Informations générales
Événement : 90e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :La notion de genre est devenue omniprésente dans la recherche sur le développement en Afrique (Treillet, 2008). Toutefois, la prégnance des partenaires internationaux dans ces recherches semble avoir affaibli son potentiel transformateur des relations de pouvoir inégalitaires dans les sociétés africaines (Parpart, 2014). En effet, le genre semble avoir été instrumentalisé pour pallier la résistance au concept de féminisme en Afrique. Or, cette résistance n’est pas synonyme d’un rejet de l’idéologie féministe entendue comme une critique des rapports sociaux de genre, mais comme une distanciation avec le féminisme en tant que « cadre universaliste de mobilisation » (Latourès, 2009, p. 144). De plus, ce refus provient de chercheur·se·s d’Afrique qui cherchent à s’approprier la lecture de leur propre réalité (Touré, 2002).
Sur le plan heuristique, il serait donc important de se demander à quelles réalités nous faisons référence quand nous parlons du genre en Afrique ? Quel est le sujet politique de la recherche sur le genre en Afrique ? Pouvons-nous affirmer que recherche féministe et recherche sur le genre sont interchangeables ?
Nous aimerions en débattre au regard des résistances que génère la question du féminisme en Afrique (Dieng, 2021). Il s’agira plus spécifiquement de poser la question des enjeux qu’une recherche sur le genre pose, notamment dans le processus de construction de la connaissance. Ces enjeux de plusieurs ordres se situent à l’intersection des inégalités de genre au sein du monde universitaire, la prégnance des agences de développement, mais aussi la division internationale du travail scientifique (Direnberger et Doubogan, 2022). S’agissant de la division internationale du travail scientifique, il serait intéressant d’interroger l’hégémonie des enjeux que constitue la non-interrogation d’un certain nombre de chercheur·se·s du Nord concernant les relations de pouvoir — rapports sociaux de race qui se juxtaposent aux rapports de genre — dans les espaces universitaires et les recherches sur le genre.
Remerciements :Nous remercions les panélistes pour leur contribution.Nous remercions aussi les professeures Fatou Sow, Anne Calvès et l'écrivaine Ken Bugul (Mariétou Mbaye) pour les conférences d'ouverture et de clôture. Ce colloque est aimablement soutenu par IASH (Institute for Advanced Studies in the Humanities), Université d'Édimbourg.
Dates :Format : Uniquement en ligne
Responsables :- Rama Salla Dieng (Centre d'études Africaines, Université d'Édimbourg)
- Madon Awissi (UdeM - Université de Montréal)
- Rougui Diop (UdeM - Université de Montréal)
Programme
Accueil et mot de bienvenue (démarre à 10h)
Conférence d’ouverture (ANNULEE)
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Communication orale
« Sexe, Genre et Société: Engendrer les Sciences Sociales Africaines » 20 ans plus tardFatou Sow (CNRS - Université Paris Diderot)
Cet ouvrage engendering African Social Sciences (1977), traduit en francais : sexe, genre et société engendrer les sciences sociales africaines (Karthala, 2004) est un livre qui rassemble les actes du colloque "L'analyse de genre dans les sciences sociales en Afrique". Il s'agit d'une réflexion africaine sur les avancées, les difficultés et les résistances de la production en sciences sociales à prendre en compte la question des femmes et des rapports d'inégalité entre les sexes. Malgré les efforts des pouvoirs politiques africains pour améliorer la condition des femmes, la question de l'égalité entre les sexes reste un défi important pour le développement africain. Les débats internationaux portent sur la question des femmes, leur accès aux ressources matérielles et financières, leur rôle dans la famille et leur contribution à l'économie nationale. Mais qu'en est-il réellement d'une perspective féministe du développement ? 20 ans plus tard, il est important de se poser de nouvelles questions sur la question des femmes et de ré-engendrer les sciences sociales pour inclure davantage la perspective de genre.
Réflexions sur les enjeux théoriques et méthodologiques de la recherche sur le genre en Afrique
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Communication orale
Résistance et féminisme : pour une re-conceptualisation collaborativeRougui Diop
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Communication orale
« Comment questionner les rapports sociaux de sexes ? » : La difficile institutionnalisation des études de genre dans les sciences politiques et sociales au Sénégal.Saliou Ngom (Institut fondamental d'Afrique Noire)
Au cours des années 1980, l’un des enjeux scientifiques de la théorisation du concept de genre était la question de son articulation à un ensemble de rapports sociaux plus généraux. Son utilisation avait pour ambition scientifique de suggérer « une histoire qui placerait les femmes à l’intérieur d’un ensemble de relations sociales, politiques et culturelles plus vaste. L’émergence de cette tendance doit beaucoup à Joann Scott selon qui le genre serait « une catégorie d’identité́ élaborée à travers le discours et au nom du pouvoir ». Le genre, comme catégorie d’analyse, avait vocation à analyser les rapports sociaux comme une construction sociale, au même titre que l’hétérosexualité́ ou la classe qui produisent des rapports de domination et de hiérarchisation.
Mais ce concept, tel que théorisé́ dans les milieux académiques, ne fait autorité́ ni dans les institutions internationales, encore moins au sein des divers mouvements féministes/ de femmes. Cette diversité est encore plus marquée sur le continent africain, y compris dans la littérature scientifique, avec l’émergence de l’intersectionnalité et des féminismes postcoloniaux et islamiques. Cette ambivalence du concept, la diversité des contenus qui lui sont attribués ainsi que sa faible distinction avec les approches militantes (féminismes) questionnent la pertinence de ce qu’il est communément convenu d’appeler les « études féministes » ou de genre. À ces considérations scientifiques et militantes, s’ajoutent des considérations d’ordres religieux et culturel qui renforcent les dynamiques anti-genre dans le contexte sénégalais, y compris dans le champ académique.
En partant de ces diverses considérations (épistémologique, religieuse, culturelle et militant), notre contribution propose une analyse critique des articulations entre postures militantes, postures scientifiques et réticences culturelles. Elle interroge ainsi la difficile institutionnalisation académiques des études féministes/ de genre et leur capacité/autonomie à rendre compte des rapports sociaux de sexes, dans une telle configuration. Après avoir fait état des travaux sur le genre et les études féministes dans le contexte sénégalais (section 1), notre proposition analysera leurs réceptions controversées dans les milieux académiques remettant en cause leur institutionnalisation. Autrement dit, jusqu’à quel point les études féministes/de genre bénéficient d’une reconnaissance institutionnelle et sociale (les deux étant liées) dans le contexte sénégalais ?
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Communication orale
Aspects épistémologiques et théoriques d'une recherche : cas d'un terrain sur l'articulation travail - famille au SénégalMadon Awissi
Je me propose, dans cette communication, d’interroger l’adéquation des théories sur le travail domestique développées par les féministes matérialistes au regard du terrain sénégalais et à l’aune d’une épistémologie féministe du positionnement.
Ces théories conçues dans un contexte social et historique particulier postulent l'oppression universelle de la classe des femmes par la classe des hommes qui s’assoit sur l’exploitation économique de leur force de travail dans le cadre familial. Ainsi, la spécialisation sexuelle autour du travail domestique au sein des ménages sert souvent d'indicateur à une oppression plus marquée des femmes des pays des Suds en général et d’Afrique en particulier. En effet, ces dernières sont souvent représentées comme étant impuissantes et soumises, reléguées qu'elles sont à l’espace domestique, alors que les autres seraient plus ouvertes au monde, autonomes parce que travaillant à l’extérieur du foyer domestique.
La perspective épistémologique féministe du positionnement rend compte du fait que la production des savoirs est toujours socialement et historiquement située, liée aux positions et aux manières d’interpréter le monde de ceux qui la produisent et la valident. J’explique comment dans cette perspective, en tant qu’étudiante d’une université du Nord, j’ai modulé ma méthodologie d’enquête à mon processus de réflexivité dans le but d’éviter de reproduire une domination épistémique qui réduirait au silence et à l’invisibilité l’expérience des femmes sénégalaises sur la question du travail domestique.
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Communication orale
Quels enjeux méthodologiques pour une recherche sur l'homosexualité au SénégalAwa Diop
Au Sénégal, les représentations négatives produites sur des pratiques telles que l’homosexualité sont encore d’actualité. Ce schéma, entretenu par les imaginaires collectifs, rend difficile voire taboue l’élaboration de connaissances sur cet objet « oublié » qui révèle pourtant une imbrication entre d’un côté des codes moraux et d’un autre un décloisonnement des identités de genre et des schémas de valeur. Par ailleurs, combler le vide en termes de production de connaissances sur la question de l’homosexualité nécessite pour le chercheur des précautions méthodologiques particulières. Nous faisons cette observation tout en soulignant que par souci de scientificité, on objecte parfois au chercheur en sciences sociales les empreintes de considérations morales, politiques, religieuses ou idéologiques sur les connaissances qu’il produit. Il peut aussi lui être fait le reproche d’un regard trop extérieur, lointain (ethnocentré ou hétérocentré). Notre communication répondra à ces questions : Quelle posture adopter pour redimensionner l’injonction réflexive dans le cadre d’une recherche sur un sujet sensible ? Comment envisager la rupture avec l’invisibilité locale des connaissances produites sur cette question ? Comment connecter cette question avec des priorités contemporaines (genre, féminismes, droits humains, etc) ?
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Communication orale
Activisme féministe numérique en Afrique francophone : enjeux et défis de la recherche sur deux initiatives sénégalaises de lutte contre les violences sexuelle.Louise-Andrée Boudreault (UdeM - Université de Montréal)
Les réseaux sociaux numériques semblent être des espaces de convergence pour de multiples luttes, comme le montre la recrudescence du mouvement #MeToo depuis 2017. Si des initiatives de ce type existent en Afrique anglophone et sont documentées, elles demeurent peu connues en Afrique francophone. Dans cette communication, nous aborderons deux initiatives sénégalaises déployées sur Twitter pour lutter contre les violences à caractère sexuel en Afrique francophone : #Nopiwouma et #Doyna, respectivement « Je ne me tairai pas » et « Ça suffit » en wolof. Cependant, aborder et encourager à la dénonciation des violences à caractère sexuel sur les réseaux sociaux, un espace public numérique, semble défier des normes sociales sénégalaises : le muñ, le maslaa et le sutura, trois termes wolofs.
Nous aborderons les enjeux spécifiques auxquels font face les instigatrices de ces initiatives, notamment la négociation des limites entre le public et le privé.
En exposant notre posture épistémologique dans cette recherche, nous expliquerons comment un cadre théorique adapté, intégrant les auteurs et théories du Sud, peut aider à mieux comprendre les spécificités de ces initiatives. Enfin, nous soulignerons la positionnalité de la chercheure et son terrain de recherche au Sénégal, afin de mettre en évidence les défis liés à la recherche Nord-Sud.
Nous espérons que cette communication contribuera à mettre en lumière les luttes contre les violences faites aux femmes sur les réseaux sociaux numériques en Afrique francophone et à favoriser leur reconnaissance.
Conférence Publique: Genre et Recherche, Naviguer entre les Théories et les Méthodes pour une Analyse Critique
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Communication orale
La mesure du travail des femmes en Afrique francophoneAnne Calvès (UdeM - Université de Montréal)
Introduction du Panel: Militantisme, Activisme et Recherche sur le Genre
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Communication orale
Militantisme et Recherche Féministe: De la Nécessité de Repenser L'articulation?Rama Salla Dieng (Centre d'études Africaines, Université d'Édimbourg)
Les chercheuses féministes qui occupent des postes académiques au sein des établissements d’enseignement supérieures sont souvent l’objet de caricatures et d'un manque de prise au sérieux du fait même de leur activisme féministe. De la même manière qu’elles cherchent à amplifier des causes féministes hors l’académie, elles sont souvent jugées comme trop ‘académicistes’ pour leurs camarades activistes et trop activistes pour leurs collègues universitaires.
Il s’agit donc dans cette communication de partager mon expérience propre d’insider-outsider, en tant que chercheure féministe sénégalaise basée dans une université anglaise, la première de sa famille à obtenir un doctorat, et qui subit en plus de ‘l’exil linguistique’(outsider), les revers des questions de posture et de positionalité (positionnement) féministes dans le milieu académique où j‘occupe pourtant un poste privilégié de maîtresse de conférences avec un contrat permanent (insider). En proposant une communication sur la Nécessité de Repenser L'articulation entre Militantisme et Recherche Féministe?’, je propose une réflexion croisée et à voix haute hors le tone-policing académique sur comment je navigue les terrains de ma recherche et mon parcours propre d’insider-outsider entre les milieux activistes sénégalais et le monde universitaire anglais en tant que migrante et mère noire. De ce fait, je centre dans cette communication, les questions de race, classe, genre sous le prisme de l'analyse des rapports de pouvoir.
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Communication orale
Interroger la marginalisation des voix féministes dans la recherche académiqueLaïty Ndiaye (USP - Université Saint-Paul)
Dans une démarche de « parler avec » et non « parler pour », l’on note de plus en plus une volonté d’associer les militantes féministes, outsider du monde universitaire, à des recherches scientifiques de la conception des projets à la vulgarisation des résultats.
Pourtant, malgré une présence de ces militantes dans les équipes, les logiques et mécanismes de silenciation restent inchangées. Cela se traduit notamment par l’utilisation de qualificatifs tels que « frustrées », « trop combatives » « compliquées » ou même « déconnectées de la réalité » pour réfuter une dénonciation d’attitudes et d’approches sexistes dans le processus de recherche ou au niveau des relations de travail au sein des équipes.
Cette communication adresse la double question de la classe, ici le statut de chercheure non universitaire, et du militantisme. Elle se fonde sur mes expériences personnelles de chercheure féministe indépendante et sur un travail de terrain (entretiens et observations) réalisé auprès de militantes impliquées dans des activités de recherche scientifique. Elle problématise les enjeux de minorisation des voix des militantes féministes dans le processus de construction des savoirs scientifiques.
Apport du militantisme (ou activisme) dans la production du savoir sur le genre
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Communication orale
L’apport de la négritude dans la production du savoir sur le genre en AfriqueKorka Sall (Université du Minnesota)
La résistance contre le patriarcat et les discriminations basées sur le genre ont inspiré les militants pour la cause féminine à s’organiser et s’unir autour du même objectif qui est la défense des droits des femmes. Dans ce papier, je vais me concentrer sur l’apport de la négritude à la production du savoir sur le genre en Afrique.
Le mouvement de la négritude a commencé dans les années 1930 à Paris avec des étudiants Africains et des Antilles. Le but du mouvement était non seulement la redéfinition de l’identité noire mais aussi, pour les femmes écrivaines, activistes et militantes de la cause féminine, le questionnement de la position de la femme dans les sociétés Africaines et de sa diaspora. Pour faire face aux pratiques masculines, les femmes du mouvement de la négritude ont contribué à la création de plusieurs journaux en Afrique et dans les Antilles allant de la période entre les deux guerres jusqu’après les indépendances.
Des auteures, chercheuses et activistes comme Paulette Nardal de la Martinique, Aminata Sow Fall et Annette Mbaye d’ Erneville du Sénégal se sont intéressés sur le rassemblement de toute la communauté noire autour des questions comme l’Independence, la citoyenneté, l’impérialisme et ses conséquences sur le monde noir. Pendant la période de la négritude, on a assisté à la création de Fédérations et Associations de Femmes qui œuvrent pour la reconnaissance des droits des femmes. Annette Mbaye d’Erneville a commencé le magazine Awa : Le Magazine de la femme noire (1963-1974) avec des amies et militants de la cause féminine pendant que Aminata Sow Fall a créé une maison de publication « les Editions Khoudia» en 1987. Le thème que nous discuterons est comment ces militantes de la négritude se sont penchées sur la question du genre et la recherche féministe et les acquis de leurs combats car les femmes de la négritude signalent aussi les problèmes qui empêchent une bonne pratique qui permettrait aux femmes d’être considérées comme des citoyennes à part entière.
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Communication orale
Buul Ma Riisu, un front contre les agressions sexuelles: Retour d'expériences de DakarAdama Pouye
Le Sénégal est un pays où les transports sont très usités. Avec une population de près de 17 millions d’habitants, la demande en termes de transport est élevée, notamment dans la région de Dakar qui concentre à elle seule plus de 3 millions d’habitants. Dakar abrite près de 24% de la population totale du pays, 50% de la population urbaine et 70% du parc automobile immatriculé sur une superficie qui équivaut à seulement 0,3 % du territoire national. »
Parmi cette fourchette de population dakaroise, 80% des déplacements motorisés sont assurés par les transports publics qui capitalisent 1,7 millions de déplacements par jour. Les bus en particulier, relativement insuffisants par rapport à la demande, supportent un nombre de passagers assez considérable qui favorise la promiscuité, les contacts indésirés, ce qui engendre de sérieux problèmes de sécurité pour les femmes qui peuvent être sujettes, lorsque les transports sont remplis à ras-bord, d’attouchements indésirés de la part d’autres passagers malintentionnés. Malheureusement ces actes récurrents ne sont pas considérés comme des agressions sexuelles par la plus grande partie de la population, la gravité est sous-estimée et les agresseurs quand ils sont démasqués en sortent souvent indemnes au détriment des victimes.
Comment de jeunes internautes de base se sont mises en ligne de front contre ce phénomène à Dakar et qu’ont-elles réussi à changer ?
Notre intervention revient sur la particularité et les actions du mouvement Buul Ma Riisu qui compte bien mettre un nom sur ce que constitue l’acte de frottement dans les transports : un crime.
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Communication orale
Mouvements féministes et savoirs locaux endogènes en matière d’éducation au Bénin : relation d’altérité pour une décolonisation du féminisme africainYvette Onibon Doubogan (Université de Parakou - République du Bénin)
Cette communication analyse les savoirs locaux endogènes des mouvements féministes du Bénin en mettant en évidence l’influence de l’efficacité de leurs actions sur la promotion de l’égalité entre les sexes dans le domaine de l’éducation. Elle adopte une démarche méthodologique qualitative dont la portée est essentiellement descriptive et analytique. Elle s’appuie d’une part sur des entretiens individuels approfondis réalisés principalement avec des responsables d’organisations féministes du Bénin travaillant en faveur d’une éducation inclusive. La triangulation des données de terrain dans la perspective de la théorie de la reproduction sociale de Merteuil (2019) révèle que loin seulement de s’inscrire dans une logique de reproduction sociale de l’idéologie développementiste occidentale, les mouvements féministes du Bénin développent des savoirs pratiques endogènes pour promouvoir l’équité genre dans le domaine de l’éducation. La recherche démontre que s’il est vrai que l’institutionnalisation et l’ONGisation des mouvements féministes au Bénin à travers des financements/orientations de la coopération internationale et de l’aide au développement constituent des facteurs de domestication et d’instrumentalisation de ces mouvements, il n’en demeure pas moins que la décolonisation du féminisme béninois constitue un enjeu à l’efficacité et à la durabilité des actions de lutte contre les inégalités de genre.
Faire de la « recherche sur le genre » ou de la « recherche féministe » en sciences sociales : perspectives disciplinaires
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Communication orale
Réussite académique et rôles associatifs brigués par les étudiantes de l’UVSAbsa Gassama (Université Virtuelle du Sénégal)
En anthropologie culturelle et sociale, la culture est une forme d’organisation pratique pour s’adapter à son environnement or cet environnement évolue aussi sous l’impulsion de l’être humain. Ainsi, une réponse adaptée à un moment donné peut devenir obsolète au fil du temps. C’est le cas de la répartition sexuelle traditionnelle du travail lorsque la femme a commencé à contribuer autant sinon plus aux revenus du ménage. À partir de là, si elle continue à assumer l’ensemble des travaux domestiques, cela lui fait une double journée de travail à laquelle s’ajoute la maternité, le maternage etc. On se demande alors, pourquoi, en acceptant la contribution financière de la femme, l’homme refuse d’alléger cette dernière de la surcharge des tâches domestiques.
Or, la charge mentale de ces occupations domestiques pèse également sur la carrière des femmes qui non seulement ne sont pas soutenues dans leurs institutions professionnelles mais encore subissent des freins quand elles n’ont pas la docilité qu’on attend d’elle.
Cette charge mentale commence très tôt dans la vie de la fille, continue tout au long de son éducation et devient de plus en plus pesante au cours des années. Cela leur empêche de choisir les voies qui mènent vers des carrières sollicitant trop leur personne et à renoncer à exercer leur leadership.
Ce sont ces schémas d’injustice dans les institutions familiales et professionnelles ainsi que toutes les autres qui les corroborent qui ont suscité une analyse sociologique avec des données sur la réussite académique et les rôles associatifs brigués par les étudiantes de l’UVS pour comprendre leur carrière professionnelle et personnelle.
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Communication orale
Les perceptions des enseignants du rôle des orientations politiques sur les inégalités entre les filles et les garçons dans le système éducatif sénégalais.Birne Brigitte Ndour
Notre recherche sur les perceptions des enseignant-e-s de la situation scolaire des filles et des garçons a révélé que le désavantage scolaire des filles n’est pas unanimement perçu. Notre visée compréhensive des situations perçues nous a amenée à la question suivante : « Selon les enseignant-e-s, quels facteurs influencent l’égalité scolaire de genre ? ». La revue de la littérature scientifique nous a permis d’identifier 3 catégories de facteurs d’inégalité scolaire : a) sociaux ; b) reliés à l’école ; c) en lien avec les caractéristiques des filles et des garçons.
Les données collectées lors de 9 entretiens semi-dirigés de groupes non mixtes, avec 107 enseignant-e-s de deux lycées urbains et trois lycées ruraux ont abouti à trois conclusions. La première est que les résultats ont fait émerger une quatrième catégorie de facteurs en lien avec la politique d’égalité. La deuxième : pour les deux premières catégories de facteurs (sociaux et ceux reliés à l’école), les perceptions sont davantage influencées par le milieu (urbain ou rural). Enfin, pour les facteurs reliés aux caractéristiques des filles et des garçons, et ceux en lien avec la politique, les perceptions varient encore plus en fonction du sexe des répondants. -
Communication orale
Perceptions, représentations et pratiques du plaisir sexuel chez les femmes sénégalaises »Anna Diop Dubois (Université de Cheikh Anta Diop)
La littérature scientifique offre encore aujourd’hui une vision très partielle et péjorative des sexualités des pays d’Afrique Sub-Saharienne (SSA). Elle décrit en effet les sexualités principalement par le biais des maladies telles que le SIDA, les mutilations sexuelles, les problématiques de sur-fertilité (Epprecht, 2009 ; Chi-Chi et al, 2008, Tamale et al, 2015 ; Naminate 2011 ;...), ou encore par le biais d’un imaginaire fantasmé du corps noir,à la fois un corps exotique à la sexualité hors norme et en même temps un corps voilé, religieux et mystérieux (Boëtsch et al, 2019 ; Arnfeed 2011, Bakare-Yousuf 2013 ;...). Ces conclusions peuvent se comprendre ainsi : la littérature se construit au départ sur la base des récits coloniaux dès le XVIe siècle (premières descriptions de l’Afrique SSA) ; la littérature scientifique est produite dans le cadre de recherches destinées à remédier à des problèmes de santé publique (épidémies de SIDA dans les années 80 par exemple) souvent financées par des institutions occidentales. En réaction, des chercheurs africains ou de la diaspora, comme S. Tamale pour ne citer qu’elle, ont commencé à remettre en cause cette vision et ont milité pour une recherche sur la sexualité plus globale, notamment en intégrant la notion de plaisir et de désir sexuel comme partie intégrante des sexualités en Afrique SSA.
L’objectif de cette communication est donc pour moi de questionner l’origine des connaissances produites (d’où ? Par qui ?…) et d’interroger le cadre théorique et disciplinaire dans lequel je m’inscris.
Pourquoi les sexualités des femmes d'Afrique (et au Sénégal particulièrement) ? Poursuivant des études d’anthropologie biologique, le corps comme corps perçu, corps social, corps biologique… est placé au centre de la réflexion. Dans ce cadre, l’orgasme féminin comme phénomène bio-psycho-social, mais aussi pour tout ce qu’il a de mystérieux (les problématiques qui en découlent, par exemple les inégalités hommes/femmes dans la survenue du plaisir – l’orgasm gap), semble un prisme pertinent pour penser et questionner le genre en Afrique.
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Communication orale
Un pouvoir et une agencéité occultés ? Le quotidien féminin local en débat face aux effets de la blanchité sociale à DakarHélène Quashie (LARTES-IFAN)
Les migrations vers le Sénégal au départ d’Europe et d’Amérique du Nord, incluant les circulations des diasporas africaines, permettent de penser l’articulation des rapports sociaux de classe, de race et de genre au regard de mobilités ascendantes qui reconfigurent les relations de pouvoir, les imaginaires et la fabrique des identités. Ces migrations favorisent des intimités interraciales hétérosexuelles, selon un ratio genré récurrent dans les classes moyennes et aisées de la capitale notamment : davantage de femmes venant d’Occident (blanches et diasporiques) ont des partenaires sénégalais et africains. A partir de ces configurations intimes se développent des discussions quotidiennes autour de la place des femmes et de la domination masculine. Ces discussions confrontent souvent des femmes occidentales, porteuses de discours féministes, aux hommes sénégalais et africains de leur entourage, mais aussi à des femmes sénégalaises. Ces dernières questionnent les fondements de ces discours au regard de leur expérience plurielle de l’agencéité et du pouvoir féminin local qui challenge les masculinités. Elles interrogent aussi les écarts entre les discours féministes et les pratiques de leurs homologues occidentales investies dans des conjugalités interraciales. L’analyse de ces différents positionnements explore les nuances des configurations genrées de la blanchité sociale en contexte postcolonial.
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Communication orale
L'évolution des mouvements féministes dans les relations internationalesRokhaya Amadou Dia (Université Gaston Berger de Saint-Louis)
Les femmes ont été toujours marginalisées dans l'histoire des Relations Internationales particulièrement la scène diplomatique. L’égalité des genres dans les espaces de décision est le principal problème auquel se heurte les femmes pour réhabiliter leur statut sur la scène internationale. Depuis les années 80, les femmes, à travers des organisations communautaires de base mais également d’autres moyens luttent pour la reconnaissance et la réhabilitation de leurs droits. Certes des efforts sont notés, mais la plupart des revendications ne sont pas encore prises en compte. L’objectif principal de cette lutte est de représenter l’égalité des droits entre les femmes et les hommes, telles que ratifiée dans les conventions internationales, par les Etats, pour une meilleure justice sociale et une société avec plus d’humanité. L’inclusion du genre dans la politique étrangère est fondamentale pour la mise en œuvre de politiques inclusives. Comment repenser les questions féministes dans les Relations internationales ? Dans le cadre de ce travail, nous allons utiliser la méthode réaliste pour éclairer l’émergence des mouvements féministes dans les Relations Internationales. Pour y répondre, nous étudierons d’abord les documents officiels et les corpus juridiques pertinents. Ensuite, nous recueillerons les rapports, les articles, les bibliographie et les revues scientifiques. Enfin terminer par des entretiens pour compléter les informations et analyses.
Accueil et synthèse
Repenser la recherche sur le genre : une approche décoloniale et intersectionnelle
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Communication orale
Queeritude décoloniale : Quels enjeux, quelles possibilités ?Sandeep Bakshi (Université Paris Cité)
Visant à ouvrir le champ décolonial et les études queer aux possibilités d’une lecture croisée, cette présentation prend appui sur deux théories, deux analytiques véritables d’études critiques œuvrant pour la transformation des relations sociales tout en relevant l’absence d’articulation d’un cadre de queeritude décoloniale. Il convient de souligner que les deux outils théoriques ne peuvent s’ignorer pendant longtemps car même si les deux champs de recherche demeurent rigoureusement disciplinaires, voire disciplinés, les possibilités de croisement restent souvent nombreuses et mal exploitées. L’approche de ce papier demeure interdisciplinaire embrassant à la fois les grilles de lecture établies par les théories queer et décoloniales dans le but de proposer des outils pour une critique décoloniale des énonciations transnationales de queeritude. La lecture croisée proposée dans cet article participe à la construction d’un cadre qui peut se nommer « queeritude décoloniale » (« decolonial queerness »).
Dans le sillage du co-examen de production de domination tant raciale que patriarcale subie par les femmes de couleur, démontré par les recherches de María Lugones sur la colonialité du genre, il demeure capital de réfléchir au de-là du « problème d’aveuglement épistémologique lié à la séparation catégorielle ». De ce fait, il appert que deux cadres épistémologiques, deux champs avérés d’études critiques visant à la transformation des relations sociales, à la justice sociale, et l’égalité et relevant les inégalités, pointant les discriminations, ne peuvent s’ignorer pendant longtemps. Nonobstant l’absence des échanges mutuellement enrichissantes, les enchevêtrements des sujets épistémologiques sont nombreux et axiomatiques. En démontrant ces entrelacements et en avançant sur leurs possibilités et enjeux futurs, ce papier contribue aux études des deux champs théoriques, queer et décoloniale, tout en œuvrant pour un élargissement critique de leurs périmètres respectifs.
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Communication orale
Sexisme récréatif et identité transgenre en Afrique subsaharienneFerdulis Zita Odome Angone (Université Cheikh Anta DIOP de Dakar)
Au sein du système patriarcal, nous dénombrons quatre piliers scrupuleusement encadrés à l’intérieur desquels les hommes sont autorisés à s’émouvoir tant que cela n’entache pas l’image voulue de la masculinité hégémonique : la guerre, le sexe, l’humour et les sports de combat et/ou de réjouissance collective; autrement dit des contextes largement justifiés dans le temps.
Dans un contexte binaire radical à forte tendance sexiste et aux relents homophobes, à l’exemple de l’imaginaire collectif en Afrique francophone, la fluidité des genres n’est souvent autorisée qu’encadré par l’humour selon une temporalité bien déterminée (le temps de la performance scénique).
Le sexisme récréatif est une sentinelle puissante du système patriarcal. Il consiste pour un humoriste homme hétérosexuel cisgenre d’usurper l’identité de genre assignée à une femme (ou à un membre issu du collectif LGBTQ+) en hyperreprésentant de façon caricaturale des rôles traditionnellement associés à ce collectif. Ainsi, le sujet en performance reproduit des stéréotypes et divers clichés, et pour comble en amusant la galerie pendant que le même individu travesti se fait de l’argent., c’est ce que nous nommons le sexisme récréatif au sein d’un ordre mondial hétéro-capitaliste. Ici, être femme n’est drôle que lorsqu’on n’en est pas une.
A partir d’une perspective interdisciplinaire croisant les théories féministes et l’univers du numérique, notre communication s’attèlera à démontrer que le (cyber)sexisme récréatif est un fantasme misogyne et homophobe. C’est pourquoi il importe de dépatriarcaliser la sensibilité humoristique.
A cet effet, nous prenons pour objet d’étude les comédiens « Maman Grand Nord » et « Le docteur de la comédie », tous deux très connus sur Facebook par les internautes de ce pays ; au Cameroun, Maa Jacky un autre exemple plausible.
La ressource humaine qui génère de la richesse est de ce fait précarisée pour la rendre plus vulnérable ainsi, elle n’aurait pas assez de force d’exigence, encore moins d’argument de résistance.
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Communication orale
L’intersectionnalité au prisme des pratiques vestimentaires et expression du genre dans la presse africaine et occidentale : Le cas des Premières dames africaines.Chamberline Simo (Université de Lyon 2- Laboratoire TRIANGLE)
Cette communication se propose d’interroger la construction sociale médiatique du genre à l’aune des pratiques vestimentaires socialement et sexuellement différenciées dans le contexte politique africain post-colonial. Nous interrogeons l’orientation politique du vêtement à savoir, comment les médias africains et occidentaux interprètent-ils l’apparence des Premières dames africaines à partir d'assignations genrées et de catégorisation sociale préconstruites ? Quand on sait que les vêtements ont également à voir avec les particularités du métier politique, faut-il alors supposer que, pour certains commentateurs de la politique, cette ressemblance entre les pratiques et le corps des représentants et des représentés doit être catégorisée au nom de ce qui est la logique initiale de la représentation politique.
Pour répondre à ce questionnement, nous avons choisi de nous intéresser à la couverture médiatique au sein de la presse internationale et nationale. Dans un premier temps, nous montrerons que si les médias peinent à évoquer les identités qui contreviennent aux assignations genrées traditionnelles leur traitement révèle souvent un certain nombre d'ambivalences, de paradoxes, voire de contradictions. Nous mènerons pour cela une analyse comparée entre le Journal Le Monde et le magazine Jeune Afrique. Dans un second temps nous évoquerons les rôles genrés et les représentations physiques que renvoie les Premières dames elles-mêmes dans la presse nationale pour prendre en compte la complexité et la dynamique à l’œuvre dans la construction des identités de genre et les mécanismes organisationnels qui aboutissent à des formes de ségrégation sexuée horizontale et verticale à l’intérieur des rédactions et éclairer plus largement le fonctionnement des entreprises de presse les rapports de pouvoir qui s’y jouent.
Cette étude s'intéresse à la construction sociale médiatique du genre en examinant les pratiques vestimentaires différenciées dans le contexte politique africain post-colonial. Elle explore comment les médias africains et occidentaux interprètent l'apparence des Premières dames africaines à partir de catégorisations genrées et sociales préconstruites. L'étude se penche également sur la complexité des identités de genre dans la presse nationale en examinant les rôles genrés et les représentations physiques des Premières dames. Les résultats révèlent les ambivalences, les paradoxes et les contradictions dans le traitement médiatique de ces identités, ainsi que les mécanismes organisationnels qui conduisent à des formes de ségrégation sexuée horizontale et verticale au sein des rédactions.
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Communication orale
Enquête exploratoire sur les violences gynécologiques et obstétricales au Sénégal: émergence d'un problème publicNdeye Khady Babou (Réseau des féministes du Sénégal/Equipop Dakar)
Conférence de clôture (ANNULEE)
Nous regrettons de vous informer que la conférence de clôture prévue lors de notre événement a été annulée pour des raisons personnelles indépendantes de la volonté de notre conférencière.
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Communication orale
ANNULEE : La Fabrique d'un Genre nouveau dans l'oeuvre de Ken BugulMarietou Mbaye (Ken Bugul)