Informations générales
Événement : 80e Congrès de l’Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :Les gestionnaires des risques naturels le savent depuis longtemps : le risque zéro n’existe pas. Nous vivons dans une société où le risque est omniprésent. Néanmoins, ce constat ne peut être considéré sous l’angle de la fatalité mais plutôt comme une opportunité pour une meilleure gestion des risques naturels.
S’il y a un avantage à tirer des sinistres qui affectent nos sociétés, c’est certainement à propos des mesures à prendre pour mieux prévenir le risque et, aussi, au regard de la gestion de la crise si celle-ci devait se reproduire. Au Québec, la première loi sur la protection civile date de 1951 et consistait en la mise en place de « plans d’évacuation et de réintégration de la population des villes dévastées par une guerre atomique, biologique, chimique ou nucléaire ». En 1964, la loi a été modifiée pour tenir compte aussi des sinistres en temps de paix, dont les risques naturels. La crise du verglas de 1998 a été l’occasion pour mettre en place la loi sur la sécurité civile en 2001.
Les catastrophes servent alors de point de départ à une amélioration de la réglementation en matière de gestion des risques naturels. Elles apportent de nouveaux enseignements sur l’intensité de l’aléa en amont, voire son occurrence et, dans certains cas, identifient de nouvelles zones à risque. Ce cadre réglementaire qui régit la sécurité des individus et de leurs biens est donc appelé à être constamment mis à jour. Comment évaluer la politique québécoise de sécurité civile dix ans après sa promulgation?
Ces aspects sont d’autant plus importants que les risques ont un coût considérable que nous ne sommes pas encore en mesure d’évaluer. Il est néanmoins essentiel de considérer différentes alternatives pour atténuer au maximum ces coûts par des politiques de prévention appropriées.
Date :- Mustapha Kebiche (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Yann Roche (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Gestion et connaissance des risques naturels
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Mot de bienvenue
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Analyse de la vulnérabilité sociétale et territoriale aux inondations en milieu urbain dans le contexte des changements climatiques : partie riveraine nord de l'île de Montréal, Isabelle THOMAS-MARET (UdeM - Université de Montréal)
L'un des principaux risques naturels pour le Sud du Québec, sous le climat actuel, concerne précisément les inondations, et ce risque pourrait s'aggraver dans le contexte des changements climatiques. La prise de conscience et la compréhension des risques sont primordiales pour les parties intéressées au projet. Les conséquences des inondations en milieu urbain peuvent être atténuées considérablement si les acteurs locaux connaissent bien ce phénomène sur leur territoire et sont informés de la vulnérabilité de celui-ci afin de prendre des décisions adéquates pour une planification adaptée et viable.
Le projet vise à analyser la vulnérabilité aux inondations en milieu urbain dans le contexte des changements climatiques pour la partie riveraine nord de l'île de Montréal. Il
permettra de déceler les populations, les activités et les secteurs qui sont et seraient particulièrement affectés. Il pourrait également permettre l'établissement des priorités en matière de planification adaptative.Le projet fournira un portrait général de la vulnérabilité sociétale et territoriale aux inondations au travers :
une méthode d'analyse;
un état des lieux des bases de données existantes et de celles requises pour l'analyse de la vulnérabilité;
la vulgarisation des résultats afin de favoriser l'apprentissage des acteurs locaux via différents outils (publications, conférences, cartes, fiches);
une hiérarchisation des zones vulnérables aux inondations dans un contexte de changements climatiques. -
La mobilisation pour prévenir les accidents du travail : analogie avec la prévention des risques naturelsCécile Collinge (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Au Québec, près de 100 000 personnes se blessent au travail chaque année et une centaine en meurent. Les catastrophes naturelles sont moins fréquentes, mais elles sont de plus grande envergure que les accidents de travail. La gestion des risques naturels et celle des risques professionnels comporte certains point communs. Pour faire face à la réalité complexe et mouvante du monde du travail, les pratiques de prévention, qui mobilisent des dizaines de milliers de personnes, ont beaucoup évolué depuis une trentaine d'années. Qu'en est-il des risques naturels ?
Dans ce travail, nous présenterons quelques éléments fondamentaux de la gestion des risques au travail ainsi que leurs liens avec la gestion des risques naturels. Ainsi, nous aborderons : le contexte législatif, les acteurs impliqués, les notions de danger et de risque, l'enquête, l'analyse et le suivi des accidents, l'aspect multifactoriel des causes d'accident, la place du comportement humain dans l'erreur, l'évolution des sujets d'intérêt en santé et sécurité du travail, la concertation pour trouver des solutions à des situations complexes. Des liens avec les catastrophes naturelles à travers quelques exemples étofferont la présentation.
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Vulnérabilité sismique des bâtiments en maçonnerie de pierreAhmad Abo El Ezz (ÉTS - École de technologie supérieure), Miroslav NASTEV (Commission géologique du Canada), Marie-José Nollet (ÉTS - École de technologie supérieure)
L'objectif de ce travail est d'étudier les effets des incertitudes sur les évaluations de la vulnérabilité sismique des bâtiments en maçonnerie de pierre dans le Vieux-Québec. Les résultats sont représentés en fonction du facteur moyen des dommages – FMD, défini comme le ratio entre le coût de réparation et le coût de remplacement, conditionné à une mesure de l'intensité du mouvement du sol indépendante de la réponse structurale, définie par l'accélération spectrale. Les fonctions de vulnérabilité des bâtiments en maçonnerie de pierre ont été développées en faisant varier les paramètres d'entrée suivants : l'intensité de mouvement au sol, les courbes de capacité qui caractérisent le comportement non linéaire de bâtiments existants, les courbes de fragilité qui représentent la probabilité de dépassement d'un état des dommages spécifié, l'amortissement et les paramètres de la dégradation structurelle, et le facteur central des dommages assigné aux états des dommages prédéfinis. Les paramètres d'entrée ont été variés dans la plage de valeurs possibles.
Les résultats démontrent que le FMD est significativement affecté par les incertitudes liées à l'intensité du mouvement du sol suivi par les incertitudes liées aux courbes de fragilité et courbes de capacité. Ainsi, une augmentation de 25% de l'intensité du mouvement du sol pourrait conduire à une hausse de 70% du FDM, tandis que l'augmentation du FDM est proportionnelle à la variation de la capacité de la structure.
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Pause
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Les embâcles de glace : un géorisque majeur (et négligé) sur les cours d'eau nordiques
Les embâcles de glace sont des phénomènes naturels causés par l'obstruction (souvent printanière) de l'écoulement fluvial par l'accumulation de glace dans le chenal. Bien qu'ils soient relativement ponctuels, ces embâcles surviennent habituellement de manière subite et brutale et laissent peu de temps pour l'évacuation et la mise en place de stratégies d'évacuation. Par ailleurs, les embâcles ont de lourds impacts sur la géomorphologie et l'écologie des cours d'eau et contribuent, au moins localement, à conférer aux cours d'eau nordiques une signature unique au monde.La crue par embâcle survenue sur la rivière Mistassini (Lac St-Jean) au printemps 2011 est un exemple archétypal de cette réalité. Nous proposons ici une description préliminaire des principaux impacts sur le milieu naturel et bâtit de cette rivière majeure. Nous insisterons également sur le fait que de nombreuses lacunes de connaissance doivent être comblées afin de mieux connaître ces événements destructeurs et pouvoir prédire leur occurrence, leur intensité et leur fréquence dans l'avenir.
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Adaptation de Hazus pour son usage au CanadaMiroslav Nastev (Commission géologique du Canada)
Les municipalités canadiennes ainsi que les autres paliers de gouvernement ont un besoin pressant d'effectuer une évaluation de risques multi-aléas afin de prendre les moyens requis pour assurer le maintien de leurs biens et de leurs services essentiels en situation de catastrophe naturelle. Au Canada, il n'existe actuellement pas de méthodologie cohérente et standardisée, basée sur la connaissance scientifique, qui répondrait à ces besoins.
La Commission géologique du Canada a choisi d'adapter la méthode Hazus, une des meilleures pratiques pour l'évaluation de la vulnérabilité physique, de la sécurité socio-économique et de la sécurité publique devant les risques liés aux catastrophes naturelles. Hazus utilise un système d'information géographique pour cartographier et représenter différentes couches d'information liées aux dommages et aux pertes économiques. Actuellement, Hazus peut simuler les pertes reliées aux : inondations, ouragans, tremblements de terre, ondes de tempête, tandis que le modèle de tsunami est en cours de développement. L'applicabilité de Hazus est démontrée pour différentes catastrophes naturelles affectant divers environnements à risque : Vancouver Nord (centre urbain), et le corridor d'infrastructures entre la Ville de Québec et Ottawa. Le portail Web, et l'organisation de cours spécialisés, des webinaires et des groupes d'utilisateurs font partie des efforts entrepris pour faire la promotion des outils d'évaluation des risques.
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Tremblement de terre : favoriser une meilleure préparation du public et de la société pour le risque sismiqueMaurice Lamontagne (Commission géologique du Canada)
Lorsque le prochain fort séisme surviendra, et cela viendra un jour, la plupart des gens seront pris de court car bien peu sauront comment réagir ou auront pris des mesures pour se préparer. Le séisme de magnitude 5 de Val-des-Bois en juillet 2010 a bien illustré le manque de préparation de la population. Ce manque de préparation amènera des dommages pourtant évitables, allongera la période de récupération et amplifiera l'impact psychosocial. Comment inciter la population à se préparer pour des événements rares à l'échelle humaine et suite à un séisme comment l'aider à se rétablir?
Inspirés par les recherches sur le sujet, nous proposons d'utiliser les séismes rapportés dans les médias pour inciter le public à connaître et à appliquer les mesures de protection individuelles. Lors de séismes d'intérêt, on diffuse ces renseignements à la description factuelle de l'événement. De plus, on facilite l'accès à ces renseignements en ajoutant des liens aux sites Internet, en utilisant les réseaux sociaux et en distribuant de l'information privilégiée dans les régions les plus affectées. Nous aimerions aussi voir l'émergence au Québec d'exercices participatifs comme on en trouve sur la Côte Ouest (« Big ShakeOut »).
Des exemples de succès et des défis de cette stratégie seront présentés. -
Dîner
Exemples de gestion des risques à l'international
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Bangkok : Chronique d'un désastre annoncéYann Roche (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Les inondations catastrophiques qui ont touché la capitale thaïlandaise durant l'automne 2011 sont loin d'être une surprise. La ville est en effet depuis longtemps sujette à un étalement urbain important, à des problèmes de pollution, d'engorgement dans les transports, et elle a de surcroît tendance à s'enfoncer car elle est bâtie sur une zone marécageuse et du fait de l'extraction de ses eaux souterraines pour les besoins croissants de ses 12 millions d'habitants. La sonnette d'alarme avait donc déjà été tirée en 2007 par l'OCDE, puis plus récemment par la Banque Mondiale selon laquelle le risque d'inondation sera multiplié par quatre d'ici 2050. Le désastre qui a frappé Bangkok était donc attendu, mais il est certain qu'il va se reproduire, les seules questions étant de savoir quand et quelle sera l'ampleur des prochains évènements.
Que faire alors? La métropole thaïlandaise est elle irrémédiablement condamnée? Quelles sont les mesures envisageables et quelles celles qui sont en cours d'élaboration?
La présente communication se propose donc de dresser le tableau des inondations de 2011 à Bangkok, de cerner les facteurs qui ont mené à une telle catastrophe et qui rendent la ville particulièrement vulnérable. Pour finir, les mesures de protection et de mitigation entreprises par les autorités thaïlandaises seront évoquées, ainsi qu'une vision prospective de ce que pourrait bien être l'avenir de Bangkok.
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Quand le risque est devenu réalité : reconstruire après les tremblements de terre de Christchurch, Nouvelle-ZélandeYona Jebrak (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM)
En septembre 2010, un puissant séisme de 7,1 secoue la ville de Christchurch en Nouvelle-Zélande. Bien qu'il n'y ait aucune victime, les dégâts matériels sont importants. En quelques semaines, tous les bâtiments sont évalués et la municipalité entreprend la reconstruction : le pays, habitué aux secousses, possède à la fois l'expertise technique et les outils d'urbanisme pour réagir rapidement aux nombreux problèmes urbains qui surgissent. Tout change cependant 5 mois plus tard, en février 2011. Une série de répliques a lieu, et les bâtiments déjà fragilisés ne résistent pas. Plus de 180 personnes perdent la vie. L'état d'urgence est déclaré, le centre-ville devient zone rouge et le phénomène de liquéfaction force l'évacuation – et plus tard l'abandon – de plusieurs banlieues résidentielles.La présente communication propose d'explorer le contexte de reconstruction durant les premiers mois qui ont suivi : en quoi les outils mis en place par les différents paliers gouvernementaux ont-ils été adéquats face à l'ampleur de la catastrophe naturelle vécue par la municipalité ? Comment la population locale a-t-elle réagi devant la situation ? Quelles autres mesures, tant formelles (ex. Share an Idea) qu'informelles (ex. The Gap Filler Project) ont été mises en place depuis ? L'objectif est de comprendre comment la reconstruction s'inscrit, dans l'espace et dans le temps, dans un processus de résilience urbaine, en décortiquant les trames narratives des acteurs de l'urbain.
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La réduction de la vulnérabilité de l'habitat individuel face à l'inondation : vers un outil d'autodiagnosticAudrey Aviotti (Calyxis Pôle d'expertise du risques)
En France, la fréquence des évènements naturels, l'augmentation du coût de la sinistralité et les conséquences socio-économiques affectant les particuliers et leurs biens sont autant d'indicateurs qui amènent les pouvoirs publics et la profession de l'assurance à s'orienter vers une meilleure connaissance de la vulnérabilité de l'habitat individuel face au risque inondation.
L'objectif de la réduction de la vulnérabilité de l'habitat individuel face à l'inondation est de développer un outil, apparenté au « Serious Game », conduisant le particulier à être un acteur de la gestion du risque.
L'exposé présente une méthode de conception d'un autodiagnostic permettant l'identification, la qualification et la réduction des vulnérabilités de l'habitat des particuliers à l'inondation. Sur la base d'un apport de connaissances scientifiques et techniques et d'une étude expérimentale des dossiers sinistres issus de la profession de l'assurance, le travail de modélisation de l'objet d'étude a abouti à un inventaire des critères susceptibles de faire varier les dommages à l'échelle micro-économique. La variabilité de ces indicateurs aide à établir des plans d'action.
Cette démarche doit renforcer d'une part, le positionnement du particulier dans la gestion du risque inondation et d'autre part le positionnement des pouvoirs publics et de la profession de l'assurance dans leur intégration de nouvelles connaissances et leur participation à l'orientation des changements en cours. -
Pause
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Gestion, prévention et mitigation du risque sismique en Martinique (Antilles françaises)Jean-Christophe Audru (BRGM - Bureau de Recherches Géologiques et Minières)
Les Antilles françaises sont situées dans la zone de subduction Caraïbe, à risque sismique fort. En 2007, le plan national Séisme Antilles y a été lancé afin de réduire la vulnérabilité des personnes et des biens.
En Martinique, les actions de sensibilisation doivent rester innovantes pour capter l'attention du public résident ou de passage (touristes) : théâtre itinérant, caravane de prévention, conférences, expositions d'arts plastiques, produits dérivés, stands d'information dans les foires, spots télévisés, radio, en supermarchés et au cinéma, information dans les entreprises pendant les heures de travail, cours de formation pour les professionnels de la construction etc. Les sondages auprès de la population soulignent que la culture du risque reste fragile ; il faut donc sans cesse informer par des actions nouvelles et de proximité.
La politique de mitigation du risque sismique s'attache aussi à réduire la vulnérabilité des bâtiments publics existants, des lignes de vie et des infrastructures. Après un diagnostic général, plusieurs projets de renforcement ou de reconstruction ont été lancés. D'un point de vue scientifique, une évaluation régionale de l'exposition du littoral martiniquais aux tsunamis a été réalisée, ainsi que plusieurs microzonages sismiques dans les communes martiniquaises.
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Crue de juin 2010 dans le Var : comparaison de la zone inondée et des zones inondables connuesChristophe Esposito (CETE Méditerranée - Centre d'Etudes Techniques de l’Equipement), Philippe QUEMART (DREAL PACA)
En juin 2010, de fortes précipitations ont provoqué des inondations dans le Var, dans le bassin versant de l'Argens et de La Nartuby. L'État a décidé de mener des études pour connaître la zone d'extension des inondations, ce qui a permis d'obtenir une enveloppe de la zone inondée en juin 2010. Diverses disciplines et méthodes visent à définir une enveloppe de zone inondable antérieure: la géologie, l'approche hydrogéomorphologique qui permet d'obtenir l'Atlas des Zones Inondables (AZI), l'approche hydraulique souvent utilisée pour élaborer des Plans de Prévention des Risques d'Inondation (PPRI) et la méthode Exzeco. L'objectif est ici de comparer ces limites de la zone inondable et de la zone inondée. Une méthode de comparaison numérique a mis en évidence des secteurs où les limites des zones inondables ont été dépassées en juin 2010. La cartographie géologique permet donc une approche cohérente de la zone inondable à l'échelle du 1/50.000. La cartographie de l'aléa inondation des PPRI du secteur montre que les limites de l'enveloppe de la zone inondée en 2010 sont souvent dépassées. En revanche, la méthode Exzeco fournit de bons résultats sur l'ensemble du territoire mais les seuils définis de remplissage de la topographie ne fournissent pas une extension suffisante de la zone inondable. L'approche hydrogéomorphologique semble la meilleure méthode pour définir la zone inondable pour un tel événement mais elle n'a pas été mise en œuvre sur l'ensemble du territoire touché.
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Les modalités de l'ancrage de la catastrophe Xynthia dans la mémoire collective et le territoireLudvina Colbeau-Justin (UNIMES - Université de Nîmes), Dorothée MARCHAND (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment de Paris)
La tempête Xynthia en 2010 est loin d'être un événement isolé dans l'histoire des côtes atlantiques. Un oubli s'est opéré dans la mémoire collective et opérationnalisé dans l'aménagement du territoire, même si, ponctuellement, subsiste une vigilance dans les pratiques du territoire de certains groupes sociaux .
Nous analysons le processus de mise en mémoire et d'oubli du phénomène Xynthia et les modalités d'ancrage de la catastrophe dans le territoire et lieux de vie. Une enquête menée en 2011 auprès de décideurs et d'habitants de différentes villes sinistrées a conduit à l'identification des dimensions psychologiques et sociologiques permettant de concourir à une mémoire utile.
En fonction des caractéristiques nocturnes, des modalités de mise en vigilance et du vécu individuel et social de la catastrophe, la réponse de la société conditionne la possibilité
d'inscription de Xynthia dans la mémoire collective et dans les usages territoriaux..
Il s'agit d'intégrer l'identité locale d'une population, en contraste avec les risques construits dans la logique commune de leur gestion. Perceptions et représentations dépendent d'une relation de pouvoir qui peut rendre problématique l'acceptation du souvenir d'une catastrophe et de ses conséquences dans le lieu de vie habituel. Le souci de mémoire est fort. Des préférences de modalités de communication et de sensibilisation ont été identifiées et soulignent le besoin d'une appropriation et d'une mise à distance de la catastrophe. -
Risque urbain et développement durable : culture de la prévention et aménagement urbainSergio Puente Aguilar (COLMEX - Centre d'Études Démographique, Urbain et de l'Environnement)
L'important développement économique du Mexique au cours des cinq dernières décennies a été accompagné d'un développement urbain d'une ampleur égale voire encore supérieure, dont la principale caractéristique a été une forte concentration spatiale dans la ville de Mexico. Par son ampleur et son manque de planification, cette croissance urbaine anarchique a rendu la ville très vulnérable aux catastrophes naturelles. Le tremblement de terre de 1985 a mis en évidence cette vulnérabilité, de même que les inondations et les glissements de terrain, si fréquents pendant la saison des pluies et qui ont des coûts économiques et sociaux très élevés. La ville s'est aussi révélée très vulnérable aux phénomènes anthropogéniques, telle l'explosion d'une raffinerie qui a couté la vie à 450 personnes en 1984.
Notre communication présente les résultats d'une recherche visant la mise en évidence de l'hétérogénéité de la vulnérabilité de la ville de Mexico aux catastrophes naturelles et technologiques, et la relation dysfonctionnelle entre ce que nous appelons vulnérabilité objective des infrastructures urbaines, principalement le parc immobilier, et la vulnérabilité subjective, perception du risque par la population. On émet l'hypothèse qu'une perception cohérente et informée du risque par la population constitue un facteur essentiel à la mise en œuvre de toute politique urbaine efficace de réduction du risque et au développement d'une Culture de la Prévention et la co-responsabilité Sociale.
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Connaissance et gouvernance, de nouvelles stratégies pour une gestion intelligente des risques : cas de la ville d'El Oued au bas Sahara algérienAmina Hadia BENAMEUR (Université Mentouri Constantine), Salah CHAOUCHE (Université Mentouri Constantine), Salima Rayene Kadri (Université Mentouri Constantine)
La région du Souf, dans le Sahara algérien est soumise à bien des risques environnementaux ou sociaux. Etablie sur un milieu fragile touché par la remontée des eaux, elle subit une urbanisation anarchique; pollution, menaces d'épidémies et entretien insuffisant du bâti se conjuguent pour mettre les habitants en situation d'incertitude. Le passage de l'ère de l'eau rare à celle de l'eau abondante a été réalisé brutalement, de l'extérieur, par les pouvoirs publics, à coup d'investissements et de forages et a échappé totalement à cette société, qui n'a été appelée à y mettre ni son savoir-faire, ni son labeur. La crise, hydraulique puis écologique, a été vécue comme un phénomène exogène. Le cas d'El-Oued, et plus généralement de la région du Souf, constitue un cas spécifique d'espace subissant les mutations de la relation étroite entre l'homme et son milieu.
Cette tentative de compréhension et de gestion des risques soulève le problème de la connaissance réelle et efficiente de ces territoires et de leurs enjeux. En Europe, ces derniers font l'objet depuis longtemps de réflexions conceptuelles approfondies et du développement d'outils multiples visant à en comprendre les fondements et à en définir l'évolution potentielle. La diffusion des technologies de l'information a influencé les outils de gestion de l'information. Appliqués aux sciences géographiques, ils permettent de proposer de nouvelles analyses des territoires pour en assurer une gestion des risques plus rationnelle.
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Mot de clôture