Informations générales
Événement : 80e Congrès de l’Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :La production scientifique s’inscrit de plus en plus dans un espace de communication des savoirs où les frontières existantes sont extrêmement poreuses. Les réalités de l’interdisciplinarité s’ajoutent au contexte de mondialisation et modifient ainsi passablement le travail des scientifiques. De nouvelles revues scientifiques ont vu le jour et accueillent dans leurs pages des chercheurs de différents horizons disciplinaires. Malgré ces échanges transdisciplinaires et transcontinentaux, il demeure néanmoins que les modèles de reconnaissance du travail de qualité font de la publication en anglais non seulement un must, mais la seule avenue de reconnaissance et de promotion pour les chercheurs. Certains craignent que le tout-à-l’anglais conduise à un monolinguisme scientifique et à un appauvrissement d’une réflexion scientifique approfondie, alors que d’autres voient plutôt l’émergence de cette lingua franca des milieux de la recherche comme la seule façon, ou du moins la plus efficace, de faire avancer les connaissances. Existe-t-il une façon spécifique de produire des connaissances scientifiques selon que l’on appartienne à un espace linguistique plutôt qu’à un autre? Ces chercheurs qui publient en anglais, mais qui proviennent des autres espaces linguistiques, apportent-ils des contributions distinctes aux savoirs scientifiques diffusés largement dans l’espace anglophone? Quid de l’espace francophone et des autres espaces linguistiques? En somme, la production scientifique est-elle influencée par le contexte linguistique de provenance des chercheurs?
L’objectif de ce colloque est de lancer une réflexion autour de ces questions en invitant des chercheurs de différentes disciplines à en débattre. Le colloque s'articule autour d'une série de tables rondes où des chercheurs présentent leurs réflexions à ce sujet.
Date :Programme
Ouverture du colloque
Production de la pensée : genèse, mode de pensée et mise en oeuvre de l'acte de recherche
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Le français à la bourse des langues sur le marché scientifiqueJustin Kalulu Bisanswa (Université Laval)
Il s'agira de montrer que le prestige d'une langue est lié à la puissance économique du pays, et que la défense de la langue française passe aussi par la connaissance de l'anglais.
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Les langues de la vérité : éthique et politique des langues de savoirChristian Puech (Université Sorbonne-Nouvelle (Paris 3))
Sommes-nous capables de mesurer exactement les conséquences intellectuelles et socio-politiques d'une science devenue monolingue ? N'en exagérons-nous pas les dangers sans pouvoir vraiment les localiser ? Qu'y aurait -il d'inédit - historiquement - dans cette situation ? À partir d'exemples actuels ou passés empruntés à des domaines de savoir différents, on tentera d'approcher les conditions permettant de répondre à ces questions.
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La « glocalisation » des savoirs entre reconnaissance institutionnelle standardisée et contextualisation des espaces linguistiques : La réponse du GERFLINT.Serge Borg (Université de Franche-Comté)
Véritable laboratoire mondial d'édition scientifique plurilingue en réseau, mais aussi centre de formation à la pensée et à l'écriture scientifique, le GERFLINT (www.gerflint.eu) est constitué d'équipes de chercheurs en sciences humaines sur les cinq continents qui se consacrent à l'élaboration d'une revue nationale ou à visée régionale (34 à ce jour) nommée Synergies suivie du nom du pays ou groupe de pays : Synergies Brésil, Italie, Synergies Monde Méditerranéen, Pays de la Baltique, du Mékong... A partir de comités de rédaction locaux et d'un conseil scientifique supérieur et d'orientation international, la production des savoirs scientifiques se conjugue, se décline et se diffuse sur le registre d'un plurilinguisme fonctionnel qu'affiche la politique éditoriale des revues. Leur présence très importante au niveau des catalogages, des indexations, des répertoires de bases de données et dans les moteurs de recherche spécialisés, attestent leur reconnaissance institutionnelle, académique et dans la communication scientifique internationale au plus haut niveau. Depuis sa création en 1999, l'impact quantitatif du GERFLINT s'est traduit par la publication de 137 numéros, 3140 articles et plus de 15 millions de pages francophones.
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Période de questions
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Pause
Production et formation : aspect pédagogique et didactique
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La langue française dans l'enseignement supérieur en AlgérieKhaoula Taleb Ibrahimi (Université d'Alger)
L'Algérie est, certes, de par le nombre des locuteurs effectifs et/ou potentiels en langue française, un des plus grands pays francophones mais elle n'a pas adhéré au mouvement international (elle n'y est présente que comme observateur depuis le début des années 2000) alors même que la langue française occupe une place particulière et singulière dans les usages sociaux et surtout, pour ce qui concerne notre propos, dans les institutions de formation de l'enseignement supérieur.
Nous nous attacherons, donc, à mettre en évidence la place qu'occupe la langue française dans ces institutions. Dans un premier temps, nous exposerons le rôle complémentaire de langue de référence et de documentation que joue cette langue dans les formations en sciences sociales essentiellement dispensées en langue arabe puis dans un deuxième temps, nous attarderons sur les formations en sciences dites dures qui, elles, sont exclusivement dispensées en langue française pour nous interroger sur l'articulation de ces formations avec les pré-requis des étudiants qui ont, depuis la fin des années quatre-vingt, suivi leur formation dans le cycle secondaire complètement arabisé. Il s'agit, donc, de penser et réaliser tout un processus de recyclage de ces étudiants en langue française pour leur permettre de parachever leur formation supérieure initiale. Ce sont les questions d'ordre pédagogique et didactique qui sont liés à ce processus qui feront l'objet de notre intervention.
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Former nos étudiants (francophones?) à communiquer (en anglais?) : un peu, beaucoup, passionnément … pas du tout?Gail Taillefer (Université de Toulouse)
Parole de prof (anglophone) : le défi que pose cette question est de taille, sachant que langue et culture sont liées de manière intrinsèque. Sont en jeu la formation des enseignants (y compris universitaires), les modèles d'enseignement/apprentissage dans leur contexte institutionnel et les différents domaines disciplinaires, y compris linguistiques. Des modèles de pratiques efficaces existent, mais en tirer profit exige une prise de conscience objective par l'ensemble des acteurs aux niveaux non seulement linguistique, mais également (socio-)culturel, politique et pragmatique. Dans l'esprit du Cadre européen commun de référence pour les langues (Conseil de l'Europe, 2001), « je peux… ».
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Quelle place pour le français aux cycles supérieurs?Robert Vézina (Conseil supérieur de la langue française)
De quelles façons le contexte actuel d'anglicisation croissante des communications scientifiques contribue-t-il à transformer les pratiques linguistiques des étudiants aux cycles supérieurs dans les universités de langue française ? Comment perçoivent-ils la place du français et de l'anglais dans les sciences ? Dans cette communication, nous nous intéresserons à la rédaction du mémoire et de la thèse, qui constitue un aspect fondamental de la formation à la recherche de ces étudiants. Nous présenterons des résultats tirés d'une analyse linguistique de l'ensemble des mémoires et thèses déposés dans trois universités francophones québécoises, en 1998 et en 2008. Nous discuterons également de différentes idées exprimées à ce sujet par des étudiants interviewés dans le cadre de groupes de discussion.
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Période de questions
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Dîner
Production et diffusion : dimension sociologique et dimension politique
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Les effets de la traduction en sciences socialesYves Gingras (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Plusieurs organismes de recherche français semblent croire qu'il suffit de traduire un texte en anglais pour asurer sa visibilité “mondiale”. Or, les sciences sociales et humaines ayant un ancrage local plus grand que les sciences naturelles, rien n'assure que ces traductions trouveront un “marché” nouveau et auront vraiment un effet. De plus, l'obsession de la “visibilité internationale” peut avoir des effets pervers et faire oublier la fonction sociale des revues nationales de sciences sociales. Sur la base d'une étude empirique de la langue de publication des articles français en sociologie et en démographie, nous illustrerons les effets prévisibles de la course vers la publication en anglais.
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Les choix de politique linguistique universitaire : convergence des débats ou non? Analyse comparée des enjeux en français, en anglais et en allemandFrançois Grin (UNIGE - Université de Genève)
La question des langues de l'enseignement et de la recherche a acquis en fort peu de temps le statut d'une question brûlante, comme en témoigne la multiplication des publications et colloques sur ce thème en moins d'une décennie. Toutefois, de nombreux acteurs (chercheurs, instances de coordination interuniversitaires, sociétés savantes, organes de financement de la recherche) semblent aborder le sujet en tenant relativement peu compte des travaux déjà des lancés par ailleurs. Ce foisonnement de travaux et d'activités converge-t-il vers quelques idées-force ? Y a-t-il au contraire dispersion et émiettement ? S'il n'est guère possible, sauf à se lancer dans un bilan encyclopédique des travaux, de prétendre dégager une vision d'ensemble, on peut toutefois essayer de repérer quelques convergences et divergences entre différents groupes de travaux. Dans cette présentation, on tente l'exercice à partir d'une comparaison, réalisée sur mandat de la Délégation à la langue française de Suisse romande, entre des travaux produits en langue française, anglaise et allemande.
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La publication numérique au service de la communication scientifique en françaisGérard Boismenu (UdeM - Université de Montréal)
La place de la langue française de la communication scientifique sera considérée en référence aux revues savantes en Sciences humaines et sociales. L'analyse des plateformes de revues en langue française servira de point de départ aux remarques sur la place du multilinguisme et de langue française en particulier, dans la diffusion du savoir. Parmi ces plateformes, seront retenus en particulier Érudit et Cairn. D'autre part, les classements des meilleures scientifiques aussi bien à l'échelle européenne qu'en France, permettront une mise en perspective utile.
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Période de questions
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Pause
Politiques linguistiques institutionnelles : expériences in vivo
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Le défi du plurilinguisme!Virginie Mesguich (Agence universitaire de la Francophonie)
Depuis sa création en 1559, l'Université de Genève n'a cessé de s'ouvrir sur le monde, et d'accueillir des étudiants venant des quatre coins de la planète. Aujourd'hui, avec plus d'un tiers d'étudiants étrangers, sa population reflète parfaitement l'environnement multiculturel de la « Genève Internationale ». Dans sa mission de formation, l'Université de Genève entend préparer ses étudiants au monde globalisé qu'est le notre, et bien que francophone, elle doit s'adapter à l'évolution des besoins de la société, garantir la qualité de son enseignement et offrir les meilleures conditions d'études possibles à ses étudiants. C'est pourquoi l'Université de Genève a inscrit dans son plan stratégique la mise en œuvre d'une politique des langues visant à favoriser chez l'ensemble des étudiants un plurilinguisme de haut niveau.
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Transcender les barrières linguistiques dans la recherche en sciences sociales en Afrique : l'expérience du CODESRIABernard Mumpasi Lututala (Council for the Development of Social Science Reseach in Africa (CODESRIA))
Cette présentation expliquera comment les chercheurs francophones, anglophones, lusophones et maintenant arabophones sont impliqués dans les activités du CODESRIA ; les raisons de cette approche, et bien sûr les difficultés rencontrées, notamment les inégalités dans les backgrounds en matière de recherche, l'absence de financement pour prendre en charge les besoins des communautés particulières, et les coûts liés à la traduction des documents.
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Les politiques linguistiques universitaires : un encadrement à parfaire?Monique C. Cormier (UdeM - Université de Montréal)
Le 1er octobre 2002, la Charte de la langue française imposait à toutes les universités québécoises de se doter d'une politique linguistique avant le 1er octobre 2004. Dans quel contexte de telles politiques sont-elles devenues obligatoires ? Que comportent-elles ? Quels défis leur application pose-t-elle à l'heure de l'internationalisation des universités ? Comment rendre cet encadrement plus efficace ? C'est à ces questions que nous tenterons de répondre.
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Période de questions
Synthèse
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SynthèseMarc Cheymol (AUF - Agence universitaire de la Francophonie)