Le dernier Rapport sur la langue française dans le monde (2014) a permis de mettre en évidence l’importance du multilinguisme dans les pays de l’Afrique francophone. En effet, si le français y a le statut de langue officielle pour plusieurs États africains, les activités quotidiennes des populations peuvent par ailleurs se dérouler à travers des échanges utilisant plusieurs autres langues. Mais comme dans d’autres domaines, l’Afrique présente une pluralité de situations contrastées. Le français, langue de l’État, de l’appareil législatif et de l’enseignement formel dans plusieurs pays est en revanche peu utile au marché de Bamako ou de Dakar alors qu’il sera pourtant très utilisé dans les espaces commerciaux à Abidjan ou à Yaoundé. Les villes africaines, carrefours de rencontres des populations, illustrent parfaitement les contextes linguistiques forts variés qui les caractérisent. Quelles sont les pratiques au quotidien, dans les familles, dans les lieux de travail, etc.?
Par ailleurs, les technologies de l’information et de la communication (TIC) dans les villes d’Afrique subsaharienne donnent accès à une quantité d’informations sans précédent, mais elles introduisent aussi de nouvelles façons d’agir et d’interagir. Plusieurs chercheurs ont constaté « la perte de poids » des médias traditionnels — radio, télévision et journaux — dans la communication publique des sociétés occidentales. Un tel constat doit être nuancé en Afrique subsaharienne, surtout dans un contexte de privatisation rapide et de démonopolisation des infrastructures médiatiques, auparavant sous le contrôle de l’État. La montée spectaculaire des nouveaux réseaux de télécommunication en Afrique francophone et une explosion dans l’offre de services Internet dans les villes créent de nouvelles possibilités pour la diffusion et surtout pour la production de contenu médiatique. Mais où se situent la langue française et quelles places occupent les autres langues dans ces différents médias?