaine d’étudiants aux cycles supérieurs ou stagiaires postdoctoraux ont complété, ou poursuivent en ce moment leur formation sous sa direction.