Shanie Leroux
Partout dans le monde, des peuples doivent faire des efforts pour sauvegarder leur identité culturelle. Au Canada, treize ans après la Commission royale d’enquête sur les peuples autochtones (CRPA) de 1996, le constat demeure le même : la marginalisation persistante des Autochtones est un facteur déterminant de plusieurs problèmes sociaux qu'ils vivent.
Shanie Leroux, étudiante à la maîtrise en travail social, s’est engagée à faire une place au point de vue autochtone, justement sur la question des relations entre Innus et Allochtones en milieu urbain. Pour ce faire, des membres de la communauté innue de Sept-Îles, Uashat et Maliotenam ont accepté de participer à son projet de recherche.
« J’ai choisi d’aller étudier les relations interculturelles dans la ville de Sept-Îles entre autres parce que la communauté d'Uashat est enclavée au centre de la ville, ce qui crée une dynamique urbaine particulière. De plus, certains auteurs, dont une étude du tout nouveau Centre d'amitié autochtone de Sept-Îles, ont fait état de tensions sociales dans la région, en partie dues aux négociations territoriales et en partie dues à l'histoire des relations entre les groupes », explique Shanie Leroux.
La population autochtone en milieu urbain a beaucoup augmenté au Québec ces dernières années, ce qui a eu pour effet de transformer la présence autochtone dans les villes. L’objectif du projet de recherche de Shanie Leroux est de faire connaître le point de vue des Innus sur la façon dont se déroulent les relations avec les Allochtones dans la ville de Sept-Îles. Il s'agit d'explorer les éléments positifs et négatifs de ces contacts et de comprendre dans quels lieux ils s'actualisent. De plus, le projet vise à identifier des pistes d'action pour améliorer le vivre-ensemble.
C’est principalement le caractère inclusif de sa démarche qui lui a permis d’obtenir l’accord du Conseil de bande de la communauté Uashat mak Mani-Utenam. « Beaucoup de recherches sont effectuées au sujet des peuples autochtones… Mais peu rendent compte de leur point de vue ou tentent de redonner les résultats aux communautés concernées. J'aimerais que mon projet soit un dialogue, car je souhaite autant que possible faire valider mes observations par les gens de la communauté pour m’assurer d’avoir une interprétation juste de leurs propos », affirme Shanie Leroux.
Outre ces échanges avec la communauté, c’est l’approche clinique qui est distinctive du projet. Cette démarche holistique qui aborde les aspects individuels, familiaux, communautaires et sociétaux se veut en lien avec les façons autochtones de percevoir le savoir et la connaissance. Trois principales étapes sont prévues. « Tout d’abord, j’ai déjà réalisé des entrevues individuelles exploratoires qui ont permis de dégager les principaux éléments de la dynamique urbaine. Par la suite, je passerai un mois et demi sur le terrain pour mieux connaître la ville et les gens qui y habitent. Des groupes de discussions seront organisés et constitueront ma cueillette de données principale », explique l’étudiante.
À travers cette recherche, Shanie Leroux tente de trouver des espaces de réflexion et d'action qui sortent du lieu uniquement politique des relations entre les deux groupes. « Parfois lorsque les gens démarrent des initiatives ou s'intéressent à certaines réalités, cela peut avoir des répercussions sur les politiques… », conclue la lauréate.