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Informations générales

Événement : 80e Congrès de l’Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

À une époque où les modes de communication technologiques bouleversent les activités tout autant que les façons de transmettre les passions en loisir, où les cloisons étanches entre le temps de travail et de loisir, entre l’espace privé et public s’amenuisent, ce colloque vise à susciter des réflexions sur les modalités de transmission et de circulation des savoirs par et à travers le loisir.

La circulation des savoirs équivaut à parler de la circulation des ressources et des capacités, mais aussi des codes et des règles. En effet, la transmission des savoirs par des activités de loisir met en perspective des liens entre donateurs et donataires à la base de formes de domination et/ou d’émancipation. Les changements dans la transmission des savoirs influenceront donc inévitablement les modes de reproduction ou d'innovation dans le loisir, engendrant tant des ruptures dans les pratiques que créant de nouvelles occasions d’échanges, de socialisation et de mise en commun des connaissances. La circulation des savoirs permet aussi à des intervenants du milieu social ou de la santé, de soutenir des pratiques de loisir possédant une valeur intégrative et renforçant des processus d’insertion et d’empowerment.

La question peut être abordée sous plusieurs angles : rôle de la technologie dans la transmission des savoirs et des passions en loisir, circulation des savoirs et des formes d’émancipation et de reconnaissance, circulation des savoirs entre pratiquants et administrateurs, mise en place d’activités intergénérationnelles, transmission et communautés (famille, groupes de pairs, associations), évolution des modes de socialisation, déplacement des frontières entre les classes, les nations et les individus, loisir et marqueurs identitaires, etc. Le colloque devrait donner lieu à des propositions de transmission des savoirs « pratiques » (ex. les connaissances des personnes engagées dans des activités) autant que des savoirs « savants » (ex. théoriques).

Dates :
Responsable :

Programme

Communications orales

Transmission des savoirs : loisir et santé

  • La transmission de l'information pour favoriser la participation des aînés à des activités de loisir
    Julie Beauchamp (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    La pratique d'activités de loisir significatives fait partie des bonnes habitudes à prendre dans l'amélioration de la qualité de vie et du bien-être. La problématique se retrouve dans la transmission de l'information et le manque de connaissance quant aux offres de services disponibles pour la population aînée. Trois théories: la théorie de la continuité, de l'optimisation sélective avec compensation, et celle de l'innovation, permettront de comprendre les comportements participatifs des aînés à des activités de loisir. Les concepts étudiés sont la participation, l'éducation au loisir et les stratégies du marketing des services. Le focus de l'analyse sera mis sur les motivations et les contraintes pouvant amener l'individu à ne pas participer. L'éducation au loisir est une approche qui regroupe quatre composantes : 1) la conscience de soi, 2) la conscience du loisir, 3) les compétences en loisir et 4) les ressources en loisir, cette approche vise une amélioration de la qualité de vie à travers le loisir. Dans les stratégies du marketing des services, l'analyse porte sur l'offre de service et le mix de communication. Ces concepts s'articulent dans une dynamique action-réaction où les offres de services sont construites à partir des principes directeurs de l'éducation au loisir et le mix de communication est conçu afin de refléter les valeurs véhiculées dans l'offre de services et ce, afin de favoriser la participation des aînés.

  • Partenariat public-privé : une solution au transfert des connaissances en matière de milieu de vie?
    Marie-Eve Bédard (CSSS - IUGS - Centre de santé et des services sociaux - institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke)

    L'animation des milieux de vie permet d'améliorer la qualité de vie des aînés hébergés. Cette recherche visait à évaluer les effets de la formation dela Fédérationquébécoise du loisir en institution (F.Q.L.I.) dans les résidences privées pour les aînés. Cette formation, basée sur un guide, présentait les éléments nécessaires pour bâtir une offre de service en loisir et en activité physique. Les objectifs de l'étude étaient: 1) identifier les éléments retenus par les propriétaires; 2) identifier les changements qui ont été apportés, qui sont planifiés ou désirés dans la résidence; 3) identifier les facteurs qui ont pu faciliter ou limiter la mise en place de changements. La population à l'étude était composée des huit propriétaires de petites et moyennes résidences privées ayant suivi la formation. Les résultats ont permis de constater qu'une formation de trois heures est insuffisante pour engendrer des changements d'ordre physique et organisationnel dans les milieux. Toutefois, la présence d'un partenariat public-privé (entre le CSSS et la ressource privée) pour le transfert des connaissances (coaching) en matière de milieu de vie est très importante. Les recommandations et les limites de cette recherche vont dans le sens qu'il faut assurer un suivi aux propriétaires et aux intervenants des résidences privées à la suite de la formation pour favoriser une meilleure intégration des connaissances, les soutenir dans la mise en place des changements,... d'être mieux outillés !

  • Éducation au loisir, transmission de connaissances et populations vulnérables
    Julie BEAUCHAMP (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Marie-Eve BÉDARD (UdeS - Université de Sherbrooke), Hélène Carbonneau (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    Le loisir a été démontré comme contribuant non seulement à la qualité de vie mais aussi à la santé physique et mentale des personnes fragilisées par la maladie ou la perte d'autonomie. Douglas et al (2008) expliquent que le loisir permet non seulement à ces personnes de se divertir, il est aussi porteur d'espoir, d'opportunités de reconstruction de l'identité et de contextes favorables à l'adaptation personnelle. Pourtant, plusieurs personnes vulnérables demeurent avec une participation en loisir très limitée. Cette table ronde aborde le rôle de l'éducation au loisir dans ce contexte. Julie Beauchamp traitera de la pertinence de considérer les principes de l'éducation au loisir dans l'élaboration de l'offre de loisir, Marie-Ève Bédard abordera la question du « coaching » dans le soutien à la mise en place d'une milieu de vie propice au loisir en centre d'hébergement et Hélène Carbonneau discutera des facteurs déterminants de la mise en œuvre d'une approche d'éducation au loisir auprès de personnes en perte d'autonomie.

  • Éducation au loisir : facteurs déterminants de son efficience
    Hélène Carbonneau (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    Plusieurs auteurs ont développé le thème de l'éducation au loisir. Les fondements de l'éducation au loisir ont été largement décrits (Mundy,1998). Certains ont mis en évidence l'importance de s'attarder à cette question en particulier auprès des personnes ayant connu une perte d'autonomie (Wise et al, 2010). D'autres ont relaté les bienfaits de l'éducation au loisir pour certaines populations (Carbonneau, 2011, Desrosiers et al, 2007, Nour et al. 2000). Il importe de s'attarder non seulement aux fondements et au contenu mais aussi de mieux comprendre les processus en cause pour mieux saisir les facteurs déterminants de l'efficacité de l'éducation au loisir. Savoir comment le transfert d'information permet un véritable changement est essentiel pour mieux mettre en application un programme d'éducation au loisir. À partir d'études de cas réalisées auprès de personnes ayant subi un traumatisme crânien, cette présentation veut permettre une réflexion sur certains facteurs qui pourraient favoriser l'efficience de l'éducation au loisir et mener à une pratique récréative plus significative et satisfaisantes pour les personnes fragilisées. Des éléments liés au message, à l'approche de l'intervenant ainsi qu'à l'attitude des participants à l'égard de la démarche d'éducation au loisir seront considérés dans cette réflexion.

  • Travail et loisir(s) : quand travail et loisir(s) se co-fondent et se confondent
    Ghizlaine Lahmadi (CNAM - Conservatoire national des arts et métiers)

    A l'aube du 21ème siècle, faut-il créer une société de loisirs qui soit distincte d'une société du travail ? Quels enjeux à décloisonner, au fond, ces deux sociétés que tout semble aujourd'hui rapprocher et séparer à la fois ? D'un côté, mécénat, stratégies culturelles développées par certaines pratiques managériales, empiètement de la culture dans le monde des affaires, impact culturel et social des comités d'entreprise à l'instar du modèle français, aspirent à rapprocher ces deux sphères. De l'autre, réduction du temps de travail, intensification de ce dernier et radicalisation des nouvelles formes d'organisation, amènent les individus à vouloir séparer de plus en plus leur temps de travail de leur temps de loisir. Un retour aux origines de la notion de travail et de ses acceptions va nous aider à mieux comprendre le sens et la valeur donnés au travail, du Moyen Age à aujourd'hui. Puis, à partir d'une étude sur les loisirs du Moyen Age, nous développerons une idée novatrice sur la notion de travail. Nous tenterons de montrer que toute société qui pense parvenir à cloisonner ces deux sociétés et à idéaliser une société du loisir à part entière, se suffisant à elle-même, est vouée à l'échec. Lorsque ceux-ci sont amenés à s'épouser, ils se co-fondent et parfois même se confondent aux travers d'initiatives exemplaires, faites de richesse et de potentialités infinies. Un exemple, un projet de comédie musicale qui a fédéré quelques 160 employés illustrera le propos.

  • Futurs enseignants et enfants : une vision partagée des loisirs?
    Christine Maintier (Université François Rabelais Tours)

    La période qui a suivi la seconde guerre mondiale a amené une multiplication des propositions de loisirs sportifs et culturels, alors que les dernières décennies ont vu apparaitre les outils médiatiques technologiques (ordinateurs familiaux, Internet, télévision satellitaire …). Notre propos est ici de questionner 2 populations amenées à se croiser : celle de 132 étudiants, futurs enseignants du 1er degré et celle de 219 enfants d'écoles primaires. Traditionnellement le rôle de l'enseignant est de transmettre un savoir et de faire émerger un état d'esprit dont il est censé être un représentant : celle d'un esprit curieux, consommateur régulier d'objets et lieux de connaissances. On attend de lui qu'il incite à la démocratisation de la culture. Les pratiques actuelles de loisirs répondent-elles encore à ses règles implicites ? Jusqu'à quel point existe-t-il désormais une homogénéité des pratiques de loisirs entre enseignants et élèves ? Les résultats mettent en évidence que les loisirs médiatiques représentés par la télévision et l'ordinateur sont désormais parmi les choix privilégiés, accompagnés toutefois par la lecture. Le loisir en « chambre » est communément adopté quel que soit l'âge. Les effets de genre sont également présents : plus ludiques pour les jeunes hommes et plus « intellectuels » chez les femmes. On peut légitimement s'interroger sur les pratiques de transmission d'une population d'enseignants, fortement marquée par l'usage de la télévision et d'Internet

  • Échanger nos expériences à travers la marche
    Sylvie Miaux (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    À l'heure où nos villes opèrent une transition vers les transports durables en privilégiant la complémentarité entre le transport en commun et les transports actifs, des habitudes de vie favorisant la sédentarité sont remises en question. Les caractéristiques de l'environnement sont aussi déterminantes dans le fait de marcher ou de faire du vélo. Les quartiers résidentiels dépourvus de services, de commerces, d'activités de loisirs n'offrent aucune stimulation à marcher. Il en est de même pour les quartiers où le monopole de l'automobile rend vulnérables les piétons et cyclistes. Certains proposent de mener un travail sur l'aménagement de l'espace urbain afin d'augmenter le transport actif en renforçant la connectivité d'un espace, la mixité des fonctions et la sécurité des déplacements afin d'inciter les citadins à préférer la marche, le vélo à l'automobile pour leurs déplacements de proximité. Ces mesures sont-elles suffisantes pour inciter les citadins à changer leurs habitudes? Ne faudrait-il pas davantage travailler sur la question de l'engagement dans la pratique de la marche et du vélo pour initier le changement de pratique? C'est à partir de l'analyse de l'expérience de la marche de différents citadins de trois arrondissements montréalais, aux caractéristiques sociodémographiques et spatiales différentes, que nous analyserons les paramètres favorables à l'engagement ou au contraire au désengagement pour la marche.

  • Le Pardon de la batellerie : dernier lieu de sociabilité pour le groupe des artisans bateliers
    Charlotte Paul (IFSTTAR - Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux)

    Les artisans bateliers, en raison du caractère itinérant de leur profession, ont peu l'occasion de rencontrer des individus.Le groupe professionnel des artisans bateliers est doté d'une forte identité culturelle. Certains d'entre eux se réunissent une fois par an lors d'une fête traditionnelle de la profession, appelée « Pardon de la batellerie ». C'est l'occasion pour les bateliers de se mettre en règle avec les pratiques religieuses. Cette manifestation, durant 1 à 3 jours, se déroule dans les villes dites batelières, en général dans le nord de la France. Ce travail met en lumière le dernier espace physique d'échanges des artisans bateliers depuis l'arrêt en 2000 (libéralisation du transport fluvial) de la bourse d'affrètement, principal lieu de rencontres des bateliers. Il s'agit de montrer que cette fête est un véritable vecteur de sociabilité. Elle est fréquentée principalement par des bateliers et c'est bien cet entre-soi qui permet de renforcer leur identité professionnelle et culturelle. En effet, elle est l'occasion avant tout d'échanger des informations de type commercial, de partager les difficultés communes et de transmettre des savoirs pratiques à travers les anecdotes de navigation racontées.

    L'entre soi crée également du lien social pour cette profession disséminée sur l'ensemble des voies navigables. Cette manifestation permet aussi la circulation d'informations de type privé et permet de rompre avec un fort isolement social et même familial.

  • Réduction des risques liés aux usages de drogues dans les free parties : le rôle des savoirs
    Nathalie Plouchard (EHESS - École des hautes études en sciences sociales)

    Nombre de sociologues ont postulé un rapport de causalité entre la pratique de certains loisirs chez les jeunes et la prévention et la réduction des délinquances et déviances juvéniles. Ce rapport causal entre loisirs et remédiation sociale a été relativisé par de nombreux. C'est le cas notamment pour le sport dont les effets positifs en termes d'insertion et d'intégration ont été révisés. Des politiques publiques s'appuient pourtant encore sur ce postulat pour valoriser certaines pratiques sportives en tant que remèdes efficaces contre différentes formes de désocialisation. Notre approche consistera à nous intéresser au rapprochement entre loisirs et valeurs intégratives par le biais de la transmission de savoirs autour des aspects socio-sanitaires d'une pratique culturelle. Nous nous interrogerons en effet sur les possibilités de cette transmission dans le cadre du travail d'intégration – tant sur le plan sanitaire que social, des dispositifs de prévention et de réduction des risques (RDR) liés aux usages de drogues dans les free parties. Autour de ces manifestations festives, dansantes et musicales, s'est constituée une communauté de participants dont les comportements et les normes, désignés comme déviants, sont vivement controversés en France depuis les années 2000. Comment des savoirs et des savoir-faire à visée intégrative peuvent-ils circulent et se construire dans mais aussi par un loisir dont les participants sont stigmatisés pour leur déviance ?

  • La circulation des connaissances, l'usage des licences libres : entre loisirs et pratiques professionnelles, les exemples de Sésamath, Videolan, OWNI.
    Clément Bert-Erboul (Laboratoire Clersé)

    À partir d'une enquête de terrain, cette étude développe la notion de carrière dans sa dimension processuelle et collective, pour décrire des groupes produisant des contenus numériques sous licences libres. Les collectifs numériques sont des organisations remarquables par la diversité de leurs contributeurs à la fois bénévoles et salariés, amateurs et professionnels, réguliers ou passagers, souvent d'origines géographiques et organisationnelles multiples. La coordination des acteurs composant ces groupes apparait comme une véritable gageure. L'utilisation des licences libres sur les contenus produits collectivement semble avoir ouvert des opportunités de coopération singulière en dehors des voies tracées traditionnellement par le marché du travail et la hiérarchie bureaucratique. Espace de détente pour les uns, mouvement de revendication professionnelle pour les autres, les collectifs numériques sont un exemple l'effacement de la barrière entre travail et loisir initié par le numérique domestique. Notre analyse s'intéresse à la constitution et au maintien des activités des collectifs numériques producteurs de ressources sous licences libres sur une période de dix ans. La « carrière » telle qu'elle est conçue ici n'est pas exactement une succession de statuts, au sens de la sociologie du travail interactionniste (Hughes 1937), ni une progression au sens managérial, mais plutôt une succession d'associations entre acteurs au sens de la théorie de l'acteur réseau (Callon 1986).

Communications orales

Transmission des savoirs : loisir et sport

  • La pratique de loisir sportif risqué chez les adolescents et les hommes de 14 à 24 ans
    Emilie Belley-Ranger (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), David LECLERC (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    L'objet de la communication porte sur la transmission des savoirs lors de la pratique d'activités de loisir considérées comme risquées chez les adolescents et chez les hommes entre 14 et 24 ans.

    Bien que le loisir sportif puisse contribuer au bien-être et à la santé des individus, la prise de risque peut déboucher sur des conséquences dommageables. La prise de risque s'illustre bien souvent par les blessures encourues, et même les décès. Les coûts individuels liés à la santé de l'individu sont majeurs et se répercutent sur la famille et aussi sur la société. Plusieurs facteurs recensés dans la littérature expliquent pourquoi les hommes prennent des risques dans le cadre de leurs loisirs. Des facteurs externes comme la diffusion, la consommation de contenu dans les médias et les médias sociaux et leur infleunce en font partie. L'influence des pairs y est également abordée. Il est convenu qu'une culture du risque dans l'environnement du pratiquant peut l'inciter à prendre des risques. Or, à la lumière des entretiens réalisés dans le cadre de la recherche, il est intéressant de constater que les pairs n'ont pas qu'une fonction amplificatrice des facteurs de risques, mais aussi de protection.

  • La pirogue polynésienne : un vecteur sémiotique de la transmission des savoirs
    Yannick Brun-Picard (Collège Jacques Prévert Les Arcs)

    Aujourd'hui les pirogues sont des embarcations en carbone avec des bras de liaison en bois. La technicité des constructions contemporaines est associée à la tradition du travail du bois. Des jeunes rament avec des anciens. Une prière traditionnelle, est effectuée avant chaque compétition de pirogue. Ce loisir sportif imbrique des générations, une mémoire collective et des connaissances innées et d'autres acquises de haute technicité. Qu'elles sont les articulations de la pratique de la pirogue polynésienne, qui font de cette activité, de loisir sportif et de compétition, un vecteur sémiotique du partage des savoirs, des dynamiques sociétales et d'une forme de cohésion identitaire ? Après un rappel de l'implantation de la pratique de la pirogue polynésienne, les aspects de transmission et de partage de savoirs techniques, sportifs, culturels et sociétaux seront démontrés. Il ressort que la pirogue devient un vecteur relationnel, mémoriel, culturel et sociétal par lequel les rameurs s'intègrent à une conception ancestrale de la mer et des individus. Le schéma sémiotique se retrouve dans les pratiques comme l'aviron ou la voile en équipage. Les liens intergénérationnels, les partages d'expériences, l'intégration des techniques modernes de construction et la diffusion des progrès, tout en préservant la mémoire du bois, sont autant de démonstrations que la pirogue polynésienne pratiquée dans ces conditions est un vecteur sémiotique de la transmission des savoirs.

  • Circulation des normes et valeurs au sein d'une activité de loisir en processus de sportification : l'exemple du paintball
    Mylène Douet- Guérin (Université Descartes (Paris 5))

    Par l'étude du paintball, nous illustrerons les mécanismes opérants dans la transformation d'une pratique de loisirs en pratique sportive. Quels sont les facteurs intervenant dans cette métamorphose ? Surtout, est-il possible de noter des modifications dans les normes et les valeurs d'une pratique de loisir qui se sportifie ? Quel rôle joue l'institution dans ces mutations ? De quelle manière les pratiquants perçoivent-ils ces changements au sein de leur activité ?

    Il s'agira ainsi de porter notre attention sur ce processus de sportification pour rendre compte des mécanismes à l'œuvre au sein de ces règles et de ces codes.

    Cette analyse se centrera sur trois points principaux ; 1) l'entrée dans la pratique se réalise le plus souvent suivant le principe de la cooptation, il apparaît ainsi intéressant d'interroger ce caractère marginal du paintball, rejeté par l'institution ; 2) l'information qui circule au sein des paintballeurs se base généralement sur une communication qui repose sur Internet. Cette sociabilité électronique permet à chacun d'échanger des discours sur leur loisir ; 3) un des aspects de la sportification du paintball repose sur l'espace. Nous nous attarderons donc sur la modification spatiale du paintball pour dégager les innovations qui s'imposent aux pratiquants. Nous verrons ainsi que le développement du paintball repose sur les relations interpersonnelles qui associent l'institution, les pratiquants et les équipementiers

  • Analyse comparative du football et du twirling bâton, du point de vue de la circulation des savoirs, des rapports sociaux de sexe et de classe, et du processus de socialisation
    Dominique GOLAY (Haute école de travail social et de la santé - Lausanne), Christophe JACCOUD (christophe.jaccoud@unine.ch), Dominique Malatesta (Haute école de travail social et de la santé - Lausanne)

    L'analyse de deux types d'activités sportives juvéniles pratiquées dans des clubs amateurs et de proximité montre que les modes d'intégration des enfants à ces espaces collectifs de socialisation sont associés à trois variables principales: la sélection et la hiérarchisation (logique sportive institutionnalisée), la constitution d'un collectif (logique d'appartenance) et l'intégration de tous et toutes (logique sociale et sociopréventive). Si le sport, tout comme l'école, peut être considéré comme une instance de la reproduction des rapports de pouvoir, comme une institution de la disciplinarisation des corps et, bien entendu, une entreprise de sélection des individus, les clubs de sport sont également des espaces-temps de sociabilités (primaires et secondaires) et de circulation des savoirs et des opinions. C'est bien cette articulation que nous voulons aborder. La comparaison entre le football, sport identifié comme masculin, mondialisé, dont les clubs locaux sont très majoritairement composés de garçons, et le twirling bâton, féminin, méconnu, constitué d'une majorité de filles, permet une comparaison des modalités éducatives, en fonction 1)du type d'engagement corporel, 2)de la composition sexuelle des collectifs et 3)des valeurs exprimées par les milieux engagés (un entre soi féminin pour l'un et des références androcentrées pour l'autre).

  • La transmission d'un « esprit club » au sein d'associations sportives rurales : dynamiques et enjeux
    Clement Previtali (Laboratoire de sociologie et d'anthropologie)

    Cette communication a pour objectif d'analyser les différentes modalités de construction ou de déconstruction des « connectivités » à partir des clubs sportifs des villages ruraux. Les associations sportives, par les contacts sociaux organisés au sein de leur configuration, permettent aux adhérents d'intérioriser des savoirs spécialisés et d'incorporer un véritable univers symbolique. Cet « esprit club », fortement ancré au sein d'une culture populaire, est peu analysé sous le versant rural. Il joue pourtant un rôle fondamental pour les adhérents, contribuant au « processus de socialisation, d'acquisition, d'individuation, d'identification, de singularisation, de distinction, voire d'exclusion mettant en situation des personnes et/ou des groupes » (Callède, 2007). Par sa socialisation, puis par sa trajectoire sociale, l'adhérent incorpore un ensemble de manières de penser, de sentir et d'agir, qui se révèlent durables. L'esprit club permet d'intégrer un esprit de discipline et de développer un attachement au club à travers différents codes sociaux, comportements, obligations, et valeurs qui permettent à l'individu de construire des connectivités au sein de ce cadre. Dans cette communication, nous souhaitons 1) aborder l'étude du processus de transmission de l'esprit club et 2) démontrer que cette dynamique exerce une influence déterminante sur la structuration des connectivités / dé-connectivités ainsi que sur la pérennité des associations sportives rurales.

  • Pause
  • La difficile hybridation des connaissances au sein des sciences sport en France : l'interdisciplinarité, un mot d'ordre ou une réalisation effective?
    Philippe Terral (Université de Toulouse)

    Cette communication vise l'analyse sociologique de la construction des savoirs du monde sportif français et plus particulièrement de ceux produits et diffusés au sein de son espace universitaire : les STAPS. L'histoire de cette discipline révèle une préoccupation originelle de formation des professionnels de l'enseignement des sports notamment en vue de leur professionnalisation dans le cadre de l'éducation physique et sportive scolaire. Dans le temps, ses débouchés se sont diversifiés vers d'autres secteurs comme, notamment, l'entrainement sportif, la santé, le loisir. Aujourd'hui, les STAPS regroupent un ensemble très varié de formateurs et, de fait, de savoirs : des enseignants chercheurs de sciences extrêmement diverses (physiologie, bio-mécanique, psychologie, sociologie, histoire, droit, …) mais également des enseignants du second degré. Depuis son origine, cette discipline pose ainsi deux problèmes épistémiques majeurs : la question de la production d'une science « directement utile aux professionnels du sport » et l'enjeu de l'hybridation de cette pluralité de savoirs. Cette communication visera notamment à interroger la tension entre l'interdisciplinarité conçue comme « mot d'ordre » à des fins de gouvernance politique tant par des acteurs de la discipline que par les politiques de recherche actuelles et la réalité du partage de ressources issues de disciplines différentes (objets de connaissance, méthodes voire concepts et cadres d'analyse).

  • Les pratiques récréatives en espace de nature : quelle place pour la nature?
    Sarah-Jane Krieger (Cemagref)

    La notion d'acceptabilité sociale est couramment employée au sujet des enjeux de préservation des sites naturels. Elle motive des missions d'éducation et conditionnerait le respect des règles édictées et un certain consensus sur les politiques à mettre en œuvre. Pourtant cette notion tend à occulter le travail d'adaptation qu'opèrent les usagers à partir de leurs propres connaissances et expériences. Ainsi, en aval de la production des connaissances, normes et valeurs naturalistes qui président à l'identification des enjeux environnementaux, comment les usagers s'approprient, à travers leurs pratiques récréatives, les enjeux environnementaux ? Trois hypothèses ont été formulées pour répondre à ce questionnement général : une appropriation différenciée selon la sensibilité environnementale des usagers, selon les types d'usages observés et les normes collectives dont ils font l'objet, et selon les politiques de préservation mises en œuvre dans des contextes nationaux différents ; il s'agit dès lors de revenir sur le rapport entre pratiques récréatives, savoirs naturalistes et sensibilité environnementale. Les loisirs en espaces de nature peuvent être appréhendés comme vecteur d'une sensibilité écologique. En même temps, par leurs normes et valeurs, ces usages récréatifs peuvent s'éloigner des enjeux environnementaux définis par les écologistes. C'est dans cette relation de proximité-éloignement à la nature des usages récréatifs que s'inscrit ce questionnement.

  • (Dé)Légitimations des pratiques de nature et logiques identitaires : étude de cas dans un parc national en France
    Alessandro BERGAMASCHI (UNS - Université Nice Sophia Antipolis), Laura Schuft (UNS - Université Nice Sophia Antipolis)

    Dans le contexte d'un parc national, la mise en avant de certaines pratiques de nature « écologiques » (randonnée, escalade, canyoning) utilisées pour la promotion touristique du parc – s'est accompagnée de l'interdiction d'autres – les pratiques « traditionnelles » des locaux (chasse, pêche, cueillette), qui au cours des siècles ont joué le rôle d'activités symboliques permettant la constitution de la communauté locale. Cette réglementation formelle prend ainsi la forme d'une légitimation de savoirs, d'une définition de « bonnes » ou de « mauvaises » pratiques. Une telle (dé)légitimation, reflétant la volonté de groupes sociaux en position de pouvoir, est considérée comme une expression symptomatique de rapports sociaux de pouvoir. Les logiques identitaires des résidants, c'est-à-dire les définitions des « eux » face à des « nous », s'appuient en partie sur une dénonciation de ces revalorisations et légitimations par le parc des pratiques de nature. De tels processus rappellent les travaux sociologiques qui considèrent la manière dont les catégorisations identitaires et leurs « frontières » se créent précisément dans des rapports sociaux de pouvoir. Si les rapports sociaux présentés ici s'inscrivent dans une histoire et un contexte territorial particulier, cette étude de cas se veut une réflexion théorique sur la manière dont les rapports de pouvoir, exprimés par la légitimation de savoirs et de pratiques en particulier, participent à nourrir les logiques identitaires.


Communications orales

Transmission des savoirs : loisir et culture

  • Médias sociaux, microblogging et environnements personnels d'apprentissage : entre loisir relationnel et circulation du savoir
    Carsten Wilhelm (Université de Haute Alsace)
  • Expériences de loisir et transmission culturelle dans les quartiers populaires : le rôle des femmes
    Gilles Vieille Marchiset (Université de Strasbourg)

    Les différentes fractions populaires rencontrés dans les banlieues françaises (les omnivores, les précaires, les exclus) ont des expériences de loisir variées : les rapports à l'environnement, aux autres et à soi-même (notamment à son corps) sont vécus différemment dans les activités récréatives. Fortement marqués par un scepticisme vis-à-vis du loisir, les récits de vie recueillis dans sept quartiers en Franche-Comté laissent apparaitre des effets de génération et de contexte mêlant distanciation et aliénation. Dans cette situation, les grand-mères, les épouses, les jeunes mères et les ainées des fratries se démarquent par leur rôle dans la transmission en matière d'expériences de loisir. En donnant une signification positive au loisir - en terme d'intégration, de prévention de la délinquance, de réussite scolaire et sociale, ces femmes sont des passeuses de l'intérêt pour ces activités récréatives. Dans une optique anti-utilitariste, elles s'insèrent dans un processus de donation dans lequel donatrices et donataires restent actifs. Il s'agit d'abord d'un don de soi proche du sacrifice afin de transmettre une culture du loisir, sacralisée pour une réussite sociale dans le futur. Ce rôle de passation s'inscrit dans une chaine du don essentielle pour le développement du loisir populaire. Il montre la position subreptice mais aussi dominante de ces femmes en matière de transmission des expériences de loisir, nuançant par là même le mécanisme figé de la domination masculine.

  • L'amitié entre filles : une pratique de loisir comme une autre?
    Dominique Golay (Haute école de travail social et de la santé - Lausanne)

    Les relations d'amitié entre enfants font l'objet d'un travail de réflexion et d'élaboration au sein des groupes de pairs orientant les représentations et les pratiques enfantines en matière de sociabilités. Les représentations enfantines des relations amicales s'inscrivent ainsi dans une culture de pairs, soit dans un ensemble d'activités, de pratiques, de connaissances situées, de valeurs et de préoccupations produites et partagées dans et par les interactions entre pairs (Corsaro, 2005). La production et la circulation des savoirs au sein du groupe de pairs comprend, dès lors, deux aspects centraux : les connaissances situées et partagées relatives aux règles et aux catégories ; l'appréhension et la compréhension des rapports de force, des statuts ainsi que des enjeux relatifs au « choix » de ses sociabilités.

    L'amitié est appréhendée ici comme une activité de loisir, dans le sens où elle s'inscrit pleinement dans le temps libre des filles et où elle entre en concurrence, en termes de temporalité notamment, avec d'autres types de loisirs organisés. Si les loisirs sont constitutifs des identités sociales (Frønes, 2011), comment les pratiques amicales des filles contribuent-elles à former leur capital social et à permettre leur déploiement social ? Nous proposons d'analyser, dans cette contribution, les représentations et les pratiques relatives aux relations d'amitié entre filles en termes 1) d'émancipation et de reconnaissance et 2) d'intégration locale et sociale.

  • Dynamique de femmes en réseau : transmission des savoirs au sein de l'Aféas
    Cassandre Lambert-Pellerin (Université Laval)

    Lieux d'expression féminine à l'extérieur du cadre familial, plusieurs associations féminines, dont l'Aféas, ont au cours de l'histoire, contribué à l'émancipation de la femme. Comme la présente l'historienne française Michelle Perrot, la parole des femmes a traditionnellement été informelle, liée à la transmission orale des savoirs et savoirs faire, à la rumeur. L'appropriation d'un discours public par les femmes est donc au cœur du mouvement féminin parce qu'il est une manière de s'approprier le monde et de poursuivre une révolution symbolique inachevée. Si l'expérience des femmes engagées dans différents groupes féminins a déjà été abordée sous divers aspects, la notion d'éducation y a très peu été examinée. Au sein de l'Aféas, cette thématique est centrale parce que faisant partie de la mission principale de l'Association. La communication présente l'expérience et le discours sur l'acquisition, la transmission et la circulation de savoirs au sein de cette association. L'analyse des données démontrent que les femmes ont abordé le rôle de l'Aféas dans le maintien de leur goût d'apprendre, le développement de leur potentiel, le rayonnement des femmes dans leur communauté et dans le Québec en entier, l'apprentissage de l'ouverture sur l'autre et le développement d'un sentiment d'appartenance à un groupe. La notion de transmission est également traitée dans ses dimensions intergénérationnelle et intragénérationnelle.

  • La gestion des « bénévolats nouveaux » passe par le partenariat, le coaching et la transmission de la passion
    Julie Fortier (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), David LECLERC (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), André THIBAULT (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    Au Québec, l'action bénévole touche 37% de la population (ENDBP, 2009). Plusieurs organisations dépendent de l'engagement de bénévoles pour assurer leur fonctionnement et leur développement. Au cours des dernières années plusieurs changements se sont faits ressentir dans la pratique de l'action bénévole nécessitant un ajustement des façons de faire en développement du bénévolat et en soutien aux bénévoles. Ces caractéristiques des « bénévolats nouveaux » ont été questionnées en groupes de discussion et par le biais d'un sondage. Parmi les nombreux résultats, nous retenons dans le cadre de cette présentation ceux portant sur les fonctions de gestion à adopter, les compétences à développer et les formes de supervision et d'encadrement à privilégier face aux changements dans les pratiques de l'action bénévole. La supervision des bénévoles devrait davantage être un accompagnement de type « coaching » qu'un encadrement directif de type « contremaître ». Donner une rétroaction constante (feed-back) et transmettre la passion sont des façons de faire qui sont autant de façons d'être avec les bénévoles. La transmission de la passion devient primordiale dans un contexte où le bénévolat d'aujourd'hui repose sur le sentiment d'être directement concerné et la recherche de liens sociaux agréables. Cette approche semble cohérente avec les caractéristiques du bénévolat nouveau et probablement avec tous les bénévolats.

  • L'initiation au théâtre : les différents modes de transmission des savoirs autour de la pratique de spectateur et leur efficacité
    Morgane Maridet (Université Sorbonne-Nouvelle (Paris 3))

    Cette proposition concerne la place prise par l'initiation dans la construction du rapport au théâtre et son influence sur la « carrière de spectateur ». Plus qu'une transmission de savoirs en lien avec le contenu des pièces (connaissance des auteurs, des courants artistiques…), ce qui est déterminant pour l'instauration d'une pratique continuée de spectateur, c'est l'initiation aux règles, aux codes et aux rituels du théâtre et l'instauration d'un lien affectif entre spectateur et théâtre. Trois types d'initiation au théâtre peuvent influencer les carrières de spectateurs : la famille, l'école, et une initiation souvent plus tardive et se faisant hors de ces contextes d'éducation privilégiés. Le plus important dans cette transmission apparaît résider dans l'expérience affective autonome de l'individu. Néanmoins, la construction d'un rapport plus personnel au théâtre n'est pas réservée à un seul type d'initiation : ce qui semble en effet primer dans l'élaboration du statut de spectateur, c'est l'accumulation des expériences et l'influence des différents prescripteurs (parents, professeurs, amis, institutions…) qui font que l'apprenti spectateur s'attache plus ou moins au théâtre. Il s'agira donc ici de présenter quels semblent être les savoirs à transmettre pour favoriser l'engagement de l'apprenti spectateur dans sa pratique du théâtre, et sur quels modes, dans quels contextes leur transmission paraît être la plus efficace.

  • De l'usage des outils numériques par les musiciens traditionnels amateurs : enjeux de transmission
    Anne-Cécile Nentwig (Université de Grenoble)

    Le développement des outils numériques dans le monde musical a transformé les modalités de réception, de consommation et de pratique des musiciens amateurs. Modifiant l'organisation du monde musical et les relations habituelles entre artistes et public, les réseaux sociaux tels que Facebook ou Myspace impactent aussi sur les pratiques amateures. L'apport des réseaux sociaux, des blogs ou plus largement des outils du web 2.0 dans la compréhension d'un courant musical ne peut être négligé. De simples moyens de diffusion et de communication, les outils numériques ont largement participé aux transformations dans les manières de faire de la musique, de la vivre et de la partager. L'objectif de cette communication sera de comprendre, à travers l'analyse de l'appropriation des forums et des réseaux sociaux par les musiciens amateurs, la manière dont s'instaurent de nouveaux rapports à la musique, aux modalités de transmission de la passion, des connaissances et l'émergence d'une nouvelle forme de savoirs partagés. Il s'agira ici de se questionner sur la manière dont se passent les échanges d'informations, de savoirs tant techniques, théoriques que communicationnels.

    En nous appuyant sur notre travail mené auprès de musiciens traditionnels amateurs[1], nous questionnerons les modalités d'utilisation et d'appropriation de ces outils numériques favorisant les relations entre musiciens ainsi que l'émergence d'un ensemble de savoirs communs, d'une véritable « culture participative ».

  • Expériences de loisir patrimonial et circulation de savoirs
    Olivier Thevenin (Université Sorbonne-Nouvelle (Paris 3))

    Cette communication vise à expliciter différentes expériences de loisir patrimonial et touristique dans le contexte d'une visite de la Citadelle de Besançon. Celle-ci surplombe le centre urbain historique deBesançonet elle est classée au titre desmonuments historiquesdepuis 1942. Elle a obtenu en 2008 le labelPatrimoine mondial de l'UNESCOau titre de l'œuvre de Vauban, participe à la valorisation du patrimoine régional, national et international et dispose ainsi d'une envergure susceptible d'attirer de nombreux touristes. L'étude de sociologie des publics nous a conduit à prendre en considération plusieurs catégories de variables explicatives permettant de « mettre en miroir » les publics en regard des expériences culturelles et de loisirs. Les résultats indiquent que les attentes des visiteurs peuvent être réparties en 2 grands ensembles, le divertissement et l'envie de découverte et d'enrichissement culturel. En fonction du profil des visiteurs, de l'analyse de la réception de l'offre de la Citadelle et de la connaissance des motivations, nous souhaitons ainsi traiter des modes de socialisation et des modalités d'innovation de la circulation des savoirs des visiteurs locaux et des touristes en accordant une attention particulière aux effets de contamination de l'expérience patrimoniale.

  • Apprentissages et transmission traditionnelle des modes de vie chez les Batammariba du Nord-Togo

    Les Batammariba du Nord-Togo - « ceux qui façonnent la terre » - se définissent comme de grands bâtisseurs. Ils construisent notamment un type particulier d'habitat traditionnel, œuvre de l'esprit de création locale : la Takienta. Cette construction fait appel à des savoirs et savoir-faire particulièrement élaborés et à une rigoureuse division du travail. En 2004, le Togo inscrira ce paysage culturel sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO sous le nom de « Koutammakou, le pays des Batammariba ». Composé à la fois d'éléments matériels et immatériels, ce paysage est un exemple de parfaite symbiose entre l'environnement naturel et bâti et les populations qui y vivent. Cette inscription a conféré au site et à ses habitants une stature nationale et internationale. Elle va du coup avoir des influences sur le regard que les populations locales ont sur ce qui est leur patrimoine et qu'elles ont toujours pratiqué le plus simplement et le plus ordinairement par le passé. Désormais, leur terroir et toutes les valeurs qui y sont associées - notamment cet art de construire transmis de génération en génération qui le détermine et qui fait que le Batammariba est reconnu comme un grand maitre-mâcon, aura toute une autre dimension. Cette ambition à la patrimonialité mondiale influera sur la perception de ce patrimoine et le processus de transmission de l'art de construire la takienta.

  • Les enjeux de la transmission et de la circulation des savoirs dans la pratique du poker à l'ère du numérique : entre distinction et appartenance
    Jeanne Piedallu (Université Descartes (Paris 5))

    Les jeux de hasard et d'argent constituent un type de loisir marqué par une illégitimité sociale persistante. Toutefois, l'essor du poker en ligne au début des années 2000 participe d'une évolution du regard de la société à son égard. Nous nous sommes intéressés à la façon dont les joueurs manipulent les savoirs propres à cette activité ludique et au rôle de l'espace numérique dans la transmission et la circulation d'informations. Ces informations, selon leur vocation à être "montrées" ou "cachées" empruntent des canaux de diffusion particuliers et se destinent à circuler dans des réseaux d'acteurs biens distincts.Nous verrons aussi que le degré d'expertise du joueur lui confère un statut particulier dans le monde ludique auquel il appartient, notamment à travers l'identification des marqueurs de l'appartenance et de la distinction sociale. Une part importante est accordée à l'analyse des différents canaux d'apprentissage, aux interactions sociales liées à l'activité ludique et à l'influence de l'expertise. Nous avons pu mettre en évidence que la pratique du poker est initiatrice d'interactions en priorité avec les initiés, les connaisseurs. De cette façon, les joueurs évitent d'avoir à faire face à la désapprobation et au jugement social

  • Le musée comme expérience sociale
    Laura Giancaspero (Université Sorbonne-Nouvelle (Paris 3))

    Les musées restent demeurent fréquentés par une toute petite minorité. Comme Bourdieu l'avait déjà montré dans son enquête sur le public des musées européens, le profil du visitateur moyen se constitue, même à présent, de professionnels, diplômés, experts et amateurs, avec des revenus plutôt hauts. Par conséquence, la majorité des citoyens est exclue de l'accès à une pratique de loisir très importante, ainsi qu'à l'art et aux contenus dont elle est porteuse. Être éloigné de la culture et du savoir en général, représente une des formes les plus tenaces d'exclusion. Suivant Amartya Sen, le concept de pauvreté ne se définit pas seulement en termes de biens matériels, mais plutôt dans la plus ample perspective de capital humain. L'économiste indien propose d'étudier l'indigence, la qualité de vie et l'égalité, en analysant la chance de l'individu de vivre des expériences auxquelles il donne un jugement positif, tel qu'il puisse participer à la vie de la société et y trouver sa réalisation. L'idée qui anime cette proposition d'intervention, est celle de soumettre à l'attention de la communauté scientifique, le réseau des dispositifs de démocratisation culturelle, dans lesquels les institutions culturelles et celles d'action sociale sont impliquées. Ces dispositifs donnent aux musées un rôle actif dans la société en le libérant de sa connotation économique et en lui accordant une mission très concrète dans le cadre de la circulation des savoirs.

  • Transmission des savoirs et non-public : même combat?
    Jason LUCKERHOFF (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Pascale MARCOTTE (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Myriam Thériault (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    Dans le milieu culturel, le discours gouvernemental et institutionnel des quarante dernières années, aussi bien au Québec qu'en France, a été consacré à la réduction des obstacles, essentiellement économiques, entre les créateurs, le lieu de diffusion et la population non initiée aux arts légitimes. Très peu de contributions scientifiques se sont intéressées au non-public et aux mécanismes de médiation culturelle. Quand il s'agit de comprendre ces "exclus", les modalités de transmission des savoirs -autres que par la voie officielle de l'État et de l'éducation, peuvent toutefois s'avérer une piste à explorer. Cette proposition vise à synthétiser les écrits récents sur la compréhension des non-publics de la culture. Cette nécessité est d'autant plus présente devant la désertion relative des institutions culturelles. En effet, les Québécois, et les jeunes particulièrement, ont désormais des habitudes de participation culturelle diversifiées et composées de plusieurs univers culturels à la fois. Ils sont à la fois publics et non-publics de l'offre culturelle institutionnelle. La trajectoire culturelle et l'homogénéité des publics sont bouleversées, mais semblent se stabiliser lorsqu'on avance en âge ou on augmente le degré de scolarité.

  • Le recyclage des compétences dans la sphère du loisir : des profits à moindre frais
    Michel Koebel (Université de Strasbourg)

    Cette communication se propose d'explorer dans quelles circonstances et selon quelles logiques les compétences – en particulier professionnelles – des membres d'un club de plongée vont être sollicitées et/ou utilisées dans les différents moments de l'organisation de la vie du club : les formations internes, les groupes thématiques, les moments de convivialité. Les risques d'accident de plongée – omniprésents et constamment rappelés – ont pour effet de renforcer la solidarité entre plongeurs et de valoriser d'autant plus ce « recyclage » de compétences souvent acquises ailleurs.

    Seront explorées les raisons qui poussent les personnes concernées à effectuer un tel recyclage, dans une confrontation entre raisons invoquées et raisons objectives issues de l'analyse des positions occupées et des trajectoires externes et internes au club (comme l'acquisition d'une position symboliquement plus avantageuse au sein du club face à une position plus dominée dans le milieu professionnel versus la volonté affirmée « d'aider les autres » en leur faisant profiter de ses compétences).

    Sur le plan méthodologique, l'analyse s'appuie sur une observation participante du chercheur (membre de ce club depuis 18 mois et en phase d'observation active depuis 3 mois) et sur des entretiens semi-directifs avec plusieurs membres du club choisis pour l'exemplarité de leurs positions au regard de l'objet étudié.