Dans une recherche conduite en Italie pendant trois ans (2015-2017) on a suivi les nouvelles de la presse concernant les homicides ayant pour victime une femme. Sur 409 victimes, 394 ont été tuées par des hommes, dont les deux tiers en famille; 54% par le (ex)partenaire. Pour les hommes, le pourcentage d'assassinat en famille n'arrive pas au 16% en 2017. On considère donc fondée l'hypothèse de la spécificité «féminicide». Parmi nos données, le propos veut présenter les résultats concernant les récits des féminicides par le partenaire, identifiant deux cadres principaux de la représentation (amour romantique et perte de contrôle) et trois types de faits divers: féminicides «haut-profile» (très médiatisés), féminicides-type (commentaires brèves), «tragédies de la solitude», impliquant des femmes âgées (phénomène nouveau). Bien que routinisés par la presse parfois même sous le terme féminicide, les récits tendent à normaliser la quête des «causes» comme de pertinence individuelle; on n’évoque pas une asymétrie sociale d’où remettre en question le contrôle masculin, alors qu’il est souvent montré comme stratégie allant de soi. On relève donc une nouvelle visibilité d’un événement avant censé être une affaire privée, mais le discours tends à lui donner l’apparence d’un crime contingent qu’on ne peut pas prévenir, sauf stigmatiser les victimes qui ne dénoncent pas, ou les institutions qui n'auraient pas été capables de l'empêcher à la suite d’une dénonciation de violence.
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