Le rôle des médias dans la construction des mémoires collectives. Entre polarisation, réconciliation et résistance : cadrage des politiques mémorielles en Bosnie-Herzégovine.
Pour vivre en paix, les sociétés post-conflit doivent-elles oublier ou se souvenir ? En Bosnie-Herzégovine (BiH), 25 ans après la fin de la guerre, deux visions s’affrontent toujours autour de la reconstruction du patrimoine culturel et historique : celle des organisations internationales (OI) qui la mobilisent comme stratégie de consolidation de la paix et celle des élites ethnonationalistes qui s’en servent pour asseoir une emprise territoriale ou raviver la flamme identitaire. Une troisième vision portée par des ONG entre en confrontation avec les récits dominants ou circule de façon plus anonyme dans l’espace public. Les débats sur la reconstruction et la préservation des « lieux de mémoire » trouvent ainsi écho dans une presse elle-même divisée. Ma recherche, ancrée dans les récentes études pluridisciplinaires sur la mémoire collective et les médias (Neiger, 2020 ; Zelizer, 2014), s'interroge sur les différences entre le traitement médiatique réservé aux projets de reconstruction du patrimoine culturel commun (musées, bibliothèques, ponts) et celui réservé aux projets liés à un patrimoine ethnoculturel exclusif (mosquées, églises). En présentant les résultats préliminaires de mon analyse de contenus et de discours, je démontre que les médias et journalistes agissent toujours comme entrepreneurs mémoriels en BiH et que l’affrontement discursif autour la reconstruction du patrimoine illustre plus largement une profonde division entre les acteurs quant à l’avenir du pays.
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