Informations générales
Événement : 80e Congrès de l’Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Les travailleurs et travailleuses pauvres sont en déficit par rapport à la capacité de sortir de la pauvreté par les activités d’un travail rémunéré. Le colloque propose d’aborder cette thématique à la lumière du croisement de savoirs, à l'intersection de plusieurs disciplines, perspectives, méthodologies, champs d’interventions et schèmes de pratiques. Ce colloque porte, d’une part, sur les processus de précarisation de l’emploi, sur les initiatives de politiques publiques ainsi que sur le rôle des « grands partenaires sociaux » et des acteurs de la mobilisation sociale, et d’autre part, sur les impacts de la pauvreté en emploi sur les travailleurs et travailleuses, les familles et la société. La présentation des trajectoires sera mise en dialogue avec l’analyse des stratégies individuelles de survie quotidienne, notamment, l’accès à la consommation, les questions de l’alimentation ou celles de la distribution du revenu familial au sein du ménage.
Date :- Frédéric Lesemann (INRS - Institut national de la recherche scientifique)
- Elsa Beaulieu (UdeM - Université de Montréal)
Programme
Conférences d'ouverture
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Les travailleurs et travailleuses pauvres au Québec : état des lieuxPierre Joseph Ulysse (UdeM - Université de Montréal)
Les travailleurs et travailleuses pauvres sont des salariés avec un statut d'emploi sur le marché du travail, mais dont le niveau de revenu ne permet pas de répondre à leurs besoins et à ceux de leur famille de manière autonome. Ils et elles restent parfois pauvres malgré l'occupation de plusieurs emplois rémunérés en même temps. La présentation d'un portrait des travailleurs et travailleuses pauvres s'accompagnera de l'analyse de plusieurs grandes dynamiques sociales, notamment en termes de mutations du marché de l'emploi et du système de protection sociale, ayant des impacts sur les conditions de vie des travailleurs et travailleuses pauvres.
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Un portrait des travailleurs à faible revenu au Canada selon la durée de l'épisode de faible revenu
Parmi les particuliers à faible revenu, une proportion non négligeable sont des travailleurs. Or, le travail de ceux-ci peut être décrit à partir de trois dimensions fondamentales : le fait que le taux de rémunération soit inférieur ou non à un seuil donné, le fait que le nombre d'heures travaillées soit inférieur ou non à un seuil donné, et le fait que ce travail soit rémunéré ou autonome. Le croisement de ces trois dimensions engendre une typologie de huit formes de travail. À partir d'une cohorte de particuliers âgés de 25 à 64 ans ayant commencé et éventuellement terminé un épisode de faible revenu, nous documenterons la fréquence de chacune de ces formes, et dans quelle mesure celles-ci sont associées à une durée plus ou moins longue de l'épisode. Les cas des travailleurs qui vivent seuls et en ménage seront distingués. La cohorte sera tirée des fichiers longitudinaux de l'Enquête sur la dynamique du travail et du revenu (EDTR) pour les années 2002 à 2007 et pour l'ensemble du Canada; le faible revenu sera mesuré au moyen de la Mesure du panier de consommation (MPC).
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Discussion
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Pause
Analyses intersectionnelles des dynamiques de précarisation et de leurs conséquences sur les grandes orientations de la société
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Libéralisation, centrifugation de l'emploi et production de nouvelles travailleuses pauvres : trois études de cas
Dans le cadre de notre présentation, en nous appuyant sur une étude que nous avons menée en collaboration avec Marie-Pierre Boucher pour le compte de l'IREF, nous nous intéresserons aux impacts de la libéralisation sur le travail des femmes dans trois secteurs de l'économie: le commerce de détail, les services d'aides à domicile et les services de garde. Dans chacun des cas, nous chercherons à mettre en relief: 1) le rôle de l'État dans la reconfiguration du secteur; 2) la mise en place d'une dynamique de centrifugation de l'emploi vers les marchés périphériques du travail; 3) la multiplication des statuts d'emploi et la précarisation des conditions de travail.
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Trajectoires d'insertion en emploi à la suite d'un passage dans une entreprise d'insertion : une analyse intersectionnelleAnnabelle Seery (UdeM - Université de Montréal)
Les entreprises d'insertion sont au Québec des organisations reconnues pour leur façon de faire jumelant démarche socioprofessionnelle et réelle expérience de travail. Mais nous connaissons peu les trajectoires poursuivies par les personnes participantes dans les années suivant la fin de leur parcours. Quels types d'emploi occupent-elles? Quelles sont leurs conditions de travail? Comment perçoivent-elles leurs conditions de vie aujourd'hui? Nous présenterons les principaux résultats d'une recherche exploratoire menée auprès d'une quinzaine de personnes ayant complété leur parcours il y a entre 3 et 5 ans. Les constats faits prendront en compte divers facteurs d'exclusion, tels le genre, l'origine ethnique ou culturelle, l'âge et le statut d'immigrant, et ce dans un contexte de précarisation du marché du travail.
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Politiques publiques, protection sociale et progression de l'informalité : les conséquences de la précarisation de l'emploi sur la sociétéFrédéric Lesemann (INRS - Institut national de la recherche scientifique)
L'informalité du travail se développe dans des secteurs bien identifiés : construction, restauration, services de soins aux personnes (enfants, personnes âgées dépendantes), services domestiques, etc. Les politiques publiques de régulation du travail (salaire minimum, droit du travail, etc.) sont censées encadrer l'ensemble des activités de travail, mais on sait bien qu'elles n'y parviennent que partiellement. Ainsi, une partie importante de travail effectué par certaines catégories d'immigrants, de jeunes, de femmes, mais aussi de ‘jeunes retraités' échappe à cette régulation publique, et par conséquent à plusieurs des mécanismes de protection sociale. Quelles conséquences cette progression de l'informalité dans le travail risque-t-elle d'entraîner en termes de cohésion sociale, d'exercice de la citoyenneté, de qualité de la vie démocratique, d'une part, mais aussi de qualité des conditions de vie pour les populations concernées ?
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Discussion
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Dîner
Penser les dynamiques d'appauvrissement et de précarisation
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Du travail à la dette : une généalogie des rapports de possession et de dépossession des travailleurs pauvresAnne Lardeux (UdeM - Université de Montréal)
Notre époque contemporaine est marquée par l'emprise généralisée d'un capitalisme financier qui place la dette au coeur de toute production de biens et de services, asservissant ainsi les économies – quelle qu'en soit l'échelle (domestique; privée; publique; nationale et même fédérale) – à son principe exponantiel. Cette « économie de la dette» (comme l'appelle Lazzarato) entraîne une reconfiguration des rapports de pouvoir, notamment ceux qui prévalent à la disposition de l'ordre social du travail. Nous proposons ici, à partir d'entrevues conduites à Montréal auprès de « travailleurs pauvres », d'analyser les réalités que cette figure recouvre sous l'angle d'opérations de possession et de dépossession, de principes d'assujettissement et de résistance qui contraignent ou qu'élaborent ces travailleurs face aux injonctions d'un monde consumériste qui donne le pouvoir d'achat comme seul vecteur de richesse.
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En quoi les travailleuses et travailleurs pauvres, informels, à bas salaires, sont-ils acteurs des mutations?Carole Yerochewski (UdeM - Université de Montréal)
Comment penser les travailleuses et travailleurs pauvres, informels, à bas salaire, en tant qu'acteurs des mutations? Qu'apporte le fait de penser ces personnes comme des acteurs? Cette présentation proposera des outils conceptuels pour apporter un éclairage à des données empiriques provenant du travail informel et de diverses situations de travail précaire et dans l'économie solidaire. L'analyse articule actions individuelle et collective. Au niveau individuel, il s'agit de conceptualiser les travailleuses et travailleurs pauvres non pas comme des victimes ou des personnes qui ont des manques, mais comme des acteurs qui ont des besoins et des aspirations, mais qui sont privés de la possibilité de choisir leur projet de vie. Dès lors, on fait ressortir comment ces personnes sont prises dans les rapports sociaux de domination ; leur position est au cœur des arrangements institutionnels, et non à la marge. Au niveau collectif, parce qu'ils sont en réalité la pointe visible des mutations du travail et des réorganisations socio-économiques, l'éclairage proposé fait ressortir en quoi leurs luttes collectives sont porteuses de transformation des rapports sociaux et à quelles conditions.
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Discussion
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Pause
Pistes d'intervention et stratégies d'action
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45 ans de lutte pour l'accès des femmes au marché du travail : conséquences de la précarisation sur les stratégies féministes visant l'autonomie économique des femmesJennifer Beeman (Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail)
L'autonomie économique des femmes a toujours été considérée par les féministes comme une condition sine qua non de l'égalité des femmes. Dans notre société l'autonomie économique passe par l'accès au travail rémunéré. Les femmes ont toujours travaillé y compris de manière salariée, mais elles ont commencé à intégrer le marché du travail de manière marquée, croissante et permanente pendant les années 70. Les années 70 sont considérées comme marquant également le début de la précarisation grandissante des emplois. Pourtant, les dernières quarante années ne représentent que la flexibilisation des emplois. Des travailleuses ont mené des luttes acharnées pour améliorer leurs conditions de travail et ont fait de grands gains dans plusieurs secteurs de travail féminin. Cette présentation propose un portrait en nuance de la complexité des luttes des femmes par rapport au marché du travail et la précarisation du travail depuis 45 ans pour analyser les gains, les problèmes, les paradoxes, les zones d'ombre et les contradictions de ce domaine toujours fondamental pour l'autonomie et l'égalité des femmes.
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Au bas de l'échelle : défis actuels dans la défense des droits des travailleuses et travailleurs non syndiquésCarole Henry (Au bas de l'échelle)
Cette présentation situera d'abord Au bas de l'échelle en tant qu'organisation vouée à la défense de droits des travailleuses et travailleurs non syndiqués, ses interventions et les observations qu'elle est à même de faire de l'évolution de la situation de certaines catégories de travailleuses et travailleurs. Trois constats importants seront présentés : 1- l'insuffisance des salaires; 2- les disparités de traitement; 3- le vide juridique dans lequel opèrent les agences de placement temporaire et ses conséquences néfastes. Finalement, un regard critique sera posé sur les perspectives d'action pour le présent et le futur.
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Fragmentation productive, précarisation différenciée et action collective des travailleuses et travailleurs. Le cas emblématique des réseaux de services d'aide à domicile québécoisLouise Boivin (UdeM - Université de Montréal)
Les entreprises et l'État fragmentent la production et le travail par divers moyens (sous-traitance, agences de location de personnel, partenariats publics-privés, etc.) et certaines catégories sociales de travailleuses et travailleurs se retrouvent souvent confinées aux segments d'emploi les plus précarisés. Cette fragmentation productive permet la flexibilisation du travail par le contournement des droits du travail et du droit à l'égalité, construits sur le modèle de l'entreprise intégrée. Le cas des réseaux locaux de services d'aide à domicile au Québec apparaît emblématique de ces processus de précarisation. Ces réseaux locaux intègrent à la fois des organismes publics et des fournisseurs privés de services. À partir des résultats d'une étude de cas réalisée en 2011 dans le cadre de notre thèse de doctorat, notre communication traitera de certaines pratiques de représentation et d'action collectives qui ont tenté de dépasser la fragmentation organisée. Ces pratiques ont été menées par des associations d'usagers des services en collaboration avec des travailleuses employées dans le cadre du programme du Chèque emploi-service et par un syndicat regroupant des travailleuses d'agences. Nous chercherons à identifier le caractère innovateur de même que les limites des pratiques se déployant dans ce secteur d'emploi, espace historique de lutte autour de la (dé)valorisation du travail des femmes, où s'entrecroisent les rapports sociaux de sexe, de classe et la racialisation.
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Discussion
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Synthèse
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Mot de clôture