Pierre Harvey
Travaillant aux frontières de la chimie et de la physique, ce chercheur de l’Université de Sherbrooke est un expert de la dynamique entre énergie et lumière, soit la photophysique. Ses fructueuses collaborations avec des groupes de recherche de France lui ont permis d’effectuer de nombreuses découvertes menant à des applications allant de la conception de cellules photovoltaïques pour panneaux solaires à la fabrication de matériaux capables de capter efficacement la lumière.
Pierre Harvey a d’abord mené des recherches avec le professeur Roger Guilard de l’université de Bourgogne sur les stratégies de survie des bactéries pourpres pour en faire bénéficier la technologie électrochimique. Ils se sont intéressés à la façon dont ces micro-organismes photosynthétiques produisent de l’énergie avec la lumière dans les sombres fonds marins. En étudiant la molécule responsable de la photosynthèse chez cette bactérie, la bactériochlorophylle, ils ont constaté que le mécanisme de transport de l’énergie dans cet organisme était rentable à 99 % ! Ils ont donc réinvesti ce principe naturel, entre autres, dans la conception de cellules photovoltaïques. « La nature a passé des millions d'années à construire des dispositifs moléculaires, sortes de panneaux solaires, au niveau des membranes des cellules ou des bactéries photosynthétiques pour récolter la lumière solaire. Celles-ci ont appris à gérer cette énergie d'une manière efficace et contrôlée en fonction de leur milieu », souligne le chercheur dans une entrevue donnée au journal Liaison, en octobre 2006.
À l’occasion d’une autre coopération avec la France, cette fois-ci avec l’équipe du professeur Yves Mugnier, Pierre Harvey a travaillé sur les clusters de palladium. Ces assemblages de trois atomes, reliés entre eux par des liaisons métalliques, possèdent des propriétés structurales et électrochimiques qu’il a su exploiter. En effet, ces recherches ont permis l’utilisation de la réactivité de ce composé dans la synthèse de molécules complexes comme les fluorures d’acide ou les esters dissymétriques servant à synthétiser d’autres molécules à hautes valeurs ajoutées comme les médicaments, par exemple.
Durant les deux dernières années, Pierre Harvey a entrepris avec le professeur Michael Knorr de l’université de Franche-Comté un programme de recherche pour concevoir de nouveaux matériaux polymériques luminescents. Les composés actuellement présents dans les diodes électroluminescentes (DEL), convertissant l'électricité en lumière, utilisés pour les afficheurs numériques, sont particulièrement sensibles à la chaleur. Le tandem franco-québécois tente de résoudre ce problème en élaborant des composés à base de platine, cet élément noble offrant la possibilité d’obtenir des matériaux polymériques thermiquement stables pour des applications en photonique comme les cellules photovoltaïques.
Depuis 2004, les collaborations entretenues par le professeur Harvey lui ont permis d’obtenir un financement dans le cadre du Programme international de collaboration scientifique du CNRS, qui vise à promouvoir les collaborations internationales des chercheurs français. Cette subvention permet à des étudiants ou à des jeunes enseignants chercheurs d’effectuer des stages dans les laboratoires partenaires, et ainsi de consolider encore la collaboration.
Enfin, une prestigieuse Chaire d’excellence de recherche de 1.1 million de dollars a été attribuée au professeur Harvey, pour une durée de deux ans, par l’Agence nationale de la recherche (ANR) en France afin qu’il constitue une deuxième équipe de recherche à l’université de Bourgogne à Dijon. Il orientera ses travaux, en collaboration avec les Dijonnais, vers l’élaboration de nouveaux matériaux polymériques bio-inspirés des systèmes photosynthétiques des bactéries en vue d’applications dans les cellules solaires.