Informations générales
Événement : 80e Congrès de l’Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :La maternité est une construction sociale qui varie dans le temps et dans l’espace. Au Québec, comme dans l’ensemble des sociétés occidentales, on peut identifier un discours dominant et institutionnalisé, qui s’inspire d’une vision idéalisée de l’expérience de femmes américaines-européennes, blanches, hétérosexuelles, de classe moyenne, et qui la présente comme naturelle et universelle. Ce discours contribue à la régulation des femmes et de leur maternité, en les désignant comme ultimement responsables de la santé et du bien-être de leurs enfants et en leur imposant un ensemble des règles et de normes auxquelles elles doivent obéir pour être perçues comme de « bonnes » mères. Cet ensemble de règles et de normes est généralement établi par des « experts » sur le développement des enfants, puis intégré dans les politiques et interventions sociales. Malgré ceci, les femmes ont des expériences différentes de la maternité. Si les femmes ne peuvent échapper au discours dominant, certaines femmes peuvent néanmoins remettre en question certains éléments de ce discours ou y résister. Dans certaines circonstances, la maternité peut aussi être un lieu de pouvoir pour certaines femmes. Bien que la maternité soit fréquemment présentée comme naturelle et universelle, la position sociale des femmes et le contexte dans lequel elles exercent leur maternité influence de façon significative leur expérience de la maternité ainsi que la façon dont elles sont perçues par les gens qui les entourent, incluant les intervenants sociaux. En effet, les femmes qui font partie d’un groupe social marginalisé ou qui vivent dans des conditions sociales précaires ou adverses sont plus susceptibles d’être perçues comme de « mauvaises » mères. Cette tendance est particulièrement présente dans certains champs de l’intervention sociale, dont les services de protection de l’enfance, mais elle est aussi perceptible dans la population générale et dans les médias.
Date :Programme
La construction sociale de la maternité
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La construction sociale de la maternitéDominique Damant (UdeM - Université de Montréal), Simon LAPIERRE (CREDP - Centre de recherche et d’enseignement sur les droits de la personne)
C'est avec un esprit critique face à la maternité comme institution sociale, avec l'idée que l'expérience de la maternité a de multiples visages et que les conditions d'exercice de la maternité sont grandement affectées par un ensemble de facteurs dont les représentations sociales de la mère idéale ne sont pas le moindre que nous avons préparé cette présentation. Dans un contexte où les politiques sociales favorisant le bien-être des enfants peuvent avoir un effet opprimant pour les mères, nous croyions qu'il faut être attentif à diverses situations que les mères peuvent vivre, écouter leurs voix et leurs expériences tout en tentant de leur permettre de nous dire leurs stratégies de survie et de combat. En effet, malgré la persistance d'un discours dominant et institutionnalisé, les femmes ont des expériences différentes de la maternité. La maternité est perçue comme étant contraignante et oppressante, mais elle peut aussi constituer une source de joie, de fierté et d'accomplissement. Si les femmes ne peuvent échapper au discours dominant, certaines femmes peuvent néanmoins remettre en question ou résister à certains éléments de ce discours, par des actions individuelles ou collectives Dans certaines circonstances, la maternité peut aussi être un lieu de pouvoir pour certaines femmes.
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Les représentations sociales de l'allaitement maternel : points de vue de femmes québécoises rencontrées durant la grossesse
Depuis les trente dernières années, la promotion de l'allaitement maternel a connu un essor mondial important grâce à plusieurs initiatives développées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF). Au Québec, la promotion de cette pratique s'est également accrue depuis la parution, en 2001, des Lignes directrices publiées par le Ministère de la santé et des services sociaux (MSSS) et grâce à l'implantation de l'Initiative des hôpitaux des amis des bébés (IHAB) dans plusieurs CSSS de la province. Dans ce contexte favorable à l'allaitement, et à l'aube de nouvelles lignes directrices québécoises, que pensent les femmes enceintes de la promotion de l'allaitement maternel au Québec ? Cette conférence a pour but de présenter les données issues de mon travail d'analyse effectué dans le cadre de ma maitrise en sociologie. Cette recherche exploratoire, de type ancré, avait pour objectif de comprendre les représentations sociales du lait maternel, du geste d'allaiter et de la maternité de femmes québécoises rencontrées durant leur première grossesse. L'analyse de leurs propos constitue le point de départ d'une réflexion autour des enjeux liés à la promotion de l'allaitement maternel en contexte québécois.
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Tensions et incertitudes autour de la « dépression postnatale » et de son traitementMarie-Laurence Poirel (UdeM - Université de Montréal)
Dans les dernières décennies, un discours d'évidence, s'appuyant sur un savoir expert, s'est progressivement installé autour de la « dépression postnatale ». L'avènement, assez récent, de la dépression postnatale comme problème avéré de santé mentale et comme catégorie diagnostique psychiatrique pourrait avoir contribué à rendre plus visible une réalité de souffrance troublante et souvent camouflée, éprouvée par les femmes qui viennent d'enfanter. On peut par ailleurs se demander si la visibilité ainsi donnée à la souffrance postnatale des femmes n'a finalement pas abouti à la voiler davantage en obscurcissant la complexité et la pluralité de ce qu'elle recouvre. En même temps, l'évidence supposée de la dépression postnatale se trouve, à plus d'un égard, dans une posture plus fragile qu'il n'y paraît d'emblée. La « dépression postnatale » apparaît en effet traversée par des incertitudes et des tensions, qui s'expriment dans des discours critiques et de l'intérieur même du discours savant sur la dépression postnatale. Sur le terrain, des résistances se manifestent aussi, comme le montrent notamment les résultats d'une étude qualitative auprès d'intervenantes en périnatalité. Chacun à leur manière, ces différents registres nous disent quelque chose des limites heuristiques et cliniques de la dépression postnatale. Entrecroisant ces différents regards, cette communication vise à ré-introduire la complexité de ce que recouvre la catégorie de dépression postnatale.
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Pause
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La maternité autochtone en contexte de violence structurelle : entre repères culturels, négociations et hégémonieCatherine Flynn (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
La maternité des femmes autochtones ne peut être explorée sans être repositionnée dans un contexte sociohistorique et colonialiste qui tient compte des nombreuses politiques étatiques d'assimilation découlant de la Loi sur les Indiens de 1876. Les violences structurelles perpétrées historiquement à l'égard des femmes autochtones ont contribué à dévaloriser leur rôle de mère. L'institutionnalisation de la représentation occidentale de la maternité au sein des services de santé et des services sociaux actualise cette dépréciation.En s'appuyant sur les connaissances scientifiques sur la maternité autochtone, cette présentation vise à rendre compte du sens et de l'expérience de la grossesse, de l'accouchement et de la maternité de sept femmes autochtones. Il s'agit d'exposer les différents repères culturels autochtones en lien avec la grossesse, l'accouchement et la maternité et de jeter un regard sur les différentes réponses sociales qui façonnent l'expérience des mères autochtones afin d'en dégager les rapports qu'elles entretiennent avec celles-ci. Certaines pratiques parentales autochtones seront également mises en évidence afin de dégager les principales zones d'incompréhension et les erreurs d'interprétation possibles lorsque l'on appréhende la maternité autochtone à partir d'une conception allochtone. La présentation se terminera sur une réflexion sur la possibilité pour les mères autochtones, de négocier afin de faire reconnaître leurs repères culturels.
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Synthèse
La maternité dans l'ombre
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« Ce n'est pas moi le problème » : mères d'enfants handicapésAlice Home (Université d’Ottawa)
La réalité des mères d'enfants handicapés est loin de l'image sociétale de la maternité, car se fier à son instinct dit naturel ne suffit pas lorsque le travail maternel est très intensif et spécialisé. On prend pour acquis tous les sacrifices que font ces femmes pour être considérées « bonnes mères » dans une société qui leur offre peu de soutien informel ou formel. La situation est plus aigüe pour celles qui sont déjà stigmatisées à cause de leur position sociale de pauvreté, de monoparentalité ou d'appartenance à un groupe ethnique minoritaire. Si on entend rarement les voix des mères d'enfants handicapés, c'est entre autre parce qu'elles savent que la mère épanouie ne devrait pas vivre de l'ambivalence et que d'en parler publiquement pourrait amener des reproches, tant de leur famille que de la part des professionnels. Cette présentation vise à rendre l'expérience de ces mères visible, à partir d'une analyse critique des écrits, illustrée par des citations tirées d'une recherche auprès de femmes qui cumulent un emploi et des soins à un enfant ayant un handicap invisible. Nous y exposons certaines expériences partagées par la plupart des mères d'enfants handicapés avant d'aborder comment celle-ci varie selon les situations sociales. Nous terminons en soulevant les implications de notre analyse pour la recherche, pour l'intervention et pour les politiques sociales.
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Être mère dans l'ombre : quand la maternité se conjugue à la consommation de substances psychoactivesAmélie Bédard (UdeM - Université de Montréal)
Aborder la question de la maternité conjuguée à la toxicomanie, c'est plonger au cœur de la signification sociale du rôle de mère. La question soulevée est complexe et les réponses nombreuses selon le point de vue adopté. Force est de reconnaître que la société nord-américaine propose une vision de la mère dont le modèle en est un de perfection, de dévotion et de douceur. Cette image idéalisée de la mère est ancrée dans la culture occidentale et les représentations socialement acceptables de la mère vont de pair avec cette image. D'un autre côté, que signifie être toxicomane au féminin? Ici encore, une variété de points de vue sont véhiculés. De façon dominante, la toxicomanie chez la femme s'apparente davantage à une vie marquée par la dépendance, le dur manque à combler et les conditions de vie très difficiles. Présentée ainsi, l'archétype de la toxicomane est tout à l'opposé de celle de la mère contemporaine. Pourtant, être mère et consommer des substances psychoactives est une réalité qui prend forme dans une palette de nuances qu'il importe de considérer au-delà des jugements moraux pour le bien-être de l'enfant comme celui de la mère. Le contraste marqué entre ces deux positions sociales mérite qu'on approfondisse l'analyse sur la question. La présentation a pour objectif d'illustrer comment le processus de construction sociale de la maternité dessert celui de la mère aux prises avec des problèmes de toxicomanie.
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Pause
La pratique auprès des mères
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La protection des enfants dans les situations d'abus sexuels : apports féministes pour le travail auprès des mèresRosemary Carlton (UdeM - Université de Montréal), Krane JULIA (Université McGill)
This presentation critically explores child protection practices with non-offending mothers in situations of child sexual abuse from a feminist theoretical perspective. Our presentation offers a cursory overview of the key principles and practices that guide child protection assessments and responses to child sexual abuse. We then briefly look back at how non-offending mothers have been centrally placed in the problem and resolution of child sexual abuse, paying particular attention to the shifting terrain from the 1980s onward, wherein mothers have moved from being blameworthy to responsible for protection. Turning to a review of feminist scholarship on mothering we explore a more complex and nuanced child protection practice with women as mothers in the aftermath of child sexual abuse. Our presentation suggests that contemporary child protection practices might eclipse the multiple facets of women's identities and social locations; obscure the complexities of mothers' experiences at the time of and following disclosure; leave little room for alternate sources of protection; and, may well exacerbate their already precarious life circumstances. To this end, we propose a transparency to name mothers as protectors and a narrative approach to draw out their unique experiences and needs in order to most effectively support them in the protection of their children.
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Synthèse et discussion : implications pour la pratique auprès des mèresSimon Lapierre (Université d’Ottawa)
Les implcations poru la pratique seront discutées après un résmé des présentations
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Mot de clôture