Paul Del Giorgio
On sait que les lacs et les océans abritent poissons, mammifères et sirènes. Moins connu, et pourtant passablement plus important, quantitativement parlant, y cohabite aussi le très influent peuple des micro-organismes. Bactéries, flagelles, phytoplancton ou zooplancton sont passés par le laboratoire du lauréat aujourd’hui leader mondial en écologie des micro-organismes aquatiques. Ses travaux ont permis entre autres, de faire ressortir l’importance du métabolisme de ces micro-organismes sur l'équilibre du carbone dans la biosphère.
Paul del Giorgio a amorcé sa carrière de chercheur par une thèse de doctorat remettant en question un vieux principe de la limnologie voulant que les écosystèmes des eaux douces soient autonomes en termes d’énergie. Le jeune chercheur démontre alors qu'ils dépendent fortement de la matière organique provenant de leurs bassins versants. Par la suite, il a étendu ses travaux dans des « terrains » très différents, passant des rivières aux océans, tout en démontrant l’importance de la respiration bactérienne et des apports externes de matière organique sur le bilan métabolique de ces écosystèmes aquatiques.
Les travaux du professeur del Giorgio sur le métabolisme aquatique ont eu des implications bien au-delà de l’écologie microbienne. Par exemple, ses recherches ont démontré que la décomposition dans le milieu aquatique du carbone d’origine terrestre génère de grandes quantités de dioxyde de carbone (CO2). De ce fait, la vaste majorité des lacs et des rivières, qui émettent vers l’atmosphère du dioxyde de carbone et du méthane, jouent potentiellement un rôle très important dans le bilan global de CO2. Dans les dix dernières années, le groupe de recherche de Paul del Giorgio s’est consacré spécifiquement à l’étude de ce rôle.
Depuis 2009, le lauréat est titulaire de la Chaire de recherche industrielle CRSNG / Hydro-Québec en biogéochimie du carbone des écosystèmes aquatiques boréaux (BiCÉAB). Dans les vastes régions du Nord-du-Québec, les cours d'eau recouvrent une grande partie du territoire. Cependant, la majorité de ces écosystèmes aquatiques ont été peu explorés, principalement à cause de leur éloignement et de leur inaccessibilité. L’objectif de cette chaire est d’accroître la compréhension du fonctionnement des rivières et des lacs boréaux, en mettant l'accent sur la biogéochimie du carbone, avec l’objectif ultime d’intégrer ces systèmes à des modèles régionaux de carbone. Ce programme de recherche représente l’un des plus vastes projets de ce type dans le monde, et le lauréat est en train de démontrer que ces écosystèmes aquatiques nordiques sont un lieu d’intense activité biogéochimique de transformation, de décomposition et de stockage du carbone terrestre, et qu’ils agissent donc comme une composante essentielle du bilan de carbone global.
Un des éléments motivateurs pour le professeur del Giorgio réside dans l’établissement de liens collaboratifs solides avec ses collègues comme avec ses étudiants. Aujourd’hui, plusieurs de ses anciens étudiants occupent des positions en recherche un peu partout dans le monde.