La recherche qualitative est née au début du siècle dernier d’une volonté de pallier aux études statistiques insensibles aux réalités multiples et singulières des acteur∙trices de terrain et à leur incapacité à expliquer leurs expériences enchevêtrées ; les premiers travaux en anthropologie et en sociologie ont pavé la voie en jetant les bases d’une façon de faire la recherche au plus près des terrains d’enquête (Morrissette et Demazière, 2019). Dans les années 1980, différentes influences ont conduit à un nouveau type de rapprochement, notamment l’appel de Lieberman (1986) invitant à changer la manière de considérer la relation aux participant∙es recruté∙es pour les recherches : working with, not working on… Dans cette foulée, l’épistémologie de Schön a soutenu de nouveaux rapports entre recherche et pratique avec la parution de son ouvrage Le praticien réflexif (1983) qui a exercé une influence dans différents champs disciplinaires. La « nouvelle épistémologie de la pratique » (Schön, 2011) proposée s’est inscrite en rupture avec le paradigme de la rationalité technique selon laquelle les réponses aux problèmes professionnels se trouvent dans les savoirs issus de la recherche. Avec d’autres propositions, dont le modèle d’« acteur compétent » proposé par Giddens (1987), plusieurs chercheur∙ses ont revu leurs pratiques cloisonnées et les ont ouvertes à la collaboration, acceptant le partage du pouvoir entre les acteur∙trices d’une communauté. Les recherches collaboratives accordent aux divers acteur∙trices le statut de « coconstructeur∙trices du savoir » dans les différentes phases emboitées d’une investigation conjointe (Bednarz, 2013 ; Desgagné et al., 2001). Mais qu’en est-il de leur implication concrète dans le processus d’analyse de l’objet de préoccupation mutuelle ?
Du lundi 5 au mardi 6 mai 2025