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Informations générales

Événement : 80e Congrès de l’Acfas

Type : Colloque

Section : Section 600 - Colloques multisectoriels

Description :

?Dans son ouvrage, Phénoménologie de la perception, Merleau-Ponty écrit que « si nous voulons penser la science elle-même avec rigueur, en apprécier exactement le sens et la portée, il nous faut réveiller d'abord cette expérience du monde dont elle est l'expression seconde. » (Phénoménologie de la perception, p. III). Le corps n’est pas seulement une chose ni un objet potentiel d’étude pour la science mais plutôt la condition de toute expérience autant que le vecteur de notre ouverture au monde. Ce dialogue avec le monde est un engagement tonique et une modulation sensible de la corporéité. L’objectif de ce colloque sera de penser certains champs de pratiques cliniques où le corps revêt une place essentielle (travail avec les personnes handicapées, pratiques de stimulations sensorielles, éducation somatique etc.) à travers la réflexion phénoménologique. La rencontre rassemblera des chercheurs et praticiens de divers horizons, réunis autour de la corporéité dans le soin.

Date :
Responsable :
  • Florence Vinit (UQAM - Université du Québec à Montréal)

Programme

Communications orales

Penser le sensible

Présidence : Florence Vinit (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • Mot de bienvenue
  • Expérience humaine et expérience du corps-lecteur : petite phénoménologie à l'usage des psychologues pour prendre soin du corps
    Jacques Quintin (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Il arrive que le corps ne comprenne plus ce qui lui arrive ou fasse une mauvaise lecture du monde dans lequel il vit. Le travail thérapeutique consiste dès lors à rétablir la grammaire du corps-lecteur. À l'aide du concept d'endogéinité élaboré par Tellenbach et la notion d'être porté par Zutt, il est possible de comprendre que le corps humain est porté par différents mouvements. Par conséquent, ce qui le porte est ce qui fonde la compréhension. En ce sens, l'acte de prendre soin (qui partage les mêmes racines que le terme de culture) consiste à cultiver ce qui nous meut. Si l'acte de soin devient inséparable de la délibération sur ce qui favorise le déploiement du corps, il est permis dès lors de s'interroger à l'effet si la danse ne pourrait pas jouer un rôle important pour faire apparaître l'essence du corps. Dans ce contexte, la grammaire vient donner du rythme, du mouvement au corps en l'articulant au monde ambiant. Cette articulation est un art de la même façon que l'art devient un moyen pour mettre en lumière cette articulation, ce mouvement qui porte le corps à apparaître.

  • Le corps et émotions : l'Homme ému sous le mode du Sensible
    Jean Humpich (UFP - Université Fernando Pessoa)

    La thématique du corps et des émotions met en jeu une intrigue. Celle d'un mode d'apparaître, de se percevoir, de donner du sens et de le partager. Que cela soit dans le domaine intra ou inter personnel nous constatons, comme Bergson le souligne bien, que l'émotion est un feu follet que la pensée scientifique a du mal à dompter. En écho à la pensée d'Heidegger pour qui il convient d'apercevoir le phénomène en tant qu'existential fondamental et de le cerner en sa structure (Heidegger, 1979), les pratiques issues du paradigme du Sensible (Bois, 2005, 2007) rejoignent l'espace de réflexions sur les apports de la médiation corporelle dans l'accompagnement de la personne. Nous montrerons comment certaines des limites dialogiques propres à la dimension affective peuvent être repoussées en explorant un rapport particulier à l'expérience sensible du corps. En m'appuyant d'exemples sur le terrain de ma pratique clinique en psychopédagogie perceptive et sur certains résultats de recherche de notre laboratoire (CERAP), je me propose de présenter quelques traits d'une trajectoire de formation aboutissant à des ''compétences émotionnelles et affectives'' originales. Nous tenterons de discerner les promesses et les limites d'un processus d'appropriation d'un mode de résonance et d'implication du sujet au cœur d'une expérience particulière.

  • Le rapport au corps sensible : pour une éducation perceptive en accompagnement du changement humain
    Jeanne-Marie Rugira (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    Les phénoménologues l'affirment avec force depuis longtemps, au centre de l'existence il y'a le corps. « C'est par le corps et seulement par lui que moi, je peux être-là, me manifester et exister. » A.De Waelhens (1958, p.207) Ainsi, mettre mon expérience au centre de ma démarche réflexive me donne à voir et à vivre un corps non seulement subjectif (Merleau Ponty, 1945 ; Michel Henry, 2006) mais aussi un corps sensible (Bois ; 2009, Berger ; 2010).La dimension du corps sensible exige alors de sortir de la dualité traditionnellement établie entre le corps et l'esprit. Transcender cette division artificielle suppose d'assumer sur tous les plans toutes les conséquences que comportent un tel changement de vision de l'être humain dans nos pratiques de formation, d'accompagnement et de rechercheainsi que les enjeux éthiques, praxéologiques et relationnels que cette posture soulève. Une analyse de nos pratiques de formation et d'accompagnement va nous permettre d'éclairer l'incidence d'une telle posture éthique et épistémologique sur nos pratiques au quotidien et sur notre conception de notre champ d'étude et de recherche.

  • Pause

Communications orales

Nourrir le corps

  • De corps et de faim : le vécu de femmes hors normes quant aux standards sociaux de minceur, mais bien dans leur peau
    Catherine Lupien Chénier (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Dans le contexte social actuel de préoccupations importantes à l'égard du poids corporel telles que l'obsession de la minceur, les troubles alimentaires et l'obésité, les recherches proposées se font principalement dans un cadre positiviste ou post-positiviste effectuant une mise à distance entre sujet et objet. Le point de vue subjectif, expérientiel de la femme est rarement représenté dans la littérature. Dans le cadre d'une thèse d'honneur au baccalauréat en psychologie, j'ai tenté grâce à l'approche phénoménologique, de questionner le rapport intime au corps, à la faim et au fait de se nourrir chez la femme hors-normes quant aux standards sociaux de minceur dans la perspective de son expérience propre. Le présent exposé vise donc à présenter les résultats de la recherche et à réfléchir sur l'importance d'une prise en compte du vécu subjectif et surtout d'une conception phénoménologique du corps pour une meilleure compréhension des problématiques liées à l'image corporelle et à l'alimentation.

  • Histoires de femmes vivant avec des troubles alimentaires : de l'esthésie à la présence dans le monde
    Danièle CHOUINARD (UQAM - Université du Québec à Montréal), Sylvie Fortin (UQAM - Université du Québec à Montréal), Chantale VANASSE (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Dans cette présentation, seront convoquées trois recherches-actions mettant en jeu des pratiques corporelles non thérapeutiques (méthodes dites d'éducation somatique) avec des groupes de femmes présentant des pathologies chroniques. Qu'il s'agisse de troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie) ou de fibromylagie, la corporéité est affectée par le diagnostic et par les traitements du corps parfois surmédicalisés. Toutefois, par des ateliers de mouvement, qui se centrent sur les potentiels à développer (et non sur la maladie), se construisent peu à peu de nouvelles expériences de soi et de rapports aux autres, pour ces femmes vivant souvent avec une déconnexion sensorielle en résonance à une standardisation et marchandisation du corps dans la société. Les résultats issus de l'observation participante, d'entrevues et d'écrits autoethnographiques hebdomadaires aideront à comprendre comment, au quotidien, s'opèrent des liens entre esthésie et rapport au monde.

  • « Troubles alimentaires » et vécus corporels
    Genevieve Houde (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    La phénoménologie du corps (Merleau-Ponty, 1964 ; Patočka, 1985) et la psychanalyse (en particulier la notion de réel du corps chez Lacan) permettent un autre abord des troubles dits « alimentaires », en ce qu'elles permettent de penser la dimension du vécu corporel en tant qu'expérience singulière. Dans le cadre de cette communication nous proposons d'aborder cette dimension par le biais de traitements « alternatifs » qui utilisent l'expérience du corps (par exemple la danse, le yoga, etc.) ou qui travaillent à partir du vécu de ce type d'expérience. Nous tâcherons de resserrer notre propos autour de deux principaux axes :

    1. Introduire un autre regard sur les « troubles alimentaires » qui ne soit pas tributaire du DSM, et selon lequel ils peuvent être pensé comme des modalités d'être au monde pouvant être abordé par le biais du vécu corporel.

    2. Expliquer en quoi la prise en compte de la corporéité, pensée comme condition permanente de l'expérience (Merleau-Ponty, 1945), constitue, en complément aux traitements « classique », un apport majeur pour la clinique des troubles alimentaires et pour les interventions qui s'y rattachent.

  • Dîner

Communications orales

Accompagner

  • Réflexion sur le rapport au corps à partir du cancer du sein
    Chantal Doré (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Une femme sur neuf au Canada développera un cancer du sein au cours de sa vie (Agence de la santé publique du Canada, 2010).La prévalence du cancer du sein constitue une préoccupation majeure dans plusieurs pays occidentaux notamment en Europe et en Amérique du Nord. Chaque année, au Canada, plus de 22 000 femmes reçoivent un diagnostic de cancer du sein, ce qui en fait le principal type de cancer chez les femmes et plus de 5 000 femmes, amies, mères ou conjointes en meurent annuellement(ASPC, 2010). Par ailleurs, le corps des femmes est hypermédiatisé, notamment dans la lutte contre le cancer du sein.C'est à partir d'une étude réaliséedans le but de décrire l'expérience de femmes qui sont en attente de résultats dans le cadre du Programme québécois de dépistage du cancer du sein et à partir de mon expérience d'enseignement auprès de soignantes et de soignants que je soumettrai une réflexion générale.L'objet de ma réflexion est d'interroger comment le discours social ambiant construit un propos paradoxal en dehors de l'expérience des femmes en santé ou malade.Avec le corps hypermédiatisé, et dans une société obsédée par le corps, le sexe et le moi, peut-on penser la possibilité d'avoir une pensée intime sur soi?

  • La douleur du sang : une approche phénoménologique
    Florence Vinit (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    L'attente du sang des règles est au cœur de l'expérience des femmes tout au long de leur vie. Leur venue rassure l'adolescente sur la « normalité » de son corps, attriste la jeune femme qui espère être mère, annonce par son délai ou son interruption l'entrée dans un nouveau cycle pour la femme ménopausée. Le sang està la fois sécurisant, par la périodicité de son retour, mais aussi inquiétant, par la « fracture du quotidien » qu'il incarne. Pour autant, si elles sont pour certains anthropologues, l'événement le plus stable de l'histoire de l'humanité, les menstruations sont avant tout décrites d'un point de vue médical (syndrome prémenstruel, dysménorées etc.) Peu d'autres paroles sur l'expérience du sang sont à disposition des jeunes filles et des femmes tout au long de leur vie. La douleur elle même est souvent rapidement balayée par la prescription d'anti-inflammatoires sans investiguer ce qu'elle peut venir exprimer de son histoire familiale ou de l'héritage de sa lignée. A travers la domination d'un point de vue scientifique sur un événement touchant la moitié de la population, c'est toute une partie de l'expérience subjective des femmes qui se trouve passée sous silence.

  • Voix du corps, voie des affects
    Jean Caron (UQAM - Université du Québec à Montréal)
    La voix est notre principal outil de communication. Certes, elle permet la parole, mais elle la précède et l'enrichit aussi à plusieurs niveaux. Là ou les mots sont porteurs de symboles et de concepts, les vocalyses véhiculent une communication implicite beaucoup plus fondamentale : elles transmettent instantanément une multitude d'informations sur l'identité, les intentions, les dispositions et les émotions de l'individu. Pourquoi cela ? Parce que la voix émane de l'être au complet, donc d'un corps habité qui est toujours à la fois physique, psychologique, affectif, somatique, et historique. Au cours de cette présentation, un modèle intégratif du développement primaire sera élaboré en mettant à contributions les apports de différents champs d'expertise tels que l'histoire, la neurologie et la psychologie clinique. Par un survol à la fois large et orienté, nous en viendrons à mieux situer la voix – et tout ce qu'elle communique – à même la globalité de l'existence humaine et de ses réalités relationnelles.
  • Pause
  • Au-delà du «persévérer dans la désespérance» : chemin depuis la joie ontologique au contact du corps sensible
    Jean-Philippe Gauthier (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    Ma propre expérience du corps sensible m'a permis de faire l'expérience d'une joie inédite au pouvoir soignant et trans-formateur sans précédent. Cette joie est dite «ontologique», car son déploiement s'est toujours vécu indépendamment d'une cause extérieure ou de déterminismes inhérents à mon histoire de vie. Le vécu et le travail réflexif autour de cette expérience de joie sont venus mettre en transformation de façon radicale une identité profondément inscrite dans la désespérance. D'inspiration phénoménologico-herméneutique (Daignault, 1995; Gomez, 2008; Léger, 2006; Rugira, 2004) et heuristique (Craig, 1978), mes investigations doctorales, menées à la première personne (Berger, 2009; Vermersch, 1996), m'amènent à regarder de plus près la question de la validation des expériences signifiantes vécues au contact du corps sensible. Que ce soit en contexte de soin ou de formation, comment soutenir le sujet à la fois dans le défi de valider le sens de son vécu et dans l'acte d'apprendre à se laisser trans-former par ce type d'expérience? Lors de cette communication, je souhaiterais présenter les résultats préliminaires de ma recherche qui donnent à voir certains actes et compétences favorisant ce processus où la rencontre du sujet avec son corps sensible devient une promesse de son devenir.

  • L'expérience du corps vécu dans l'accompagnement des personnes polyhandicapées
    Louis Bourdages (Cégep de Rimouski)

    Le polyhandicap se définit comme un handicap grave à expression multiple avec restriction extrême de l'autonomie, accompagné de déficience intellectuelle. C'est une atteinte générale de la personne dans toutes ses expressions : tonique, motrice, affective et langagière. De plus, la restriction sensori-motrice entraîne une difficulté à percevoir et à établir les limites corporelles. Toute personne accède au monde grâce à et à travers son corps. «Notre compréhension du monde provient de cette incarnation dans le monde extérieur, dans ce corps comme sujet de la perception». (Michela Marzano) Le corps sujet est constitué par des expériences sensorielles vécues dans notre propre corps. Nous parlons ici, de l'expérience du corps vécu, d'un corps qui traduit les expériences telles qu'elles sont vécues. L'hypothèse du travail corporel dans l'accompagnement des personnes polyhandicapées, c'est d'offrir des outils permettant un enrichissement de la relation qu'une personne établit avec son corps sensible afin d'ouvrir une voie d'accès au corps et une voie de passage au monde.

    Louis Bourdages